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Où finit la drague, où commence le harcèlement ?
a
16 décembre 2006 12:09
Driss Bennani, Tel Quel n°251



Pour la gent masculine, il ne s'agirait que de “Nouggane”, simple technique d'approche implicitement sollicitée par les femmes elles-mêmes. Mais pour ces dernières, il s'agit bel et bien de harcèlement sexuel sur la voie publique. Mais où finit le compliment et où commence l'agression ?


Mine défaite, regard absent… lorsqu'elle rejoint ses amis sur la terrasse d'un café casablancais, Rajae est encore sous le choc. Pourtant, à force de se répéter, le scénario en est devenu d'une banalité affligeante : des hommes qui l'accostent à sa sortie du bureau, des inconnus qui la
suivent au pas, lui lançant un flot de compliments sur ses rondeurs… suivis aussitôt d'une flopée d'insultes, lorsqu'elle ne répond pas à leurs “avances”.

Mais aujourd'hui, Rajae en a eu assez. Elle a enfin franchi le pas. Presque instinctivement, elle est allée se plaindre auprès du premier policier qu'elle a croisé sur son chemin. Entre deux soupirs, elle raconte, les larmes aux yeux : “Le flic m'a alors regardé de haut en bas, avant de me lancer froidement : si je n'étais pas en service, je vous aurais également suivie, mademoiselle”. Ce jour-là pourtant, Rajae était habillée “normalement” (une expression qu'elle déteste), elle venait à peine de quitter son bureau et rien dans sa mise ne sortait du “communément admis”, une autre expression qu'elle déteste.

À force d'entendre raconter des mésaventures de ce genre, Naïma Benyahya, directrice centrale au secrétariat d'Etat chargé de la famille et de l'enfance, est à peine émue par les malheurs de Rajae. “Une femme n'a plus besoin d'être belle ou jeune pour se faire harceler dans la rue. Etre femme est déjà largement suffisant”, explique-t-elle. Ce jour-là, justement, le département de Yasmina Baddou inaugurait, dans un grand palace de Rabat, la quatrième campagne nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes. Une de plus, direz-vous ? Peut-être. Mais la campagne de cette année marque au moins une rupture : pour la première fois, quelques paragraphes sont consacrés au harcèlement sexuel, dans le cadre d'une loi globale contre le phénomène de la violence contre les femmes. “Actuellement, explique Naima Benyahya, les textes qui existent définissent uniquement le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, mais pas celui subi dans la rue. L'objectif de la réflexion que nous lançons aujourd'hui est justement d'arriver à une définition assez large pour couvrir les désagréments dont souffrent les femmes également dans l'espace public”. Depuis quelques jours déjà, un spot télé et un message radio passent en boucle sur les ondes et à la télévision. On y voit une femme poursuivie par un homme partout où elle va, au marché, dans un taxi ou à côté d'un publiphone. Plutôt soft, le message de la fin a le mérite d'être direct : “Le harcèlement sexuel dérange. C'est un comportement qui n'est pas convenable”. Objectif avoué : pousser les femmes victimes de harcèlement à témoigner et enclencher, à moyen terme, un réel débat de société.

Gare aux excès !
“L'intention est peut-être bonne, mais gare aux excès”, s'alarme déjà Aboubakr Harakat, psychologue et sexologue à Casablanca. “Il faudra toujours permettre l'établissement d'un contact entre un homme et une femme, même s'ils ne se connaissent pas. Du coup, il devient nécessaire de répondre à une question essentielle : où s'arrête la drague et où commence le harcèlement ?”, s'interroge-t-il. Mine de rien, le psychologue pose une sacrée colle aux juristes de Yasmina

Baddou. Selon une étude menée par un groupe de jeunes militantes de l'ADFM (Association démocratique des femmes du Maroc), la perception du harcèlement sexuel varie selon les interviewées, même si 76% d'entre elles disent en souffrir au quotidien. “De nombreuses femmes parlent de 'bsala' (incorrection) ou de 'dsara' (insolence). Une grande majorité croit que le harcèlement est obligatoirement lié à l'usage de la violence par exemple”, explique Houda Bouzit, qui a mené l'enquête. Les résultats d'un autre sondage, publié sur le site Internet de l'ADFM, montrent que 33% des participants (essentiellement des hommes) considèrent le harcèlement sexuel comme “un comportement normal”. La moitié l'élève même au rang “d'éloge fait à la femme”…

Au bout de deux mois d'enquête, Houda Bouzit et son groupe de travail sont quand même arrivés à une définition plutôt consensuelle : le harcèlement démarre au moment où la femme refuse, verbalement ou en l'ignorant, l'avance qui lui est faite. Le problème, ajoute Houda Bouzit, “c'est que le Marocain refuse de comprendre qu'un non signifie réellement un refus catégorique”.

Aujourd'hui, le harcèlement, tel que défini par le groupe de travail de l'ADFM, n'épargne plus personne. Filles, femmes âgées, voilées ou légèrement vêtues… toutes y passent ou presque. “Même quand ma mère nous accompagne, nous n'échappons pas aux regards et aux mots blessants. Souvent, elle-même, pourtant bientôt sexagénaire, a aussi droit à son lot d'insinuations sexuelles, spécialement adaptées pour elle”, raconte cette jeune Casablancaise.

“À la limite, affirme Houda Bouzit, il n'y a même pas besoin de mener une enquête ou une étude scientifique. Amusez-vous juste à compter les hommes qui se retournent au passage des femmes qui traversent un grand carrefour, des voitures qui 'rasent' les trottoirs des quartiers marchands, des groupes de jeunes qui draguent tout ce qui bouge, et vous vous rendrez compte de l'ampleur du phénomène”. À tel point qu'aujourd'hui, des réseaux regroupant des associations féministes et de droits de l'homme se sont constitués pour lutter contre ce nouveau genre d'atteinte aux “libertés individuelles”. “On a de plus en plus l'impression que la femme n'a pas droit à l'espace public, qu'il y a atteinte à sa liberté de circulation. C'est une question d'éducation, mais aussi d'impunité. Un homme sait qu'il ne risque absolument rien en s'attaquant verbalement à une inconnue qui passe. Pourquoi se priverait-il, dès lors, de ce passe-temps amusant et viril”, s'interroge Rabéa Naciri, présidente de l'ADFM.

À ce jour, seuls deux textes de loi sont arrachés, de haute lutte, par le mouvement féministe marocain. Le premier, un article révisé du Code pénal, punit “l'abus d'autorité dans le but d'obtenir des faveurs sexuelles”. Le deuxième, inclus dans le Code du travail, considère le harcèlement sexuel comme “une faute professionnelle grave”. “L'entreprise est un milieu fermé et quelque part maîtrisé, où le harceleur est une personne connue. Dans la rue, on a affaire à un parfait inconnu. Prouver l'acte de harcèlement et identifier le coupable devient alors très complexe”, avoue cette avocate au barreau de Rabat.

Le préjudice est pourtant réel. Les patientes de cette psychologue casablancaise mettent le harcèlement sexuel dans la case des blessures profondes. “La femme sent que son corps est chaque jour l'objet d'humiliations. Cela peut donner lieu, dans certains cas, à des relations difficiles avec les hommes, voire avec son propre corps”, affirme la thérapeute.

Harcèlement instinctif
Pourtant, et aussi étrange que cela puisse paraître, la grande majorité des dragueurs - harceleurs n'espèrent souvent rien obtenir des femmes qu'ils croisent sur leur chemin. Pour beaucoup, aborder une femme est même devenu un réflexe. “Parfois, je me rends à peine compte de ce que je dis. Il m'arrive de parler à des femmes qui ont l'âge de ma mère et de le regretter la seconde qui suit”, avoue Amine, 29 ans. Saâd, lui, estime que c'est plus une question d'habitude. “Quand on est en groupe, il m'arrive de lancer un mot ou deux à la fille qui passe, et de reprendre la discussion immédiatement après. C'est une habitude, ça casse la monotonie d'une sortie entre mecs. À la limite, je croise les doigts pour que la fille ne se retourne pas, parce que je n'ai absolument rien à lui dire”.

Pire, même quand la drague se transforme en course-poursuite, l'objectif n'est pas toujours celui qu'on croit. “Cela faisait plus d'un quart d'heure qu'il me suivait au pas, raconte Imane, jeune Casablancaise de 22 ans. Il débitait un incroyable flot de mots et d'expressions obscènes. Je ne sais pas ce qui m'a prise, mais à un moment, je me suis retournée et tout sourire, je lui ai dit : c'est d'accord, tu me plais et j'ai terriblement envie de toi. Tu as un appartement où l'on pourrait aller ?”. Interloqué, l'inconnu s'est alors confondu en excuses, avant de changer de trottoir.

“Il y a là un mélange complexe de machisme et de clanisme. Nous sommes encore dans le rejet inconscient de l'envahissement de l'espace public par la femme”, affirme Aboubakr Harakat. Un “envahissement” rapide qui a commencé à l'école, puis à l'université, sur le lieu de travail et qui atteint aujourd'hui les terrasses de café et les clubs de loisirs. “En apparence, tout le monde semble accepter cette mixité publique. Mais en réalité, affirme un sociologue, elle dérange beaucoup d'hommes et même des femmes, qui restent farouchement attachés à une conception traditionaliste du rôle de la femme dans la vie de tous les jours”. Sinon, comment expliquer des expressions largement répandues comme “zanka âmra ou diour khawyine”, littéralement : la rue est pleine de femmes, et les maisons sont désertes. Finalement, conclut Rabéa Naciri, “l'espace public n'est pas réellement mixte. De nombreuses femmes ne font que le traverser. Souvent en pressant le pas, et tête baissée. Comme si elles s'excusaient d'être dans la rue”. La militante féministe ne croit pas si bien dire. Dans l'imaginaire collectif, explique Harakat, “la femme devient une propriété publique dès qu'elle met le pied dehors, sans être accompagnée”. La preuve, on “matera” peut-être une femme accompagnée de son mari, frère ou ami, mais on osera rarement lui parler ou lui lancer des commentaires peu amènes. Elle devient alors une “propriété privée”. “Des fois, le simple fait d'être accompagnée de mon petit frère m'épargne les mots vulgaires, affirme Asmae, la trentaine. C'est à croire que les hommes ont plus de respect pour l'adolescent de 13 ans qui m'accompagne, que pour la femme que je suis”.

Vous avez dit harcèlement ?
Du côté de la gent masculine, beaucoup s'offusquent du terme “harcèlement”, arguant que le sexe faible serait plutôt demandeur de ce genre de “compliments”. Premier incriminé : le mode vestimentaire féminin. Entre les “petits hauts” qui portent bien leur nom et les “taille basse” qui dévoilent quelques courbes féminines, nos hommes disent ne plus savoir où donner de la tête. “Voyez comment elles s'habillent, comment elles se dandinent. Elles nous provoquent et nous ne pouvons pas résister. Un homme est faible devant une femme qui le tente”, a récemment laissé échapper un auditeur sur une émission de grande écoute à la radio. Siham, jeune cadre dans une entreprise de sondages, estime qu'il est même “dangereux de s'habiller comme on veut lorsqu'on marche dans la rue. Il suffit qu'on dévoile une épaule ou qu'on mette des couleurs vives pour que des insultes pleuvent de toute part. Même les personnes âgées s'y mettent, sous prétexte que notre mode vestimentaire n'est pas conforme aux préceptes religieux. À ce moment, ce n'est plus une personne qui te harcèle, mais une société tout entière. Une fois, j'ai même été bousculée par un inconnu en me faisant traiter de p…, parce que je mettais des bas résille qui lui ont fait perdre la tête”. Étonnant ? Pas vraiment. Selon les chiffres très officiels du Haut commissariat au plan, seuls 20% des Marocains reconnaissent à la femme la liberté de s'habiller en public comme elle veut, alors que les moyennes flirtent avec les 70%, dès qu'il s'agit de son droit à l'éducation ou au travail. Encore une schizophrénie marocaine… “Posez la question à toutes ces filles qui portent le voile aujourd'hui. Beaucoup vous diront que c'est une manière d'avoir la paix, de sortir tranquillement dans la rue”, s'énerve Rabéa Naciri. Plus vraiment…

Cela fait maintenant dix ans que Zineb met le voile, plus par conviction religieuse qu'autre chose. Elle parle donc en connaissance de cause : “Cela a beaucoup changé. Au début, un simple regard d'une fille voilée suffisait à dissuader le plus hardi des dragueurs. Aujourd'hui, le voile s'est banalisé et un autre voile, plus coquet, est apparu, faisant de plus en plus fantasmer les hommes. Ils disent souvent qu'il y a toujours quelque chose à découvrir avec une voilée, que c'est plus intéressant que ces bouts de chair qui remplissent les rues et les cafés”. Depuis bientôt cinq ans, Zineb a donc un succès aussi involontaire que grandissant auprès de la gent masculine. Dernière mésaventure en date : sa visite chez un ORL casablancais. Le médecin, un quadra “très bien comme il faut”, est marié et père de deux enfants. “Pour qu'il puisse ausculter mon oreille malade, j'avais enlevé une partie de mon voile. Il s'est immédiatement mis à me complimenter… sur mes jolies oreilles. Ridicule. Pire, vu que mon numéro de téléphone était mentionné sur mon dossier médical, il n'a pas arrêté de m'appeler à des heures impossibles, malgré mon refus explicite et définitif à ses avances”. Aujourd'hui, seule une mounaqaba (qui porte le niqab, voile intégral) peut espérer avoir la paix dans la rue. Au moins jusqu'à nouvel ordre…

Les enfants, aussi…
En fait, la pratique du harcèlement dans les lieux publics s'apprend très tôt. Souvent, cela commence, pour un garçon, dès l'école primaire, aux premiers contacts avec la rue. Celui qui ne lance pas des mots aux filles qu'il croise passe alors pour un looser, une mauviette. Au regard de ses copains de jeu, ce n'est même pas un homme. Très tôt également, une fille apprend qu'elle doit cacher son corps et dissimuler ses appas naissants. “Quand j'ai vu que ma fille de 12 ans commençait à attirer les regards dans la rue, qu'elle me racontait que des inconnus l'accostaient ou lui faisaient des propositions bizarres, je me suis mise, malgré moi, à lui demander de mettre des vêtements moins courts, moins fantaisistes. J'avais peur pour son intégrité physique”, raconte Fatiha, mère d'une jeune adolescente de Rabat. “Le pire, poursuit-elle, c'est que je ne pouvais rien lui recommander. Ignorer l'agression dont elle est victime, répondre, s'arrêter, tracer son chemin, se plaindre… je ne sais toujours pas qu'elle est la meilleure attitude à adopter”.

Plusieurs autres femmes, de différents âges et de différents milieux sociaux, sont dans le même embarras que Fatiha. Faut-il répondre systématiquement à toutes les attaques ? Ou mieux vaut-il, au contraire, les ignorer ? Il n'existe, selon les spécialistes qui se sont penchés sur la question, aucune recette-miracle. Tout se décide sur le champ, et souvent à la tête du client. Safia se souvient encore du jour où, excédée, elle s'est retournée vers son harceleur du jour et lui a lancé : “Ce que vous faites est interdit. Venez avec moi au poste si vous êtes réellement un homme”. Calmement, le monsieur lui a souri avant de lui répondre : “Je vous suis où vous voulez madame, mais je préfère qu'on aille chez vous”. Safia a peut-être eu de la chance sur ce coup, mais bien des fois, la réaction d'une femme peut donner lieu à une véritable agression, physique ou verbale. “Dans la tête d'un homme, suivre une femme, c'est lui accorder de son temps et de sa virilité. Quand elle le repousse, il le prend comme une insulte. Et une fois sur deux, il se venge sur elle”, explique Harakat. La belle ghzala (gazelle) se transforme alors en repoussante qouqa (équivalent de boudin), voire en sale p… dont personne ne voudrait. En cas de nouvelle réaction de la fille, certains hommes en viennent facilement aux mains pour “éduquer cette fille dépravée”, disent-ils.

Résultat : pour fuir ce milieu définitivement hostile qu'est la rue, beaucoup de femmes minimisent au maximum leurs déplacements quand elles sont seules ou à pied. Celles qui en ont les moyens trouvent refuge dans leur voiture, présentée tour à tour comme une bulle, un cocon, voire une armure. “Depuis que j'ai ma voiture, affirme Maria, j'ai l'impression que le harcèlement sexuel n'existe plus. C'est magique”. D'autres femmes, moins aisées, préfèrent les sorties en groupe. “Un homme seul aura beaucoup de mal à s'attaquer à un groupe de filles, qui risquent de le ridiculiser à coups de chuchotements et d'éclats de rire. En groupe, nous sommes même assez fortes pour nous amuser à draguer des garçons. Mais cela ne vire jamais au harcèlement”, ironise Fadwa, 29 ans.

Finalement, explique Aboubakr Harakat, “parler de harcèlement sexuel dans l'espace public est une excellente chose. Il faut maintenant un grand débat national, un méga-sondage qui nous permette de sortir la définition la plus consensuelle du harcèlement sexuel. C'est à travers des démarches de ce genre qu'on arrivera à une réconciliation nécessaire entre les deux sexes”. En attendant, le groupe de jeunes de l'ADFM, qui a mené l'enquête sur le harcèlement sexuel, a édité un livret de recommandations pratiques. Un enseignement central se dégage de ce travail : la femme doit travailler sur elle-même de manière à ne pas tomber dans la culpabilisation ou l'auto-dénigrement. Et pourquoi pas un second livret, qui serait plutôt destiné aux hommes ?
l
16 décembre 2006 12:17
Citation
andi espoir a écrit:
Rajae était habillée “normalement” (une expression qu'elle déteste),

Hum...portait-elle le voile..? L'article ne le dit pas..parce que généralement les marocains respectent les femmes voilées...
a
16 décembre 2006 12:52
Citation
andi espoir a écrit:
Aujourd'hui, le voile s'est banalisé et un autre voile, plus coquet, est apparu, faisant de plus en plus fantasmer les hommes. Ils disent souvent qu'il y a toujours quelque chose à découvrir avec une voilée, que c'est plus intéressant que ces bouts de chair qui remplissent les rues et les cafés”. Depuis bientôt cinq ans, Zineb a donc un succès aussi involontaire que grandissant auprès de la gent masculine.

Aujourd'hui, seule une mounaqaba (qui porte le niqab, voile intégral) peut espérer avoir la paix dans la rue. Au moins jusqu'à nouvel ordre…


Qu'en pensez-vous, Le citoyen ?
o
16 décembre 2006 12:55
hypocrisie!!
les filles aiment qu elles soient surveillées et draguées mais n aiment etre harcelées
a
16 décembre 2006 13:08
Lexique. Des mots pour le dire


“Les mots et expressions utilisés sont à l'image de la culture urbaine des grandes villes : crus et violents. Florilège.


Jlaleb ou lqoualeb (les jellabas ne dissimulent pas vos coups bas) : l'expression est apparue quand un nouveau genre de voile, moderne et sexy, a vu le jour.


Koullek zebda ou mnin nebda (tu es tellement tendre que je ne sais par où commencer) : un classique qui ressort encore aujourd'hui. Il fait souvent référence à la douceur dégagée par une femme ou à la blancheur et la clarté de sa peau.


Wach hada kar walla douar al askar (est-ce un derrière ou le quartier militaire ?): ne cherchez pas de parallèle entre les deux, il n'y en a pas… hormis pour la rime. L'expression, sorte de commentaire à la vue d'un postérieur imposant, est originaire de Marrakech… où se trouve ledit Douar Al Askar.


Allah yaâtina chi nsiba nddiwouha l'haj (que Dieu nous donne une belle-mère à emmener en pèlerinage) : le classique pour aborder une fille accompagnée de sa mère. Le dragueur se présente ainsi en gendre idéal.
Naâti mlioune aâla smar alloune (je donnerais un million pour cette beauté métisse) : compliment sonnant et trébuchant pour les brunes de peau.


Chibh jazirat allouhoum al arabia (la péninsule de la chair arabe) : déformation de l'appellation officielle de la péninsule arabique. Se dit d'une femme plutôt ronde.


Dak sder ândek dial lbtata ou zitoune (ta poitrine est idéale pour un tagine de pommes de terre et d'olives) : la femme à poitrine généreuse devient alors un mets de choix. À dévorer sans modération, sous-entend l'expression.


Ntouma tzayrou ou hna ntkhayrou (mettez de plus en plus de jeans serrés et laissez-nous faire notre choix) : la femme est alors assimilée à de la marchandise, exposée dans la rue, en attente d'un éventuel preneur.


Nass hazza lhem ou nti hazza lhemma (les gens portent leurs soucis et toi, tu portes de la splendeur) : se dit d'une fille à la démarche altière. Le commentaire reste quand même flatteur… jusqu'à un certain point.



Tel Quel n°251



Modifié 1 fois. Dernière modification le 16/12/06 13:11 par andi espoir.
l
16 décembre 2006 15:40
Citation
andi espoir a écrit:
Citation
andi espoir a écrit:
Aujourd'hui, le voile s'est banalisé et un autre voile, plus coquet, est apparu, faisant de plus en plus fantasmer les hommes. Ils disent souvent qu'il y a toujours quelque chose à découvrir avec une voilée, que c'est plus intéressant que ces bouts de chair qui remplissent les rues et les cafés”. Depuis bientôt cinq ans, Zineb a donc un succès aussi involontaire que grandissant auprès de la gent masculine.

Aujourd'hui, seule une mounaqaba (qui porte le niqab, voile intégral) peut espérer avoir la paix dans la rue. Au moins jusqu'à nouvel ordre…


Qu'en pensez-vous, Le citoyen ?

C'est faux à mon humble avis, c'est vrai que les voilées ont plus de succès mais pour les demandes en mariage pas pour une passe ou deux..de nos jours, au Maroc on assiste à un malaise chez les non voilées qui deviennent aigries sans pour autant accepter de mettre le voile par entêtement..mais il faut dire que les non voilées sont de plus en plus rares et ça rend malade les femmes à moitié nues...Un célibataire qui regarde une belle voilée aux pas affairés et décidés se pose beaucoup de question sur la valeur de celles qui lui sont accessibles mais qui n'ont plus de goût à ses yeux tellement faciles et publiques (...) mais il sait que pour avoir la jeune voilée il lui faudra passer par les liens sacrés du mariage..
Bien sûr il y a toujours des exceptions mais elles sont rares..pour les fantasmes, on a vu comment un malade, ce Servati le belge, demandait à ses victimes filles de joie de mettre le voile avant de leur faire des choses..
Conclusion: Les hommes ont besoin de sentir la pudeur chez la femme et donc c'est tout naturellement que les musulmanes voilées bénéficient d'une auréole qui les rend plus désirables..or comme on ne peut avoir une bonne musulmane que dans le cadre du mariage, il se trouve que les non voilées restent dans les stocks d'où la jalousie et un petit peu de méchanceté de certaines filles non voilées.
l
16 décembre 2006 15:50
Citation
andi espoir a écrit:

“Il y a là un mélange complexe de machisme et de clanisme. Nous sommes encore dans le rejet inconscient de l'envahissement de l'espace public par la femme”, affirme Aboubakr Harakat. Un “envahissement” rapide qui a commencé à l'école, puis à l'université, sur le lieu de travail et qui atteint aujourd'hui les terrasses de café et les clubs de loisirs. “En apparence, tout le monde semble accepter cette mixité publique. Mais en réalité, affirme un sociologue, elle dérange beaucoup d'hommes et même des femmes, qui restent farouchement attachés à une conception traditionaliste du rôle de la femme dans la vie de tous les jours”.



Face à la place que prends la femme dans la société, je pense que les hommes ont besoin de se rassurer, et pas seulement sur leur pouvoir de séduction mais sur leur pouvoir tout court, puisque même lorsqu'une femme dit clairement NON, à priori, ils n'entendent pas...et insistent.

Mais dire non à tous les coins de rue c'est lassant, on doit finir par ignorer et ne plus répondre et au final, tout cela est vécu par les femmes comme du harcèlement, ce que je comprends parfaitement.

J'ai passé une journée seule à Marrakech en attendant l'avion. J'étais en tenue de sport car je venais de finir une randonnée dans l'Atlas (donc très loin d'être sexy) et je n'ai jamais été aussi souvent abordée, draguée par les hommes que je ne l'ai été de toute ma vie en France. J'étais contente de quitter Marrakech. Au moins dans l'Atlas, les femmes sont tranquilles, voilées ou pas...

J'avais l'impression que certains faisaient cela automatiquement à tel point que je me suis demandée s'ils n'avaient pas des problèmes psychologiques.
l
16 décembre 2006 16:37
Citation
louise a écrit:
J'ai passé une journée seule à Marrakech en attendant l'avion. J'étais en tenue de sport car je venais de finir une randonnée dans l'Atlas (donc très loin d'être sexy) et je n'ai jamais été aussi souvent abordée, draguée par les hommes que je ne l'ai été de toute ma vie en France.

Vous devez donc être très belle madame,les marocains sont très sensibles à la beauté..
Et puis, certains rêvent de la princesse qui les emmenera loin du Maroc et leur fera les papiers français et tout et tout..le monde à l'envers en fait..certains hommes désésperés perdent leur "virilité" on dirait, ils veulent se faire prendre en charge par les femmes à présent, c'est le monde à l'envers...
l
16 décembre 2006 16:47
Citation
louise a écrit:
les femmes sont tranquilles, voilées ou pas...

J'avais l'impression que certains faisaient cela automatiquement à tel point que je me suis demandée s'ils n'avaient pas des problèmes psychologiques.

C'est vrai que ces femmes se négligent et on a l'impression qu'elles sont bêtes..non, en fait c'est la pauvereté et les lourdes tâches quotidiennes qui les assomment...Lorsqu'on les approche on est souvent ahuri de leur degré de conscience et de leur culture générale...c'est malheureux, leur situation est le fruit de l'indigence causée par des gouvernants égoïstes c'est tout..



Modifié 1 fois. Dernière modification le 16/12/06 16:47 par le citoyen.
a
16 décembre 2006 16:56
Personnellement,

Quand je me promène au Maroc, je ne peux ignorer tous ces regards malsains qui se posent sur ma femme.
Ce sont des regards pleins d'envie, d'envie de sexe j'entends.
Si je devais répondre, je passerai ma journée à me battre.
Ces gens sont frustrés sexuellement et détraqués psychologiquement, à tel point qu'il leur est impossible de se retenir, devant une femme accompagnée de son père ou de son mari.

Parfois, ma femme me demande d'aller faire un tour à la 9issaria (grand bazar improvisé à même le sol) du coin, et je redoute d'avance ces regards dégoûtants que j'aurai à croiser.

C'est une réalité, Le citoyen, vous ne pouvez l'ignorer.
Je suis marocain, il vous sera par c-onséquent difficile de mettre cela sur le dos des étrangers winking smiley
l
16 décembre 2006 17:05
Citation
le citoyen a écrit:
Citation
louise a écrit:
les femmes sont tranquilles, voilées ou pas...

J'avais l'impression que certains faisaient cela automatiquement à tel point que je me suis demandée s'ils n'avaient pas des problèmes psychologiques.

C'est vrai que ces femmes se négligent et on a l'impression qu'elles sont bêtes..non, en fait c'est la pauvereté et les lourdes tâches quotidiennes qui les assomment...Lorsqu'on les approche on est souvent ahuri de leur degré de conscience et de leur culture générale...c'est malheureux, leur situation est le fruit de l'indigence causée par des gouvernants égoïstes c'est tout..




Je voulais dire que dans les montagnes de l'Atlas, les musulmans et les musulmanes vivaient leur religion de façon très harmonieuse et sans à priori sur "l'étrangère" voilée ou pas...
l
16 décembre 2006 17:08
Citation
andi espoir a écrit:
Personnellement,

Quand je me promène au Maroc, je ne peux ignorer tous ces regards malsains qui se posent sur ma femme.
Ce sont des regards pleins d'envie, d'envie de sexe j'entends.
Si je devais répondre, je passerai ma journée à me battre.
Ces gens sont frustrés sexuellement et détraqués psychologiquement, à tel point qu'il leur est impossible de se retenir, devant une femme accompagnée de son père ou de son mari.

Parfois, ma femme me demande d'aller faire un tour à la 9issaria (grand bazar improvisé à même le sol) du coin, et je redoute d'avance ces regards dégoûtants que j'aurai à croiser.

C'est une réalité, Le citoyen, vous ne pouvez l'ignorer.
Je suis marocain, il vous sera par c-onséquent difficile de mettre cela sur le dos des étrangers winking smiley

Mais ils ont le droit de regarder non, ou alors seriez-vous devenus musulmans pratiquant au point de vouloir leur appliquer cette vertu de l'Islam qui consiste à ne pas regarder les femmes des autres..?
et puis, vous qui êtes laïc et libéré, pourquoi considérez-vous votre femme comme une chose à ne pas regarder..? Si elle n'est pas gênée par ces regards ce n'est pas votre affaire..elle a le droit de se faire regarder non..? Ou alors quoi?
b
16 décembre 2006 17:08
L'homme marocain, n'est pas un bébé qu'on doit se soumettre à ses caprices, à moins si il se considère ainsi.
Qu'elle porte le voile ou non, une femme doit être respectée. Le respect ne se mesure pas à la longueur ou à l'opacité des habits portés.
Respecter l'autre, c'est se respecter soi-même.
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-   Un grand peuple sans âme est une vaste foule-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-
a
16 décembre 2006 17:22
Citation
le citoyen a écrit:
Citation
andi espoir a écrit:
Personnellement,

Quand je me promène au Maroc, je ne peux ignorer tous ces regards malsains qui se posent sur ma femme.
Ce sont des regards pleins d'envie, d'envie de sexe j'entends.
Si je devais répondre, je passerai ma journée à me battre.
Ces gens sont frustrés sexuellement et détraqués psychologiquement, à tel point qu'il leur est impossible de se retenir, devant une femme accompagnée de son père ou de son mari.

Parfois, ma femme me demande d'aller faire un tour à la 9issaria (grand bazar improvisé à même le sol) du coin, et je redoute d'avance ces regards dégoûtants que j'aurai à croiser.

C'est une réalité, Le citoyen, vous ne pouvez l'ignorer.
Je suis marocain, il vous sera par c-onséquent difficile de mettre cela sur le dos des étrangers winking smiley

Mais ils ont le droit de regarder non, ou alors seriez-vous devenus musulmans pratiquant au point de vouloir leur appliquer cette vertu de l'Islam qui consiste à ne pas regarder les femmes des autres..?
et puis, vous qui êtes laïc et libéré, pourquoi considérez-vous votre femme comme une chose à ne pas regarder..? Si elle n'est pas gênée par ces regards ce n'est pas votre affaire..elle a le droit de se faire regarder non..? Ou alors quoi?


Je vous parle de regards malsains et dégoûtants, pas de simples regards.
c
16 décembre 2006 18:51
BRAVO KHOYA le citoyen!!!
Je suis tt a fait d'accord avec toi!!!

Citation
le citoyen a écrit:
Citation
andi espoir a écrit:
Citation
andi espoir a écrit:
Aujourd'hui, le voile s'est banalisé et un autre voile, plus coquet, est apparu, faisant de plus en plus fantasmer les hommes. Ils disent souvent qu'il y a toujours quelque chose à découvrir avec une voilée, que c'est plus intéressant que ces bouts de chair qui remplissent les rues et les cafés”. Depuis bientôt cinq ans, Zineb a donc un succès aussi involontaire que grandissant auprès de la gent masculine.

Aujourd'hui, seule une mounaqaba (qui porte le niqab, voile intégral) peut espérer avoir la paix dans la rue. Au moins jusqu'à nouvel ordre…


Qu'en pensez-vous, Le citoyen ?

C'est faux à mon humble avis, c'est vrai que les voilées ont plus de succès mais pour les demandes en mariage pas pour une passe ou deux..de nos jours, au Maroc on assiste à un malaise chez les non voilées qui deviennent aigries sans pour autant accepter de mettre le voile par entêtement..mais il faut dire que les non voilées sont de plus en plus rares et ça rend malade les femmes à moitié nues...Un célibataire qui regarde une belle voilée aux pas affairés et décidés se pose beaucoup de question sur la valeur de celles qui lui sont accessibles mais qui n'ont plus de goût à ses yeux tellement faciles et publiques (...) mais il sait que pour avoir la jeune voilée il lui faudra passer par les liens sacrés du mariage..
Bien sûr il y a toujours des exceptions mais elles sont rares..pour les fantasmes, on a vu comment un malade, ce Servati le belge, demandait à ses victimes filles de joie de mettre le voile avant de leur faire des choses..
Conclusion: Les hommes ont besoin de sentir la pudeur chez la femme et donc c'est tout naturellement que les musulmanes voilées bénéficient d'une auréole qui les rend plus désirables..or comme on ne peut avoir une bonne musulmane que dans le cadre du mariage, il se trouve que les non voilées restent dans les stocks d'où la jalousie et un petit peu de méchanceté de certaines filles non voilées.
l
16 décembre 2006 21:03
n'est ce pas la pression des interdits, des vielles conventions qui à l'origine de ces comportements, de cette frustration?
l
16 décembre 2006 22:36
Citation
andi espoir a écrit:
Je vous parle de regards malsains et dégoûtants, pas de simples regards.

Mais là c'est de la pure inquisition..comment pouvez-vous émettre de telles accusations, vous qui êtes imbu d'idées laïques..hum...!



Modifié 1 fois. Dernière modification le 16/12/06 22:46 par le citoyen.
l
16 décembre 2006 22:38
Citation
l'européen a écrit:
n'est ce pas la pression des interdits, des vielles conventions qui à l'origine de ces comportements, de cette frustration?

Alors là il faudrait choisir, soit on suit notre instinct soit on suit la Religion...
l
16 décembre 2006 22:44
Citation
andi espoir a écrit:
[Je vous parle de regards malsains et dégoûtants

Mais quelqu'un qui trouve votre femme belle et désirable c'est quelqu'un qui aime la beauté, n'est ce pas là un principe laïc ? Où est passé votre neutralité d'homme libre, objectif, non islamiste, ouvert et compréhensif? Et puis que faites-vous des droits de l'homme, vous passez avec votre femme, elle plait à un homme, il la regarde c'est son droit d'homme non..?
l
16 décembre 2006 22:57
Citation
le citoyen a écrit:
Citation
l'européen a écrit:
n'est ce pas la pression des interdits, des vielles conventions qui à l'origine de ces comportements, de cette frustration?

Alors là il faudrait choisir, soit on suit notre instinct soit on suit la Religion...


ça n'a rien à voir. ce n'est pas parce qu'on ne suit pas tele ou telle religion que l'on n'a aucun principes. je suis athé et ce n'est pour autant que je detaille les femmes dans la rue avec des yeux de merlans frits ou que je les aborde de maniere irrespectueuse dans la rue.
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