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Un discours grave de sens
l
12 septembre 2006 00:29
Le 9/9/2006

Procès symbolique du 25 mars 2006


Voici la traduction, de l’arabe, de mon allocution laconique du 25 mars 2006 à l’occasion du procès symbolique des corrompus et des voleurs de deniers publics organisé par la commission nationale pour la protection des biens publics. Ce procès a été présidé par Maître Abderrahim Jamaï avec la participation de grandes figures du militantisme marocain comme Bensaïd Aït Idder :


« Je comptais improviser un petit mot au sujet de la corruption et la protection des biens publics au Maroc en cette occasion louable, mais par respect à l’aimable assistance j’ai préparé ce papier pour éviter tout pléonasme, oubli ou perte de temps.

Je dirai la vérité sans craindre les reproches de tout mécontent quel qu’il soit.

J’ai passé environ six années dans un poste de grande susceptibilité en tant que caïd chef de trois arrondissements, successivement, à Fès la bien instruite…

Je crois que la période entre 1996 et 2002 est une période décisive dans l’histoire du Maroc que nous aimons, puisqu’elle a été marquée par d’importants changements au ministère de l’intérieur. Et à partir de novembre 1999, l’espoir a commencé à gagner les cœurs grâce à la théorie bien connue aujourd’hui à savoir le nouveau concept d’autorité.

Et sans trop tourner autour du pot, le « professeur parisien » est parti en novembre 1999 mais son ère n’est pas partie pour autant, son « régime » est resté seul maître dans les rouages du ministère de l’intérieur. Pourquoi ? Parce que quelques uns des ses hommes fidèles, en raison de relations d’intérêts matériels, sont restés à leurs postes pour une certaine période et c’est ce qui a poussé l’agent d’autorité, en général, à vivre une contradiction entre les signes et les discours prometteurs de réformes bénéfiques d’un côté et la lutte contre ces même réformes de manière diabolique par de hauts fonctionnaires au ministère de l’intérieur d’un autre côté… Voici ce que m’avait dit un ancien wali comme cela est venu dans mon livre « Parole de caïd » et je laisse le soin à l’auditeur ou à l’aimable lecteur de commenter. Ce wali, qui a été destitué, m’a dit lorsqu’il avait vu après une longue guerre des nerfs que je suis fidèle à la monarchie malgré ma rectitude :


« C’est nous les plus fidèles, pas toi ! »


Le sujet est donc la corruption, je traiterais ensuite de la protection des biens publics. Je ne veux pas rater cette occasion sans dire ce que je pense pour expliquer ce phénomène longtemps planifié et fignolé par le « professeur parisien » entre guillemets, comme cela est venu dans mon dernier livre « Maroc et Marocains ». Je me restreindrais ici à l’expérience de l’école de perfectionnement des cadres du ministère de l’intérieur.

Si d’un côté cette école donne au caïd une formation scientifique et professionnelle importante sous encadrement militaire, d’un autre côté certains rites et traditions ont été introduites, selon mes propres investigations, par le fameux « professeur parisien ». Ces traditions et quelques, je dis bien quelques uns de leurs détails sont venus dans mon livre « Maroc et Marocains ». Bref, le fait est que ces traditions obligatoires imposées par le « professeur parisien » consistaient à enseigner les techniques de la corruption en usant de procédés diaboliques et c’est là le moins que l’on puisse dire pour les décrire. Voici quelques « conseils » entre guillemets que l’on gravait dans les esprits des étudiants à l’école des cadres de Kenitra sous forme « d’ordonnances » de la part ou de l’inspiration du « professeur parisien » :

D’abord et avant toute chose, un caïd se doit d’être insatiable en matière d’alcool et de chikhates, il se doit aussi de savoir comment enfreindre certaines lois bien déterminées sans tomber sous le coup de la Loi, il se doit également de ne pas être modeste avec les citoyens…Il doit surtout maîtriser l’art de remplir la rbi’âa, une boite sensée contenir le produit de la corruption obtenu par le caïd. Ces « devoirs » inculqués à l’élève caïd de façon progressive par le biais de traditions obligatoires préméditées par le « professeur parisien » dans les dédales du ministère de l’intérieur à l’époque, étaient prodigués en dehors des voies officielles de l’administration de l’école des cadres de Kenitra, et là je dois absolument signaler que le directeur de cette école combattait ces traditions et il l’avait même exprimé devant la 31éme promotion des agents d’autorités, j’en suis témoin. Je suis également témoin qu’à part la formation scientifique et militaire qui incombait au directeur de l’école, le véritable pouvoir sur l’élève caïd était entre les mains du « professeur parisien » sans rival aucun.

La question ici est : Etait-il possible que ces traditions n’affectent pas la psychologie de l’élève caïd et transforment par conséquent sa personnalité, cet élève caïd qui subissait à longueur de journées le pur jus de la culture du « professeur parisien » dans des phrases comme : « Soudain c’est une vipère qui rampe, prends là et n’aie pas peur ! » (Oua ida biha hayatoune tasâa, khoudha wa la takhaf !), la vipère ici étant la corruption et les biens publics ? J’ai essayé de répondre à cette question dans mon livre « Maroc et Marocains » selon ma modeste connaissance et j’exhorte les spécialistes à s’intéresser à ce sujet pour davantage de clarté.

Celui qui veut combattre la corruption doit commencer par l’école de perfectionnement des cadres de Kenitra, et il devra donc briser quelques traditions écœurantes lesquelles sont peut être toujours en vigueur…C’est dans l’intention de généraliser la connaissance à ce propos que j’ai écrit « Maroc et Marocains » et la presse nationale pourra éventuellement élargir le champs des lecteurs étant donné le peu d’exemplaires disponibles, or nous savons par ailleurs à quel point le ministère de la culture a failli à sa mission concernant le livre de façon générale.

En ce qui concerne la protection des biens publics je signale un point important à savoir le budget de la promotion nationale qui reste à la disposition de l’autorité. Ce budget n’était concerné ni par le contrôle à priori ni à posteriori, en ce sens que le caïd de façon générale n’avait, sur instructions des hommes du « professeur parisien », qu’à préparer une liste portant des noms d’ouvriers ayant en principe travaillé dans le secteur de la propreté pour que les salaires soient payés de manière ô combien illogique. Combien de choses auraient pu être réalisée si cet argent était justement utilisé ? Ces sommes d’argent étaient réservés aux arrondissements selon la disponibilité du caïd à exécuter les instructions du « professeur parisien » et c’est ainsi que certains arrondissements bénéficiaient des salaires de 20 ou 30 ouvriers contre deux ouvriers tout au plus pour un autre arrondissement de superficie plus étendue et dont le caïd est considéré têtu c’est à dire jouissant d’une personnalité qui lui permet de ne pas pratiquer la corruption selon les instructions du « professeur parisien ». Ce même « professeur parisien » qui a resurgit ces derniers temps avec sa « théorie » ou sa « culture » des « al agnag »(…), entre guillemets, dans une hystérie insolente devant ce qu’il a perpétré comme injustices, comme corruption administrative planifiée et soutenue…Le Maroc que nous aimons en fut la victime..

Là je dis : « La crainte de perdre le poste justifierait-elle la pratique de la corruption ? » et la réponse est : « Non, non et puis non ! »

Et je dis aussi : « Peut-on se cacher derrière les instructions pour justifier la pratique de la corruption ? » et la réponse là aussi est « Non, non et puis non, même si le prix à payer était la destitution du poste ou même l’interdiction de poursuivre les études !»…

Mais aujourd’hui l’espoir renaît grâce à la dernière nomination à la tête du ministère de l’intérieur et je reste optimiste quant à un avenir proche propre pour tous les cadres du ministère de l’intérieur. Aujourd’hui cela est devenu possible. La page est aujourd’hui blanche.

Mon Dieu j’ai transmis, mon Dieu soyez en témoin. »


Mais côté optimisme, le nouveau ministre de l’intérieur n’a même pas daigné répondre à ma lettre datée du 04/07/2006 que je lui ai envoyé par voie postale avec accusé de réception… ...

N.B : La traduction de cette lettre au français a fait l’objet d’un billet de ce blog.

(Source: [3006.aceblog.fr])



Modifié 1 fois. Dernière modification le 12/09/06 09:48 par le citoyen.
12 septembre 2006 10:10
Espérons que la lettre du 04/07/2006 ait bientôt une réponse satisfaisante...



Modifié 2 fois. Dernière modification le 12/09/06 11:04 par Hamid.
"Avec un H majuscule"
c
12 septembre 2006 10:23
Belle allocution. Tu sais, Mr F., si ce n'était tes dangereuses accointances avec les barbus, on serait sur la même longueur d'onde. La corruption est le cancer de toutes les sociétés, le Maroc n'est pas unique. La semaine dernière ici en Belgique, une affaire sur un marché portant sur l'entretien de l'éclairage public, est morte de sa belle mort parce qu'arrivée à la prescription.
Notre magistrature, largement noyautée par la franc-maçonnerie, a réussi à faire traîner le coup pour ne pas embarrasser leurs compagnons du ministère de l'équipement.
Il y en a des tas d'autres ici, et crois-moi les montants sont autrement plus élevés que les clopinettes que ramasse un fonctionnaire marocain.
l
12 septembre 2006 20:05
Comparer la Belgique au Maroc en matière de corruption serait insolent..à mon humble avis...
l
12 septembre 2006 20:20
AAffirmatif Ssi Hamid! Benmoussa est peut être encore en vacances après tout..
c
12 septembre 2006 21:58
Citation
a écrit:
le citoyen

Comparer la Belgique au Maroc en matière de corruption serait insolent..à mon humble avis..

Si tu savais ! Les magouilles qu'il y a ici font du personnel politique marocain des amateurs. La différence est que la petite corruption est extrêmement rare mais en haut de la "chaîne alimentaire" c'est à coup de millions d'euros. En définitive, cela revient au même puisque le coût de ces pots de vin est reporté sur le contribuable, sauf que c'est invisible et indolore sur le moment mais le Belge est un des contribuables les plus taxés du monde. Même les services sociaux fournis en abondance, qui faisaient passer la pilule, se tarissent.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 12/09/06 22:31 par chelhman.
a
12 septembre 2006 22:14
Le citoyen , la corruption très répandue au Maroc , est un fait indéniable mais si tu savais ce que represente la corruption en haut de la pyramid dans les pays Européens ,tu tomberais de haut c'est le cas de le dire parlant de la pyramide bien entendu!!!
c
12 septembre 2006 22:55
Citation
azl95 a écrit:
Le citoyen , la corruption très répandue au Maroc , est un fait indéniable mais si tu savais ce que represente la corruption en haut de la pyramid dans les pays Européens ,tu tomberais de haut c'est le cas de le dire parlant de la pyramide bien entendu!!!

Ces pays avec meme des taux de croissance d 0.05% on arrivera pas a les devancer d ici 100 ans, meme avec un taux de croissance de 7% comme aime le repeter fethellah o le3dou, ici tout les echelons sont touchés par ce fleau,alors comment peut on creer de la richesse pendant que d autres la gache,de plus ces pays on deja atteint des niveau de progres il peuvent se permettre de se divertir un peu
faut comparer les oranges aves des oranges
s
12 septembre 2006 23:40
7% de croissance hahaha faut pas délirer, c'est comme les derniers chiffres sur le nombre des chômeurs, ouais on est sur la bonne voix ici au bled, on va bientôt envoyer des navettes spatiales, greffer des cerveaux, devenir les premiers dépositaires de brevet d'invention....






dans 1000 ans si cette planète existe encore, et encore je doute!
a
13 septembre 2006 01:24
la corruption existe dans tous les pays du monde. Cependant, elle prend des formes différentes selon les pays. Dans les pays riches, elle est moins visible car pratiquée surtout par les politiques et les affairistes. Les montants détournés peuvent parfois donner le vertige. Certaines affaires de corruption finissent devant les tribunaux à la différence des pays de non-droits (pour ne pas dire dictatures) où les procès pour corruption n'existent quasiment pas. Un pays comme le Maroc est à mon avis aussi corrompu que des pays comme le Nigéria ou le Bangladesh, pourtant dans les classements de pays corrompus, il occupe une place honorable de corrompu !
La corruption y est institutionnalisée, pratiquée sans honte ni gène aucune !
Il m'est arrivé de vouloir payer mes amendes aux flics, me disant que c'est mieux que mon argent aille dans les caisses de l'Etat plutôt que dans les poches d'un flic !
C'est alors que mon cousin me fit remarquer que "Doula" est constituée des plus grands voleurs, alors autant donner aux petits voleurs !
o
13 septembre 2006 02:06
Citation
sofiane68 a écrit:
7% de croissance hahaha faut pas délirer, c'est comme les derniers chiffres sur le nombre des chômeurs, ouais on est sur la bonne voix ici au bled, on va bientôt envoyer des navettes spatiales, greffer des cerveaux, devenir les premiers dépositaires de brevet d'invention....






dans 1000 ans si cette planète existe encore, et encore je doute!

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