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Journée de la femme : une information médicale inégalitaire
9 mars 2018 21:45
 
information médicale 0

JOURNEE INTERNATIONALE DES FEMMES 2018
UNE INFORMATION MEDICALE MARQUEE ENCORE PAR DES DISCRIMINATIONS ENVERS LES FEMMES

La journée internationale des femmes, le 8 mars 2018, est l'occasion d’alerter sur les inégalités, les discriminations et les stéréotypes qui continuent à toucher les femmes dans l’information médicale et les campagnes de sensibilisation qui lui sont liées. Ces manques portent sur des problématiques majeures de santé publique et ont un impact significatif sur la santé des femmes, en particulier dans les pays intermédiaires comme le Maroc.

UN PHENOMENE MASSIF IGNORE : LES MALADIES AUTO-IMMUNES, UN MAL FEMININ QUI TOUCHE POURTANT UNE FEMME SUR SIX AU COURS DE SA VIE
Il en est ainsi du sujet des maladies auto-immunes : ces nombreuses pathologies – une centaine – concernent les femmes dans 75 % des cas ! De plus, troisième cause de morbidité dans le monde après les maladies cardiovasculaires et les cancers, elles touchent environ 10 % de la population mondiale et occupent le deuxième ou troisième poste du budget de la santé dans les pays développés. Au total, on estime que le nombre de femmes souffrant de maladies auto- immunes est deux fois plus élevé que celui des femmes atteintes par le cancer du sein et presque une fois et demi plus élevé que celui de celles touchées par la maladie coronarienne !
Certaines de ces affections sont bien connues mais sans savoir qu’elles sont d’origine « auto-immunes » et qu’elles appartiennent à une même famille de maladies, même si elles diffèrent dans leur expression clinique et dans les organes touchées. Elles ont en effet en commun le même mécanisme de constitution – un dysfonctionnement du système immunitaire qui, chargé normalement de protéger le corps des agressions extérieures (des virus, bactéries...), va se tromper d’ennemi en attaquant nos propres organes - et des stratégies thérapeutiques souvent proches. Parmi ces atteintes, on peut citer : la maladie de Basedow (hyperthyroïdie), la thyroïdite chronique de Hashimoto (hypothyroïdie), le lupus, la myasthénie, la sclérose en plaques, le diabète de type 1, la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite, la maladie cœliaque (intolérance au gluten), la maladie de Crohn, le Gougerot-Sjögren …
Ce phénomène auto-immunitaire est un très rare exemple d’inégalité physiologique forte au détriment des femmes. Il est bien reconnu de la communauté médicale mais largement ignoré du grand public marocain, faute d’être médiatisé. Il mériterait pourtant de faire l’objet de larges campagnes de sensibilisation en direction des femmes, à l’exemple du cancer, d’autant plus que ces maladies s’attaquent souvent insidieusement à des femmes jeunes en présentant au début des symptômes peu perceptibles, apparaissant et disparaissant et mettant même en doute l’existence d’un mal. De fait leur diagnostic est fréquemment tardif.

LA MAJORITE DES DECES LIES A L’INFARCTUS CONCERNE AUJOURD’HUI LES FEMMES
Autre exemple : le risque d'infarctus continue encore trop souvent à être associé dans les campagnes de sensibilisation, en particulier au Maghreb, à l'image d'un homme d'âge mûr. De ce fait, la maladie est sous-diagnostiquée chez les femmes car on ne prend pas toute la mesure de leurs plaintes avant la crise. Cela explique que les femmes représentent maintenant 56 % des cas de décès par infarctus. Une étude menée par l’université McGill à Montréal en 2014 a bien démontré d’ailleurs que ce «biais » informatif se traduit inconsciemment par des préjugés et des stéréotypes de « genre » sur la façon de traiter un patient selon son sexe. Les chercheurs de l’université ont demandé à 1 123 patients d'hôpitaux, tous atteints du syndrome coronarien aigu, de répondre à un questionnaire après leur admission. Les conclusions ont révélé qu'on pratiquait plus rapidement des électrocardiogrammes et des défibrillations sur les hommes que sur les femmes. Le personnel de santé, moins réactif pour les femmes, était plus porté à écarter l’hypothèse de l'infarctus en imputant plus facilement le malaise d'une patiente et ses douleurs thoraciques à des troubles d’anxiété (la fameuse faiblesse psychosomatique féminine !)
Ces deux exemples sont loin d’être anecdotiques quand on sait que les études cliniques, dans le cadre des essais thérapeutiques, sont majoritairement menées chez des sujets masculins, pensant à tort que « ce qui est bon et validé chez l’homme l’est aussi pour la femme ». Certaines recherches sur le risque de cancers gynécologiques ont même été conduites chez des hommes ! Il n’y a que depuis 15 ans que la législation européenne impose de recruter aussi des femmes dans les essais cliniques.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 09/03/18 21:50 par MOUSSAYER.
 
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