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Grand Angle

Hamid Chabat : Après une absence de deux ans, un comeback qui fait déjà polémique

Lundi, l’ancien maire de Fès Hamid Chabat est réapparu à la Chambre des représentants pour assister à la séance des questions orales, après deux ans d’absence. Si la question ne gêne pas du côté de l'Istiqlal, elle remet en question le débat sur l’absentéisme impuni des élus.

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Hamid Chabat, ancien maire de Fès et ex-secrétaire général du Parti de l'Istiqlal. / DR
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Après une absence de deux ans, l'ancien secrétaire général du Parti de l'Istiqlal, Hamid Chabat a fait, de nouveau, son apparition à la Chambre des représentants. L’ancien maire de Fès et ex-secrétaire général de la Balance revient ainsi sur le devant de la scène politique, en se présentant au milieu de ses collègues députés lors de la séance de questions orales à la Chambre basse.

Hamid Chabat avait quitté le Maroc après avoir été évincé du Secrétariat général du Parti de l'indépendance, au lendemain de ses déclarations controversées sur la «Marocanité de la Mauritanie». Il avait également perdu son contrôle sur l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), bras syndical du parti et son parti.

Une absence «justifiée» ?

Bien que Chabat n'ait pas révélé ses intentions de son retour d'exil volontaire, la coïncidence avec les élections législatives qui approchent, et sa participation à la session parlementaire, ont suscité la polémique sur les réseaux sociaux. Son absence de deux ans semble être justifiée, du moins pour Noureddine Mediane, président du groupe istiqlalien à la Chambre des représentants : «Hamid Chabat est toujours parlementaire jusqu’à la fin de son mandat et a été choisi par ses électeurs.»

Le député explique à Yabiladi que «perdre son siège parlementaire intervient dans un certain nombre de cas connus : le décès du député, sa démission ou une décision de justice». «Or, pour le cas de Hamid Chabat, il n’a pas démissionné», enchaîne-t-il.

«Chabat passait par une situation exceptionnelle et avait envoyé des certificats médicaux de l’étranger. Actuellement, il est de retour sain et sauf pour reprendre sa mission de parlementaire.»

Noureddine Mediane

Le président du groupe du Parti de l’Istiqlal assure ainsi que «le groupe parlementaire de la Balance, ainsi que le bureau de la Chambre des représentants ont reçu ces preuves médicales avant le retour» de l’ancien maire de Fès.

Une image qui «porte atteinte à l’institution parlementaire»

Si juridiquement, rien n’empêche Hamid Chabat de retourner à son siège de parlementaire, «le tableau présenté hier avec le ‘retour de Chabat après deux ans d’absence’, à part sa présence à l’ouverture de la session parlementaire, est une image qui porte atteinte aux institutions et sous-estime le mandat parlementaire», nous déclare le politologue et professeur universitaire Omar Cherkaoui.

«Personne ne nie le rôle joué par Hamid Chabat dans la gestion communale ou dans la gestion du Parti de l’Istiqlal quand il en était le secrétaire général, mais il est inconcevable qu’un parlementaire s'absente pendant une période de deux ans, sans assister aux sessions du Parlement ou représenter sa circonscription et s'acquitter de ses obligations constitutionnelles, sans que cela n’entraîne de sanction morale, légale ou politique.»

Omar Cherkaoui

Pour le politologue, «il s’est avéré que cette question ne présente aucun problème au sein de l'institution parlementaire, alors qu'il n'est pas possible d'imaginer l'absence d'un ministre pendant deux ans de ses fonctions, ou l'absence d'un employé pendant une semaine de ses fonctions, ou de toute autre fonction, que la personne soit élue ou nommée».

Omar Cherkaoui estime aussi que «ce qui est inquiétant dans ce qui s'est passé, c'est que nous ne disposons pas d'un arsenal juridique strict» qui serait opposable. Il rappelle à cet égard qu’un «quart des parlementaires sont absents sans excuse, avec des absences de longue durée». «Aujourd'hui, il faut réflechir à de nouvelles mesures dans le système juridique pour retirer le statut parlementaire aux absents de longue durée», plaide-t-il.

«Le Parlement ne peut être transformé en auberge où l'on entre et sort comme on veut. C'est une institution constitutionnelle qui a d'abord besoin de moralité politique et d'une structure juridique stricte, pour faire face à ces phénomènes qui nuisent à l'action politique et aux institutions», conclut le politologue.

Yabiladi a tenté ce mardi de joindre Hamid Chabat, en vain.

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