Je voulais juste vous faire partager un texte de Serge Reggiani que j'apprécie beaucoup ; c'est un texte que je viens tout juste de découvrir, et je vous avouerais que je ne sais dans quel sens le prendre, parce que j'ai l'impression qu'au final, personne ne baisse vraiment sa garde.
"Je t'ai trouvé dans le sable, T'étais au bout du rouleau J'allais quand même pas, l'Arabe, Passer sans te donner d'eau T'es bien le premier Arabe A qui j'ai donné de l'eau
Quitte à faire la route Sous ce soleil-là, Après tout Fini le roumi Et fini le crouia On est deux pauvres croûtes Dans le Sahara
Dans quatre ou cinq lunes La ville jaillira, jaillira ! Derrière la dune Que tu vois là-bas, Derrière la dune Que tu vois là-bas
On a marché dans le sable, Deux jours sans se dire un mot Mais quand j'ai flanché, l'Arabe, Tu m'as porté sur ton dos T'es bien le premier Arabe Qui me porte sur son dos
Harassés de tempête On s'est écroulés, épuisés Et là, comme deux bêtes, On s'est enroulés Dans la même veste Sous le vent glacé
Regarde l'Arabe Bon dieu, pince-moi, lève-toi C'est elle, c'est la ville, Debout fainéant, Dans mes bras, l'Arabe ! Nous sommes vivants.
On est arrivés, l'Arabe, L'amitié s'arrête ici, On s'est séparés sans larmes A peine adieu et merci Mais tu as changé, l'Arabe, Quelque chose dans ma vie."
Oui, Reggiani a de très beaux textes, il y en a deux autres que j'adore si tu as l'occasion d'aller fouiner, notamment "Sarah" et une autre "votre fille a vingt ans". C'est un chanteur qui me touche beaucoup et qui me rappelle une grande partie de ma jeunesse
Tiens je mets les textes (du coup, ça n'a plus grand chose à voir avec mon titre mais bon...)
Votre fille a vingt ans
Votre fille a vingt ans, que le temps passe vite Madame, hier encore elle était si petite Et ses premiers tourments sont vos premières rides Madame, et vos premiers soucis
Chacun de ses vingt ans pour vous a compté double Vous connaissiez déjà tout ce qu'elle découvre Vous avez oublié les choses qui la troublent Madame, et vous troublaient aussi
On la trouvait jolie et voici qu'elle est belle Pour un individu presque aussi jeune qu'elle Un garçon qui ressemble à celui pour lequel Madame, vous aviez embelli
Ils se font un jardin d'un coin de mauvaise herbe Nouant la fleur de l'âge en un bouquet superbe Il y a bien longtemps qu'on vous a mise en gerbes Madame, le printemps vous oublie
Chaque nuit qui vous semble à chaque nuit semblable Pendant que vous rêvez vos rêves raisonnables De plaisir et d'amour ils se rendent coupables Madame, au creux du même lit
Mais coupables jamais n'ont eu tant d'innocence Aussi peu de regrets et tant d'insouciance Qu'ils ne demandent même pas votre indulgence Madame, pour leurs tendres délits
Jusqu'au jour où peut-être à la première larme A la première peine d'amour et de femme Il ne tiendra qu'à vous de sourire Madame Madame, pour qu'elle vous sourie...