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Entretien avec Albert Jacquard
M
31 mai 2004 17:47
"Invité par la circonscription de Tourcoing-Est le jeudi 10 février 2000 à l’occasion de la sortie de son dernier livre "A toi qui n’es pas encore né(e)", Albert Jacquard s’est entretenu longuement avec les élèves des écoles A. Camus et P. Bert.
Auparavant, Albert Jacquard avait accepté de répondre à quelques questions plus générales sur le système éducatif, la citoyenneté, la mixité sociale…En voici la retranscription :

Le but éducatif de l’école est de faire de chaque individu un citoyen capable de transformer les expériences vécues en construction de soi. Pour vous, être citoyen, c’est…

Albert Jacquard :… C’est avant tout être capable de faire des rencontres, c’est à dire d’être face à l’autre et s’apercevoir que l’autre est une source. L’essentiel de chacun d’entre nous n’est pas en nous mais dans les liens qu’il tisse avec les autres ; ce n’est pas si facile mais je crois que c’est là l’essentiel.

Notre métier témoigne d’une nécessaire liaison entre le cognitif et l’affectif. Il faut affronter les devoirs et les dilemmes éthiques de la profession, à savoir, prévenir la violence, lutter contre les préjugés, établir des règles de vie commune, développer le sens des responsabilités. « Il faut repenser le métier de professeur d’école, la formation initiale et continue doit préparer au travail en équipe, à un réel partenariat » : troisième point de la Charte du XXIe siècle. Comment s’y préparer car « le groupe ne se définit pas, il se vit. » Qu’en pensez-vous ?

Albert Jacquard: On n’a rien dit d’un groupe quand on a énuméré les individus qui le composent ; ce qu ’il faut, c’est décrire les rapports qu’ils ont entre eux. Un groupe est un réseau, ce n’est pas une accumulation. C’est toute la différence entre une foule, simple accumulation, qui peut faire que tout le monde fait n’importe quoi, et un peuple qui lui, grâce aux réseaux qu’il tisse entre les différents éléments, peu à peu, génère une personnalité propre. Je crois beaucoup au fait que, à partir du moment où on crée un groupe, on crée un surhomme, pas au sens du rendement, pas au sens d’une armée qui serait puissante, mais au sens d’un ensemble qui devient plus que lui-même : des idées apparaissent, des projets se mettent en place, qu’aucun des membres du groupe n’aurait été capable de faire seul.
Etre plusieurs, c’est être chacun plus que soi-même.
L’enseignement, pour moi, c’est véritablement faire comprendre aux enfants qu’ils y gagneront à rencontrer les autres, mais c’est tout un art ; c’est pourquoi je définis le système éducatif comme le lieu où on apprend l’art de la rencontre.

Comment établir les différents échanges pour favoriser une mixité sociale ?

Albert Jacquard tongue sticking out smileyeut-être faut-il prendre des mesures très radicales comme ce qui a été fait à une certaine période, aux Etats-Unis, où pour provoquer la mixité entre noirs et blancs - c’était leur problème à eux -, ils ont exigé qu’il y ait, dans toutes les écoles, un certain quota de noirs et de blancs ; des quantités de bus passaient d’un quartier à l’autre. Cela leur a coûté très cher mais je crois que ça a provoqué un changement radical.

Quelle fut la réaction des parents ?

Albert Jacquard: Les Américains l’ont assez bien accepté. Il s’agissait pourtant de quelque chose d’assez dur : « moi, blanc, plutôt riche, je vais laisser partir mon enfant dans un bus qui l’emmènera dans un quartier noir et réciproquement, je vais voir des noirs arriver »… Bien effectivement, il y eut des réactions violentes au départ, mais, finalement, ça a bien fonctionné.

Cet échange fut-il expérimental ou a-t-il perduré ?

Albert Jacquard: Je pense que ça dure depuis plus de treize ans maintenant. Donc, ça devrait pouvoir se faire chez nous…
C’est dans l’intérêt des bons bourgeois du Centre de Lille que leurs enfants sachent ce qui se passe en REP, par exemple. Il ne s’agit pas d’aller chez des « sauvages » à 20 km de chez eux, mais de rencontrer des gens qui ont une autre aventure de vie et qui, par conséquent, peuvent m’enrichir.

Dans la relance de l’éducation prioritaire, on a souvent entendu « donner plus à ceux qui ont moins ». M.Aubry écrit « il s’agit de substituer aux hiérarchies dues à la naissance, les hiérarchies dues au métier et aux aptitudes ». Quel est votre point de vue ?

Albert Jacquard :Je pense que la hiérarchie ne peut pas exister et n’a pas de sens et là je vais raisonner en mathématicien : pour hiérarchiser, il faut unidimensionnaliser. Vous, moi, nous sommes différents, évidemment. Si on pose la question : quel est celui des deux individus qui est hiérarchiquement supérieur à l’autre ?, on ne peut répondre que si on a obtenu une autre réponse à une autre question : quel critère est retenu ?…Si c’est la taille, vous serez la première, si c’est autre chose, ça sera peut-être moi, etc… et à chaque fois qu’on souhaitera une hiérarchie, il faudra définir une seule caractéristique. Dès que deux caractéristiques apparaîtront, on ne pourra plus répondre et par conséquent, le mot hiérarchie devrait être éliminé, il n’existe pas de hiérarchie qui ait du sens et la plus grande erreur logique est de croire que le contraire d’égal c’est plus grand ou plus petit. Non, le contraire d’égal, c’est différent. Point.
Et entre deux êtres différents, lequel est le meilleur ? On ne peut pas répondre, ça n’a pas de sens…et le plus bel exemple d’erreur logique qu’on ait commise en ce moment, c’est l’invention du quotient intellectuel.
Votre intelligence est la mienne sont forcément différentes. Lequel des deux est le plus intelligent ? Comment répondre ? Ca n’a pas de sens, ça ne veut rien dire, sauf si on remplace l’intelligence par un nombre. Evidemment, ça fait sourire. Par contre, on peut parler d’une certaine aptitude… alors peut-être que vous lirez plus vite que moi, que j’aurai plus d’imagination, que vous aurez plus de mémoire… etc etc. On peut ainsi créer des profils. Nos profils seront différents mais aucun des deux ne sera plus intelligent. On a tout intérêt à avoir des intelligences différentes mais sans véritablement jamais poser la question : lequel est le plus intelligent.
Mais, vous savez, ça va très loin… : si on refuse l’unidimensionnalité, qui est une évidence, on refuse même de donner des notes à une copie, car donner 18 ou 3 à un devoir, c’est le ramener à un nombre… ce n’est pas sérieux. Un prof qui donne une note commence à montrer qu’il joue le jeu de la stupidité.

Dans votre dernier livre "A toi, qui n’es pas encore né(e)", vous écrivez : « on ne saurait plus naïvement avouer que pour les autorités et hélas pour les parents le seul critère permettant de juger un lycée est le pourcentage de succès au bac… Ce détournement de finalité est grave ».

Albert Jacquard : Il y a quelques années, il y a eu un palmarès autour des lycées français, du premier qui était, comme par hasard, dans le Ve arrondissement, au dernier, que je connais bien, et qui était, à mon avis, beaucoup plus passionnant que le lycée Henri IV dans lequel les élèves n’ont même pas besoin de profs : le milieu dans lequel ils vivent leur permettrait de réussir de la même façon.
Quand on est en guerre, le chef de l’armée met ses meilleurs officiers là où il y a du danger. Et bien, s’il y a vraiment des profs meilleurs que d’autres, il faut les nommer là où il y a danger, c’est à dire à la Courneuve, à Gennevilliers. Hélas, les postes en zone sensible sont souvent attribués aux jeunes débutant dans le métier et on assiste souvent au désastre du « chemin des Dames » : les officiers ne sont pas mauvais mais on les place là où l’armée d’en face va attaquer – évidemment, ça tourne au drame….

Dans votre livre, vous abordez un terme nouveau, « la démocratie éthique » : nous devons décider collectivement du bien et du mal. La liberté ne peut se définir que comme un ensemble de contraintes acceptées par tous à la suite de confrontations auxquelles chacun a participé . Pouvez-vous nous expliquer davantage la démocratie éthique ?

Albert Jacquard: C’est très difficile. En fait, j’en constate les besoins mais je ne sais pas encore comment la construire. On a, depuis longtemps, penser à la démocratie de gestion : comment faire pour nommer le président, le maire… etc. Il a fallu un certain temps pour que ça se mette en place et maintenant, dans des pays comme la France, ça fonctionne plutôt bien. Pour l’éthique, ça va être beaucoup plus difficile. Est-ce que, oui ou non, on accepte la peine de mort ; il faut en parler beaucoup et réfléchir à ce que ça représente. Ca ne se traduira pas par un référendum…
Ca sera tout un travail dans lequel le système éducatif jouera un rôle essentiel. L’important, c’est de se poser la question : alors que fait-on dans tel ou tel cas ? et de se rendre compte à quel point il est difficile de décider que ce soit pour la peine de mort, l’avortement… Je me rappelle la réponse que j’avais donnée à mes élèves en première année de médecine, à la question suivante : « Etes-vous pour ou contre l’avortement ? » Je leur ai répondu : « Je suis contre mais je suis pour son remboursement par la Sécurité Sociale. »
Ca peut paraître incohérent ; l’avortement, bien sûr ; il vaut mieux l’éviter, mais à partir du moment où je suis devant un cas dramatique d’une jeune femme qui se dit : « toute réflexion faite, c’est une mauvaise solution mais c’est la moins mauvaise » et bien la Société doit l’aider à faire, le mieux possible, un acte que tout le monde sait être mauvais. Voilà la difficulté de la démocratie de l’éthique, c’est qu’il n’y aura pas de règle toute simple, toute faite. A chaque fois, il y aura une réflexion car il faut aider chacun. "

Chronique quotidienne d'albert Jacquard sur france culture:

[www.radiofrance.fr]

Jean-Paul Moreau
M
31 mai 2004 18:26
Moi, Albert Jacquard, ministre de l'Education, je décrète :
par Albert Jacquard

Préambule : L'Education nationale ne doit pas préparer les jeunes dont l'économie ou la société ont besoin. La finalité de l'éducation est de provoquer une métamorphose chez un être pour qu'il sorte de lui-même, surmonte sa peur de l'étranger, et rencontre le monde où il vit à travers le savoir. Moi, ministre de l'Education nationale, je n'ai qu'une obsession : que tous ceux qui me sont confiés apprennent à regarder les autres et leur environnement, à écouter, discuter, échanger, s'exprimer, s'émerveiller. · la société de s'arranger avec ceux qui sortent de l'école, aux entreprises d'organiser les évaluations et la formation de leur personnel à l'entrée des fonctions. Il faut que les rôles cessent d'être inversés : l'éducation nationale ne produira plus de chair à profit.
Article premier : Il faut supprimer tout esprit de compétition à l'école. Le moteur de notre société occidentale est la compétition, et c'est un moteur suicidaire. Il ne faut plus apprendre pour et à être le premier. Article deuxième : L'évaluation notée est abandonnée. Apprécier une copie, ou pire encore, une intelligence avec un nombre, c'est unidimentionnaliser les capacités des élèves. Elle sera remplacée par l'émulation. Ce principe, plus sain, permettra la comparaison pour progresser, et non pour dépasser les camarades de classe. Mettre des mots à la place des notes sera plus approprié. Article troisième : Les examens restent dans leur principe, sachant que seuls les examens ratés par l'élève sont valables. Ils sont utiles aux professeurs pour évaluer la compréhension des élèves. Mais les diplômes ou les concours comme le baccalauréat sont une perte de temps et sont abolis. Sur tous les frontons des lycées figurera l'inscription : " Que personne ne rentre ici s'il veut préparer des examens. " Article quatrième : Les grandes écoles (Polytechnique, l'ENA...) sont remises en question dans leur mode de recrutement. La sélection, corollaire nécessaire de la concurrence, et qui régissait l'entrée dans ces établissements, ne produisait que des personnalités conformistes, incapables de créativité et d'imagination. Pour entrer à l'ENA, des jeunes de vingt-cinq ans devaient plaire à des vieux de cinquante ans. Ce n'était pas bon signe. Article cinquième : Les enseignants n'ont plus le droit de se renseigner sur l'âge de leurs élèves. Les dates de naissances doivent être rayées de tous les documents scolaires, sauf pour le médecin de l'école. Il n'est plus question de dire qu'un enfant est en retard ou en avance, car c'est un instrument de sélection. Chacun doit avancer sur le chemin du savoir à son rythme, et sans culpabilisation ou fierté par rapport aux camarades de classe. Par contre, un professeur a le devoir de demander à l'élève ce qu'il sait faire pour adapter son enseignement, éventuellement programmer un redoublement. Le redoublement est d'une réelle utilité s'il n'a pas de connotation de jugement. Article sixième : Chaque professeur sera assisté d'un professeur de philosophie. Il faut en effet doubler l'accumulation des connaissances d'une approche par les concepts. Il faut en particulier passer par l'histoire des sciences, resituer les connaissances par rapport aux erreurs historiques d'interprétation des savoirs. Il faut que les élèves aient conscience des enjeux politiques qui se cachent derrière le progrès scientifique. On pourra rester quelques semaines sur un même concept, plutôt que de saupoudrer du savoir dans chaque cours. Article septième : Le travail des professeurs par disciplines est annulé au profit du travail en équipe. La progression du travail des classes ne doit pas être perturbée par des impératifs de programme. Article huitième : Chaque personne disposera dans sa vie, vers la fin de la trentaine, de quatre années sabbatiques afin de faire le point, se réorienter, apprendre d'autres choses. Chacun a le droit de vouloir changer de métier ou de vocation, parce qu'il n'est pas évident de se déterminer définitivement à dix-huit ans. Article neuvième : le ministère de l'Economie ne dictera plus ses besoins au ministère de l'Education. Dorénavant, le ministre de l'Economie donnera tous les moyens nécessaires à l'Education nationale pour réussir sa vocation.

liens

[www.bellamyjc.net]


[www.orleans-tours.iufm.fr]

[perso.wanadoo.fr]

Jean-Paul Moreau
M
2 juin 2004 20:03
Extrait du site

[www.cdafal29.infini.fr]



"Tentatives de lucidité d'Albert Jacquard


Tentatives de lucidité d'Albert Jacquard aux éditions Stock

UN APPEL A LA REFLEXION POUR CONSTRUIRE LE PRESENT ET LE FUTUR DES GENERATIONS SUIVANTES

Voici une présentation d'Albert Jacquard trouvé sur le « net » : « l'exemple type de l'humaniste moderne : scientifique de haut-niveau et néanmoins grand vulgarisateur, Albert JACQUARD est engagé dans les grands débats éthiques actuels ».

Albert Jacquard présente tous les jours sur France culture un sujet de réflexion qu'il développe durant quatre minutes… Dans un livre paru début janvier 2004, au titre évocateur : « tentatives de lucidité » il reprend les différents textes de ses « exposés »…

Nous trouvons dans cet ouvrage une présentation de nombreux concepts et une interrogation sur l'origine du monde et surtout sur son devenir….

« Nous sommes aujourd'hui six milliards. C'est par milliers ou millions de milliards que se compteront nos descendants. Les présents ne sont qu'une infime partie de cette foule humaine à venir. Or nous pouvons gravement détériorer, et nous sommes déjà en train de le faire, le vaisseau spatial, la Terre, sur laquelle ils devront survivre »… L'impossibilité d'envisager une immigration sur une autre planète nous oblige « à gérer , en bons pères de famille note propriété. »

La lucidité n'est pas qu'un titre accrocheur, il s'agit bien ici d'une lucidité dans la compréhension du fonctionnement de notre monde, des inégalités en cours, des dangers qui nous guettent si nous nous laissons aller à l'égoïsme et à l'enfermement.

C'est un humanisme raisonné qui guide Albert Jacquard quand il nous présente en quatre vingt fiches « un panorama des grands thèmes qui inspirent son action pour promouvoir un monde différent »…

Jean-François CHALOT"

Jean-Paul Moreau
M
4 juin 2004 17:10
Albert JACQUARD

Construire l'humanitude

(Cinq milliards d'hommes dans un vaisseau)

Léopold Senghor a forgé un mot nouveau pour désigner l'ensemble des apports des civilisations d'Afrique centrale, l'ensemble des cadeaux faits aux autres hommes par les hommes à peau noire : la "négritude ". Les cadeaux que les hommes se sont faits les uns aux autres depuis qu'ils ont conscience d'être, et qu'ils peuvent se faire encore en un enrichissement sans limites, désignons-les par le mot "humanitude ".

En quoi consiste-t-elle ?

Leur capacité de raisonner, les hommes l'ont utilisée pour comprendre peu à peu le fonctionnement du monde qui les entoure. Au-delà des apparences, ils ont su découvrir des constances, imaginer des lois, élaborer des modèles explicatifs. Leur cerveau leur a appris à ne pas toujours croire leurs yeux. Ce qui était mystère est devenu phénomène conforme à la prévision. Grâce à la science, les hommes ont pu reculer la frontière qui sépare ce qu'ils dominent de ce qui leur échappe. Ils ont ainsi développé leur prise sur ce qui les entoure.

Leur capacité à s'émouvoir, les hommes l'ont utilisée pour forger d'étranges concepts, ainsi la beauté ou l'amour. Nous nous émerveillons devant un ciel d'été, mais il n'est beau que parce que nous le regardons. Dans cet univers qui ne sait qu'être, nous avons apporté l'émerveillement devant ce qui est.

Leur capacité à prendre conscience d'eux-mêmes, les hommes l'ont utilisée pour imaginer des exigences, ainsi l'égalité, la dignité, la justice. Quelles étranges inventions! Rien dans la nature ne nous enseigne l'égalité, ni la dignité, ni la justice. Mais nous avons, sans que l'inspiration en vienne d'ailleurs que de nous, déclaré un jour que nous voulions réaliser l'égalité en droit de tous les hommes.

L'humanitude, c'est ce trésor de compréhensions, d'émotions et surtout d'exigences, qui n'a d'existence que grâce à nous et sera perdu si nous disparaissons.

Les hommes n'ont d'autre tâche que de profiter du trésor d'humanitude déjà accumulé et de continuer à l'enrichir. Force est de constater qu'ils se consacrent à de tout autres objectifs.

Nous voulions faire un état des lieux de notre propriété de famille, la Terre. Le constat est effroyable. Nous avons insisté sur le scandale qu'est le gâchis humain du chômage ; nous avons essayé d'être lucides face à la course folle vers le suicide nucléaire : des millions d'hommes, chaque jour, gagnent leur vie en participant à la mise au point et à la production de moyens de destruction qui ne peuvent que faire gagner la mort. Nous avons mesuré l'écart entre l'inutile abondance dilapidée par une minorité et l'insupportable misère subie par la majorité des hommes.

Notre vaisseau spatial est dans un triste état. Il peut d'un jour à l'autre exploser, il peut aussi lentement se dégrader, devenir une triste prison où des milliards d'hommes, transis par la peur les uns des autres, animés seulement par la haine, n'auront d'autre espoir que de survivre quelques années à leurs ennemis.

C'est trop absurde. Une autre voie est possible. Elle nécessite d'abord que nous sachions nous regarder lucidement les uns les autres. Bien des drames actuels viennent, dit le philosophe Lucien Sève, de ce que les hommes des autres camps n'ont pas pour nous de visage : il est tellement plus facile de traiter quelqu'un en ennemi quand nous ne voyons rien de lui. Nous vivons dès maintenant un hiver affectif préfigurant l'hiver nucléaire qui nous menace. Il faut forcer le dégel et provoquer, cela ne dépend que de nous, un printemps de regards.

Il faut aussi se débarrasser des réflexes d'agressivité dont il est ridicule de prétendre qu'ils font partie de la "nature " humaine. [...]

S'affronter, c'est être front à front, c'est-à-dire intelligence à intelligence, et non force contre force. Ce n'est plus à la guerre qu'il faut consacrer nos recherches, mais aux moyens de résoudre nos conflits en préservant la paix ; c'est d'écoles de paix dont tous les États, et d'abord les plus puissants, ont besoin. Voilà la tâche de la génération qui vient : inventer la Paix.

Jean-Paul Moreau
4 juin 2004 17:17
Merci Moreau pour ce monologue.
Il vaudra mieux, a mon avis,poster un extrait de la source de ce que tu poste avec le lien sur la source. d´abord, je crois que meme sur internet tu n´as pas le droit de faire des copie/coller sans references aux sources ( droits d´auteur obligent), et ensuite ca fatigue les yeux des lecteurs de ton sujets en lisant un long thread de copie/coller.

sans rancune.



Message edité (04-06-04 17:19)
M
4 juin 2004 17:19
voilà le lien:

[membres.lycos.fr]

Jean-Paul Moreau
 
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