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16 avril 2015 17:55
Entretien
Maroc : l’école privée est « une source de ségrégation »

Propos recueillis par Raoul Mbog

LE MONDE Le 16.04.2015 à 14h18 • Mis à jour le 16.04.2015 à 16h05

L’école publique est-elle en train de disparaître au Maroc ?
La question est au cœur d’un récent rapport d’un collectif d’ONG marocaines de l’éducation. Ces associations dénoncent la fermeture de 191 écoles primaires et secondaires entre 2008 et 2013 dans le pays, notamment dans les villes de Rabat et Casablanca. Le rapport indique que d’autres écoles publiques sont menacées de fermeture, ce qui dénote du « recul de l’engagement étatique pour une éducation pour tous, gratuite et de qualité », dans le royaume chérifien.

Le comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies s’est saisi du problème et a demandé au gouvernement marocain des engagements fermes en matière de prévention des inégalités dans l’accès à l’éducation. Les ONG ainsi que le comité d’experts de l’ONU pointent du doigt ce qu’ils considèrent comme un développement incontrôlé de l’enseignement privé au Maroc et « le renforcement des inégalités dans la jouissance du droit à l’éducation » que cela a provoqué.

« Depuis quinze ans, les gouvernements successifs au Maroc encouragent le développement du secteur éducatif privé. Aujourd’hui, la part d’élèves dans le privé au primaire est passée de 4 % en 1999 à 15 % en 2015 et les autorités elles-mêmes n’ont de cesse de véhiculer l’idée que l’enseignement privé est meilleur que l’enseignement public, ce qui n’est pas vrai », explique Sylvain Aubry, du centre de recherche Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights, spécialisé dans la lutte contre les inégalités dans l’accès à l’éducation, auteur d’une étude sur la question.

Lire aussi : Maroc : les choix impossibles

Pourquoi le gouvernement marocain persiste-t-il à développer l’enseignement privé ?

Je pense qu’il s’agit d’une volonté idéologique de réduire le rôle de l’Etat et de soutenir le secteur privé. Au cœur de cette insistance est l’idée que l’Etat ne fonctionne pas, qu’il ne peut pas être réformé, et que tout ce qui est privé est plus efficace. Et ce malgré toutes les recherches qui montrent que la réalité est beaucoup plus complexe, et que ce n’est pas du tout vérifié pour des secteurs tels que l’enseignement.

Malgré cela, le gouvernement marocain a non seulement continué dans cette voie, mais il a préparé un projet de loi qui va être examiné par le Parlement qui fixe des objectifs chiffrés de proportion d’élèves dans le privé, et qui propose de développer l’enseignement privé au moyen de partenariats public privés (PPP) éducatifs sur le modèle du Chili. Le Chili a en effet, sous Pinochet, adopté un des systèmes éducatifs les plus libéraux et plus privatisés au monde. Or, non seulement ce système n’a pas permis d’améliorer la qualité de l’enseignement, mais il a creusé les inégalités. D’autres pays, comme la Suède, qui ont tenté des expériences de PPP similaires font également face à une explosion des inégalités dans leur système éducatif et à une baisse de la qualité générale.

Dans quelle mesure la promotion de l’enseignement privé crée-t-elle des inégalités ?

Il ressort de cette situation que le système éducatif marocain est marqué par une grande ségrégation en fonction des origines socio-économiques. Les plus riches peuvent aller dans des écoles d’élites de bonne qualité, quand les familles les plus pauvres font de lourds sacrifices pour mettre leurs enfants dans des écoles privées de mauvaises qualités, ou dans l’enseignement public quand ils n’ont pas le choix. Non seulement cela donne de plus grands avantages pour la réussite scolaire et socioprofessionnelle aux familles qui étaient déjà les plus avantagées, mais cela renforce les difficultés des plus pauvres.

Malgré des annonces de façade, le gouvernement ne s’est donné ni les moyens ni la volonté politique de réguler l’enseignement privé, que protègent de puissants réseaux d’influence. Il en ressort un système anarchique, où les écoles privées fleurissent un peu partout. Malheureusement, beaucoup font d’énormes sacrifices pour mettre leurs enfants dans le privé, mais beaucoup de ces écoles ont peu à offrir et beaucoup d’espoirs sont déçus.

Qu’est-il possible de faire ?

Il n’y a pas de solution magique. Pour construire un système éducatif de qualité et sans discrimination, il faut un enseignement public robuste. Plutôt que de prendre exemple sur des pays dont le système est clairement un échec, le gouvernement marocain devrait s’inspirer de pays tels que la Finlande, qui affiche les meilleurs résultats depuis des années tant dans les tests de savoir internationaux de type PISA, qu’en termes d’égalité dans le système éducatif. Il faut redessiner un plan ambitieux pour l’enseignement public.

La privatisation de l’enseignement est-elle forcément une mauvaise chose ?

L’enseignement privé en soit n’est pas mauvais, et il peut avoir un rôle à jouer. Il est important de protéger la liberté des parents de choisir un établissement privé pour leur enfant autre que le public, et de fonder des écoles privées. Mais cela doit se faire dans le respect de règles minimum sur la qualité et le contenu de la formation, les conditions des enseignants. S’il est bien encadré, l’enseignement privé peut apporter une source de diversité pédagogique utile dans un système éducatif, afin de promouvoir des pédagogies nouvelles de répondre aux besoins de groupes ethniques ou religieux minoritaires, ou d’apporter une source de liberté dans des pays autoritaires. Mais il se doit d’être une alternative à un enseignement gratuit et de qualité. Il ne doit pas être une source de ségrégation scolaire.

Raoul Mbog



Modifié 1 fois. Dernière modification le 16/04/15 17:56 par axis7.
16 avril 2015 18:06
Le système cubain ???

Finlandais ???
Nadafa minal imane wal imane minal islam... il est temps de subsidier les panneaux solaires
17 avril 2015 00:10
salam
et c'est qui, raoul mbog et sylvain aubry, qu'est ce qu'ils connaissent a l'enseignement public ou privé marocains?
K
18 avril 2015 10:08
Salam,

Si seulement le privé arriverai à hausser le niveau de nos élèves et par conséquence le niveau et la qualité de l'enseignement en général. Le privé est une autre manne providentielle pour certains "investisseurs rapaces" pour empocher des sommes colossales et assez facilement.

Un lien sur l'influence du privé sur la qualité de l'enseignement chez nous :

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