Le lobbysme du gouvernement Ayrault semble avoir porté ses fruits. Le Stif, autorité organisatrice des transports en Île-de-France, a annoncé, vendredi 17 août, avoir obtenu de B2S, l’entreprise lauréate de l’appel d’offres pour gérer son centre d’appel, que «la majorité des emplois» soient localisés en France et non au Maroc, où le centre d’appel de B2S est normalement situé, rapporte Libération.fr. Pour rappel, cette procédure de délocalisation des services franciliens avait suscité une vive polémique le mois dernier. A cette occasion, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avait même appelé le président du Stif (PS), Jean-Paul Huchon, à revoir sa copie et à modifier le contrat prévoyant cette délocalisation. Vendredi, le ministre a finalement obtenu gain de cause.
Jean-Paul Huchon «a obtenu (...) que la majorité des emplois liés à ce contrat soit localisée sur le site de Gennevilliers, en Île-de-France», indique un communiqué du Stif publié ce vendredi. L’organisme en charge des transports y précise par ailleurs que «B2S s’est proposé de créer (…) une trentaine d'emplois supplémentaires sur le territoire national avant le démarrage de son contrat» et qu’elle «s'engage au renforcement de son implantation en Île-de-France, dans le cadre d'un vaste projet de centre d'appels de dimension européenne regroupant une centaine d'emplois, qui pourrait se concrétiser avant la fin de l'année.»
Maroc, le dindon de la farce
Difficile de croire que le Maroc et ses emplois puissent sortir indemnes de cette opération de protectionnisme de la part de la France, même si l'entreprise B2S n'a pas encore annoncé de suppressions de postes au Maroc. Un Maroc qui, à en juger par les spéculations optimistes de ses experts économiques, devait se sentir à l’abri de l’éventualité d’une relocalisation des emplois des centres d’appel en France. Pour se justifier, lesdits experts invoquaient les attraits socio-économiques du Royaume – notamment le faible coût de sa main d’œuvre et la souplesse caractéristiques de sa législation du travail – comme autant de garanties, fiables et pérennes, contre le rapatriement des emplois des call-centers en France.
Au Maroc, ce sont pourtant plus de 5000 emplois qui sont directement menacés, selon le président de l’Association Marocaine de Relations Clients (AMRC), par la volonté du gouvernement français de rapatrier les centres d’appels des opérateurs télécoms délocalisés au Maghreb. La victoire de Jean Paul Huchon dans le cas du Stif n'est donc pas de bonne augure pour le Maroc. Par conséquent, il semblerait judicieux pour le royaume d’accélérer les négociations avec l’UE autour de l’accord de libre-échange sur les services dont les premières discussions remontent à 1996.