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Un père de famille d’origine algérienne a été tué
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6 mars 2006 19:23
Dans la banlieue de Lyon, un père de famille d’origine algérienne a été tué à la sortie d’un bar. Le tireur aurait proféré des insultes racistes.
« Il y a eu des coups de feu, mon cousin Chaib est tombé »

Par Olivier BERTRAND

lundi 06 mars 2006

les enquêteurs restent prudents, mais cela ressemble beaucoup à un crime raciste. Samedi soir, un homme armé d’un pistolet automatique a tiré sur deux autres hommes, d’origine algérienne, à la sortie d’un bar. La scène s’est passée à la sortie d’un bar d’Oullins, dans la banlieue sud de Lyon. L’une des victimes est décédée, l’autre a été blessée au bras. Tous avaient passé la soirée dans le même établissement, la Brasserie du commerce, à l’entrée d’Oullins. Un bar PMU décoré à l’ancienne, et qui diffuse des matchs certains soirs. Samedi, l’Olympique lyonnais jouait à l’extérieur, à Ajaccio. Dans le bar, la salle était pleine pour ce match de championnat. Chaib, qui aurait eu 42 ans cette année, était venu avec son cousin Nabyl, 31 ans, et un ami. Ils se trouvaient au fond de la salle, auraient bu trois bières dans la soirée. L’auteur présumé des coups de feu, un homme de 35 ans, se trouvait à l’autre bout de la salle, vers l’entrée, près de la vitre. Il était attablé avec son frère et un ami. Selon un témoin, ils auraient commencé à boire dans l’après-midi, carburaient « au whisky pur ». Un enquêteur confirme que les trois hommes étaient ivres au moment des faits. Selon un témoin, le patron du bar aurait prévenu des consommateurs que ces clients étaient mûrs, et armés.

Fin de match. Les deux tablées n’ont pas échangé un mot de tout le match. Pas un regard. « On ne les connaissait pas, affirme Nabyl. Je sais qu’ils étaient d’Oullins parce que je les ai toujours vus là, mais c’est tout. » Hier après-midi, des dizaines de consommateurs ont été entendus par les policiers de la sûreté départementale lyonnaise. La plupart des témoins ont confirmé que la soirée s’était déroulée dans le bar sans le moindre incident. Un seul croyait avoir entendu un échange d’insultes, quand Chaib et son cousin sont sortis du bar, vers 22 h 30, après la fin du match.

« Connerie ». Nabyl et Chaib partaient alors retirer de l’argent en face du café, pour régler leurs consommations. Nabyl raconte : « On a traversé la rue et Chaib a retiré les sous au distributeur du Crédit agricole, juste en face. C’est quand on s’est retournés pour rejoindre le bar qu’on les a vus. Ils ont traversé la rue pour s’avancer vers nous. Ils étaient trois. Il y en a un qui avait une arme à la main. Il a crié "barrez-vous, enculés d’Arabes". » Un autre a dit « arrête, tu vas faire une connerie ». Après, tout s’est emballé. « Il y a eu des coups de feu, c’était la panique. J’ai été touché, mon cousin est tombé, je l’ai pris dans mes bras. »

Chaib, touché à la tête, est décédé rapidement. Nabyl, blessé à l’avant-bras, a été opéré samedi soir. Il est sorti de l’hôpital hier matin. L’auteur aurait tiré une demi-douzaine de coups de feu, avec un pistolet automatique. Des jeunes proches de Chaib ont retrouvé hier des douilles, qu’ils ont apportées au commissariat. Un épicier a découvert deux impacts sur le rideau de fer de sa boutique.

« Après les coups de feu, poursuit Nabyl, les gars sont partis en courant. Celui qui avait l’arme a descendu une rue, les deux autres sont partis de l’autre côté. J’ai lâché mon cousin et j’ai couru après celui qui avait tiré. Je l’ai rattrapé, je l’ai tapé pour qu’il ne bouge plus, et les policiers sont arrivés très vite. » C’est une patrouille du commissariat d’Oullins qui a arrêté l’auteur, l’arme encore à la main. Le quartier a été bouclé, et les deux autres interpellés très vite. Les enquêteurs ont ensuite attendu toute la journée d’hier que les taux d’alcool redescendent, pour entendre sérieusement les trois hommes.

« Pour l’instant, indique, prudente, une source proche de l’enquête, rien ne prouve le crime raciste. L’auteur reconnaît les faits, mais il manque une explication solide. Il donne des explications très insuffisantes. Il évoque un conflit antérieur à samedi, mais reste extrêmement vague sur ce conflit. » Nabyl reste formel : aucun différend, selon lui, ne les a jamais opposés au meurtrier. Dimanche, des proches sont venus déposer des plantes et des bouquets, des petits mots, au pied d’un panneau de signalisation, près de l’endroit où Chaib est tombé. Plusieurs étaient venus, le matin, nettoyer le sang du jeune homme, sur le carrefour, choqués que personne ne l’ait fait. L’un des petits frères de Chaib est venu aussi. Hier, il restait digne, calme malgré la douleur. Son grand frère avait trois enfants, « dont une petite fille qui aura 6 ans dans quelques jours ». Il travaillait comme cariste. « C’est quelqu’un de pépère, tranquille, raconte Halim. Comme beaucoup, il a fait quelques petites conneries quand il était gamin, mais il s’était calmé. C’était un père de famille, un gars sans histoires. »

« Chauds bouillants ». L’émotion restait très vive, hier, en début de soirée à Oullins. Plusieurs membres de la famille essayaient de calmer des jeunes gens « chauds bouillants ». A l’hôtel de police de Lyon, les policiers de la sûreté départementale devaient entendre l’auteur présumé et ses comparses jusque tard dans la soirée.

[www.liberation.fr]
siryne
m
6 mars 2006 19:40
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Marocainement vôtreLe modérateur [url]http://www.yabiladi.com[/url]
 
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