Le religieux Mustapha Benhamza s’attire les foudres des associations amazighes. Dans un enregistrement audio de neuf minutes posté sur YouTube, il a dénoncé les revendications des associations berbérophones appelant, depuis l’adoption de la constitution de 2011, à la promulgation d’une loi organique pour l’opérationnalisation de l’officialisation de leur langue.
Ne faisant pas dans la dentelle, le président du conseil des oulémas d'Oujda et fils du chef spirituel de la zaouïa Boudchichie a accusé les différents mouvements amazighs de mettre en péril la stabilité du royaume et de «gaspiller du temps» dans des débats stériles. Il a également mis en garde contre un scénario à la rwandaise au Maroc, craignant un conflit entre les composantes ethniques et linguistiques de la société similaire à celui qui avait opposé les Hutus aux Tutsis en 1994.
«Langue des Chikhates»
Mustapha Benhamza s’est moqué de l’ensemble des doléances des Amazighs. Selon lui, ils ne pensent qu’à «regarder des pièces de théâtre et écouter des chansons dans leurs dialectes» que de penser aux «choses sérieuses, tel l’emploi ou l'enseignement». «Que vont-ils faire avec cette langue si ce n’est d’entonner des chansons de "Chikhates" à longueur de journée ? Mais ils n’auront jamais une existence ni laisseront une trace dans l’Histoire» a-t-il lancé.
Continuant sa diatribe, il a affirmé que les Amazighs ne sont pas préparés pour faire face aux défis internationaux : «combien avez-vous de livres en amazigh sur la philosophie, les mathématiques ou la médecine ?». «Il n’ont que trois mots de récitations avec lesquels ils vendent les chansons des Chikhates». Le Alem a également concentré ses attaques sur le drapeau que brandissent les berbères marocains à l’occasion de sit-in, meetings ou lors de compétitions sportives.
Comme il fallait s’y attendre, l’enregistrement audio de Benhamza a suscité une levée de boucliers chez des associations amazighes. Le Réseau Azeta, qui réunit une centaine d’ONG, a dénoncé les propose de Benhamza, soulignant qu’il s’agit d’un acte de «violence verbale» qui a «dépassé les règles élémentaires de la bienséance».