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L'entrée massive de produits chinois préoccupe l'Amérique latine
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11 octobre 2005 10:52
L'entrée massive de produits chinois préoccupe l'Amérique latine

AFP 11.10.05 | 09h55

L 'Amérique latine a fait le pari d'un rapprochement commercial avec la Chine à laquelle elle vend ses matières premières et dont elle espère d'importants investissements, mais l'entrée massive de produits "made in China" préoccupe le sous-continent.

Textile, chaussures, la Chine a littéralement "envahi" la zone depuis une tournée en novembre 2004 de son président Hu Jintao. Celui-ci avait alors promis à ses hôtes un accès accru au marché chinois et une manne de près de 30 milliards de dollars d'investissements pour l'Amérique latine.

En échange, la Chine avait obtenu le statut d'"économie de marché" en Argentine et au Brésil, ce qui rend plus difficile des restrictions sur l'importation de ses produits.

Le commerce avec le géant asiatique a décollé à toute vitesse dans la majorité des pays du sous-continent, où les prix de matières premières telles que le soja, l'acier, le pétrole et le cuivre ont battu des records en raison de la très forte demande de la part des Chinois.

Mais les Etats de la région s'inquiètent de l'afflux d'exportations chinoises à bas prix qui concurrencent leurs productions.

Le ministre des Affaires étrangères brésilien Celso Amorim a déclaré cette semaine au Financial Times que l'octroi du statut d'économie de marché à la Chine n'avait pas eu pour contrepartie les investissements espérés.

L'arrivée de produits chinois a progressé de 71,33% entre juin 2004 et mai 2005, selon la Fédération des industries de Sao Paulo (Fiesp).

Dans ce contexte, Brasilia s'est doté jeudi d'un mécanisme de protection contre les importations chinoises ; tout secteur qui s'estimera lésé pourra demander l'intervention du ministère de l'Industrie.

Immédiatement, l'industrie textile a réclamé des barrières douanières pour cinq types de soies dont les entrées ont progressé de 300% sur les 8 premiers mois de 2005.

D'autres pays cherchent aussi à se protéger. En Colombie, où le président Alvaro Uribe s'est dit "désespéré" face à la poussée chinoise, des droits de douane allant de 61 à 87% ont été imposés début août à certains produits, surtout textiles. A la mi-septembre, une clause de sauvegarde a été déclenchée pour les chaussettes chinoises, dont les importations ont bondi de 55% entre 2004 et 2005 pour représenter 5% du total : elles sont désormais frappées de droits de douane d'un taux de 88%.

En Argentine aussi, des systèmes de protection ont été instaurés l'an passé, mais les petites et moyennes entreprises voudraient des "mesures plus efficaces". Entre janvier et avril 2005, les importations en provenance de Chine ont augmenté de 85,5% par rapport à la même période de 2004.

La visite de M. Hu avait suscité de fortes attentes en Argentine où il avait annoncé il y a un an des investissements supérieurs à 20 milliards de dollars sur 10 ans. Mais, selon une source au secrétariat aux Industries, pour le moment, "il ne s'est rien passé".

Le Mexique a également choisi la méfiance en imposant par exemple une taxe de 144% sur les importations de bicyclettes chinoises. Le secteur textile a réclamé une protection accrue, et le gouvernement cherche à contrecarrer la contrebande.

Dans d'autres pays, on est plus optimiste : le Chili a entamé des négociations pour un traité de libre échange (TLE) qu'il espère conclure d'ici fin 2005.

Les exportations chiliennes vers la Chine ont progressé de 77% en 2004, plus rapidement que les importations à partir de la Chine (+41,1%), et Santiago ambitionne de servir de pont entre l'Amérique latine et l'Asie.

Mais le Pérou, fort d'une position géographique tout aussi stratégique, a les mêmes intentions. Lima devrait commencer cette année des pourparlers en vue d'un TLE et a promis d'accorder à la Chine le statut d'économie de marché.
 
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