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Doukkala : Fragments d'histoire et du patrimoine
t
21 novembre 2008 22:27
Doukkala est une des riches régions de cette nation marocaine riche en histoire et en civilisation. Avant la subdivision en Doukkala (Province d'Al-Jadida) et 'Abda (Province de Safi) puis la réunification actuelle en Région Doukkala-'Abda, Doukkala fut une seule région limitée par les Chaouias au Nord et à l'Est et s'étendait au Sud jusqu'au fleuve Tensift.

Berbère de pur sang, Doukkala va être en partie et progressivement peuplée par des tribus arabes que les sultans marocains (surtout sous les Almohades et les Sa'adiens) avaient installées sur les axes de commerce et les routes du sultan ainsi qu'autour des grandes villes telles Marrakech, Fès, Oujda et Rabat. Raison de plus, les Berghouata avaient fait de Doukkala et Chaouia l'Etat Major d'un Etat qui voulait répandre une lecture singulière de l'Islam. Leur Emirat s'étendait géographiquement de Bouregrerg au Tensift et historiquement du VIIIème siècle à la moitié du XIIème.

La majorité des villes de ce grand Doukkala furent fondées bien avant l'arrivée de l'Islam. En revanche, l'époque islamique et surtout les empires marocains des Almoravides aux 'Alaouites vont gratifier cette région par des fondations de grande valeur historique, architecturale et architectonique. En témoigne, les villes d'Azemmour, Safi et Tnine Al-Gharbia, les Kasbah de Boula'ouane et Oualidia, les Ribats de Tit (Moulay 'Abdallah), d'Agouz (Souira Leqdima ou Souiria) et d'Al Moujahidine. Quant à la préhistoire, Doukkala a de quoi s'enorgueillir avec les inégalables sites de Jbel Ighoud (Province de Safi) et les Grottes d'Al-Khenzira (Province d'Al-Jadida) qui ont d'ailleurs tant apporté à notre connaissance de la préhistoire marocaine, tant en échantillon humain qu'en outillage lithique.
Gratifiée par Dieu par une terre fertile, sauf pour l'olivier, et par des plages attachantes le long d'environ trois cent km, l'histoire n'a pas manqué d'ennoblir notre grand Doukkala par le passage de grands façonneurs de l'histoire humaine. Les Berbères autochtones d'abord, les Arabes avec l'arrivée de l'Islam et toutes les Dynasties marocaines passant par le passage immortel et immortalisé des Portugais.

A Doukkala-'Abda, nous regardons et touchons des monuments et nous sentons l'âme grandiose de quelques gros calibres de l'histoire du Maroc tels 'Ali ben Youssef l'Almoravide, Ya'qoub Al-Mansour l'Almohade, Moulay 'Abdelmalek le Sa'adien et les 'Alaouites Moulay Isma'il, Sidi Mohamed ben 'Abdallah, Moulay 'Abderrahmane, Mohamed V entre tant d'autres.

Si Doukkala est donc riche en patrimoine préhistorique et islamique, les Portugais ont beaucoup marqué sa carte patrimoniale. Ayant signé des accords de suzeraineté avec les notables d'Azemmour et Safi respectivement en 1486 et 1488, le Portugal occupe Mazagan en 1502, Agouz en 1506-1507, Safi en 1508 et Azemmour en 1513. Les deux dernières furent libérées en 1541, Agouz vers 1525 et Mazagan le 11 Mars 1769. Durant cette période d'occupation, les Portugais avaient construit de toute pièce le Castelo do Mar à Safi et la forteresse de Mazagan sur un noyau berbère. Dans les Médinas d'Azemmour et Safi ils ont réadaptés l'existant à leur besoin, comme ce fut le cas à Ceuta, Tanger, Asilah et Qsar Seghir.

A Doukkala-'Abda nous lisons l'amertume d'une époque éphémère de régression d'une nation qui sait faire un pas en arrière pour deux en avant. Notre région illustre très bien l'hégémonie portugaise entre le XV ème et XVIII éme siècles. Mais elle nous rappelle également, en plus de la libération de la majorité des villes et la mémorable victoire de la Bataille des Trois Rois, la Libération spectaculaire de Mazagan, la ville que les Portugais chérissaient au même titre que Lisbonne à tel point qu'ils iront au Brésil fonder sur l'Amazone Vila Nova de Mazagão. Mazagan fut le signe de l'orgueil portugais, elle est devenue l'orgueil des marocains. Son libérateur n'était autre que le grand bâtisseur, le père spirituel de la Diplomatie marocaine, le pionnier des batteries et de la marine marocaine et le premier leader au monde a avoir reconnu l'Indépendance des Etats-Unis d'Amérique, l'intellectuel et Grand Sultan 'Alaouite Sidi Mohamed ben 'Abdallah (1757-1790), petit-fils du Grand Sultan que les grands empires du monde craignaient, l'éternel Moulay Isma'il (1672-1727).

Par conséquent, notre région de Doukkala est un témoin tangible de la compréhension entre les grandes nations et de la cohabitation entre les gens de confessions différentes. Si les Chrétiens ont pratiqué leur culte sur cette terre en tant qu'envahisseurs, les Juifs et les Musulmans, tous des Marocains, ont vécu comme partout au Maroc dans un climat sain d'amitié et de respect mutuel. Après le départ des colons et l'émigration des Juifs marocains, leurs lieux de culte ont été préservés jusqu'à nos jours.
t
21 novembre 2008 22:53
Les habitants de Doukkala sont aujourd'hui fiers du patrimoine luso-marocain sur leurs terres au même titre que les portugais eux-mêmes. Les monuments que les portugais avaient élevés à Safi, à Azemmour et à Al-Jadida constituent une partie de l'âme des marocains et des portugais en même temps. Les deux nations qui ont appris à se respecter durant cette phase allant du XV ème au XVIII ème siècles, passant par la Bataille des Trois Rois (04-8-1578), ont également appris à regarder le passé avec l'œil des grands et des intelligents. Une histoire commune en Andalousie du VIII ème au XIV ème s'est poursuivie après, autrement, sur la rive sud de la Méditerranée, ce Bassin de civilisation à qui les deux nations avaient, conjointement et séparément, tant apporté.

Par amour au patrimoine et au Doukkala, nous promettons aux lecteurs de revenir en détail sur les composantes du patrimoine architectural de cette région.
A.C

Par : Aboulkacem CHEBRI
Archéologue restaurateur
Directeur du Centre du Patrimoine Maroco-Lusitanien
Al-Jadida (Maroc)
e-mail : [email protected]

Photos au crédit de l'auteur




Auteur : Aboulkacem CHEBRI

Eljadida.ma
S
21 novembre 2008 23:54
Encore faut il savoir ou sont ces berberes ?

Ou habitent ils alors, s'ils existent vraiment ?
t
22 novembre 2008 00:07
c'est tous que tu as eu comme reflexion au travail de ce chercheur doukkali... Ill ... j'espere que tu a pris la peine de le lire au moins!
w
22 novembre 2008 19:17
je reviens encore à la toponymie qui peut toujours nous aider :

mazagan (anciens eljadida) : de mazighn ou imazighn : hommes libres : berberes
S
22 novembre 2008 23:44
Wasmen PTDRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR grinning smiley

Merciiii mdr pour ce moment de rire...

Ps: Mazagan est un mot portugais donnés par les portugais a la ville...mdrrrrrrrrrrrr grinning smiley
w
23 novembre 2008 00:03
non,les portugais c'est aïcha khondicha à mogador (essaouira)... quand on la rencontre la nuit avec son haïk blanc et ses pattes de chamelles.
a
23 novembre 2008 00:19
Citation
wasmen a écrit:
je reviens encore à la toponymie qui peut toujours nous aider :

mazagan (anciens eljadida) : de mazighn ou imazighn : hommes libres : berberes
oui le lien semble evident, mais vous auriez une source historique pour appuyer votre thèse
PS: ne faites pas attention aux attaques de janoub, c'est un jeune garcon de 17 ans qui n'a aucun interet dans la discussion.
je suis interessé par des sources historiques sur l'étymologie de MAZAGAN.
w
23 novembre 2008 00:35
je n'ai pas encore de source historique mais je crois beaucoup à la toponymie : les noms des lieux c'est de l'histoire vraie...

on peut aussi parler de l'autre ville importante de doukkala :
azemour : pluriel de izemran : olivier sauvage

ou safi : asfi à abda qui vient de assif iffi
S
23 novembre 2008 12:33
Mais ce qui est certain, c'est que les Portugais en débarquant sur la côte doukkalie au début du XVIe siècle, ont trouvé une petite tour en ruines, abandonnée par ses habitants, utilisée auparavant comme poste de garde-côte, d'où son appellation "El Brija" diminutif de Borj. Selon Goulven, lors de l'édification de la première citadelle, les Portugais l'ont appelée "Castello Réal".

Avec la reconstruction de la grande forteresse, la cité a pris provisoirement le nom de « Sào Jorge » qui fut aussitôt remplacé par celui de « Mazagan ».

L'origine du mot Mazagan a suscité maintes controverses de la part des historiens. Était-ce un mot en provenance de l'arabe, du berbère ou du portugais?

Si André Privé suppose que le mot Mazagan est un nom portugais, Joào de Sousa, quant à lui, souligne que l'appellation "Mazagan" viendrait des mots arabes "El ma Skhoun", c'est-à-dire, "eau chaude".

Mais, selon la version la plus plausible, Mazagan provient tout simplement d'un toponyme berbère, puisque le mot "Mazighan" était connu dans les Doukkala avant l'arrivée des Portugais, et est apparu pour la première fois au XIe siècle, sous la plume du géographe AI Idrissi.

Au XIIe siècle, Mazighan apparaît pour désigner un hameau de pêcheurs.
En effet, c'est chez les berbères Masmouda, qu'on trouve le mot "Mazergan" qui veut dire "meules", et qui a subi des changements de prononciation, pour devenir «Mazagào » pour les Portugais, et plus tard "Mazagan" pour les Français.
Louis Gentil, lors de sa visite à El Jadida au début du XXe. siècle, nota l'existence de lieux de fabrication de meules de moulins, qui sont d'abord taillées dans le roc, puis enlevées tout d'une pièce.
Après l'intervention de l'armée du sultan Sidi Mohamed ben Abdallah, en 1769, la ville fut presque entièrement détruite, et prit le nom de "Al Mahdouma", c'est-à-dire, "la démolie".
Ce n'est qu'après la reconstruction de l'enceinte de la cité, vers 1815, qu'elle a pris son nom actuel: "El Jadida" qui signifie "la neuve".


[solyanidjar.superforum.fr]
S
23 novembre 2008 12:33
Ah maintenant j'ai 17 ans ? smiling smiley
 
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