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Le «califat» de Daech coupé en deux.
Les forces kurdes ont réussi à bloquer la grande artère de ravitaillement du groupe Etat islamique entre Mossoul et Raqqa
Serait-ce un tournant dans la guerre menée contre le groupe Etat islamique (appelé Daech en arabe)? Son califat autoproclamé, à cheval sur la Syrie et l’Irak, subit en effet un revers majeur. Depuis un mois, des forces kurdes contrôlent le carrefour stratégique de Kiske sur le principal axe routier reliant Mossoul, deuxième ville d’Irak, tombée en juin aux mains des djihadistes, à leur capitale en Syrie, la ville de Raqqa, distante de près de 500 km. Combattants, armes et munitions, pétrole, sommes en cash, matériel et ravitaillement en tout genre… le véritable cordon logistique des islamistes est rompu. Ou du moins, sérieusement compliqué.
Désormais, les hommes de Daech sont obligés d’emprunter des petites routes pour contourner Kiske, situé à 40 km à l’ouest de Mossoul. Des parcours moins sécurisés et surtout beaucoup plus lents. L’alternative, ce serait d’effectuer le trajet à travers le désert, mais avec le risque de subir des frappes aériennes de la coalition menée par les Etats-Unis. Enfin, il reste l’option du grand itinéraire d’évitement par le sud, en passant par Baiji et Haditha pour parvenir au poste frontière de Qaim. Même si les routes sont bonnes, il s’agit d’un énorme détour. Et surtout, les forces irakiennes y multiplient les attaques, en attendant l’offensive majeure que l’armée veut lancer au printemps pour reprendre Mossoul.
L’impact psychologique de ce revers stratégique pourrait, par ailleurs, ne pas être négligeable, affirmait cette semaine au Washington Post Jessica Lewis McFate, directrice de recherche à l’Institute for the Study of War. «Le califat s’est construit sur une continuité de victoires militaires.» Une fois cette aura entamée, il n’aura plus nécessairement la même légitimité aux yeux de ses supporters.
Le chercheur irakien Hisham al-Hashemi abonde dans son sens: «Ils ne pourront plus prétendre être un Etat» si les 1000 à 2000 combattants qui tiennent Mossoul ne sont plus reliés aux territoires conquis par Daech en Syrie. Contrairement à ce qu’avait promis leur leader Abou Bakr al-Baghdadi, «ils auront échoué à briser la frontière» pour recréer le califat.
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