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Le Monde "Quand la Tunisie questionne ses tabous et montre l'exemple
a
12 juillet 2018 13:13
LE MONDE Le 12.07.2018 // Par Frédéric Bobin (Tunis, correspondant)
Quand la Tunisie interroge ses tabous les mieux gardés

Le débat s’enfièvre dans le pays autour des réformes sociétales proposées par une Commission pour libertés individuelles et l’égalité (Colibe). La plus emblématique touche à l’égalité successorale entre hommes et femmes.

C’est âpre, rugueux, parfois toxique, mais où ailleurs que dans cette région du monde un tel débat sur des sujets qui fâchent peut-il se déployer sans émeute ni matraque ? La Tunisie questionne depuis peu ses tabous les mieux gardés, son intime social que seules des mains tremblantes avaient jusqu’alors effleuré.

Faut-il instaurer l’égalité entre hommes et femmes dans l’héritage ? Déboulonner la statue du père « chef de famille » ? Dépénaliser l’homosexualité ? Remettre en cause le délai de viduité (délai de remariage imposé aux femmes) ? Abolir la peine de mort ? La Commission pour les libertés individuelles et l’égalité (Colibe), un groupe d’experts créé à l’initiative du chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi, a publié à la mi juin un rapport proposant d’ouvrir ces brèches-là dans la tradition.

Depuis, le débat s’enfièvre. Sa présidente, Bochra Belhaj Hmida, avocate, féministe et électron libre, court les forums et les agoras pour s’expliquer, lever les malentendus, désamorcer les suspicions.

Les libéraux et progressistes, qui sont légion dans le pays, applaudissent au nom des principes de la Constitution de 2014 : « liberté de conscience » (article 6) ou « l’égalité des citoyens et des citoyennes devant la loi sans discrimination » (article 21).

Les conservateurs, dont l’écho dans la population demeure significatif, rechignent et objectent au nom de « l’identité religieuse de la Tunisie ». Eux aussi invoquent la Constitution : « l’Etat protège la religion » (article 6), « la famille est la cellule de base de la société » (article 7). « Les libertés individuelles ne sont pas sans limites par rapport aux nécessités sociales », met en garde Hmida Ennaifer, professeur de théologie qui admet néanmoins « l’intention positive » du rapport.

A la marge du camp conservateur, les plus extrémistes excitent les réseaux sociaux – ou les mosquées – en attisant les peurs, le plus souvent en déformant les recommandations de la Colibe. Ainsi certains prêtent-ils à cette commission – contre toute évidence - le projet occulte de proscrire la circoncision ou de légaliser le mariage homosexuel.

« Il y a beaucoup de manipulation », déplore Mme Belhaj Hmida, visée par des menaces. « Je reçois des messages me traitant de “mécréante”, confie-t-elle. On appelle à me tuer, à me lapider, à m’asperger d’acide. » Mme Belhaj Hmida fait l’objet d’une surveillance policière discrète tandis que la famille progressiste tunisienne – jusque-là un brin silencieuse – commence à se mobiliser en sa faveur.

Malgré les outrances, le débat s’installe et là est l’événement en attendant une traduction législative – à ce stade incertaine. Pareille introspection collective sur la question des rapports entre l’individu et la communauté est inédite en Tunisie.

Les temps changent assurément. Le « printemps » révolutionnaire de 2011, né d’une fronde sociale, avait surtout embrassé la cause des droits politiques. L’obsession institutionnelle avait fait oublier d’autres causes, celles de l’intime, des familles, de l’intégrité des corps. Sept ans plus tard, voilà que le combat s’élargit sur ce terrain des droits individuels et des discriminations de genre.
Inégalité successorale

La Tunisie était déjà certes pionnière sur ce front sociétal. Habib Bourguiba, le « père de la nation », l’avait propulsée aux avant-postes du monde arabo-musulman en matière de droits des femmes en imposant son fameux code du statut personnel (CSP) dès l’indépendance de 1956. Atteinte à la tradition, il avait aboli la polygamie, institué le divorce judiciaire – se substituant à la répudiation –, fixé un âge minimum pour le mariage (15 ans pour les femmes, devenu plus tard 18 ans) et exigé le consentement des deux époux lors du mariage.

Socle de ce qu’on a appelé le « féminisme d’Etat » – le statut de la femme tunisienne servait aussi de caution internationale aux régimes autoritaires de Bourguiba et de Ben Ali –, ce code a pris des rides au fil des années. Les féministes de la nouvelle génération le critiquaient comme insuffisant, inabouti. Car il dispose toujours que le père est le « chef de famille ». Et il a laissé intacte l’inégalité successorale, fruit de préceptes du Coran en vertu desquels les femmes n’héritent que de la moitié de la part des hommes du même degré de parenté.

Suite de l'article au post suivant



Modifié 1 fois. Dernière modification le 12/07/18 13:17 par axis7.
a
12 juillet 2018 13:17
Suite de l'article du Monde du 1er post :

Disciple de Bourguiba, l’actuel chef de l’Etat souhaite apparemment achever le chantier du maître. Agé de 91 ans, M. Essebsi, dont le mandat entamé fin 2014 n’est guère reluisant, semble vouloir entrer dans l’Histoire en léguant une œuvre novatrice. L’égalité dans l’héritage en est la pierre de touche, assurent ses proches.

Mais comment forger un consensus avec les conservateurs sur ces questions bousculant la tradition musulmane ? L’arithmétique parlementaire impose en effet de composer avec Ennahda, parti issu de la matrice islamiste. Si elle a dépoussiéré son orthodoxie originelle, la direction de ce parti ne peut ignorer sa base électorale globalement critique, voire hostile, à l’esprit du rapport de la Colibe.
Petits pas

Afin d’éviter un blocage, l’équipe de Mme Belhaj Hmida a assorti ses recommandations d’options de repli, de solutions de rechange. Ainsi propose-t-elle l’égalité dans l’héritage entre frères et sœurs, fils et fille, père et mère et mari et épouse.

Si toutefois un accord politique à ce sujet devait se révéler impossible, elle prévoit que ce principe ne s’applique que sous réserve que le testateur ne décide de retourner à l’inégalité. Cette liberté de choix (du testateur) se substituant à une règle universelle, pourrait ménager les sensibilités des conservateurs.

Mais elle est dénoncée par certains progressistes comme un compromis a minima, une retraite de la part d’un « Etat qui abdique de sa responsabilité » en abandonnant les femmes aux rapports de force au sein des familles. « Il s’agit d’un moindre mal en cas d’absence d’accord politique sur l’égalité absolue », plaide Salwa Hamrouni, professeure de droit et membre de la Colibe. C’est la thèse du : « C’est mieux que rien ».

La Tunisie avance à petits pas. Elle avance malgré tout, et c’est pour cela que certains extrémistes rêvent de lapider Mme Bel Haj Hmida.
R
12 juillet 2018 13:34
Les mécréants ne cesseront jamais d'attaquer l'islam, ils se délectent du mal pour assourvir leurs desseins pervers et diaboliques

Il faudrait stopper la prolifération de ce virus occidental et que la Tunisie se débarrasse de ces troubles faites hypocrites et vils
12 juillet 2018 13:42
Les insultes vous servent d'arguments.
Citation
RishaKalabre a écrit:
Les mécréants ne cesseront jamais d'attaquer l'islam, ils se délectent du mal pour assourvir leurs desseins pervers et diaboliques

Il faudrait stopper la prolifération de ce virus occidental et que la Tunisie se débarrasse de ces troubles faites hypocrites et vils
J
12 juillet 2018 13:59
Qu'est ce que tu proposes ?

Tu n'es pas stupide, tu vois bien que dans toutes les sociétés où on laisse la Religion dicter le quotidien, ce sont les femmes qui en prennent le plus dans la tronche et la société régresse. Le "virus" dont tu parles, c'est l'intelligence contre l'obscurantisme, la Tunisie en a peut-être marre de voir sa population émigrer coûte que coûte vers l'Occident et souhaite éventuellement des avancées sociales qui protègent son peuple au lieu de dégrader ses conditions de vie comme c'est le cas

La Tunisie au 2ème rang des nationalités des clandestins en Europe, l'état du pays est dû à ses dirigeants : l'Occident n'est qu'une bouée de sauvetage pour ces malheureux, pas la cause de leur fuite
Citation
RishaKalabre a écrit:
Les mécréants ne cesseront jamais d'attaquer l'islam, ils se délectent du mal pour assourvir leurs desseins pervers et diaboliques

Il faudrait stopper la prolifération de ce virus occidental et que la Tunisie se débarrasse de ces troubles faites hypocrites et vils
12 juillet 2018 14:05
Je dirais plutôt qu'elles le desservent
Citation
bouloulou4 a écrit:
Les insultes vous servent d'arguments.
Capechiant le pyro(mytho)mane
12 juillet 2018 14:09
leurs desseins pervers et diaboliques

La liberté et l'égalité, les desseins pervers de l'occident Oups

Citation
RishaKalabre a écrit:
Les mécréants ne cesseront jamais d'attaquer l'islam, ils se délectent du mal pour assourvir leurs desseins pervers et diaboliques

Il faudrait stopper la prolifération de ce virus occidental et que la Tunisie se débarrasse de ces troubles faites hypocrites et vils



Modifié 1 fois. Dernière modification le 12/07/18 15:38 par Capestian.
Capechiant le pyro(mytho)mane
L
12 juillet 2018 14:15
C'est sûre que les mecs de chez nous qui ont une èrection à la vue d'un cheveu ou d'un bras ils sont pas du tout pervers mdr. Et ceux qui battent leur fille ou leur sœur quand elles ne sont pas d'accord avec eux ne sont pas diaboliques. L'islam pratiqué aujourd'hui n'est pas le vrai c'est de l'extrémisme où alors RishaKalabre vous donnez raison aux mécréants quand ils disent que notre chère prophète et nous mêmes sommes des montres ?
12 juillet 2018 14:26
Des montres!
Citation
Leilalala93 a écrit:
C'est sûre que les mecs de chez nous qui ont une èrection à la vue d'un cheveu ou d'un bras ils sont pas du tout pervers mdr. Et ceux qui battent leur fille ou leur sœur quand elles ne sont pas d'accord avec eux ne sont pas diaboliques. L'islam pratiqué aujourd'hui n'est pas le vrai c'est de l'extrémisme où alors RishaKalabre vous donnez raison aux mécréants quand ils disent que notre chère prophète et nous mêmes sommes des montres ?
12 juillet 2018 14:29
Je suis presque sûr qu'il vit en Europe profitant des bienfaits des mécréants.
G
Citation
Capestian a écrit:
leurs desseins pervers et diaboliques

Liberté et l'égalité, les desseins pervers de l'occidental Oups



Modifié 1 fois. Dernière modification le 12/07/18 18:12 par bouloulou4.
a
12 juillet 2018 14:34
Les mecreants sont d'abord les ignorants et intolérants. Il faut lire le Coran avec le cœur. Le Coran plusieurs fois edicte des regles mais encourage à faire mieux. Ex pour la loi du talion. Il autorise à exiger une vie pour un meurtre mais il dicte que si l'on pardonne cela est plus agreable à Dieu. Idem pour la polygamie qui est autorisée mais le Coran pousse à s'abstenir car il est imposible d'être strictement equitable entre 4 epouses.
Par ailleurs le Coran pousse à couper la main des voleurs. Or nombreux sont les pays musulmans qui n'appliquen pas cette regle. Donc pourquoi est-on souple sur certaines regles et pas d'autres?
Au temps du prophète la femme etait à charge du mari qui devait apporter une dot. Du coup reserver au mari le double d'heritage pouvait se concevoir. Ce n'est plus le cas maintenant ou très rarement. Par consequent, Dieu ne nous en voudra pas d'être plus juste et de tenir compte des realités du moment.


Citation
RishaKalabre a écrit:
Les mécréants ne cesseront jamais d'attaquer l'islam, ils se délectent du mal pour assourvir leurs desseins pervers et diaboliques

Il faudrait stopper la prolifération de ce virus occidental et que la Tunisie se débarrasse de ces troubles faites hypocrites et vils
L
12 juillet 2018 14:41
Bouloulou j'venais de finir ma sieste mdr. Des monstres pardon.
S
12 juillet 2018 15:11
Merci pour ton message ça fait du bien de lire quelques personnes qui vont a l'encontre de cette extrémisme sectaire de la religion ou ils veulent revenir aux origines.

Obscurantisme quand tu nous tiens, je préfère largement la pratique religieuse de nos parents et pas celle d'aujourd'hui qui viennent donner des leçons face à une lecture biaiser du coran.

Manque d'esprit critique et de culture

Rien à ajouter
Citation
Leilalala93 a écrit:
C'est sûre que les mecs de chez nous qui ont une èrection à la vue d'un cheveu ou d'un bras ils sont pas du tout pervers mdr. Et ceux qui battent leur fille ou leur sœur quand elles ne sont pas d'accord avec eux ne sont pas diaboliques. L'islam pratiqué aujourd'hui n'est pas le vrai c'est de l'extrémisme où alors RishaKalabre vous donnez raison aux mécréants quand ils disent que notre chère prophète et nous mêmes sommes des montres ?
S
12 juillet 2018 15:20
Salam aleykoum

Ils ont bien fait leur boulot, t'as vu ... crying(



Citation
RishaKalabre a écrit:
Les mécréants ne cesseront jamais d'attaquer l'islam, ils se délectent du mal pour assourvir leurs desseins pervers et diaboliques

Il faudrait stopper la prolifération de ce virus occidental et que la Tunisie se débarrasse de ces troubles faites hypocrites et vils
t
12 juillet 2018 16:31
la grande majoriter des tunisiens et tunisiennes demande a leur gouvernement de stabiliser le pays depuis la chute de benali en procurant du travaille de la securiter un systeme de sante corecte et la quietude....

la tunisie vas mal depuis la chute de benali et ses evenements qui ont fait reculer le tourisme a plus de moitier

la tunisie a bessoin de fond exterieure pour relever la tete mais malheureusement ses creancier actuelle(FMI) leur demande de mettre a jour des proposition de loi qui vont a l encontre de l islam dans un pays musulman.......


le credit a ete invente pour assouvir les peuples et en faire ceux qu on veut.....
p
12 juillet 2018 17:32
T'en a pas marre de crier a l'islamophobie sur n'importe quel sujet traitant de droits et de libertés fondamentales ?
Où vis tu stp ? Parceque si tu vis en occident, tes propos sont un non sens etant donné que tu depends alors de tes chers mécréants, tu pais des impôts et des taxes tous les jours a ces mécréants, tu touches des allocations de ces mecreants, c'est surement un mecreant qui t'emploi, ton medecin doit etre un mecreant, dans les magasins tu as de la musique de mecreants.... La liste est infini donc si tu vis en occident, tu es toi même dans la mecreance totale et complete MDR...
Citation
RishaKalabre a écrit:
Les mécréants ne cesseront jamais d'attaquer l'islam, ils se délectent du mal pour assourvir leurs desseins pervers et diaboliques

Il faudrait stopper la prolifération de ce virus occidental et que la Tunisie se débarrasse de ces troubles faites hypocrites et vils
F
12 juillet 2018 17:58
Si il y a bien un virus en tunisie c'est celui de l'obscurantisme.

Ce ne sont pas des blancs occidentaux qui sement la terreur et tuent des innocents dur des plageswhistling smiley

La tunisie vit a 80% de son tourisme. En somme, si elle ne s'ouvre pas aux autres et se renferme sur elle mëme alors elle n'a plus de quoi survivre. Et ses jeunes vont se jeter tels des dechets dans des canons de fortune pour rejoindre "ces mecrrants si mechants et si pervers".

La tunisie a toujours ete un pays merveilleux a vivre. Mais le virus de l'obscurtantisme est venu pervertir les esprits en faisant croire qu'un cheveux de femme provoquait l'erection.
Citation
RishaKalabre a écrit:
Les mécréants ne cesseront jamais d'attaquer l'islam, ils se délectent du mal pour assourvir leurs desseins pervers et diaboliques

Il faudrait stopper la prolifération de ce virus occidental et que la Tunisie se débarrasse de ces troubles faites hypocrites et vils
R
12 juillet 2018 18:11
Tiens, il y a plus d'ennemis que je le pensais, intéressant de voir qui sort du lot

C'est l'islam que vous appelez obscurantisme, terme inventé par les mécréants, s'il y a des musulmans parmi vous ça ne me surprend pas

Pauvre de vous

Pas le temps de vous répondre un par un
F
12 juillet 2018 18:25
"ennemi" il n'y a que des gens de ton genre pour croire que le monde est un champ de bataille.Oups

j'espère qu'un jour tu trouveras la paix dans ton coeur. Parce que visiblement tu es trop aigri.
Citation
RishaKalabre a écrit:
Tiens, il y a plus d'ennemis que je le pensais, intéressant de voir qui sort du lot

C'est l'islam que vous appelez obscurantisme, terme inventé par les mécréants, s'il y a des musulmans parmi vous ça ne me surprend pas

Pauvre de vous

Pas le temps de vous répondre un par un
I
12 juillet 2018 18:27
@axis,

A defaut d une reussite en irak et en syrie,les occidentaux ont fait de la tunisie un laboratoire d essais...

Ils sont en train de desintegrer et de deconstruire la societe tunisienne.

Une catastrophe...
Citation
axis7 a écrit:
LE MONDE Le 12.07.2018 // Par Frédéric Bobin (Tunis, correspondant)
Quand la Tunisie interroge ses tabous les mieux gardés

Le débat s’enfièvre dans le pays autour des réformes sociétales proposées par une Commission pour libertés individuelles et l’égalité (Colibe). La plus emblématique touche à l’égalité successorale entre hommes et femmes.

C’est âpre, rugueux, parfois toxique, mais où ailleurs que dans cette région du monde un tel débat sur des sujets qui fâchent peut-il se déployer sans émeute ni matraque ? La Tunisie questionne depuis peu ses tabous les mieux gardés, son intime social que seules des mains tremblantes avaient jusqu’alors effleuré.

Faut-il instaurer l’égalité entre hommes et femmes dans l’héritage ? Déboulonner la statue du père « chef de famille » ? Dépénaliser l’homosexualité ? Remettre en cause le délai de viduité (délai de remariage imposé aux femmes) ? Abolir la peine de mort ? La Commission pour les libertés individuelles et l’égalité (Colibe), un groupe d’experts créé à l’initiative du chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi, a publié à la mi juin un rapport proposant d’ouvrir ces brèches-là dans la tradition.

Depuis, le débat s’enfièvre. Sa présidente, Bochra Belhaj Hmida, avocate, féministe et électron libre, court les forums et les agoras pour s’expliquer, lever les malentendus, désamorcer les suspicions.

Les libéraux et progressistes, qui sont légion dans le pays, applaudissent au nom des principes de la Constitution de 2014 : « liberté de conscience » (article 6) ou « l’égalité des citoyens et des citoyennes devant la loi sans discrimination » (article 21).

Les conservateurs, dont l’écho dans la population demeure significatif, rechignent et objectent au nom de « l’identité religieuse de la Tunisie ». Eux aussi invoquent la Constitution : « l’Etat protège la religion » (article 6), « la famille est la cellule de base de la société » (article 7). « Les libertés individuelles ne sont pas sans limites par rapport aux nécessités sociales », met en garde Hmida Ennaifer, professeur de théologie qui admet néanmoins « l’intention positive » du rapport.

A la marge du camp conservateur, les plus extrémistes excitent les réseaux sociaux – ou les mosquées – en attisant les peurs, le plus souvent en déformant les recommandations de la Colibe. Ainsi certains prêtent-ils à cette commission – contre toute évidence - le projet occulte de proscrire la circoncision ou de légaliser le mariage homosexuel.

« Il y a beaucoup de manipulation », déplore Mme Belhaj Hmida, visée par des menaces. « Je reçois des messages me traitant de “mécréante”, confie-t-elle. On appelle à me tuer, à me lapider, à m’asperger d’acide. » Mme Belhaj Hmida fait l’objet d’une surveillance policière discrète tandis que la famille progressiste tunisienne – jusque-là un brin silencieuse – commence à se mobiliser en sa faveur.

Malgré les outrances, le débat s’installe et là est l’événement en attendant une traduction législative – à ce stade incertaine. Pareille introspection collective sur la question des rapports entre l’individu et la communauté est inédite en Tunisie.

Les temps changent assurément. Le « printemps » révolutionnaire de 2011, né d’une fronde sociale, avait surtout embrassé la cause des droits politiques. L’obsession institutionnelle avait fait oublier d’autres causes, celles de l’intime, des familles, de l’intégrité des corps. Sept ans plus tard, voilà que le combat s’élargit sur ce terrain des droits individuels et des discriminations de genre.
Inégalité successorale

La Tunisie était déjà certes pionnière sur ce front sociétal. Habib Bourguiba, le « père de la nation », l’avait propulsée aux avant-postes du monde arabo-musulman en matière de droits des femmes en imposant son fameux code du statut personnel (CSP) dès l’indépendance de 1956. Atteinte à la tradition, il avait aboli la polygamie, institué le divorce judiciaire – se substituant à la répudiation –, fixé un âge minimum pour le mariage (15 ans pour les femmes, devenu plus tard 18 ans) et exigé le consentement des deux époux lors du mariage.

Socle de ce qu’on a appelé le « féminisme d’Etat » – le statut de la femme tunisienne servait aussi de caution internationale aux régimes autoritaires de Bourguiba et de Ben Ali –, ce code a pris des rides au fil des années. Les féministes de la nouvelle génération le critiquaient comme insuffisant, inabouti. Car il dispose toujours que le père est le « chef de famille ». Et il a laissé intacte l’inégalité successorale, fruit de préceptes du Coran en vertu desquels les femmes n’héritent que de la moitié de la part des hommes du même degré de parenté.

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