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Gideon Levy, un opposé à la politique Israélienne, bien que patriote
C
8 février 2010 16:18
A l’heure où, en France, le débat sur l’identité nationale agite ceux qui veulent bien y participer, Gideon Levy ne se pose plus la question. Être israélien pour lui passe avant tout par le respect de l’autre, en l’occurrence des Palestiniens, la solidarité et la considération pour les gens qui vivaient ici avant. Et ce n’est pas sans douleur que Gaza, le recueil de ses articles, nous rappelle le rôle honteux joué par la France durant « Plomb durci ». L’Union européenne, alors présidée par Sarkozy, avait envoyé une délégation à Jérusalem « pour soutenir Ehoud Barak », écrit Gideon Levy. « Je n’oublierai pas le spectacle affreux de cette honteuse démarche de la présidence européenne, poursuit-il dans l’article intitulé J’aime Gaza. Pas un seul délégué n’a osé aller à Gaza voir de ses propres yeux ce qu’Israël était en train de commettre là-bas. » Nous devrions remercier Gideon Levy de vouloir mettre ses compatriotes devant leurs responsabilités et de nous confronter à nos silences, à notre complicité.

Opposé à la politique israélienne, il est avant tout israélien et continue à appartenir à cette société imparfaite tout en en dénonçant l’injustice : « Je me sens patriote, je me sens concerné par Israël. J’ai toujours vécu en Israël. Je pense sincèrement que le patriotisme est ce que je ressens pour mon pays. Et quand je le dis à mes compatriotes, soit ils rigolent, soit ils me crachent dessus. Dans ma profession, j’ai vu pire qu’en Israël. J’ai été témoin d’atrocités en Bosnie, en Géorgie. Mais toutes ces atrocités n’étaient pas commises en mon nom. En Israël, je partage la responsabilité de chaque balle, de chaque obus tiré sur la Cisjordanie, Gaza ou le Liban. J’en tire un sentiment de honte en tant qu’Israélien. Le projet d’occupation implique toute la société : du système éducatif, législatif jusqu’ aux médias. Je me sens honteux et coupable parce que je suis un patriote israélien. Ni les colons, ni l’extrême-droite, ni les généraux de l’armée, aucun d’entre eux n’est plus patriote que moi et ne se soucie du futur d’Israël plus que moi. »

Il explique l’ « effarante indifférence » de ses compatriotes qu’il dénonce dans son livre en démontant le mécanisme effrayant qui régit la société israélienne : « Si plus d’Israéliens voyaient ce que j’ai vu, la situation ne serait pas la même. Mais le système est organisé pour les empêcher de savoir. Et même s’ils voient et entendent, les Israéliens sont très contents d’eux. Tout le système nous persuade que l’armée israélienne est la plus morale du monde. Parfois je suggère que l’armée du Lichtenstein est peut-être plus morale que nous. Non, c’est la nôtre. D’ailleurs, je suis sûr que la mission israélienne pour Haïti est déjà arrivée sur place. » Et d’ajouter : « Ce n’est par hasard que ce sont des gamins de dix-huit ans qui sont envoyés se battre dans les territoires. C’est universel, ce qu’on fait à dix-huit ans on ne le ferait pas à trente. Les gamins qu’on envoie à Gaza sont formés, conditionnés par un savant lavage de cerveau. On leur raconte que les armes iraniennes se déversent par les tunnels et que Gaza devient le plus grand arsenal du monde. Qu’espérer d’autre de ces enfants qui pensent que Gaza est l’endroit le plus dangereux du monde, qu’ils y vont pour sauver Israël et tout le peuple juif ? » Implacable

« Les Israéliens sont un peuple avec des valeurs. Ils aideraient les vieilles dames à traverser la rue, même si elles ne veulent pas. Mais quand il s’agit d’occupation, c’est autre chose. Ils mènent une campagne depuis des décennies de déshumanisation des Palestiniens. Les Israéliens peuvent continuer leurs exactions car les droits de l’homme s’appliquent aux humains. Et si on gratte la surface de n’importe quel Israélien, on se rendra compte qu’aucun d’entre eux ne considère que les Palestiniens sont des humains. J’ai écrit que nous traitions les Palestiniens comme des animaux et j’ai reçu des lettres de protestation de la SPA, car les animaux doivent être bien traités. Cette déshumanisation n’est pas marginale. Elle est au centre des préoccupations. On le voit jour après jour dans les médias. Pendant « Plomb durci », les médias israéliens ont invité la population à emmener les enfants sur les collines voir les bombardements au phosphore qui illuminaient Gaza. » Non sans un certain sarcasme, Gideon Levy rappelle : « Beaucoup d’Israéliens sont capables de vous expliquer sérieusement que les victimes sont en Israël. Et comme disait cette « honorable » Premier Ministre Golda Meir : « Nous ne pardonnerons jamais aux Palestiniens de nous obliger à tuer leurs enfants ».
C
8 février 2010 16:34
On aimerait qu'ils soyent plus nombreux à penser comme lui et notemment leur gouvernement.
 
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