Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Les stéréotypes nationaux mis à nu
2 mars 2006 11:09
Simplificateurs et vivaces, les stéréotypes liés à l'image que l'on se fait d'une population sont légions mais erronés. Parfois porteurs d'une information au sujet de certaines cultures, ils ne permettent en aucun cas de décrire des individus. Telles sont les conclusions d'une étude portant sur 49 pays ou cultures à travers le monde, conduite par le National Institute on Aging (NIA) de Baltimore, aux Etats-Unis.

Cette recherche de grande ampleur, publiée par le magazine Science, a été signalée dans le monde francophone par le site d'information en ligne Swissinfo.org. "Lorsque l'on veut décrire les Suisses, rappelle ce dernier, on imagine tout d'abord des personnes ponctuelles, tenaces et fiables. Mais on voit également en eux un peuple un peu refermé sur lui-même et attaché à la tradition." Pourtant, l'étude du NIA montre que la réalité est différente. "Le Suisse moyen est certes consciencieux, mais pas autant qu'on le croit communément. En revanche, il est beaucoup plus ouvert à la nouveauté que la moyenne enregistrée dans les quarante-huit autres pays qui ont participé à l'étude. Il est même le plus ouvert de tous."

Les 85 chercheurs missionnés par le NIA ont interrogé quelque 4 000 personnes sur tous les continents avec, comme ambition, d'analyser les caractéristiques des traits de personnalité en fonction de la culture. Leur enquête montre que les stéréotypes nationaux relèvent de constructions sociales vraisemblablement fondées sur les "conditions socio-économiques, les caractéristiques historiques, les coutumes et les valeurs des cultures ou des pays", indique le Pr Jérôme Rossier, de l'Institut de psychologie de Lausanne. En fait, "les stéréotypes défavorables concernant certains groupes ethniques ou nationaux sont potentiellement dangereux, dans la mesure où ils peuvent être à l'origine de préjugés, de discriminations, de persécutions ou même de génocides. L'étude confirme que les stéréotypes constituent un phénomène culturel et sont perpétués notamment par les médias, les ouï-dire, l'éducation, l'histoire ou les plaisanteries", précise le Pr Rossier.

"Chacun d'entre nous a déjà réfléchi à des thèmes similaires ou s'est confronté à l'image qu'il a des Allemands, des Américains… des Suisses, précise le professeur de psychologie Willibad Ruch sur Swissinfo.org. C'est quelque chose qui touche les gens dans leur façon de se confronter au monde. Et, dans ce domaine, l'expérience de l'individu est plutôt limitée. On peut imaginer qu'un Suisse de 20 ans connaît 1 000 Suisses, mais seulement 20 Allemands et 3 ou 4 Américains. Il a cependant le sentiment de savoir comment est la population des autres pays."

Au cours d'une première étape, les chercheurs ont demandé aux individus interrogés de "se décrire eux-mêmes, ainsi que des personnes qu'ils connaissaient bien - une personne de plus de 40 ans et un adolescent", explique le Pr Ruch. L'étude sur les caractères nationaux n'est intervenue qu'au cours d'une seconde étape, "lorsque les psychologues ont demandé de décrire le 'type' suisse et non pas une personne concrète". C'est ainsi que lorsque les chercheurs ont comparé les échelles des descriptions aux stéréotypes, ils ont constaté des écarts importants.

Reprenons les exemples cités par le rapport du NIA : les Américains pensent que l'Américain type est très sûr de lui, les Canadiens pensent que le Canadien type est soumis, mais en réalité, Américains et Canadiens obtiennent presque les mêmes résultats sur les mesures d'affirmation de soi, légèrement au-dessus de la moyenne mondiale. De même, l'étude souligne que les citoyens indiens se voient comme des individus non conventionnels et ouverts à des expériences nouvelles, alors que les résultats des mesures de personnalité montrent que les Indiens sont les plus conventionnels des peuples étudiés. Enfin, les Tchèques, qui se perçoivent comme hostiles et désagréables, obtiennent les meilleurs résultats sur les mesures d'altruisme et de modestie.

"Les gens doivent comprendre que nous sommes tous prisonniers de préjugés que nous pensons justifier par l'expérience, déclare le Dr Robert McCrae, l'un des concepteurs de l'étude, alors qu'en réalité ce sont des stéréotypes sans fondement. Chacun d'entre nous doit considérer que les populations sont avant tout des sommes d'individus, que ce soient des Américains ou des Libanais, des représentants de la génération X ou des citoyens du troisième âge."

Elisabeth Berthou

Source : [www.courrierint.com]
f
2 mars 2006 11:33
Moh

merci grinning smiley


salam.
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook