Le débat sur l'identité nationale, est un révélateur de la profondeur de la crise sociale qui frappe tous les pays dits développés. les rouages habituels de l'intégration étant en panne , l'insécurité dans le travail, la destruction du système scolaire , la débacle de la politique de la ville .... alors il faut trouver un bouc émissaire....ca devient une facheuse attitude en france.....Si encore il s'était agi de citoyenneté, on aurait pu en parler, débattre, fixer des règles. Mais l'identité : sujet à polémique et subjectif qui ne fait qu'ggraver la fracture sociale....
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POINT DE VUE :A quoi sert l'identité nationale ? par Isabelle Backouche maître de conférences en histoire, EHESS
le texte du président de la République, paru dans les colonnes du journal le Monde (voir édition du 9 décembre dernier ) établit un parallèle entre le "peuple suisse" et le "peuple français"( il a confirmé dernièrement que c'est un débat noble!!!)mais au fait qui sont les femmes et les hommes dont il est question ? il s'agit de ceux dont la souffrance, la pauvreté et la perte de repères ont pour cause le lieu où ils vivent, ces "quartiers" marqués par les échecs successifs des "politiques de la ville" élaborées depuis les années 1980 en postulant une adéquation entre les maux sociaux et les espaces correspondants ?
Aujourd'hui le président de la république nous propose, pour réconcilier la capitale et ses alentours, le "Grand Paris", geste architectural et table rase institutionnelle ignorant l'histoire de la dynamique urbaine, les résistances qu'elle a connues et la lenteur des processus qui y ont présidé. De fait, l'intégration – Nicolas Sarkozy parle "d'assimilation" – par l'espace et le lieu de vie est en panne.
L'école ne parvient pas davantage à offrir les chances d'une promotion sociale comme en ont bénéficié dans le passé. Les ghettos scolaires se cristallisent tandis que les officines privées permettent aux enfants des familles aisées de gravir les échelons d'un parcours d'études qui, de plus en plus, tend à la reproduction des élites. La réforme en gestation de la formation des futurs professeurs, dénommée mastérisation pour faire croire que ces futurs enseignants seront plus diplômés puisque détenteurs d'un master, aboutit à un nivellement du savoir. Elle promeut un "prêt à l'emploi" qui ne permettra pas aux futurs enseignants de donner le goût de la connaissance à leurs élèves et que le ministère de l'éducation nationale vante sous les mérites de la "professionnalisation". Arrêtons de "peser" les heures offertes à chaque niveau et disons que quatre heures d'histoire-géographie en classe de première ne sont pas équivalentes à un programme abordé sur deux ans, avec une progression qui procure la maturation pour aborder les questions différemment et affûter l'esprit critique des élèves.
Cet esprit critique qui doit être le bien de chaque citoyen permet de décrypter le texte du président de la République. L'identité nationale est un pis-aller, livré en pâture à tous ceux qui souffrent dans notre pays du déclassement social et de la pauvreté. Son invocation, loin de n'être qu'une manœuvre politicienne à la veille des élections régionales, sert de paravent pour masquer la réalité des problèmes de la société française. Et la rhétorique du changement, parfois aussi désigné "modernisation", est brandie pour tenter d'imposer le mécanisme social de l'intégration qui aujourd'hui ne trouve plus de ressources dans le travail, l'école et le voisinage des quartiers. Ainsi l'identité nationale, et le débat qui doit irriguer la société française, sont-ils de bien pauvres ressorts pour renouer le pacte social dont Nicolas Sarkozy parle.
Extrait de : A quoi sert l'identité nationale ? par Isabelle Backouche/
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