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lamkhakh harbo. 3lache?
22 mars 2004 04:07
Dans un sondage publié en 1998, près des 3⁄4 des Marocains se déclaraient disposés à s'expatrier.
Afrique découvre depuis quelques décennies qu'elle est en train de perdre au marché ses compétences scientifiques et techniques après qu'elle eut découvert qu'elle a perdu ses hommes à la traite des esclaves et ses matières premières au marché du commerce mondial. La problématique de la fuite des cerveaux reste grave et complexe. Grave, car dans un sondage publié en 1998, près des 3⁄4 des Marocains se déclaraient disposés à s'expatrier. Ce sondage révèle aussi que 70% des titulaires de diplômes supérieurs étaient prêts à refaire leur vie ailleurs. Grave également car elle s'apparente à une véritable hémorragie qui commence d'ores et déjà à toucher les fonctionnaires de l'Etat et une frange de personnes ayant apparemment une situation sociale stable. Complexe car les raisons des départs ne sont pas toujours évidentes. Certes, elles relèvent d'un système qui met en cause les problèmes d'ouverture économique, politique et culturelle auxquels sont confrontés les pays du sud de la méditerranée ; néanmoins, ces raisons invoquent les difficultés rencontrées par les Etats du Nord au niveau de leur démographie. Nous tenterons ici de mettre en lumière les causes de cette fuite des cerveaux et ses répercussions sur l'Afrique, et par ricochet, sur notre pays. Mais il convient tout d'abord de mettre le point sur le concept lui-même.
L'expression "fuite des cerveaux" avait été utilisée pour la première fois en anglais pour désigner "brain drain". Très vite, on a dû abandonner cette expression. Ainsi, à l'issue des discussions de l'assemblée générale des Nations Unies tenue en 1967 et auxquelles a pris part l'éminent professeur Mahdi Elmandjra (1), on a convenu qu'il fallait écarter "la fuite des cerveaux" et retenir "l'exode des compétences" pour la simple raison que les cerveaux ne fuient pas, c'est plutôt la compétence qui s'en va ailleurs.

I - les causes de "l'hémorragie"
4 Facteurs exogènes : Connaissant des mutations technologiques et scientifiques impressionnantes, les pays européens découvrent que depuis la décennie 70, leur croissance démographique ne suit pas la même tendance. Ces nations se tournent aujourd'hui de plus en plus vers les pays du Sud parce que leur population vieillit, le taux de renouvellement des générations n'est plus assuré et qu'au bout du compte, la formation des élites accuse un certain retard. Dans les pays du Sud, en revanche, les compétences sont disponibles alors que les moyens scientifiques et les équipements de recherche font grandement défaut.
4 Facteurs endogènes : les motivations salariales figurent au premier plan des raisons invoquées de l'exode. Il faut savoir que les salaires payés au Maroc sont 2 à 5 fois moins élevés que ceux pratiqués en Europe ou en Amérique. Cela dit, cette variable n'explique pas à elle seule le phénomène puisque "les universités américaines n'offrent pas de salaire élevé mais offrent par contre des infrastructures de pointe et surtout la possibilité de rencontrer les meilleurs chercheurs dans quasiment tous les domaines du savoir".(2)
L'absence des moyens et des conditions de travail, le manque de valorisation des compétences (absence de plans de carrières) pèsent pour beaucoup dans la décision d'exil de nos cadres, ingénieurs, chercheurs et informaticiens.
Le modèle de développement des pays du Sud n'a cessé depuis des années de poser des problèmes car insoucieux des aspirations populaires et caractérisés par l'absence d'une vision sociétale qui valorise la participation estudiantine, accepte le pluralisme et soit respectueuse des droits de la personne.
Nos jeunes compétences cherchent avant tout un environnement sain de stimulation intellectuelle. Dans nos pays, force est de reconnaître que la liberté de pensée et d'expression, indispensable par ailleurs à la créativité, n'est pas toujours acquise.

II- les répercussions du phénomène :
Cet exode représente un coût exorbitant pour le Maroc. Une formation dans une école d'ingénieurs coûte environ 1 million de DH à l'Etat pour les cinq années d'étude. Ainsi, chaque fois qu'un ingénier part à la fin de son cursus, non seulement cet investissement est perdu, mais il contribue au développement d'un autre pays prospère. Pire, les pays africains sont obligés de remplacer ces qualifications en recourant au savoir étranger. Selon une étude de la Commission européenne, le coût pour le continent est de 4 milliards de dollars par an pour quelque 100000 experts étrangers. Cet exemple est un début d'explication du fossé énorme qui sépare le monde développé du Sud et montre in fine le véritable gâchis africain.
Une question se pose aujourd'hui avec acuité : quelles solutions préconiser pour retenir nos élites ? Si l'on ne peut concurrencer les standards de salaire pratiqués en Europe ou outre-Atlantique, les relever à un niveau satisfaisant est une première urgence.
Le Maroc se doit, s'il désire conserver sa matière grise, de consentir de larges efforts pour proposer des conditions de travail respectables aussi bien au niveau des administrations qu'à celui des entreprises.
Le management doit réaliser sa mue et instituer le mérite au lieu des relations de favoritisme aux conséquences néfastes et qui nourrissent le désarroi.
De la même façon, des mesures facilitant de manière réelle l'entrepreneuriat et l'accès au financement doivent être prises en vue d'encourager les investisseurs.
Enfin, notre pays peut tirer les enseignements de l'expérience de la Corée du Sud. Le gouvernement sud-coréen soutient en effet les associations de scientifiques travaillant à l'étranger et leur demande en échange de répondre via Internet aux besoins des administrations et universités en expertise, publications, séminaires ou colloques. La problématique de l'exode des compétences demeure très complexe en raison de la nature des éléments qui la composent. Nous soulignons néanmoins que ces répercussions sur le continent noir et, par ricochet, sur notre pays sont néfastes et ne doivent plus être marginalisées. En l'absence de son unique énergie, en l'occurrence sa matière grise, quel développement socio-économique peut-on concevoir pour le Maroc à l'orée de la mondialisation et de la société du savoir ?
La diaspora scientifique du tiers-monde est l'un des moyens dont disposent les Etats du Sud pour avoir la place qui doit être la leur dans le concert mondial au niveau de la recherche, en dépit de la rigueur économique et de la globalisation.
Nos pays doivent se battre pour se réapproprier leurs compétences nationales et convaincre leurs expatriés de réinvestir leurs compétences et leurs expériences acquises au Nord dans leurs pays d'origine.



Message edité (22-03-04 04:08)
22 mars 2004 04:14
quand je pense que dans les annes 60 et 70 les patrons europeens venaient chez nous pour engager les ...pour leur mines et egouts....

alors que maintenant c'est notre avenir qui part.

c'est triste.

i
22 mars 2004 07:19
et oui hier c'etais la main d'oeuvre ajourd'hui les cerveaux et les competences bin la demain me fais peur franchement.
 
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