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Lecture pour les midinettes ramadanesques
M
6 décembre 2004 15:59
L'entrisme de Tariq Ramadan
par Cynthia Fleury et Emmanuel Lemieux


Authentique théocrate communautariste, gérant, avec son frère Hani, les biens spirituels et matériels des Frères musulmans en Suisse à travers le Centre islamique de Genève, créé par leur père Saïd Ramadan, Tariq Ramadan est considéré aujourd'hui comme l'interlocuteur privilégié.

La polémique de ces dernières semaines s'est concentrée uniquement sur son texte d'essence racialiste listant, avec approximation, les intellectuels juifs complotant pour le sionisme et le gouvernement Sharon. Tariq Ramadan ne se résume pas à un texte pitoyable dont il a dit lui-même du bout des lèvres qu'il s'agissait d'un "déficit" d'explications dans son analyse. On ne l'avait pas compris, rompez le ban. Pourtant, il a derrière lui une oeuvre abondante qu'il nous faut lire pour comprendre le malaise. Rappelons simplement que dans d'édifiantes pages et notes annexes, jamais remaniées malgré de nombreuses rééditions et ce, jusqu'en 2001, Tariq Ramadan exprimait, par exemple en 1995, toute son admiration pour l'islamologie de Roger Garaudy, à l'époque déjà négationniste [le Face-à-face des civilisations, quel projet pour la modernité ?, Tawhid éditions, voir notamment page 358]. Peu d'intellectuels français, et encore moins de journalistes, ont fait l'effort de le lire à fond. Pierre Khalfa, Olivier Besancenot et Noël Mamère ne l'ont manifestement pas fait. Il leur est pourtant facile de se procurer l'édifiante production de Tariq Ramadan, prédicateur de talent. Mais on peut leur faire gagner du temps. Soit en leur suggérant de relire quelques passages lumineux des Origines du totalitarisme d'Hannah Arendt (éditions "Quarto" Gallimard), soit donc en plongeant dans ces extraits choisis.

Le philosophe s'empare des armes de ses détracteurs pour les détourner

S'arrêter aux livres-vitrines comme l'Islam en questions [éditions Sindbad-Actes Sud], "entretiens" chics et d'une réciprocité complaisante avec Alain Gresh, rédacteur en chef du Monde diplomatique, est insuffisant pour comprendre le "mindscape ramadanesque". Il faut forer plus profond. A Lyon, les éditions Tawhid publient depuis les années 90 de nombreux ouvrages de leur héros. Que nous dit-il dans son islam ?

Pour déconstruire la "spiritualité" de Tariq Ramadan, il faut rappeler qu'il désire qu'elle fasse "autorité" sur la société; que son "espace de témoignage" n'a rien d'un lieu de débats entre non-musulmans et musulmans, mais tout d'une islamisation de l'Occident, véritable nom de l'occidentalisation de l'islam.

Cessons de dire que Tariq Ramadan est "ambivalent". Il est très clair. Il veut un "citoyen musulman", qui rende des comptes à la fois à la République démocratique et à la charia. C'est théoriquement impossible car ces systèmes ne souffrent aucune concurrence : ils sont par définition exclusifs l'un de l'autre. Gardons-nous de les harmoniser... ou alors, avouons tout aussi clairement que nous sommes las des libertés, des égalités, des dignités chèrement gagnées au cours de notre histoire. En revanche, Tariq Ramadan sait jouer de l'ambivalence du mot charia (il a bien compris que la notion de jihad est bien trop difficile à manier), qui désigne la voie mais également un code sectaire et rétrograde. Il passe son temps à botter en touche : il veut la charia spirituelle, pas la charia juridique parce qu'elle est trop archaïque... En même temps, on pourrait peut-être l'actualiser, la "contextualiser" à l'envers, pour rendre justement possible ce "citoyen musulman". Il veut une société plus juste... Pour autant, ce n'est pas le "contrat social" qu'il appelle de ses voeux mais le "pacte moral".

Aux Etats-Unis, Tariq Ramadan serait un grand télé-coraniste. En Suisse et en France, il calque la posture d'un Alain de Benoist, fondateur de la Nouvelle droite dans les années 70. Mêmes anticapitalisme et antiaméricanisme, même altermondialisme affichés, ces deux intellectuels se comparent aussi par leur tentative d'entrisme dans le débat public. De Benoist, avec son acolyte Guillaume Faye, avait théorisé le gramscisme de droite. La "droite métapolitique" était une technique de combat idéologique et médiatique. Absorber, telle une éponge, toutes les influences, éliminer et rogner les vieux démons d'une extrême droite bornée à l'antisémitisme primaire, à la nation un peu rance, au catholicisme ringard. Surtout, aller chercher dans les stocks de l'adversaire leurs plus belles armes conceptuelles. Et les encercler. Un grand jeu de go, épure tactique du gramscisme de la Nouvelle droite qui pénétra les beaux esprits de l'UDF, des jeunes giscardiens, du "Figaro", de l'Académie française et de quelques égarés de l'extrême gauche.

En 2003 : Tariq Ramadan, ou le gramsciste islamique. L'apparence est lisse. Tariq Ramadan figure comme le gendre idéal de l'islam, le grand frère des Beurs paumés, le sous-traitant mystique de l'action sociale. La tribune, même exilée à Ivry, que lui ont offerte les organisateurs du Forum social européen est grave. En arguant d'un complot imaginaire du Parti socialiste cherchant la déstabilisation du Forum, ils se sont piégés un peu plus, accréditant la puissance subversive de Ramadan, une subversion politique qui pour réelle qu'elle soit n'a strictement rien à voir avec celle des altermondialistes.

Avec une grande habileté, Tariq Ramadan saisit à bras-le-corps les sujets de société de l'Occident et de la Babylone capitaliste en utilisant une phraséologie anti-impérialiste des années 70, pour mieux les retourner à l'avantage d'un gramscisme islamiste. Le voile, par exemple, est une réponse de "pudeur" à la débauche occidentale et à la dégradation de la femme. Quelle féministe française refuserait d'y souscrire si elle n'était pas inconséquente avec elle-même ? Adepte d'une théocratie impérialiste ou, au contraire, penseur d'une religion en paix avec le monde entier, Tariq Ramadan ? Pour l'instant, le prédicateur campe dans un no man's land intellectuel, à la recherche d'une notoriété.

Vampirisé par le néofondamentalisme communautariste, l'islam français respire fort mal. Silencieusement, des intellectuels de l'islam tentent pourtant de défendre autre chose. Ainsi, qui a parlé, qui s'est passionné dans les médias pour l'ouvrage de Youssef Seddik, le Coran (éditions de L'Aube, 2002) ? Cet intellectuel résidant en France voit dans l'espace public démocratique européen qui le soumet à contradiction la dernière chance de l'islam. Avec modestie et du cran, il a traduit le Coran et fait ressortir toute l'influence hellénistique du texte originel, déclenchant l'ire des islamistes radicaux. Avec Youssef Seddik, nous sommes là à des années-lumière intellectuelles de Tariq Ramadan, et de son gramscisme islamiste, mais beaucoup plus près de la singularité partagée et de l'universalisme mondialisé dont nous avons tous besoin.

Cynthia Fleury, philosophe, et Emmanuel Lemieux, journaliste et écrivain. Dernier ouvrage paru de Cynthia Fleury : Dialoguer avec l'Orient, PUF, 2003. Dernier ouvrage paru d'Emmanuel Lemieux : Pouvoir intellectuel, Denoël, 2003.



m
6 décembre 2004 16:48
Salaamsmiling smiley,

Je me demande si ce n'est pas les detracteurs de Tariq Ramadan qui font son success?!

J'ai adore ce mensongegrinning smileygrinning smileygrinning smiley :

"""""
Il veut un "citoyen musulman", qui rende des comptes à la fois à la République démocratique et à la charia. C'est théoriquement impossible car ces systèmes ne souffrent aucune concurrence : ils sont par définition exclusifs l'un de l'autre.
"""""

J'ai surtout adore le "theoriquement" et le "par definition exclusifs"grinning smileygrinning smileygrinning smiley.

Ils sont fortssmiling smiley mais stupidessmiling smiley.

Je suis sure et certains que si je demande aux stupides ce que la charia est, ils vont me repondre la lapidationgrinning smileygrinning smileygrinning smileygrinning smiley.
M
6 décembre 2004 16:53
Retourne passer de la pommade à ton ami Fourquaan. Je crois que tu t'es égaré dans tes compétences...
M
6 décembre 2004 16:58
En plus, je ne supporte pas ces espèces de confettis ridicules avec lequels tu illustres tous tes messages. Ah!, ces américains...



Modifié 1 fois. Dernière modification le 06/12/04 17:01 par Momolesque.
m
6 décembre 2004 17:14
Salaam Momolesquesmiling smiley,

Je t'ai ennerve?!grinning smileygrinning smileygrinning smileygrinning smileygrinning smiley

Pourtant je m'addressais aux stupides et pas a toismiling smiley. A moins que tu as suppose que....

Alors c'est quoi la charia?! la soumission ou la lapidation?!
c
6 décembre 2004 17:17
Tout ce ke je vois momolesque c cseulement l avis de deux journalistes de plus ki veulent discrediter Tarik Ramadan et rien de plus.
Aucune preuve,que des affirmations et je vois meme un effort ridicule pour tenter de faire passer Youssef Sedik pour un visionnaire alors qu il cherche tout simplement a se donner lui aussi une notoriete afin de vendre plus de livres.

Salaam Mohamed.
M
6 décembre 2004 17:18
Tu connais parfaitement la réponse... Et là n'est pas l'objet de la discussion. Par contre, ton analyse des travaux de Youssef Seddik est bienvenue, si jamais ce nom te dit quelque chose...
M
6 décembre 2004 17:21
Faux! C'est un intellectuel d'une probité indiscutable. Lui, tu ne le verras jamais discuter d'un sujet aussi sérieux que l'islam avec un guignol cathodique tel que Ardisson... Alors qui cherche la notoriété chez la 'pute petite écran'?
h
6 décembre 2004 17:48
Youssef seddik est tout sauf quelqu'un qui cherche la gloire!!! je l'ai vu une seule fois à la télé...à 2h du matin dans les mots de minuit sur france2. Je ne l'ai pas encore lu mais j'ai déjà acheté son dernier livre sur la lecture du coran.
J
JD
6 décembre 2004 19:09
bonjour

mdlazreg a écrit:
-------------------------------------------------------
>> J'ai adore ce mensonge :
>
> """""
> Il veut un "citoyen musulman", qui rende des
> comptes à la fois à la République démocratique et
> à la charia. C'est théoriquement impossible car
> ces systèmes ne souffrent aucune concurrence : ils
> sont par définition exclusifs l'un de l'autre.
> """""
-------------------------------------------------------.

je dois faire partie des stupides car je suis un peu sceptique sur la compatibilité entre islam et démocratie.
En effet, si la majorité vote une loi contraire à la charia, les musulmans les plus fervents seront ils prêts à s'y plier ? ( quand on voit les réactions à la loi sur les signes religieux à l'école publique on peut en douter, mais quand on voit l'évolution du code de la famille au Maroc, on peut aussi espérer)

Comme ceci est vrai pour les fanatiques de toutes les religions, il est important que l'etat soit et reste srictement laîc et maintienne les lois à l'abri des extravagances religieuses et sectaires.

l
6 décembre 2004 20:10
Pfff tant de suffisance et de prétention ne me donnent même pas envie de lire ton probable ramassis d'imbécillités... Décidément tu n'as toujours pas compris que tu n'es pas plus intelligent que n'importe qui ici, et que si tu continues à prendre tout les gens qui ne sont pas d'accord avec toi pour des illétrés incultes tu vas te mettre tout le monde à dos et non pas instaurer un dialogue... mais manifestement tu ne cherches que la zizanie, la contradiction nihiliste et le renforcement de ton ego déjà bien enflé...

Je ne vois pas l'intérêt de te répondre sur le fond... tu adores t'écouter parler mais tu n'as que faire des arguments de tes opposants que tu juges ignorants...

"Midinettes", "ceux qui le défendent sont-ils capables de définir ce qu'est un moratoire", "si jamais ce nom [Youssef Sedik] te dit quelque chose", "ah ces américains"...

Je me demande vraiment d'où peuvent provenir tant de suffisance et d'agressivité... Sûrement un manque de confiance en soi qui te pousse à flatter ton ego dès que tu en trouves l'occasion...

Lamentable...
________________" Etre libre, ce n'est pas pouvoir faire ce que l'on veut, mais c'est vouloir ce que l'on peut. " Jean-Paul Sartre, Situations I
l
6 décembre 2004 20:19
JD a écrit:
-------------------------------------------------------

> je dois faire partie des stupides car je suis un
> peu sceptique sur la compatibilité entre islam et
> démocratie.


Bonsoir JD. La démocratie est contraire à beaucoup de choses. Notamment à la reconnaissance des droits des minorités, eh oui... Les espaces réservés aux handicapés sont contraires à la démocratie, les lois contre les insultes à caractère raciste sont contraires à la démocratie (puisqu'elles ne s'appliquent qu'à une minorité contrairement au principe de majorité qui est l'essence du principe démocratique) et à la liberté d'expression.
Et pourtant, ces lois sont-elles mauvaises pour autant?



> En effet, si la majorité vote une loi contraire à
> la charia, les musulmans les plus fervents seront
> ils prêts à s'y plier ?

On ne se plie pas aux lois contraires à nos convictions les plus profondes. LEs résistants ont sauvé des juifs pendant la guerre alors que la loi l'interdisait, Mamère a très justement décidé de marier des homosexuels, les jeunes fument des pétards alors que c'est interdit et menacent-ils pour autant la stabilité et la sécurité de l'Etat?

Cependant ce genre de loi est assez rare, et ce que tu viens d'évoquer ne pose donc que peu de problèmes dans la pratique.


( quand on voit les
> réactions à la loi sur les signes religieux à
> l'école publique on peut en douter,


Oui car cette loi est injuste, stupide, illégale et anti-constitutionnelle.


> Comme ceci est vrai pour les fanatiques de toutes
> les religions, il est important que l'etat soit et
> reste srictement laîc et maintienne les lois à
> l'abri des extravagances religieuses et
> sectaires.


Les lois, et strictement les lois. Mais la laïcité s'appliquait à l'Etat et n'a JAMAIS été destinée à s'appliquer à la population, dont la liberté de culte est garantie par la CEDH.




Modifié 1 fois. Dernière modification le 06/12/04 20:20 par loreley.
________________" Etre libre, ce n'est pas pouvoir faire ce que l'on veut, mais c'est vouloir ce que l'on peut. " Jean-Paul Sartre, Situations I
c
6 décembre 2004 23:40
Salaam
Ma chere Loreley tu me retire les mots de la bouche,c est vrai que j ai du mal a accepter tant de suffisance et de mepris de la part de momolesque et tu as illustre exactement ce ke je pensais merci la picarde.

Je vais tenter de m abstenir de repondre meme si ca me demange.

Salaam Mohamed
m
7 décembre 2004 00:15
Salaam JDsmiling smiley,

Je ne vais pas recommence mes debats avec toi des le square 1 car c'est inutile mais j'aimerais bien vite fait te taquiner mon ami laiquesmiling smiley.

>>>>>>>>>je dois faire partie des stupides car je suis un peu sceptique sur la compatibilité entre islam et démocratie.

L'Islam et la democratie sont bien evidement deux choses DIFFERENTESsmiling smiley. C'est pour ca d'ailleurs qu'ils ont deux nomswinking smiley.

Les stupides par contre sont ceux qui disent des betises et des raccourcis comme :

"""""
Il veut un "citoyen musulman", qui rende des comptes à la fois à la République démocratique et à la charia. C'est théoriquement impossible car ces systèmes ne souffrent aucune concurrence : ils sont par définition exclusifs l'un de l'autre.
"""""

C'est comme si le createur de l'Islam et le createur de la democratie se sont accordes pour creer deux systems exclusifsgrinning smileygrinning smileygrinning smileygrinning smiley.

>>>>>>>>>>>>>En effet, si la majorité vote une loi contraire à la charia, les musulmans les plus fervents seront ils prêts à s'y plier ?

Je ne sais pas pour les autres musulmans. Mais moi personnellement soit je m'incline au vote de la majorite soit je m'exile.

Par example je ne me vois pas vivre en France apres que la loi moyen ageuse a ete passee. Une loi contraire a l'article 18 des droits de l'homme. Si c'etait la Tunisie j'aurais dit les pauvres il s'agit d'un dictature mais lorsque un pays se disant democratique vote une telle loi apres un debat et que des parlementaires sans honte se premettent de stigmatiser leur consitoyens de confessions differentes et leur interdire la liberte du culte je me pose serieusement des questions si ce n'est pas l'inquisition espagnole qui s'est installee en France.

>>>>>>>>>>>>>>Comme ceci est vrai pour les fanatiques de toutes les religions, il est important que l'etat soit et reste srictement laîc et maintienne les lois à l'abri des extravagances religieuses et sectaires.

Une fille qui decide de porter son voile par conviction religieuse est une extravagance religieuse et sectairegrinning smileygrinning smileygrinning smileygrinning smiley. SubhanAllahsmiling smiley. Ce n'est pas les yeux qui s'aveuglent mais bien les coeurs. Dans le cas des laiques fanatiques c'est les deux.

Maintenant je te pose la question suivante et je pose la meme question a tous les honorables democrates:

Si la majorite des Francais votent l'implementation de la Charia, tu vas te plier au vote de la majorite ou pas?!
A
7 décembre 2004 00:20
Vous étes bien agressifs !!! Vous auriez pu vous expliquer plus calemement, je préfére cent fois les arguments de Chireen et de Hakim075 à vos coups d'épées !!!
M
7 décembre 2004 12:12
C'est vraiment très étrange, dès que l'on avance un débat, par exemple:

- Qu'est-ce qu'un moratoire, dans l'affaire qui concerne la lapidation?
- Que pensez-vous de Youssef Seddik?

Aucune réponse! Par contre quelques 'Don Quichotte du virtuel' galopent illico, portés par leurs ânes, pour tourner la question en débat de personnes et appeler une 'fatwa' contre tel ou tel internaute. Soyons sérieux, grandissez les enfants, ou ayez simplement le courage d'avouer votre ignorance sur telle ou telle question... A bon entendeur..
M
7 décembre 2004 12:19
Pour Lore-bidule,

Ce n'est pas que tu n'as pas envie de répondre. C'est tout simplement que tu n'as aucun avis sur ces questions. Primo, tu ne sais pas ce qu'est un moratoire. Secundo, tu n'as jamais lu les propos de Youssef Seddik. Et last but not least, laisse les musulmans débattrent entre eux des questions qui les concernent (il y a pour les personnes comme toi le forum féminin et le forum halka). Merci.

PS: Débattre ne signifie pas être pour ou contre, noir ou blanc, mais argumenter...
M
7 décembre 2004 13:18
Le Coran

Dieu à la première personne

par Youssef Seddik

Quatorze siècles après l’apparition du Coran, son histoire reste à faire. Les tentatives en ce sens ont toujours été verrouillées chez les auteurs islamiques – chez les autres, elles sont grevées par une étrange attitude médico-légale qui pousse à voir ce Livre comme un corps mort. Aucun texte fondateur de religion n’a été aussi violemment soustrait, rendu impropre à la lecture. Nous tentons ici une histoire tout autre, qui montre comment ce Coran vivant qui n’a cessé d’interpeller, de passionner et de mobiliser attend toujours d’être lu – et pas seulement récité.

Le Coran est la transcription, pour ainsi dire brute, d’une révélation qui fut faite à Muhammad le Mecquois entre 610 et 632. Les Ecritures saintes précédentes se contentent de «citer» Dieu. Dans les Evangiles, par exemple, les propos de Jésus sont rapportés par un témoin extérieur, enchâssés dans une narration «à la troisième personne». Le texte du Coran, lui, est «à la première personne»: c’est Dieu qui parle de bout en bout. Il s’adresse à l’humanité à travers cet homme qu’il prend pour Messager.

Dans quel but? Au début, Muhammad n’en sait rien. C’est un homme ordinaire qui se croit possédé des djinns quand l’ange Gabriel le serre dans ses bras à trois reprises et lui enjoint de «lire» le Livre de la Création divine. La Sira (sainte biographie du Prophète) le montre saisi d’effroi, prêt à se jeter dans l’abîme. Sa femme Khadidja le rassure avant de le conduire chez un cousin. Ce chrétien reconnaîtra dans l’épreuve subie par Muhammad «le même "nomos" (loi, en grec) divinement confié à Moïse».

L’intention divine est dès lors clarifiée: Muhammad est choisi afin de rétablir la vérité de la révélation – foncièrement une – transmise par les prophètes successifs et aussitôt distordue par leurs peuples. Le Message? Invariable, il proclame une soumission totale au Dieu unique. Mais les hommes sont oublieux. En arabe, insan, «humains», signifie «ceux qui oublient». C’est là toute la cause du renouvellement de la prophétie: Dieu envoie périodiquement des «éveilleurs» afin de rappeler sa Loi. Universelle, intemporelle, salvatrice, celle-ci est la substance même de l’islam – religion «immuable», présente dans toute relation vraie à Dieu. «Le premier des musulmans», dit le Coran, c’est Abraham. Il a reçu le pacte divin, suivi par Moïse puis Jésus. Les querelles, les altérations, les débats incessants qui agitent les «gens du Livre» – juifs et chrétiens – rendent désormais nécessaire une nouvelle, et cette fois universelle et définitive, «descente» du message divin. Le Coran renferme donc la vérité ultime du Pacte.

Significativement, le livre de Moïse et celui de Muhammad sont tous deux appelés furqan, «critérium qui départage le vrai du faux». C’est parce que le furqan de Moïse a été perdu qu’il doit être de nouveau délivré. Le Coran reconnaît ainsi le caractère divin des Ecritures antérieures (sourate 21), tout en affirmant qu’il les parachève (sourate 5). Faisant preuve d’une profonde connaissance de la matière biblique, il en récapitule l’héritage, du récit adamique jusqu’à l’ascension de Jésus et la prédication de Jean-Baptiste, en passant par le Déluge, l’Exode, le règne de David et Salomon, les vicissitudes de Job et Jonas... Mais il abandonne la narration factuelle, si frappante dans les deux Testaments, au profit d’un ton métaphorique visant à délivrer une leçon d’humanité. Les péripéties historiques s’estompent, le récit coranique se fait parabole – il fonctionne en fait sur le même modèle que le mythe chez Platon.

Un juif pieux ne sursauterait pas à cette lecture – même si le Coran reproche souvent au judaïsme d’avoir falsifié la Torah. Le pieux chrétien ne pourrait pas, quant à lui, reconnaître son Jésus dans le Issa du Coran: celui-ci est un merveilleux prophète plein de sagesse au sens hellénique, né d’une vierge, mais en aucun cas de Dieu. Obsédé par le spectre du polythéisme (le shirk ou «association» d’autres divinités à Dieu), le Coran ne peut agréer ni fils de Dieu, ni Saint-Esprit. Son monothéisme ne transige pas.

L’histoire autorisée, qui veut accréditer le surgissement «incréé» du Coran, tend à occulter le riche et complexe terreau sur lequel cette révélation a fleuri. Entouré de polythéistes, Muhammad penchait vers le monothéisme. Dans son Hedjaz natal, il en existait trois grandes versions (et une myriade d’hérésies et de sectes): la chrétienne soutenue par Byzance, la juive protégée par la Perse, et une obscure forme locale appelée «hanifisme», à laquelle aurait appartenu le propre grand-père du Prophète. De ce monothéisme arabe primitif nous savons seulement qu’il se disait enraciné dans «la religion d’Abraham». L’historiographie islamique a escamoté ce proto-islam, comme elle a oblitéré le panthéon des divinités préislamiques.
De même que la nouvelle foi ne fait pas irruption dans un désert de l’esprit, de même il semble discutable que la parole de Dieu soit descendue sur un Prophète réduit au rôle de réceptacle passif. Toutes les chroniques s’accordent à dire que Muhammad a sillonné le monde. Quinze années durant, de 25 à 40 ans, il a exercé le métier de caravanier. La Sira mentionne souvent ses voyages vers le sud. Or deux caravanes annuelles partaient de La Mecque, l’une en hiver jusqu’au Yémen, l’autre en été vers le nord jusqu’au pied du Caucase. Cette destination-là est passée sous silence. Etrange omission, qui laisse entendre – en creux – que c’est précisément dans les brillants centres culturels du nord, à Gaza, Jérusalem, Damas ou Antioche, que Muhammad a peut-être fait son apprentissage. C’est un homme au savoir immense qui reçoit la révélation à 40 ans.

Est-il «analphabète» (ummi), comme certains l’ont compris dans le Coran? Ou lettré, comme le laissent entendre des récits qui le montrent, calame en main, rectifiant une signature? Rien ne permet de trancher. Mais il faut se rappeler que les scribes de l’époque étaient de basse extraction, voire esclaves. Après son mariage avec Khadidja, Muhammad était devenu un notable. Il se devait de dicter ses écrits. L’hypothèse de son illettrisme «sert» aux doctrinaires à prouver a contrario le caractère divin du Coran. D’autres exégètes soutiennent que Dieu n’a pas dicté un mot à mot, mais qu’il a inspiré des idées auxquelles Muhammad a donné une formulation.

Si le Coran est transmis en arabe – le texte l’affirme douze fois –, il serait erroné d’en conclure que l’arabe est la langue de Dieu. Il n’existe pas de langue divine. Le Coran affirme au contraire que chaque prophète transmet le message dans la langue de son peuple: l’hébreu pour Moïse, l’araméen pour Jésus. Mais alors que l’Ancien et le Nouveau Testament ne nous sont parvenus qu’à travers des traductions – trahisons aux yeux du Coran –, les musulmans, qui ont la chance de posséder le texte originel, doivent faire la prière dans les termes mêmes prescrits par Dieu.
L’arabe préexistait-il au Coran? Les linguistes montrent qu’à l’époque de la révélation une koïné, une langue à usage purement littéraire, était en train de se cristalliser entre les tribus arabes, qui pratiquaient des dialectes différents. Superbement rédigé dans ce nouveau style, le Coran en est la première manifestation – un peu comme l’italien moderne apparaît avec «la Divine Comédie» de Dante.
A la mort du Prophète en 632, le Coran n’existe pas sous forme de livre. Transmis oralement, il compte autant de versions que de compagnons du Prophète ayant appris le texte par cœur – le mot qur’an signifie précisément «récitation orale». Parallèlement à ces «Corans du cœur», Muhammad laisse un ensemble disparate de fragments gravés sur les supports les plus hétéroclites: feuilles de dattier, omoplates de chameau, morceaux de cuir, etc. Ce corpus hétéroclite est rassemblé par le premier calife, transmis au second calife, puis à sa fille Hafsa (une des veuves du Prophète), ce qui lui vaut le nom d’«imam de Hafsa». Un quart de siècle après la disparition du Prophète, le troisième calife, Othman (644-656), en fait faire une copie: c’est la Vulgate que nous connaissons aujourd’hui. S’ensuit un acte irrémédiable: le gouverneur de Médine, cousin d’Othman, détruit l’«imam de Hafsa», ainsi que toutes les versions écrites des «Corans du cœur». Exemple unique dans l’histoire où des originaux aussi rares que précieux sont sacrifiés au profit d’une copie!

Bien sûr, il s’agissait d’assurer l’autorité d’un canon unique. Mais la Vulgate, inscrite dans une graphie encore rudimentaire – la même lettre correspond à plusieurs consonnes –, est indéchiffrable. L’effort de clarification est à l’origine d’un énorme appareil exégétique. Deux siècles plus tard, celui-ci finira paradoxalement par ensevelir le Message, qui avait pourtant aboli le recours aux clercs, sous une vision standard concoctée par des clercs au service du théologico-politique. Surtout, la Vulgate noie les éléments de l’«imam de Hafsa» dans un texte continu dépourvu de sa ponctuation. Il gomme ainsi la facture antique du fragment qui se suffit à lui-même tout en correspondant avec tous les autres. Il est désormais malaisé voire impossible de les lire comme au temps du Prophète – à la manière dont l’astronome lit le ciel étoilé. Il faut tenter de réapprendre ce mode de lecture afin qu’un grand texte retrouve son âme.

Il faut pour cela redécouvrir ce «plus beau des textes, Livre équivoque, unité à sens duel», tel que le Coran se décrit lui-même. Selon le philosophe cordouan Averroès (1126-1198), le Coran ne délivre pas de réponse simple au croyant qui cherche à comprendre. Pourquoi? Parce que, connaissant les limites de l’intelligence humaine, sa hâte et ses illusions, le Coran choisit de se cantonner dans l’équivoque. Au croyant de trouver un outil, une solution. Selon Averroès, seule la rigueur philosophique, le discours de la Raison aristotélicienne permet d’échapper à l’équivocité essentielle du Coran. Nous sommes là au plus loin d’une Tradition dévitalisée qui, à partir des croisades, réduit la révélation à un simple recueil de nature liturgique, juridique ou politique. Après des siècles d’idéologie défensive, la bataille contre la sclérose responsable de la stagnation du monde musulman est relancée à la fin du xixe siècle. Dans les espaces démocratiques où il est de plus en plus interrogé, le Coran se donne enfin une lisibilité qui, un jour, le délivrera de la crypte de la Tradition.

Y.S.

Propos recueillis par Ursula Gauthier
Youssef Seddik , philosophe et anthropologue, est notamment l’auteur du «Coran, autre lecture, autre traduction» (Aube, 2002) et des «Dits du prophète Muhammad» (Actes Sud/Sindbad). A paraître en 2004 aux Editions de l’Aube: «Nous n’avons jamais lu le Coran». La série télévisée «Mahomet», dirigée par Y. Seddik et T. Celal, diffusée par Arte en 2000, vient de paraître en DVD.



M
7 décembre 2004 16:43
Suite à cet article de Youssef Seddik, voici ce qui a été répondu sur oumma.com (le site perso de Tariq Ramadan), par un OBSCUR EXPERT CULTUREL INTERNATIONAL (sic!) monsieur Abdelillah Benafara.

(Pour Lore-bidule, ma cocotte, c'est comme ça que l'on nourrit un débat!)



Le nouvel Observateur » sous observation.
Critique du dossier sur La Bible et Le Coran

Par Abdelillah Benarafa
mercredi 28 janvier 2004
 


Il était question dans le numéro double ( n° 2042/2043) du mois de janvier 2004 du magazine Le nouvel Observateur, d’un dossier consacré à la Bible et au Coran. Sur la couverture, un dessin très curieux montrant un vieillard aveugle accroupi, avec une chevelure abondante aux prises avec le vent. Il semble qu’il est sur un cratère tendant la main gauche vers le bas où l’on devine un tableau sombre avec des lettres hébraïques et arabes superposées. Nous avons réussi à déchiffrer l’écriture arabe au style maghrébin archaïque, qui relate un passage de la sourate XIII (le Tonnerre), écrit sur un mur en pierre « A ceux qui répondent à l’appel d’Allah, la plus belle des récompenses ! Quant à ceux qui refusent de répondre, tentant de se racheter, offrant ce qu’ils peuvent posséder - fût-ce l’équivalent de tous les trésors de la terre et même encore le double - ceux-là auront à rendre un compte impitoyable ; leur refuge sera la Géhenne. Quel détestable séjour ! (18) Celui qui voit la vérité dans le message qui t’est révélé, serait-il comparable à un aveugle ?... ». Par contre, nous n’avons pas réussi à déchiffrer l’autre passage en hébreu. Pourquoi alors ce tableau apocalyptique renforcé par l’attitude du vieillard se penchant vers le bas ? Pourquoi ce passage coranique ? Est-ce Dieu tentant de sauver le monde ? Nous en doutons puisque l’Islam et le Judaïsme sont iconoclastes. Est-ce Abraham ? Peut-être, mais, rien ne permet de le dire.



Il est question dans ce dossier de 48 pages des trois religions monothéistes . Nous nous limiterons uniquement à une mise au point concernant l’Islam dans un dossier où l’on peut lire quelques énormités sur le Coran et le Prophète. Il était possible de réfuter point par point les allégations non fondées de ce dossier. Nous nous contenterons cependant d’aborder les questions les plus perfides.


Dans l’article de Youssef Seddik, qui s’est déjà illustré auparavant, par ses « études » infondées sur l’Islam, on note (p. 42) l’assertion suivante : « Quatorze siècles après l’apparition du Coran, son histoire reste à faire. Les tentatives en ce sens ont toujours été verrouillées chez les auteurs islamiques -chez les autres, elles sont grevées par une étrange attitude médico-légale qui pousse à voir ce livre comme un corps mort. Aucun texte fondateur de religion n’a été aussi violemment soustrait, rendu impropre à la lecture ». Ce constat terrible est certainement le fruit à la fois de l’hallucination et des connaissances approximatives de l’auteur de cet article. En effet, on peut dire avec sérénité qu’aucun texte n’a été étudié, commenté, recensé, classé, compté au niveau de ses points, lettres, mots... comme ne l’a été le Coran. Les sciences qui sont nées autour du Coran sont incalculables. Certains commentaires peuvent atteindre des centaines de volumes. L’étude du Coran a engendré les sciences islamiques. Nous connaissons, sans l’épuiser, toutes les facettes du Coran, en long et en large avec une érudition qui fait défaut ailleurs. Les musulmans ont développé des disciplines de la transmission du texte. Tous ceux qui ont porté la parole coranique ou prophétique nous sont connus. L’étude historique aujourd’hui fait pâle figure devant la précision et le gigantisme de cette incroyable entreprise. Malgré tout cela, il se trouve des individus pour affirmer le contraire. Mais, l’auteur de cet article ne s’arrête pas en si bon chemin. Il prétend ignorer toute cette histoire glorieuse et vivante du texte pour préciser : « Nous tentons ici une histoire tout autre ». Le premier jalon de cette « histoire tout autre » est l’affirmation suivante : « Le texte du Coran, lui, est à la première personne : c’est Dieu qui parle de bout en bout ». Or, il y a d’autres voix dans le Coran comme les anges, le Prophète, les compagnons... Ces exemples sont légion, ce qui prouve que cet historien hors pair, n’ a pas lu le Coran, peut-être ne l’a-t-il même pas ouvert. Autre point où l’idéologie prend le pas sur l’analyse est l’affirmation selon laquelle le Prophète « se croit possédé par les djinns » lors de sa première révélation. Aucune source ne mentionne ce haut fait cher aux psychanalystes qui ne connaissent pas l’épreuve de l’éternité. Mais, voilà que Youssef Seddik le déterre subitement de l’oubli. La désinformation continue avec cette comparaison fantaisiste : « Le récit coranique ... fonctionne en fait sur le même modèle que le mythe chez Platon ». Autrement dit, Seddik nous affirme que le Coran n’est rien d’autre qu’un mythe. Il ose également un autre parallèle : « superbement rédigé dans ce nouveau style, le Coran en est la première manifestation - un peu comme l’italien moderne apparaît avec la Divine Comédie de Dante ». Notre « savant » ignore probablement que Dante s’est inspiré de deux auteurs musulmans Abu al Ala’ al-Ma’arri dans son épître du Pardon, et Ibn Shuhaid l’andalou dans son épître attawabi’ wa zawabi’. La différence entre langue sacrée et langue vulgaire est ignorée de Seddik.


Enfin, tout le monde s’accorde à dire que le Prophète a effectué deux grands voyages au cours de sa vie en Syrie. Le premier à l’âge de 12 ans en compagnie de son oncle Abu Talib. A l’entrée de la ville de Busra, Jirjis, surnommé Bahira, un moine syrien a reconnu le sceau de la prophétie sur le dos du jeune Muhammad. Il leur a offert un festin, alors qu’il les ignorait auparavant lors du passage annuel de leur caravane. Il s’est empressé de conseiller Abu Talib de rentrer vite à la Mecque de peur des juifs qui attendent le Messie décrit dans la Bible sous les traits exacts du Prophète. Le second voyage de Muhammad en Syrie s’est déroulé à l’âge de 25 ans, chargé par Khadija de mener à bien son commerce. A la conclusion de cette affaire et au retour du Prophète, Khadija fascinée par son sérieux et sa droiture le demande en mariage. Aucun historien ne mentionne d’autres voyages. La Sira prophétique d’Ibn Hisham (la première référence sur la vie du Prophète) est claire la-dessus. Mais, rien ne vient illustrer les contrevérités assénées par l’auteur de cet article, hormis cette nouvelle démonstration qui dénature à nouveau les faits : « c’est précisément dans les brillants centres culturels du nord, à Gaza, Jérusalem ]notez tout de même que Jérusalem était fermée aux juifs à cette époque[, Damas ou Antioche, que Muhammad a peut-être fait son apprentissage ». Voilà ! la coupe est pleine, le Prophète savait donc lire et écrire malgré ce que rapporte les musulmans. Le Coran est donc une œuvre humaine qui relève du plagiat.


Cette thèse en fait n’est pas nouvelle. Certains orientalistes refusaient l’illettrisme du Prophète. Parmi ceux-là, R. Blachère, orientaliste français, auteur d’une traduction du Coran précédée d’une longue introduction. Voici ce qu’il dit à ce sujet : « Nabi ummi ne signifie donc pas ’Prophète ignorant’, ’illettré’, mais ’Prophète des Gentils’ et l’épithète, dérivée du mot arabe umma, réfère très certainement à l’hébreu ummôt hâ-’ôlâm ’les Nations du monde’, ’les Gentils’ que les juifs de Médine devaient bien connaître » et il ajoute en bas de page, note 9 « A noter que le mot ummi figure uniquement dans les révélations reçues par Mahomet à Médine » (Maisonneuve et Larose, Paris1977, p. 8).


Toute l’argumentation est donc basée sur le fait que le mot ummi figure uniquement dans des révélations effectuées à Médine, foyer où vivaient une communauté juive. Or, ce mot ummi, figure 2 fois dans le Coran dans une sourate (VII, Al-A’raf : les Limbes) révélée à La Mecque et non à Médine, dans les verstes 157 et 158 « en faveur de ceux qui suivent l’Envoyé, le Prophète maternel, qu’ils trouvent chez eux inscrit dans la Torah comme dans l’Evangile... ». Le Coran invoque ici plusieurs textes bibliques, et un texte évangélique (Jean, XVI, 7-16) : « Cependant je vous dis la vérité : c’est votre intérêt que je parte ; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai...Mais quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous introduira dans la vérité tout entière, car il ne parlera pas de lui-même, mais ce qu’il entendra, il le dira et il vous dévoilera les choses à venir » (la Bible de Jérusalem, Desclee De Brouwner, Paris, 1975). Ce dernier passage interprété par le Christianisme comme annonçant l’avènement de l’esprit de vérité, ou Paraclet, est interprété par les musulmans comme annonçant la venue de Muhammad ou Ahmad, le Prophète loué, qui est le sens exact du mot grec Paraclet. Or, le nom du Prophète était inconnu chez les arabes antéislamiques.


R. Blachère se trompe puisque les deux citations du mot ummi sont dans une sourate mecquoise. Toute l’argumentation de Blachère s’écroule littéralement.


Le deuxième argument majeur contre cette thèse farfelue, le mot ummi, selon les dictionnaires historiques arabes anciens et modernes, l’ensemble des commentateurs du Coran, ainsi que le hadith prophétique (Nous sommes une umma illettrée qui ne sait ni écrire ni compter), retiennent cette paraphrase « qui ne sait ni lire ni écrire ».

Vouloir à tout prix forcer les faits et travestir la vérité en considérant la Parole divine (le Coran) comme du plagiat relève de la mauvaise foi, doublée de contrevérités comme nous l’avons démontré. Et voici comment Youssef Seddik conclut naïvement : « L’hypothèse de son illettrisme sert aux doctrinaires à prouver a contrario le caractère divin du Coran ».

D’autres points peuvent faire l’objet d’une analyse chirurgicale pour disséquer les manipulations dont cet article regorge de bout en bout. A l’instar de D. Sibony, Youssef Seddik, serait mieux inspirer de parler de sujet dont il a la maîtrise plutôt que de s’immiscer dans des considérations qui lui échappent complètement.

 

Abdelillah Benarafa
Expert culturel international.
S
7 décembre 2004 18:19
Salam 'Ala man itaba' al houda

Dominique ou Veronique?? Je ne m'en souviens plus!!!!!!
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