Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Centre Ernesto Che Guevara
M
17 mars 2005 19:43
Bonjour,

Ceci est un appel à tous pour participer à un projet collectif en gestation.

Comme nous tous, vous recevez des articles et des textes d'origines
diverses, et vous naviguez sur Internet à la recherche d'une "autre"
information - pour ne pas dire une véritable information.

Comme nous tous, vous trouvez le meilleur comme le pire. C'est quoi le
"meilleur" ? A vous de nous le dire.

Pour cela, il vous est demandé de nous communiquer "votre" sélection des
textes (5 maximum) les plus intéressants, percutants, étonnants,
informatifs, instructifs, drôles rencontrés
sur le Net au cours des deux ou trois derniers mois.

Des textes :

- traitant de l'actualité
- proposant des analyses
- des billets d'humeur
- des brèves

Des textes :

- en français, anglais ou espagnol (désolé pour le reste mais on fera mieux
la prochaine fois)
- publiés uniquement par la presse alternative, sur un site Internet ou
diffusés par courrier électronique (donc pas de reprises de textes publiés
dans la presse industrielle)
- sur n'importe quel sujet
- pour n'importe quel pays

Oui, vous pouvez nous proposer vos propres textes, pas de fausse modestie...

Dans tous les cas, merci de bien préciser les sources. Vous pouvez nous
communiquer le texte complet ou juste un lien. Ne vous préoccupez pas des
problèmes de copyright (droits réservés), nous traiterons nous-mêmes ce
problème le cas échéant.

Les textes doivent être envoyés à : revue_du_net@y... (c'est moi qui
gère cette adresse)
Pour les questions et commentaires relatifs à ce projet, même adresse.

Un petit commentaire pour nous expliquer votre choix serait la bienvenue.

Et ensuite ? Ensuite on ramasse les copies, on secoue un peu le tout et on
obtient une sorte de "best of" du mois de l'information alternative publiée
sur le Net.

Pour en faire quoi ? Et bien, en fonction des résultats de cette expérience,
peut-être bien une agréable surprise pour nous tous...

Date limite des envois : 19 avril 2005 - après on verra.

Vous êtes invités à faire circuler ce courrier.

Merci d'avance à tous,

Amicalement,
Viktor Dedaj

PS : l'adresse électronique revue_du_net@y... a été choisie au hasard
pour ce projet précis. Toute ressemblance avec le nom d'un site, d'une
publication et/ou d'une adresse existante ou ayant existé est purement
fortuite.

extrait de CSP

[vdedaj.club.fr]



M
27 mars 2005 03:38
Interview de Felipe Perez Roque, ministre cubain des affaires étrangères


« L'UE doit redevenir notre partenaire »
UN ARTICLE DE VÉRONIQUE KIESEL | EDITION DU SAMEDI 12 MARS 2005

Comment qualifieriez-vous actuellement les relations entre Cuba et l'UE ?

Elles sont en voie de normalisation. Elles ont été fort abîmées ces dernières années. Ce dont nous avons besoin, c'est de relancer un dialogue politique sérieux, structuré, permanent. Il faut que l'UE retrouve son statut d'interlocuteur privilégié de Cuba, qui a disparu. L'ancien Premier ministre espagnol Aznar porte une lourde responsabilité dans cette détérioration : il a poussé l'UE à adopter une position proche de celle des Etats-Unis. Aujourd'hui, cela commence à évoluer, notamment grâce à l'influence positive du gouvernement belge qui a défendu avec honnêteté et courage la nécessité d'améliorer les relations avec Cuba. C'est d'ailleurs l'unique gouvernement européen dont nous acceptons l'aide au développement. L'arrivée au pouvoir en Espagne du gouvernement Zapatero a permis de réunir une majorité de pays européens pour lever ces sanctions qui paralysaient le dialogue UE - Cuba. Cuba croit que, s'il existe des différences de vue sur certains points distincts, cela ne peut être un obstacle à de bonnes relations. L'UE a des relations avec des pays comme les Etats-Unis, même s'il existe entre eux des divergences sur certains thèmes. Cuba veut être traité de la même manière que les autres, sans discrimination.

Mais vous pouvez comprendre que l'UE a très mal pris l'incarcération de ces 75 dissidents. Pourquoi le régime cubain n'arrive-t-il pas à s'assouplir ?

Je comprends que les gouvernements de l'UE puissent avoir des différences de vues, puissent critiquer des décisions du gouvernement cubain. J'espère que les gouvernements européens comprennent dans quelle situation particulière se trouve Cuba. George Bush l'a répété : il veut un changement de régime à Cuba. Il a dit aussi que, concernant Cuba, les Etats-Unis n'écartent pas l'option militaire. Nous sommes soumis à un blocus économique, dont le but est de nous isoler du monde. Nous faisons l'objet d'une pression politique et médiatique brutale : Cuba n'est pas l'agresseur, mais l'agressé. Nous devons nous défendre. Nos décisions sont donc légitimes. Cuba ne peut pas permettre que Washington, avec son argent et son influence, organise à Cuba une force politique mercenaire qui défende la politique américaine au sein même de Cuba. C'est une 5e colonne, un cheval de Troie. Dans tous les pays, il est interdit de travailler pour une puissance étrangère. Ils ne sont pas en prison à cause de ce qu'ils pensent, mais parce qu'ils ont collaboré avec la politique américaine. Le jour où les Etats-Unis nous laisseront en paix, le jour où ils lèveront le blocus, nous pourrons avancer avec nos institutions. Ce qu'il faut faire, c'est demander qu'ils nous laissent tranquilles. Il y a une certaine hypocrisie à exiger certaines choses d'un petit pays assiégé, et à ne rien exiger de la grande superpuissance.

Qui avez-vous rencontré durant votre tournée européenne ?

J'ai eu de très bons contacts au Parlement européen à Strasbourg avec le président Borrell et les présidents de plusieurs commissions. J'ai eu une excellente rencontre à Luxembourg avec le grand-duc et la grande-duchesse, qui est d'origine cubaine. Avec le ministre délégué aux relations internationales de Luxembourg (le ministre des Affaires étrangères était en Indonésie), nous avons discuté d'une reprise du dialogue politique, qui pourrait se substituer à l'actuelle politique commune si influencée par Aznar. Comme le Luxembourg préside actuellement l'UE, nous avons aussi parlé de la Commission des droits de l'homme de l'ONU qui va se réunir à Genève. Nous espérons que les membres de cette commission ne vont pas voter automatiquement en faveur de la résolution que les Etats-Unis présentent, chaque année, contre Cuba. C'est la seule manière qu'ils ont pour essayer de justifier le blocus qu'ils nous imposent. À Bruxelles, je n'ai pas vu M. De Gucht mais de hauts responsables des Affaires étrangères, et j'ai eu un excellent entretien avec le Premier ministre Verhofstadt. J'ai aussi rencontré le commissaire Louis Michel, qui va se rendre à Cuba à la fin de ce mois. J'ai par ailleurs vu mon ami Steve Stevaert ainsi qu'Elio Di Rupo.

Quel est actuellement le plus grand défi pour Cuba ?

Nous devons nous préparer à une éventuelle agression militaire durant le second mandat de George Bush. Nous devons aussi continuer à progresser sur la voie du développement économique, et récupérer notre niveau de développement social. Nous avons déjà modernisé toutes les écoles primaires de Cuba, désormais équipées d'ordinateurs et de moyens audiovisuels : il n'y a jamais plus de 20 enfants par classes. Il y a en Amérique latine 20 millions d'enfants qui travaillent au lieu d'aller à l'école : aucun n'est cubain. Par ailleurs, nous sommes heureux de voir en Amérique latine de nombreux présidents progressistes accéder au pouvoir. Il n'y a pas si longtemps, tous les gouvernements étaient d'orientation néolibérale, ce qui a eu pour résultat de plonger un quart de la population de cette région dans la misère. Avec Chavez, Lula, Kirchner, Tabare Vazquez et d'autres, nous pourrons faire progresser l'Amérique latine sur la voie de l'intégration régionale sur le modèle européen, ce qui permettra à nos pays de résister à l'attraction fatale des Etats-Unis.

[www.lesoir.be]
M
2 avril 2005 00:06
La culture comme forme de croissance

Entrevue avec Abel Prieto

Alejandro Massia et Julio Otero


A première vue, il ne ressemble pas à un ministre. Son style informel
et juvénile (cheveux longs et tenue décontractée) en fait un des
dirigeants les plus atypiques de l'île des Caraïbes. Pourtant, sur le
point de fêter ses 54 ans, Abel Prieto a une histoire personnelle qui
garantit son parcours et la fonction qu'il occupe actuellement.
Diplômé en Langues et Littérature Hispanique, Abel Prieto a été
romancier, professeur de littérature, directeur de la maison d'édition
Letras Cubanas et président de l'Union des Ecrivains et des Artistes,
avant d'être nommé Ministre de la Culture à Cuba. Dans le cadre des
journées « Culture et liberté à Cuba », récemment célébrées à Cadiz,
nous avons eu l'occasion de l'écouter parler de la politique
culturelle cubaine. Au terme de la conférence, le ministre accepta
gentiment notre invitation à discuter avec Tiempo de Cuba. Voilà ce
qu'il nous raconta…

**/Quels sont les principes fondamentaux en vigueur sur lesquels se
fonde le modèle culturel cubain ?/**

Tout d'abord le modèle culturel cubain se caractérise par le principe
de démocratisation massive, c'est-à-dire qu'il touche tout le monde
sans aucune distinction. Par exemple, nous pouvons compter aujourd'hui
sur près de 50 écoles d'art réparties sur tout le territoire, dont le
but est d'éviter que le talent ne se perde et ce où qu'il se trouve,
dans les montagnes, dans les campagnes ou dans les villes. Ainsi s'il
y a un gamin doué pour la musique ou les arts plastiques, ce gamin
doit pouvoir étudier l'art, quelque soit l'endroit où il vit.
Le second principe est celui de la formation d'un public récepteur
cultivé pour toutes les manifestations de l'art, même pour celles
considérées comme sophistiquées. Pour nous, l'idée de créer une
capacité pour apprécier et dominer amplement les codes artistiques au
niveau des masses est fondamentale. Nous avons les exemples de
manifestations marginales comme le ballet classique, le théâtre
expérimental ou la peinture conceptuelle qui se sont formés un public
de connaisseurs à grande échelle.
Le troisième élément est que cette « massivité » soit accompagnée par
des exigences qualitatives, on ne veut pas promouvoir des déchets ou
une pseudo culture de consommation du peuple. Ce serait offenser le
peuple. Dans ce sens il est important de signaler l'usage fait ces
derniers temps des nouvelles technologies de la communication et de
l'information (télévision, vidéo, informatique) pour la diffusion de
l'éducation et de la culture.
Enfin un autre principe basique est la défense de la culture
nationale, d'un point de vue universel, sans tomber dans le
chauvinisme ou le provincialisme. Dans notre politique culturelle, il
y a une défense de la tradition cubaine, aussi bien de la culture
populaire que de la culture dite « supérieure », mais en même temps
nous travaillons très dur et dans des conditions très difficiles pour
diffuser la richesse de la culture universelle à l'intérieur de Cuba.

**/Quel type de culture étrangère est diffusée dans l'île ? /**

Il y en a une énorme variété. Pour ne citer que quelques uns des
participants à ces Journées, je dirai que nous avons publié des livres
d'Andrés Sorel, d'Alfonso Sastre et de Belén Gopegui. Nous avons aussi
diffusé énormément de littérature latino-américaine et, chose
curieuse, nous avons réalisé un grand travail avec la littérature
nord-américaine. Car pour nous être anti-impérialiste ne signifie pas
être anti-étasunien. Nous sommes conscients que les grands créateurs
étasuniens sont aussi victimes de la soi-disant industrie du
divertissement et nous essayons de créer des liens avec les gens
honnêtes de ce pays. Un grand nombre d'écrivains et de cinéastes
nord-américains sont venus de tous temps à nos festivals de cinéma et
à nos salons du livre jusqu'à ce que Bush leur retire la permission
d'aller sur l'île. En parlant de ça, je voudrais préciser que les
échanges culturels avec les Etats-Unis ont toujours été limités par
l'administration nord-américaine. Jamais par nous, qui avons au
contraire toujours favorisé le dialogue avec ce qu'il y a de meilleur
dans la culture nord-américaine.

**/Qu'est-ce qui fait de Cuba un pays différent des autres pays
culturellement parlant ?/**

Je dirais que tandis que dans d'autres endroits le marché dicte les
règles du jeu, à Cuba nous l'utilisons seulement pour promouvoir
internationalement notre culture. Nous, nous pensons que le marché est
un grand ennemi de la culture et de l'art véritable. En fait au cours
de ces dernières décennies, chaque fois qu'il est apparu une
manifestation artistique avec un sens critique, le marché a toujours
essayé de la corrompre. C'est pour cela nous le nécessitons uniquement
comme moyen de promotion mais sans faire de concession. Le marché ne
décide pas de notre politique culturelle comme il peut le faire en
d'autres lieux où les gens peuvent ne pas connaître un grand écrivain
ou musicien de leur pays mais savoir parfaitement quels sont les amis
de Mickael Jackson.

**/Dans quelle mesure le domaine culturel est-il affecté par l'embargo
des Etats-Unis ? Quel impact a-t-il dans le développement culturel du
pays ?/**

Un très gros impact. Pense au fait qu'il nous reviendrait extrêmement
moins cher d'acheter une grande partie des fournitures aux Etats-Unis,
comme par exemple les instruments de musique ou les matériaux d'art
plastique pour nos écoles d'art, mais à cause de l'embargo cela nous
est impossible. Si on prend par exemple le domaine musical, il est
impossible d'évaluer l'argent perdu en droits d'auteur par nos
musiciens. La musique cubaine a traditionnellement occupé un marché
énorme aux Etats-Unis. On ne peut chiffrer ce que représenterait
l'accès au marché nord-américain pour nos maisons de disque d'Etat et
pour nos musiciens. On ne peut pas non plus calculer ce que
signifierait économiquement que nos artistes puissent entrer dans les
grandes galeries et les maisons d'enchère aux Etats-Unis, les pertes
n'étant pas seulement économiques mais aussi promotionnelles.
Aujourd'hui les Etats-Unis sont malheureusement essentiels et
déterminants pour la promotion artistique. On ne peut pas non plus
oublier les choses horribles qu'ils ont infligées à beaucoup de nos
artistes, comme Ibrahim Ferrer ou Chucho Valdés à qui on a refusé le
visa d'entrée aux Etats-Unis car on les a considérés « personnes
dangereuses pour les intérêts et la sécurité nationale ». Comme s'ils
étaient des terroristes ! Enfin, je t'avouerai que le peuple
nord-américain est aussi dans une certaine mesure une victime de
l'embargo car on leur empêche l'accès au message culturel de Cuba.

*//Dans quel contexte est apparue la « bataille d'idées » et quelle
est sa signification politique, sociale et culturelle ?//*

Bon, la bataille d'idées est apparue pendant la lutte pour le retour
d'Elián González, l'enfant qui a été séquestré à Miami il y a quelques
années. Tout Cuba se boulversa pour cette affaire et nombreux furent
les artistes, professionnels de la presse et de la culture du monde
entier qui participèrent unis au peuple dans les multiples actions
pour réclamer le retour de l'enfant. A cette époque Fidel eut l'idée
de travailler pour inculquer aux Cubains une culture générale
intégrale et en même temps amener cette culture en tous lieux. Pour le
150ème anniversaire de la naissance de José Martí, Fidel a dit que le
travail principal des gens honnêtes de ce monde était de « semer des
idées, semer des consciences », semer tant à l'intérieur qu'à
l'extérieur du pays. Pour cela, face à la stupidité, à la barbarie et
à la loi du plus fort qui tente de s'imposer partout dans le monde,
nous essayons de défendre l'idée qu'un autre monde est possible. Face
au modèle néolibéral, cette impitoyable version du capitalisme qui
réserve le luxe de la consommation à une infime minorité et exclue les
trois quarts de la population mondiale, nous mettons en avant les
valeurs de justice sociale et de démocratie authentique. Nous pensons
que ce qu'il y a à mondialiser ne sont ni les bombes ni la haine, mais
la paix, la solidarité, la santé, l'éducation pour tous, la culture
etc. Pour cela, quand nos médecins vont aider la population dans
d'autres pays, même si leur mission est de travailler pour la santé,
ils sont aussi porteurs de nos valeurs et de nos principes de
solidarité.
Ceci est l'essence de la bataille d'idées ; un travail de type
idéologique que nous faisons de diverses manières, en incorporant
d'ailleurs de nombreux jeunes. Le rôle actuel de l'Union des Jeunes
Communistes (UJC) dans la vie du pays est en grande partie lié à ceci.
La bataille d'idée est aussi très liée avec les milliers de
travailleurs sociaux que nous avons formés pour aider les secteurs les
plus défavorisés, les professeurs d'art que nous avons préparé dans
tout le pays et l'utilisation des nouvelles technologies de la
communication pour diffuser la culture, l'éducation (on compte
aujourd'hui deux chaînes de télévision éducatives) mais aussi pour
apporter la vérité de Cuba dans le monde entier grâce à Internet. La
bataille d'idée est formée par tout ceci, aujourd'hui elle est plus
orientée vers ce qui se passe au Venezuela et le modèle de
collaboration solidaire qui est mis en place entre les deux pays.

*//Un des thèmes abordés dans ces journées fut celui du rôle des
intellectuels et l'éloignement progressif qu'ils ont montré par
rapport à la Révolution Cubaine. Sur quoi repose cette position de
rejet, voire de condamnation dans tant de cas ?//*

Je dirais que ça a beaucoup à voir avec tout le travail effectué par
la droite ces dernières années pour altérer la fonction critique de
l'intellectuel. Tu remarqueras que tous les circuits de reconnaissance
intellectuelle sont aux mains de la réaction. On a dépensé beaucoup
d'argent pour que les intellectuels renoncent à leur position critique
face au système. Je pense que beaucoup d'entre eux ont été contaminés
par ces manoeuvres et certains ont été trompés par les campagnes de
diffamation contre Cuba, mais il y en a d'autres qui ont simplement
arrêté d'être ce qu'ils étaient et se sont casés. Dans un sens, la
Révolution Cubaine leur rappelle ce qu'ils ont été dans leur jeunesse
et ce qu'ils ne sont plus. Ainsi la cause cubaine les dérange
particulièrement car elle leur apparaît comme une sorte de fantôme qui
leur fait honte et leur montre qu'ils ont renoncé.
De toutes façons ceci est très lié avec ce que je te disais juste
avant sur le rôle du marché. Parfois je me demande ce qui s'est passé
avec la chanson contestataire nord-américaine des années 70. Qu'ont
fait les Etasuniens avec les grandes chansons d'auteurs tels que Bob
Dylan ou Joan Baez ? Tout ceci fut détruit par le marché qui a altéré
le sens critique de l'expression artistique. Ce fut pareil avec le rap
ou le hip-hop qui sont nés dans les quartiers noirs de New York comme
un grand cri de contestation, mais cette authenticité et cette
rebellion originelle du rap qui dénonçait la discrimination raciale et
les problèmes sociaux ont été progressivement anéanties par le marché.
Aujourd'hui ils lancent un rap « light » comme celui d'Eminem, qui
parle de plaisir, de sexe... mais qui n'a rien à voir avec les racines
de ce mouvement. C'est comme si le marché se chargeait de corrompre
tout ce qui peut porter atteinte au système.

*//Vous ne craignez pas que l'ouverture au tourisme introduise une
mentalité consommatrice chez les Cubains, surtout chez les jeunes ? Ne
courons-nous pas le risque que les valeurs et les idéaux de la
révolution soient substitués par ceux du marché et des sociétés
capitalistes ? //*

Je crois que c'est le défi qu'il y a à affronter. Dans ce monde
globalisé dans lequel nous vivons, il est impossible de penser à une
île utopique entourée d'une grande muraille chinoise (plutôt cubaine
dans ce cas). C'est absurde et impossible. Les Cubains ne sont pas
dans une éprouvette de laboratoire ou un secteur stérile d'hôpital.
Nous appartenons à ce monde et nous devons être conscients que la
contamination s'introduira toujours de toutes parts. Par conséquent ce
que nous devons faire est préparer la population pour qu'elle puisse
affronter cette contamination, en leur instaurant des habitudes
culturelles précoces, en leur apprenant à penser par eux-mêmes.
Aujourd'hui, la phrase de Martí « être cultivé est l'unique façon
d'être libre » est plus d'actualité que jamais. Quelqu'un est
réellement libre quand il est éduqué, qu'il possède de profondes
références culturelles, en plus d'une connaissance approfondie du
monde dans lequel il vit.
Si on se réfère à ceci, je ne crois pas que la solution puisse venir
de l'interdiction. Ce n'est pas la voie de notre politique culturelle
et éducative qui est d'ailleurs parfaitement résumée dans une phrase
de Fidel des années 70 : « Nous ne disons pas au peuple de croire mais
de lire ». C'est l'essence de notre politique culturelle qui n'a rien
à voir avec la formation de fanatiques ou de fondamentalistes, mais la
formation de personnes qui assurent leur devoir envers la Révolution
grâce à la culture. Pour cela nous passons tous les films qui nous
arrivent du satellite, et tu peux me croire qu'il y en a quelques uns
qui sont vraiment mauvais et néfastes, mais on les passe quand même.
Parce qu'on accorde beaucoup d'importance à ce que le Cubain ne croit
pas qu'on lui interdit les produits de cette culture de masse. Notre
politique est d'essayer que les gens soient préparés intérieurement à
décider d'eux-mêmes ce qu'ils doivent voir ou ne pas voir. Pour
affronter ce défi, la solution est dans la qualité de l'éducation et
le travail des médias de communication. Par chance à Cuba nous n'avons
pas de médias privés et nous pouvons compter sur eux pour promouvoir
la lecture et pour stimuler nos projets culturels. Chose impossible
dans d'autres pays.

*//Quels est actuellement l'état des relations culturelles entre Cuba
et l'Etat espagnol ? Y a-t-il des chances qu'elles s'améliorent grâce
au changement de gouvernement parvenu il y a peu ?//*

C'est sûr que pendant le gouvernement de José María Aznar, ils ont
fait tout leur possible pour détériorer les relations avec Cuba, pas
seulement au niveau culturel mais dans tous les domaines. Cependant il
est vrai qu'en marge des autorités il y a toujours eu une relation de
type culturel entre les deux peuples, ce qu'aucun gouvernement ne peut
empêcher.
De plus, avec la ministre Carmen Calvo, il y a eu une bonne relation
depuis qu'elle a été conseillère de l'Assemblée d'Andalousie et je
pense qu'elle est favorable à la collaboration entre nos pays. De
notre côté il n'y a aucun obstacle. Nous sommes d'ailleurs intéressés
par diversifier la présence culturelle du monde à Cuba,
particulièrement la présence espagnole. Nous ne politisons jamais la
relation culturelle, au contraire. Nous mettons particulièrement
l'accent sur une constante présence de la culture européenne et
universelle sur nos scènes, dans nos salles de cinéma et de théâtre..
De toutes façons il faut étudier les prochaines initiatives qui vont
avoir lieu. Il me semble qu'il est un peu tôt pour percevoir les
changements dans les relations culturelles entre les deux pays et un
peu aventureux de donner des pronostics en ce sens.

*//Comment envisagez-vous le futur ? Quelle importance attribuez-vous
à la culture dans la continuation et le développement de la Révolution
Cubaine ?//*

Vois-tu, Fidel a placé la culture au cœur de la résistance cubaine. La
culture jouit aujourd'hui d'un rôle central et d'un prestige social
qu'elle n'avait jamais eus auparavant. Je pense que cette apogée doit
s'accompagner d'une Cuba qui a résolu ses problèmes matériels pour les
majorités et vaccinée contre la propagande consumériste. En ce moment
nous essayons de réaliser un socialisme encore plus humain mais ça ne
veut pas dire que nous accepterons les chantres du consumérisme. Nous
ne pouvons pas créer un avenir aux Cubains dans lequel chaque famille
possèdera deux voitures, une piscine et une villa comme on peut le
voir dans les films yankees, mais on peut leur garantir des conditions
de vie dignes, et que cette vie soit en même temps riche en termes
spirituels et culturels. On essaye de concevoir la culture comme une
forme de croissance et d'accomplissement personnel, ce qui est lié à
la qualité de vie. Dans ce sens, nous sommes convaincus que la culture
peut être un antidote à la consommation et à cette idée répandue qu'il
n'y a qu'en achetant que l'on peut être heureux dans ce monde. Je
crois que cela doit être notre but.

Source : Tiempo de Cuba

traduction Christophe Lemaire

Extrait du bulletin de CSP
M
9 avril 2005 03:24
LA MAISON VICTOR HUGO A LA HAVANE

A OUVERT SES PORTES A LA POPULATION…

Mercredi 16 Mars, sous un soleil de plomb, Eusébio LEAL, Historien de La Havane, homme de culture de tout premier plan dans l’État Cubain et chargé par celui-ci de conduire la rénovation du Centre Historique de la capitale, déclaré patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO, avec, à ses côtés, Roger GREVOUL, Président de l’association CUBA COOPÉRATION, et en présence de Madame Marie-France PAGNIER, Ambassadrice de France, et de Jean FAURE, Sénateur représentant le Président PONCELET, ont procédé à l’Inauguration de la Maison VICTOR HUGO. Avec eux, Ricardo ALARCON, Président de l’Assemblée Nationale, Abel PRIETO, Ministre de la Culture et de nombreuses autres personnalités cubaines représentant les secteurs d’activités pour lesquels l’association intervient : transports, santé, environnement, sports, éducation, collectivités locales…Une centaine de français avait fait le déplacement : élus, chefs d’entreprises publiques et privées, intellectuels de toutes disciplines, responsables d’associations, amis de Cuba !

Pendant une semaine se sont succédées : conférences, expositions, rencontres, fêtes dans et hors la Maison. Outre l’inauguration et le cocktail qui a suivi, offert par Madame l’Ambassadrice dans les jardins de la Résidence, plusieurs évènements ont été particulièrement marquants : la SOIRÉE du 10ème ANNIVERSAIRE DE CUBA COOPÉRATION dans le magnifique Parc de l’Institut Cubain d’Amitié avec les Peuples, où cubains et français qui coopèrent dans divers domaines se sont retrouvés ; plusieurs fêtes avec la participation des enfants des écoles et le CONCERT DE l’AMITIÉ, dans l’amphithéâtre de la Vieille Havane, qui a rassemblé près de 300 participants sur scène (soirée spécialement concoctée par Nilda FERNANDEZ, directeur artistique de toutes les activités) et en présence de près de 1.000 spectateurs ! Et le Samedi, toute la journée, la maison a commencé à fonctionner, recevant les habitants du quartier, les enfants, les anciens, et le soir, un spectacle de chansons françaises ! Mais il faudrait aussi citer les expositions : celle du SÉNAT, celle des sculptures d’Yvette de la FREMONTIERE celles des portraits de femmes de Michel BELHOMME, la conférence de Frank WILHELM sur la maison de Victor Hugo du Luxembourg, la conférence sur l’influence de la France sur la culture scientifique, la table ronde qui rassemblait notamment Sabine FAIVRE D’ARCIER auteur du livre sur Jean-Baptiste VERMAY, Marie Dominique BERTUCCIOLI auteur d’un livre sur les relations franco-cubaines, Carmen SUAREZ LEON qui a publié un ouvrage sur MARTI et HUGO, la présentation des découvertes archéologiques, et aussi la rencontre avec les jeunes peintres cubains qui ont réalisé avec les élèves de l’École Supérieure des Beaux Arts de Nîmes une trentaine de calicots qui ornaient les balcons de la rue O’REILLY…Et aussi la cérémonie à TEMPLETE en hommage au peintre Jean-Baptiste VERMAY, fondateur de l’Académie des Beaux Arts de la Havane…

LA MAISON VICTOR HUGO EST MAJESTUEUSE, IMPRESSIONNANTE ! En moins de 30 mois, les architectes, techniciens, ouvriers de toutes disciplines ont fait des ces ruines une somptueuse demeure, située en plein cœur du centre historique de la capitale, à deux pas de la célèbre Place de la Cathédrale et à trois foulées de la non moins populaire Place d’Armes. C’est un véritable centre de diffusion de la culture française et un lieu d’échanges, de rencontres, de confrontations, de colloques… Avec plusieurs salles d’exposition, une bibliothèque (animée par Iradia, une amie cubaine de l’association), une salle audiovisuelle dotée d’équipements modernes, l’espace JEAN LEBRAT, vaste salle polyvalente ; quatre salles pour l’enseignement de la langue française et, sur la terrasse, une PERGOLA pouvant recevoir jusqu’à une centaine de personnes …

La Maison est maintenant ouverte ! Il aura fallu la volonté de l’État Cubain et celle d’Eusébio LEAL et de toute sa valeureuse et formidable équipe ! Il aura fallu aussi la pugnacité, la persévérance, de CUBA COOPÉRATION partenaire unique dans cette belle aventure ! Il aura aussi fallu, le soutien particulièrement important du SÉNAT Français et de son Président Christian PONCELET. L’enjeu en valait la peine !

Elle ouvre au moment même où les relations diplomatiques entre nos deux pays, suspendues pendant près de deux ans, viennent de se rétablir. Quel beau cadeau offert dans la corbeille de l’amitié, de la solidarité, de la coopération ! Tous ceux qui souhaitent que les liens qui existent depuis des siècles entre la France et Cuba se renforcent, se réjouiront de l’ouverture de cette maison, du nom de VICTOR HUGO, qui a soutenu courageusement la lutte du peuple cubain pour son indépendance.

Pour aider à son fonctionnement, il est maintenant indispensable que d’autres partenaires, publics et privés, de tous ordres, s’engagent à leur tour. CUBA COOPÉRATION va s’employer à les mobiliser.

4 niveaux
pour 1000 m2 de culture.,

Cette maison sera conçue comme un centre de diffusion de la culture française autour des six axes que le Président d'honneur, Jean Lebrat, Président de l'Établissement public du Grand Louvre (1989-1998) a contribué à identifier :


L'ESPACE VICTOR HUGO

Présenter le grand homme et son oeuvre.

LA LITTÉRATURE

Mieux connaître la littérature française, son patrimoine et sa production contemporaine.

LA LANGUE

Pratiquer la langue de Molière dans 4 salles de cours.

LE 7ème ART

Découvrir le cinéma français à travers la projection d'oeuvres anciennes et d'autres plus récentes.

L'ART CONTEMPORAIN

Exposer des oeuvres variées et partager des réflexions communes sur l'évolution de la création artistique contemporaine.

LE PATRIMOINE

Présenter périodiquement le patrimoine des régions et des villes de France.

[cubacoop.club.fr]
M
14 avril 2005 21:22
Un dissident cubain demande l'asile aux Etats-Unis

AP | 13.04.05 | 23:02


NDLR: AP Photo
TRUE
MIAMI (AP) -- Le dissident cubain Luis Posada Carriles, impliqué dans des tentatives d'assassinat contre Fidel Castro et recherché au Venezuela pour un attentat contre un avion de ligne en 1976, a déposé une demande d'asile politique aux Etats-Unis mercredi, selon son avocat. Cuba et le Venezuela protestent contre une éventuelle réponse positive.
Agé de 77 ans, l'opposant à la double de nationalité cubaine et vénézuélienne a travaillé pendant des années pour la CIA et risque d'être exécuté s'il était renvoyé à Cuba, affirme Me Eduardo Soto, qui ajoute que son client a été acquitté deux fois dans l'attentat contre l'avion cubain au Venezuela.
Luis Posada serait entré aux Etats-Unis il y a environ un mois. Il devrait se montrer au grand jour dans les prochains jours afin d'être entendu par les autorités américaines, d'après Me Soto.
Cuba et le Venezuela, qui ont resserré leurs liens sous la présidence d'Hugo Chavez, ont par avance critiqué l'éventualité de l'accueil de Luis Posada aux Etats-Unis. Fidel Castro a estimé lundi que cela reviendrait à soutenir le terrorisme international. De son côté, le vice-président vénézuélien Jose Vicente Rangel accusait le dissident d'être recherché au Venezuela pour une évasion de prison en 1985 et appelait le président américain George Bush à «être cohérent avec sa politique antiterroriste» et à livrer l'homme à Caracas.
Un responsable américain ayant requis l'anonymat a estimé que, bien qu'aucune accusation criminelle ne pèse sur Luis Posada, il serait extradable vers un pays acceptant de l'accueillir, pour sa participation présumée à des actes terroristes, et notamment à l'attentat contre le vol des Cubana Airlines. AP

[permanent.nouvelobs.com]

[www.gwu.edu]


-------

Que le gouvernement des Etats-Unis nous dise s'il protège ou non Posada Carriles
• Le 11 avril le président Fidel Castro a prié les gouvernements européens de se prononcer sur les faits • Les Cubains demandent justice pour les crimes commis durant plus de 45 ans par les terroristes encouragés depuis le Nord

LE président Fidel Castro a exigé du président des Etats-Unis, W. Bush, qu'il dise à la face du monde s'il est vrai ou non que le gouvernement de ce pays protège, sur son propre territoire, le terroriste international notoire Luis Posada Carriles.

Posada Carriles se trouve déjà depuis 19 jours aux Etats-Unis et les plus hautes autorités de cette nation n'ont pas encore dit un seul mot; la nouvelle n'a été connue qu'à travers la presse, notamment dans l'article publié par le quotidien The Miami Herald, où un fonctionnaire fédéral confirme la présence du terroriste.

Tout indique que l'entrée silencieuse et conspiratrice de l'assassin aux Etats-Unis répond aux intérêts de ceux-ci de gagner du temps, puisque ces jours-ci ils essaient justement de faire condamner Cuba à la Commission des Droits de l'homme de l’ONU et qu’il ne serait pas opportun que le monde connaisse l'attitude hypocrite de l'empire, a estimé le leader de la Révolution.

Nous leur enjoignons de dire quelque chose, d'exprimer une opinion sur quelque chose qui fatalement va éclater. La vérité c'est que l'honorable président des Etats-Unis est actuellement comme une femme enceinte qui porte un monstre dans le ventre et qui doit accoucher, et vite, car il lui sera très difficile de faire marche arrière; ils doivent le présenter, a déclaré Fidel, lors d'une intervention spéciale au Palais des Congrès.

Le président des Conseils d'Etat et des ministres a rappelé au dirigeant nord-américain les paroles qu’il a prononcées le 26 août 2003, dans lesquelles il disait adresser un message qui pouvait être compris par tout le monde: si quelqu'un protège un terroriste, si quelqu'un soutient un terroriste, si quelqu'un nourrit un terroriste, il est aussi coupable que ce terroriste.

Alors, comment comprendre la protection de Posada Carriles? Selon Fidel, agir de la sorte est un outrage aux citoyens nord-américains qui sont morts dans les Tours jumelles de New-York, oublier que là-bas, comme ici, vivent des milliers de parents de ceux qui ont été sacrifiés dans des actes terroristes atroces.

L'intervention de Fidel s'est déroulée devant des combattants, des familles des Cubains morts dans le sabotage du bateau La Coubre et dans la lutte contre les bandits, qui a débuté à la fin de 1960; de survivants et de parents des victimes du sabotage du magasin El Encanto en avril 1961; de combattants et de parents de ceux qui tombèrent dans les combats contre les mercenaires à Playa Giron; et de membres de la brigade de santé qui prêta ses services à ce moment-là.

Des parents et des survivants de l'attentat à la bombe réalisé en février 1974 à l'ambassade cubaine au Pérou étaient aussi présents, ainsi que des parents des victimes de l'explosion en plein vol d'un avion de Cubana de Aviacion en 1976 (le crime le plus monstrueux commis dans cet hémisphère); des parents des morts dans les faits survenus à Tarara en janvier 1992.

Se trouvaient aussi au palais des Congrès des victimes de l'épidémie de dengue hémorragique provoquée par la CIA à Cuba, des parents des personnes mortes dans le sabotage de la rafinerie Ñico Lopez et d'Adriana Corcho, assassinée à l'ambassade cubaine au Portugal en 1976, le père du jeune Italien Fabio Di Celmo, victime des actes terroristes commis contre des hôtels et d'autres installations touristiques à La Havane il y a quelques années, et des parents des cinq héros prisonniers de l'empire.

Etaient aussi présents des avocats qui ont participé à l’élaboration des deux requêtes présentées par le peuple de Cuba au gouvernement des Etats-Unis pour dommages humains et économiques.

A leur sujet Fidel a déclaré: Ecoutez bien, monsieur Bush, voici les victimes des crimes et des actes terroristes commis contre notre peuple durant des dizaines d'années. C'est en leur nom que je prononce ces paroles.

Il a ensuite demandé aux gouvernements d'Europe d'exprimer leur avis sur le fait que de monstrueux assassins (et leurs complices) soient reçus aux Etats-Unis avec égard et reconnaissance.

Fidel a mis au défi le dirigeant des Etats-Unis de dire s'il est vrai ou non que certaines personnes de son entourage le plus proche lui ont conseillé, à lui, Bush, d'accorder l'hospitalité à Posada Carriles. Et s'il ne le savait pas, depuis quand est-il au courant. Il lui a demandé de dire publiquement s'il savait que ses plus proches amis à la Maison-Blanche se consacraient à cette besogne de protéger le terroriste pendant que Jean-Paul II agonisait, et s'il était au courant de ces faits quand il est parti pour Rome et s'est incliné devant la dépouille du pape.

Fidel a aussi demandé à Bush de dire si, en ces moments de consternation qu’a représenté pour l'humanité la mort du Souverain Pontife, il avait conscience que quelque chose d'aussi honteux et répugnant comme la protection de Posada Carriles se déroulait aux Etats-Unis. Le Pape approuverait-il une pareille conduite, l'opinion publique mondiale approuverait-elle ce comportement, de même que les peuples, dont le nôtre, ou les parents des victimes des actes terroristes? Tous veulent savoir si vous le saviez ou non, si vous aviez conscience ou non de ce qui se passait, car ce serait comme si Ben Laden se trouvait sur le territoire des Etats-Unis et que le président de ce pays ne le sache pas ou ne fasse rien, a-t-il dit.

COMMENT LE PEUPLE NORD-AMERICAIN PEUT-IL SE SENTIR EN SECURITE?

Quel genre de président ont les Etats-Unis, qui permet qu'un monstrueux terroriste qui a fait exploser en plein vol un avion avec 73 personnes à bord et qui possédait des explosifs pour faire sauter l'amphithéâtre de l'Université de Panama, un acte qui aurait pu causer la mort de centaines de personnes, se trouve à l’abri dans son propre pays. Comment le peuple nord-américain peut-il se sentir en sécurité avec un président pareil? A quoi servent tous les corps de sécurité, tous les organes de renseignement, un appareil qui coûte des milliards de dollars, s'ils ne savaient pas que Posada Carriles était là-bas? s'est demandé Fidel.

Et s'ils le savaient et vous en ont informé, a t-il poursuivi, pourquoi n'avez-vous rien dit? Pourquoi n'en avez-vous pas informé l'opinion publique mondiale? a t-il ajouté.

Vous, a t-il déclaré en s’adressant à Bush, vous avez une grande responsabilité devant cette opinion mondiale, devant le peuple des Etats-Unis, devant les victimes des actes terroristes contre contre des nord-américains qui ont eu lieu partout dans le monde, devant les peuples d'Amérique Latine, devant le peuple de Cuba et devant les familles rassemblées ici, qui n'ont jamais reçu le réconfort de ne serait-ce qu'une parole de repentir de la part d'aucun gouvernement des Etats-Unis, a indiqué le leader de la Révolution.

Il a qualifié les agissements de Washington dans l'affaire Posada Carriles de fait important et grave: un Posada Carriles dont le parcours terroriste et celui de ses plus proches complices est bien connu.

Fidel a aussi rappelé que la direction cubaine a toujours été disposée à coopérer avec les autorités des Etats-Unis et à leur fournir les informations nécessaires sur la trajectoire de ces terroristes, même si la Maison-Blanche et ses agences, y compris la CIA, les connaît bien car durant des dizaines d'années ces assassins ont travaillé sous les ordres de l'empire.

De manière détaillée, le président des Conseils d'Etat et des ministres a relaté les faits qui ont conduit à la libération de Posada Carriles et de ses complices après avoir été condamnés au Panama et libérés par la grâce accordée par l'ancienne présidente Mireya Moscoso.

Après avoir rappelé que Cuba avait fourni toutes les données pour la détention des terroristes par la police panaméenne, il a signalé que notre pays aurait pu les capturer; «mais nous ne l'avons jamais fait et nous ne le ferons pas, parce que nous avons une éthique, parce que nous respectons la souveraineté des autres pays et que nous ne somme pas habitués à des actions de ce type, auxquelles l’empire a toujours recours», a-t-il dit.

Selon des commentaires qui circulent dans l'extrême-droite des Etats-Unis, il existe aujourd'hui une grande expectative pour le coût politique que pourrait représenter pour l'Administration Bush à la Commission des Droits de l'homme de Genève le silence absolu du gouvernement et des chefs de file contre-révolutionnaires autour de l’affaire Posada Carriles.


[www.granma.cu]




-------


Luis Posada Carriles applied for political asylum Tuesday after spending the last 40 years trying to violently overthrow the Castro government. He has been tied to bombings that have killed at least 74 people and has been imprisoned in Venezuela and Panama. We talk to Cuban expert Peter Kornbluh about Posada's request and what it means for President Bush's "war on terrorism." [includes rush transcript]



One of the most notorious militant Cuban exiles applied Tuesday for political asylum in the United States. Luis Posada Carriles is a 77-year-old former CIA operative who was trained by the U.S. Army at Fort Benning in Georgia. He has been trying to violently overthrow Fidel Castro's government for four decades. Three weeks ago he entered the United States after years of hiding in Central America and the Caribbean.
Posada has been connected to the 1976 downing of a civilian airliner that killed 73 passengers; a series of 1997 bombings of hotels, restaurants, and discotheques in Havana that killed an Italian tourist; and a plot to assassinate Castro five years ago.

In 1998 Posada told the New York Times "The C.I.A. taught us everything... They taught us explosives, how to kill, bomb, trained us in acts of sabotage."

On Tuesday Democratic Congressman William Delahunt of Massachusetts called for a federal investigation into how Posada entered the country. He also called for Posada to be arrested and deported. Delahunt said that if the U.S. facilitated Posada's entry into the country it would "obliterate America's credibility in the war on terrorism." Delahunt said that if the U.S. grants Posada asylum it would suggest "that we share the views of those who support al Qaeda and Iraqi insurgents that 'one man's terrorist is another man's freedom fighter.' "


Peter Kornbluh, director of the National Security Archive's Cuba Documentation Project.
AMY GOODMAN: I want to go back in this last minute of the program to Peter Kornbluh, on a different issue, but one that's in the headlines today. One of the most notorious militant Cuban exiles applied yesterday for political asylum in the United States, Luis Posada Carriles is the former CIA operative who was trained at U.S. Army at Fort Benning, Georgia, has been trying to violently overthrow Fidel Castro’s government for four decades. Three weeks ago he entered the U.S., after years of hiding in Central America and the Caribbean. Peter Kornbluh, it's on another subject, but can you comment on this latest news?

PETER KORNBLUH: This is going to be the major test of George Bush's war against terrorism. He has a renowned and legendary anti-Castro terrorist who served many years and was a fugitive from justice for having broken out of jail, bribed his way out of jail in Venezuela for blowing up a Cubana Airlines jet in 1976 and killing 73 people aboard that plane, including the entire Cuban Olympic fencing team. He has been involved in the hotel bombings in late 1990s in Havana, which killed an Italian tourist. He was arrested and imprisoned in four years in Panama for an attempt to assassinate Fidel Castro five years ago, in which he was going to use 20 pounds of C-4 explosives that could have killed many, many people. He is a renowned terrorist, but he got most of his training for these activities from the CIA, and we have documents on that in the mid-1960s, and in fact, he now he is going to ask for asylum here in the United States claiming that he was -- worked for the CIA and advanced U.S. interests in the 60s and 70s. So if George Bush is going to be true to his principles on fighting the war on terror, he will deport this renowned terrorist back to Venezuela, where he will be re-imprisoned. He broke out of prison in 1985, and ironically went to Central America to work for Oliver North secretly in the Contra War effort, but if, however, Bush does not deport him and gives him asylum, that will be an incredible indication of double standard, if you will, at minimum, on the issue of international terror.

AMY GOODMAN: Peter Kornbluh, how do you think he got into the United States?

PETER KORNBLUH: I think there's many ways for him to slip into the United States. It's hard to know whether somebody looked the other way, whether he came across the border at some point or whether there was a quiet deal reached on this. I guarantee you that the National Security Archive will be seeking to get all of the documents about his arrival here and this whole process declassified so that we know, because this is truly a test of U.S. policy on the issue of international terrorism. You can’t say that one man is allowed to blow up an airplane and kill 73 innocent people because he ideologically is in keeping with the President's position on undermining and overthrowing the Castro government in Cuba. A terrorist is a terrorist, and Luis Posada, frankly, has one of the longest careers in terrorism of any individual alive today.

AMY GOODMAN: I want to thank you, Peter Kornbluh for joining us, editor of Bay of Pigs Declassified: The Secret Report on the Invasion of Cuba, also author of, The Pinochet File: A Declassified Dossier on Atrocity and Accountability, senior analyst at the National Security Archive public interest documentation center in Washington. We'll link to it on our Web site at democracynow.org. Also, Tom Barry, policy director of the International Relations Center and founder of Foreign Policy in Focus.

[www.democracynow.org]

T
15 avril 2005 00:13
** Il ne faut pas oublier Monsieur (ou Mme) Moreau que Che Guevara à échoué au moins deux fois :

- Sa tentative de semer la révolution au Congo :

A l'issu de plusieurs mois de déguisement et d'efforts dans ce pays, il a déclaré ceci :

"Comment voulez vous engendrer la révolution dans un pays dont le peuple refuse de se battre !"

- Sa deuxième tentative au Venezuella dont on connait l'issue fatale.


Ceci est un point.


** Deuxième point :

- La idées gauchistes et autres "socialistes-communistes", ne réussiront jamais dans le monde arabo-musulman. Cela je peux vous le garantir.
L'experience l'a montré. Tous les modèles d'inspirations gauchistes (Libye, Egypte-Nasserienne, Syrie, ...) ont échoués. Pire avec le temps il se sont transformés en "républiques-monarchiques" (peut être devrait-on introduire pour cela une nouvelle terminologie "Système répumonarchique" ou les "républiques des dattes"winking smiley.
Si vous êtes assez subtile, je vous demande la raison de cet echec ?
(cela n'a rien à voir avec mes idées et convictions personnelles).
j'ai déjà fait allusion, indirectement, aux "raisons" dans un de mes précédents postes dans ce forum...


**Troisième point:

J'ai beaucoup d'admiration pour le personnage de Che Guevara et particulièrement pour le fait qu'il n'ai jamais mis les pieds à l'intérieur d'une église (du moins si je ne me trompe pas).



Modifié 3 fois. Dernière modification le 15/04/05 00:16 par Trojan_Horse.
[color=green]_-/\[/color][b]Trojan Horse[/b][color=green]/\-_[/color]
A
15 avril 2005 11:22
Evidement car les gouvernement Arabes préférent un peuple asservis à leur dictature !!!

Si j'étais toi Mr ou Mm Trojan_Horse je ne m'en vanterai PAS !

Allah jugera aussi ceux qui ont vécus égoistement au point de laisser leur frères Musulmans dans une grande pauvreté sociale et intellectuelle !

Mais peut être que toi aussi tu veux la meilleure part du gateau !!!!!!!!


Et puis ne parle pas au nom de toutes les peuplades de pays Musulmans stp, respectes ceux qui sont morts pour avoir simplement réclamés plus de justice et de partages !

Quand au communisme, c'est la misére des peuples provoquées par une élite égoiste qui l'a crée et non l'inverse !!!!!!!

De plus si beaucoup des nôtres viennent travailler en Europe, c'est que les pays d'Europe ont des constitutions plus saines que les nôtres et que grâce à ces constitutions leur vies sociales et économiques ont dépassées largement celles de nos pays d'origines ! Et cette évolution sociale ne c'est pas faite spontanément, mais par des luttes sociales de GAUCHE !!!!! De GAUCHE = SOCIALISTE ET COMMUNISTE !

Les droits sociaux et économiques sont le résultat de gens qui se sont engagés depuis plus d'un siécle corps et âmes pour le bien de TOUS !





Modifié 3 fois. Dernière modification le 15/04/05 11:44 par Amar du sous.
T
15 avril 2005 20:03
Amar du sous a écrit:
-------------------------------------------------------
> Evidement car les gouvernement Arabes préférent un
> peuple asservis à leur dictature !!!
>

Not you haven't got the point !

> Si j'étais toi Mr ou Mm Trojan_Horse je ne m'en
> vanterai PAS !
>

Je ne me vante pas; je suis comme quelqu'un qui a été poussé au désepoir à force de parler aux murs. Mais sûr c'est le temps qui jugera !

> Allah jugera aussi ceux qui ont vécus égoistement
> au point de laisser leur frères Musulmans dans une
> grande pauvreté sociale et intellectuelle !
>

Je vois tout de suite que vous faites partie de la catégorie que j'ai cité.
Combien de temps faudra-t-il pour qu'on vous affranchisse ? plusieurs siecles peut être pour qu'enfin vous voiyez plus clair ?

> Mais peut être que toi aussi tu veux la meilleure
> part du gateau !!!!!!!!
>

depuis un certain temps que je suis en train de suivre ce forum, j'ai remarqué que vous étiez l'une des personnes qui dérapent le plus !
j'avoue que des fois j'ai du mal à suivre ton raisonnement !

>
> Et puis ne parle pas au nom de toutes les
> peuplades de pays Musulmans stp, respectes ceux
> qui sont morts pour avoir simplement réclamés plus
> de justice et de partages !
>

Tu te sens touché ? il n'y a que la vérité qui blesse.









Modifié 1 fois. Dernière modification le 15/04/05 20:08 par Trojan_Horse.
[color=green]_-/\[/color][b]Trojan Horse[/b][color=green]/\-_[/color]
A
15 avril 2005 21:40
Sans commentaires !
M
16 avril 2005 05:21
Colombie : militarisme et mouvement social
par Raúl Zibechi
16 avril 2005

« La moitié du pays est entre les mains des paramilitaires », lâche Paula à la lumière d’une bougie d’un bar de La Candelaria, le vieux centre historique de Bogota, déclaré patrimoine mondial de l’Humanité. « Là où ils établissent leur domination, ils imposent des règles de vie très strictes et surveillent les habitudes : la coupe de cheveux des jeunes, l’heure de fermeture des bars et discothèques et surtout ils contrôlent et harcèlent les femmes ». Paula travaille dans une ONG de protection de l’environnement et ne peut cacher son angoisse face à un pays qui comme le ressentent tant de Colombiens lui échappe des mains. Daniel, professeur d’université, plus calme ajoute : « Ici, il y a eu une guerre et ce sont les paramilitaires qui l’ont gagnée, eux qui sont non seulement les auxiliaires de l’Etat mais l’incarnation d’un projet de société qui suppose de faire table rase des conquêtes et avancées sociales de plus d’un siècle ».

Les deux affirmations paraissent en premier lieu exagérées. Le vendredi soir, La Candelaria est pleine de jeunes étudiants des nombreuses universités privées, qui abondent dans cette zone, qui remplissent les nombreuses tavernes de ce beau quartier aux étroites rues pavées et aux vieilles maisons coloniales. La nuit est calme et rien ne laisse supposer que l’on vit dans un pays en guerre et, d’après mes interlocuteurs, militarisé. En sortant du bar, on voit des patrouilles d’hommes en uniforme pénétrer dans les établissements de nuit pour contrôler les papiers ou simplement observer les clients. De retour à l’hôtel, j’allume la télévision et apparaît un programme des forces armées colombiennes où de belles jeunes femmes expliquent les vertus du travail social des hommes en uniforme.

Au fil des jours, les doutes disparaissent. Bogota est une ville pleine d’uniformes vert olive. La présence militaire fait partie du quotidien. A l’entrée principale de l’Université nationale, par exemple, plusieurs tanks rappellent aux étudiants qu’à n’importe quel moment les soldats peuvent entrer dans l’enceinte de l’université pour restaurer l’ « ordre ». La surveillance devient un contrôle systématique de tous les pores de la vie sociale. Et avec elle la peur qui d’après tous les rapports et les personnes avec lesquelles on discute, se convertit en une véritable forme de vie qui suppose de ne jamais relâcher la surveillance.

Si la présence militaire est déjà étouffante dans la grande ville, dans les zones rurales elle est encore pire et surtout plus indiscriminée. La violence et la guerre en Colombie ont un axe central : la terre. Le contrôle territorial est la raison d’être d’un conflit qui dure déjà depuis un demi-siècle, depuis l’assassinat en 1948 du dirigeant libéral Jorge Eliécer Gaitán, chef populaire détesté par l’oligarchie colombienne, une des plus intransigeantes du monde. Avec le temps, à la lutte pour la terre en tant que moyen de production s’est substituée la défense du territoire - comme espace d’identités diverses, d’histoires de peuples et de richesses naturelles. Il faut ajouter que la Colombie est devenue une pièce maîtresse de l’échiquier géopolitique régional pour ses débouchés sur le Pacifique et sur la Caraïbe, sa proximité avec le Panama et les routes maritimes les plus importantes de la planète et du fait de sa longue frontière avec le Venezuela, pays qui est dans la ligne de mire de la Maison Blanche.

Gagner la guerre

Alvaro Uribe a été élu comme le président de la guerre. Un demi-siècle de violence envers les civils (depuis le Bogotazo en 1948, insurrection spontanée en réaction à l’assassinat de Gaitán) et vingt ans d’échec de processus de paix ont engendré un profond scepticisme chez une population fatiguée aussi bien des hommes politiques et de leurs promesses électorales que des groupes armés, d’où qu’ils viennent.

La guerre détruit le tissu social du pays : pratiquement trois millions de déplacés, huit mille homicides par an pour des raisons politico-sociales, trois mille cinq cent séquestrés et des centaines de disparitions forcées sont le résultat tragique d’un conflit qui semble ne devoir jamais se terminer. A côté de cela la Colombie affiche un des taux de criminalité les plus élevés au monde, avec 27.000 homicides par an. [1] L’Etat semble totalement incapable d’offrir sécurité et justice dans une situation de détérioration croissante des institutions. Ce panorama explique les raisons pour lesquelles la population a peur et a voté pour la sécurité en élisant, en 2002, Alvaro Uribe, soutenu par les secteurs paramilitaires avec un discours de main de fer pour en finir avec la guerre. La dégradation de la situation vient de loin. En 1978, le président d’alors Turbay Ayala (1978-1982) promulgua le « statut de sécurité », qui octroya aux forces armées des fonctions judiciaires, ce qui ouvrit la porte à la violation systématique des droits humains. La constitution de 1991 a éliminé l’« état de siège » sous lequel le pays avait été gouverné pendant un siècle mais instaura l’ « Etat de commotion intérieur ».

La Colombie se trouve en permanence devant l’alternative entre construire un ordre démocratique ou un ordre autoritaire, alors que la multiplicité des violences et l’élection d’Uribe tend pour l’instant vers la seconde option. Le panorama est encore aggravé par le modèle néolibéral, générateur d’exclusion et de marginalisation sociale et les politiques du gouvernement de George W. Bush et parmi elles le plan Colombie, qui renforcent encore l’autoritarisme. L’administration actuelle a décidé de couper dans les dépenses sociales pour financer la guerre. Les mesures adoptées par Uribe montrent clairement cette orientation : création d’un réseau d’informateurs civils de près d’un million de personnes pour appuyer les forces armées avec des fronts de sécurité dans les quartiers et le commerce ; associer à ce réseau des chauffeurs de taxi et des transporteurs pour assurer la sécurité dans les rues et sur les routes ; établissement du Jour de la Récompense qui rétribue les citoyens qui la semaine précédente ont aidé les forces de l’ordre à éviter un acte terroriste et à capturer le responsable. Le gouvernement a de plus augmenté de 30.000 les effectifs des forces armées et de 10.000 ceux de la police et a créé 120.000 soldats paysans. Il a aussi créé les zones de réhabilitation et de consolidation, sous direction militaire, où les droits des citoyens et ceux de réunion et de mobilisation sont restreints.

En même temps qu’il promeut la « désinstitutionalisation de l’appareil public » qui génère des situations d’ « informalité juridique » qui favorisent l’usage sans contrôle de la force, le modèle encourage la réorganisation de la société en prenant pour modèle l’armée. L’analyste María Teresa Uribe soutient que l’on mise sur le modèle de « citoyen soldat » qui prétend « modeler la société sous les paramètres de la milice et convertir le citoyen en un combattant avec des engagements et des obligations dans les situations de guerre ». Avec cela, on marcherait vers une « société sous surveillance » où « les confiances entre voisins, les vieilles loyautés solidaires et les trames de sociabilité se fracturent, se dissolvent, s’atomisent et dans ce contexte de soupçon mutuel les actions collectives, la délibération publique, l’organisation sociale diminuent et l’on finit avec le silence et le retrait des individus vers la sphère privée et domestique [2] ».

Guérilla, paramilitaires et trafic de drogue

La description précédente bien que précise n’a pas encore tout expliqué. La guerre se déroule dans des paysages déterminés par des particularités géographiques et historiques qui ne permettent pas les abstractions et les généralisations. La Colombie a une géographie fragmentée : le territoire apparaît divisé par les trois branches de la cordillère des Andes, traversé par des jungles et des montagnes, des forêts de brume permanente, des vallées profondes et des régions inaccessibles. L’Etat colombien - qui a intégré graduellement depuis l’époque de la colonie des territoires, des villes et des groupes sociaux - n’a jamais réussi à dominer toute cette géographie. Il n’a surtout jamais été un état moderne car il est tributaire du principal problème économique et social du pays : la concentration de la terre qui a occasionné un problème agraire toujours non résolu. En somme, en Colombie, il n’y a jamais eu un véritable état ni rien qui a ressemblé à une réforme agraire ou à une redistribution des terres, à la différence d’une bonne partie des pays d’Amérique du Sud.

L’énorme pouvoir des élites nationales et régionales, qui s’est tissé sur la stratification sociale et la marginalisation des majorités paysannes, a produit deux faits complémentaires : la fragmentation de la présence de l’Etat et la faiblesse des mécanismes de régulation sociale et en contrepartie, un large mouvement de colonisation permanente par l’expulsion de l’ « excédent » de la population paysanne vers les marges de la frontière agricole et plus récemment vers la périphérie des grandes villes. « Dans ces zones l’organisation de la coexistence sociale est abandonnée au libre jeu des personnes et des groupes sociaux, par l’absence de régulation de l’Etat et la faible relation avec la société nationale [3] ».

C’est dans ces territoires que naquit la guérilla, qui n’est que la continuation certainement élargie et systématisée d’une dualité des pouvoirs hérités de la colonie : les territoires isolés ont commencé à se peupler de groupes marginaux, de métis rétifs au contrôle des curés, de blancs sans terre, de noirs ou de mulâtres marrons ou échappés des mines. Des régions qui sont le parfait opposé des villes élitistes gouvernées comme des fiefs par les groupes dominants. Daniel Pécaut, un des meilleurs connaisseurs de la Colombie, soutient que l’Etat conserve des caractéristiques propres aux états du dix huitième siècle, de type oligarchique et excluant. C’est, d’un autre côté, la culture des élites colombiennes.

Les FARC, crées en 1966, sont le prolongement des groupes de paysans armés pour défendre les communautés libérales qui sont nées pendant La Violencia [4]. Plus que des continuités idéologiques, pratiquement impossibles, il faut chercher les continuités territoriales. La guérilla naît et se consolide dans les zones de colonisation où les paysans devaient se protéger de l’Etat et des grands propriétaires terriens et où la géographie offrait des refuges pratiquement imprenables. Les changements culturels opérés postérieurement, pendant les années soixante, avec la criminalisation de la protestation paysanne, la naissance de puissants mouvements urbains (ouvriers et étudiants) et la radicalisation des classes moyennes ont contribué à la naissance d’autres groupes de guérilla (ELN, EPL et M-19). Actuellement les FARC comptent 20.000 combattants alors que l’ELN en aurait environ 4.000. Les autres groupes ont abandonné la lutte armée au cours des années 90.

Les groupes paramilitaires (qui comptent entre 10 et 20.000 membres) sont nés des groupes civils d’ « autodéfense », créés légalement par l’armée à la fin des années soixante pour qu’ils lui servent d’auxiliaires pendant les opérations de contre-insurrection. Amnesty International et America’s Watch ont largement documenté la relation étroite entre les paramilitaires et les forces de sécurité de l’Etat, de même que les Nations Unies et l’Organisation des Etats américains (OEA). On attribue aux paramilitaires l’immense majorité des violations des droits humains en Colombie et ils se sont caractérisés par l’imposition de la terreur dans les zones qu’ils contrôlent.

Mais ce n’est pas tout. Les paramilitaires sont étroitement liés aux grands propriétaires terriens (qui sont leur « berceau social ») et au trafic de drogue, des secteurs dont les limites sont également diffuses. En effet, si l’armée donnait des armes aux « groupes d’autodéfense », ce sont les grands propriétaires terriens des plantations de café ou éleveurs de bétail qui ont choisi d’affronter les FARC sur leur terrain en armant des paysans qui leur étaient dévoués. Mais leurs cibles ne sont pas seulement les guérilleros mais aussi des leaders syndicaux, des enseignants, des journalistes, des défenseurs des droits humains et des hommes politiques de gauche. Avec les années, le développement du trafic de drogue a modifié cette situation. Le rapport de Americas Watch de 1990 signale que « les narcotrafiquants sont devenus de grands propriétaires terriens et en tant que tels ont commencé à partager la politique de droite des propriétaires terriens traditionnels et à diriger certains des groupes paramilitaires les plus notoires » [5].

Les différentes « armées privées » ont fini par fusionner dans les Autodefensas Unidas de Colombia -Autodéfenses unies de Colombie (AUC) durant les années 90. Au pouvoir économique et militaire s’ajoute depuis 2002 des portions de pouvoir politique en ayant contribué à l’élection d’un président qui comme Alvaro Uribe est considéré comme leur ami loyal, en plus de pouvoir compter sur de nombreux législateurs qui les soutiennent. Le 15 juillet 2003, le gouvernement et les AUC ont signé un accord pour la démobilisation mais bien qu’ils aient, il y a deux ans, annoncé un cessez-le-feu, ils ont été responsables en 2004 de la mort ou de la disparition de 1 300 personnes, plus de 70% de tous les homicides du pays pour des motifs politiques sans lien avec les combats [6]. Actuellement, des rondes de négociation se succèdent à Santa Fé de Ralito. Alors que le gouvernement prétend défendre la démobilisation des paramilitaires et leur soumission à la justice, les paramilitaires rejettent cette possibilité. Une des difficultés majeures réside dans le fait qu’une bonne partie des dirigeants paramilitaires pourraient être extradés aux Etats-Unis pour y être jugés pour trafic de drogue.

Les trois phases du plan Colombie

Le plan Colombie sert à la militarisation du pays mais également de forme très nette à la consolidation du paramilitarisme comme alternative sociale et politique. Certains analystes qui se basent sur les déclarations des chefs paramilitaires eux-mêmes distinguent trois phases dans le processus de consolidation et d’expansion du plan Colombie. L’expérience dans la zone du Magdalena Medio, une des zones stratégiques du pays où l’extrême droite a réussi à déplacer des enclaves de la guérilla et du mouvement syndical (comme c’était le cas de la ville pétrolière de Barrancabermeja) est une référence incontournable.

Dans la première phase, il s’agit de « libérer » par la guerre ou la terreur « de larges zones de la subversion et de ses bases populaires d’appui en imposant la concentration de la terre, la modernisation des routes, des services et des infrastructures, le développement du capitalisme lié à l’élevage du bétail et la nouvelle structure hiérarchique et autoritaire dans l’organisation sociale et politique de la région ». Dans la seconde étape, il s’agit « d’amener la richesse dans la région », au travers de la création d’emplois, de l’octroi de terres et de projets productifs de différent type et d’une assistance technique et par le crédit. Mais il faut ajouter un détail : « Les nouveaux occupants qui s’installent dans ces anciennes zones libérées ne sont pas ceux qui ont été déplacés par la violence (des pauvres exclus), c’est une nouvelle population (des pauvres marginalisés amenés d’autres régions), fidèles à leur ’petit patron’ qui rapidement s’organisent et forment leurs groupes de base, autrement dit l’autodéfense paramilitaire ». La troisième phase est celle de la consolidation lorsque les conditions sont réunies pour l’expansion du capitalisme multinational et de l’Etat modernisant [7].

Les objectifs du plan Colombie sont présents dans chacune des trois étapes : bien que 80% des ressources du plan Colombie sont destinés à la guerre et au renforcement des appareils militaires, il existe d’importantes parties destinées à des plans d’amélioration de l’infrastructure, de santé, d’éducation et de développement alternatif (voir le Plan Colombie). Dans ce sens, il est important de concevoir le plan Colombie comme un projet intégral et de longue durée pour « ouvrir » toute une région au contrôle des multinationales et des Etats-Unis. Pour cette raison aussi, on a pour habitude de dire que le plan Colombie, d’une certaine manière, « prépare le terrain » pour l’imposition de la Zone de libre échange des Amériques (ZLEA) [8].

De fait, dans certaines régions comme le Magdalena Medio, une partie des ressources du plan Colombie a abouti entre les mains des paramilitaires qui, au travers de leurs ONG, gèrent les montants qui sont destinés aux dépenses sociales. Parallèlement, en imposant un contrôle strict de la vie quotidienne, le projet de domination permet de « faire revivre le paternalisme des vieux chefs sans les obligations sociales minimes d’antan » [9]. A Barrancabermeja, laboratoire paramilitaire, « ils ont interdit aux garçons d’avoir des cheveux longs et de porter boucles d’oreille ou des bracelets. Ils ont fermé les bars gays et les salons de coiffure qui appartenaient à des hommes homosexuels ont été transférés à des femmes. Ils ont tué un homosexuel et ensuite ils lui ont coupé le pénis et l’ont mis dans la bouche du cadavre ». Ils ont également établi un horaire pour les mineurs d’âge et l’étude obligatoire jusqu’à 17 ans. Ils ont limité l’horaire des établissements publics et ont imposé des sanctions pour ceux qui ne respectaient pas les normes. Le rapport de plusieurs organismes de défense des droits humains sur le Magdalena Medio note : « Lorsque l’on se promène dans n’importe quel quartier de Barrancabermeja et de Puerto Wilches, on peut voir les jeunes avec une machette à la main en train de nettoyer des zones publiques en guise de punition. Dans d’autres cas, ils obligent les gens à porter des affiches où l’on signale qu’ils sont des voleurs, des prostituées, etc. » [10] En arrivant à la fin du rapport, je trouve que l’angoisse de mes hôtes à Bogotá, Paula et Daniel, est plus que justifiée.

La difficile tâche des mouvements sociaux

Quelle peut être l’action du mouvement social dans une société militarisée où les espaces pour l’action publique sont fermés et où les militants et dirigeants sont systématiquement assassinés ou faits disparaître ? Et surtout comment faire pour ne pas reproduire depuis la société civile le militarisme ? Pour ceux qui cherchent la démilitarisation, il est évident que tous les acteurs du conflit y compris la guérilla violent les droits humains. En Colombie, signale Pécaut, « la violence n’est pas seulement une série de faits ; c’est l’irruption d’une nouvelle modalité du fait politique » ; autrement dit, le fait politique est, depuis 1948 et même avant, représenté comme violence [11]. La violence en Colombie est si profonde qu’elle n’imprègne pas seulement les manifestations des faits politiques et sociaux mais qu’elle les constitue.

Il existe néanmoins quelques expériences qui cherchent à fuir la logique de la polarisation à travers la création d’espaces de paix, démilitarisés et interdits aux différents acteurs du conflit : guérillas, paramilitaires et armée. Ce n’est pas quelque chose de simple car même dans ces espaces les violents font irruption, assassinent, séquestrent et torturent. Pire encore, ces espaces ont été considérés à un moment ou un autre par tous les acteurs de la violence comme « ennemis » réels ou potentiels. C’est pour cette raison que ces expériences oscillent entre la tentation de répondre à la violence par la violence ou plus fréquemment encore par l’abandon du terrain, chose que les uns comme les autres souhaitent souvent. Luis Angel Saavedra, directeur de l’Inredh (une ONG de défense des droits humains à Quito), soutient que « le plan Colombie fait partie d’une vaste stratégie pour contrôler les mouvements sociaux d’Amérique latine et les ressources de cette partie du monde » [12] Il ajoute que dans tous les pays de la région andine des plans similaires de contrôle militaire ont été mis en place en s’appuyant sur le prétexte de la coca car ce sont les zones où les mouvements sont les plus actifs. D’où le besoin urgent de trouver des alternatives au militarisme, qui favorise toujours les dominants.

Le deuxième problème c’est qu’il n’existe pas de véritable mouvement social de portée nationale qui ait réussi à apparaître comme une alternative au conflit. Une bonne partie des expériences pour la paix sont des expériences locales, à l’exception notable du mouvement indigène qui ne représente qu’à peine 2% de la population colombienne, bien que son aire géographique d’influence soit bien plus importante que son poids démographique. Du fait de l’importance qualitative de ces mouvements qui vont dans le sens opposé à la guerre, cela vaut la peine de s’arrêter sur quelques expériences notables.

Le Conseil régional indigène du Cauca (CRIC) fait partie de l’Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC) qui regroupe toutes les ethnies du pays. A la suite de leur résistance séculaire, les indigènes ont obtenu la reconnaissance de leurs territoires, appelés « réserves indigènes », qui sont au nombre de 712 dans tout le pays et occupent 30% du territoire colombien. La constitution de 1991 reconnaît les droits collectifs et les territoires des peuples indigènes. Mais ils sont aujourd’hui menacés par ce qu’ils qualifient comme une « nouvelle invasion ». En effet, dans le cadre de la mise en place de la ZLEA, on fait pression pour l’élimination de l’article 329 de la Constitution qui reconnaît le caractère inaliénable de leurs territoires.

Les peuples indigènes du Cauca sont en résistance contre la guerre depuis leur décision de ne pas prendre part au conflit. Ils résistent de manière collective et communautaire. Il s’agit d’une résistance désarmée et non violente qui s’appuie sur leurs cosmovisions et cosmogonies. Ils affirment qu’ils vivent une nouvelle invasion comme résultat de la globalisation. Le premier pas fondamental est la défense du territoire, tant des personnes que de l’habitat culturel, social et économique. Ils cherchent à maintenir les différentes formes de production en sauvant et en renforçant les manières traditionnelles de cultiver la terre, en préservant les semences pour prévenir la disparition des cultures. Tout le contraire de ce que la ZLEA prétend imposer. Mais ils postulent l’organisation territoriale comme « une forme parfaitement viable pour l’ensemble de la population dans sa résistance à la guerre [13] »

Ils résistent au déplacement et s’accrochent à leur terre, ils sauvent leurs propres langues comme une manière de résister à l’homogénéisation. Ils renforcent et valorisent les connaissances médicinales traditionnelles et tout ce qui affecte leur territoire et sa population. Ils ont créé leurs « gardes indigènes », organisées par les communautés sur la base de membres désarmés qui avec leurs bâtons ancestraux, qu’ils appellent chontas, veillent sur les communautés pour contribuer au contrôle interne et externe et protéger leurs habitants. La garde « dépend exclusivement du conseil et de la communauté qui ont décidé lors de grandes assemblées de la réorganiser en établissant des règles de contrôle, des critères et conditions requises pour ceux qui intègrent ou rendent le service de la garde » [14] Les gardes ne remplissent pas de fonction policière et tous les membres de la communauté doivent y participer de manière tournante. Ils ont défini des centres de concertation ou des assemblées permanentes pour le regroupement de tous les habitants lorsque des affrontements armés ont lieu entre la guérilla et les paramilitaires ou l’armée. Et ils font sonner leurs alarmes pour que les membres de la communauté se conforment aux indications en cas de danger.

Les gardes ont récupéré des personnes séquestrées par des groupes armés sans violence, protégés par le caractère massif de leur mobilisation. Ils soutiennent également que le système de gardes peut être utilisé par d’autres secteurs de la population pour résister à la guerre. En effet, en plus des communautés indigènes de Colombie, des groupes de population se sont formés sur tout le territoire, en particulier dans les zones rurales, qui ont déclaré leurs territoires comme zone de paix et exigent des groupes armés qu’ils s’en retirent. San José de Apartado, dans le Nord du pays, est la première de ces communautés de paix, créée en 1997, qui se maintient en dépit de plusieurs agressions du fait de groupes armés de droite et de gauche. Rien qu’en sept ans, la petite communauté a subi plus de 360 violations des droits humains et plus de 144 assassinats perpétrés par tous les acteurs du conflit.

En dépit de cela, San José de Apartadó résiste. En août dernier a commencé à fonctionner l’Université paysanne de la résistance avec 15 autres communautés. Et en ce mois de décembre 2004 [date de rédaction de l’article] se tient la seconde rencontre des communautés en résistance civile, « qui tire son inspiration dans la vie et la solidarité en réponse aux actions de mort qu’a développées le gouvernement colombien contre les communautés », dit l’invitation. Il est certain que le mouvement des communautés de paix est encore réduit pour un défi de cette ampleur mais cependant le fait d’avoir perduré et de s’être développé durant les sept dernières années, les plus violentes de la guerre, représente un espoir.

A côté des mobilisations urbaines contre la guerre, le plan Colombie et la ZLEA il faut signaler la Minga pour la Vie, l’Autonomie, la Liberté, la Justice et la Joie des peuples indigènes qui s’est tenue le 13 septembre dernier. La Minga (qui signifie travail collectif en langue indigène) a été une impressionnante mobilisation de 60.000 indigènes de la région du Cauca, au sud de la Colombie, qui a convergé vers la ville de Cali pendant trois jours et qui a reçu l’appui des 84 peuples indigènes de Colombie.

Organisée par le CRIC, la Minga ne visait pas le gouvernement (il n’y avait pas de plate-forme de revendications) mais le peuple, qu’elle a appelé à défendre la vie contre la guerre et à s’opposer au traité de libre échange entre la Colombie et les Etats-Unis. La grande mobilisation qui est parvenue à démilitariser la zone pendant ces trois jours a commencé par libérer le maire indien de Toribío, séquestré par les FARC. La garde indigène est arrivée en masse, a débordé la troupe du groupe armé et a libéré son maire et les membres de son conseil municipal.

Les indigènes ont montré la possibilité d’ouvrir des brèches dans une société militarisée en montrant clairement qu’on ne combat pas la guerre par davantage de guerre. Ou, comme disent les femmes indigènes du Sud, en luttant pour faire « vaciller les logiques dominantes d’élimination des contraires » ; parce que « dans les logiques de vie il n’y a pas de contraires mais seulement le flux continu qui ne dissèque pas mais qui crée ». Ils dénoncent la logique de destruction, que celle-ci soit portée par les oppresseurs ou les opprimés parce qu’ « on ne peut pas séparer les fins des moyens » [15] Ils pensent que les transformations se font du bas vers le haut et de l’intérieur vers l’extérieur, du local vers le global et du singulier vers l’universel. C’est ainsi qu’ils ont réussi à briser les barrières du militarisme et de l’indifférence. Daniel, le professeur de Bogota était à Cali ce mercredi de septembre, quand des milliers d’indiens ont traversé les rues élégantes de la seconde ville de Colombie. « C’était émouvant - confesse t-il - de voir les gens recevoir les indigènes. Ils applaudissaient et certains d’entre nous pleurions. C’est l’autre Colombie, celle de l’espoir ».

Bibliografía

Acosta, Alfredo (2004) “Resistencia indígena ante una nueva invasión”, en La resistencia civil. Estrategias de acción y protección en los contextos de guerra y globalización, PIUCP, Bogotá.
Americas Watch (1991) La ‘guerra’ contra las drogas en Colombia, Universidad de los Andes, Bogotá.
Amnistía Internacional (2004) Colombia : un laboratorio de guerra. Represión y violencia en Arauca.
Caldón, José Domingo “Pueblos indígenas y resistencia a la guerra”, en La resistencia civil, ob. cit.
González, Fernán 2004 “Una mirada de largo plazo sobre la violencia en Colombia”, en revista Bajo el volcán, Puebla, No. 7.
Loingsigh, Gearóid (2002) La estrategia integral del paramilitarismo en el Magdalena Medio de Colombia, en www.prensarural.org
Pécaut, Daniel (1987) Orden y violencia : Colombia 1930-1954, Siglo XXI, Bogotá.
Plataforma Colombiana de Derechos Humanos, Democracia y Desarrollo (2004) Reelección : el embrujo continúa. Segundo año de gobierno de Álvaro Uribe Vélez, Plataforma Colombiana de Derechos Humanos, Bogotá, 2004.
Unidad Indígena (2004) periódico de la ONIC, No. 119, Bogotá, setiembre.
Salgado Ruiz, Henry (2004) “Plan Colombia : ¿Guerra contra las drogas o contra las poblaciones amazónicas ?”, en Bajo el volcán, Universidad Autónoma de Puebla, Puebla, No. 7.
Sarmiento, Libardo (1996) Un modelo piloto de modernización autoritaria en Colombia, CREDHOS, Barrancabermeja.
Uribe, María Teresa, “El republicanismo patriótico”, en Reelección : el embrujo continúa, ob. cit.
Zuluaga Nieto, Jaime (2003) “Colombia : entre la democracia y el autoritarismo”, revista OSAL No. 9, Buenos Aires, enero.


Fuentes de información

Agencia Prensa Rural : www.prensarural.org/
Amnistía Internacional : www.es.amnesty.org/
AUC (Autodefensas Unidas de Colombia) : www.colombialibre.org/
CINEP (Centro de Investigación y Educación Popular) : www.cinep.org/
CREDHOS (Corporación Regional para la Defensa de los Derechos Humanos) : www.credhos.org/
ELN (Ejército de Liberación Nacional) : www.patrialibre.org/
FARC (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia) : www.farcep.org/
Human Rights Watch : www.hrw.org/
Indepaz : www.indepaz.org.co/
ONIC (Organización de Nacionalidades Indígenas de Colombia) : /www.onic.org.co/
Plan Colombia : www.ciponline.org/colombia/aid/plan...
Planeta Paz : www.planetapaz.org/
Via Alterna : www.viaalterna.com.co/


NOTES:

[1] Zuluaga Nieto, Jaime (2003) “Colombia : entre la democracia y el autoritarismo”, revue OSAL No. 9, Buenos Aires, janvier.

[2] Uribe, María Teresa, “El republicanismo patriótico”, in Reelección : el embrujo continúa, Segundo año de gobierno de Álvaro Uribe Vélez, Plateforme colombienne des droits humains, Bogotá, 2004.

[3] González, Fernán 2004 “Una mirada de largo plazo sobre la violencia en Colombia”, in revue Bajo el volcán, Puebla, No. 7.

[4] Pendant La Violencia--période de guerres entre libéraux et conservateurs- 200.000 personnes ont été tuées. Des libéraux et des communistes, persécutés férocement par l’Etat, se sont réfugiés dans des régions lointaines et inaccessibles et ont résisté pendant plus d’une dizaine d’années jusqu’à ce que une bonne partie d’entre eux se regroupent dans ce qui deviendrait plus tard les FARC d’orientation communiste.

[5] Americas Watch (1991) La ‘guerra’ contra las drogas en Colombia, Université de los Andes, Bogotá.

[6] Rapport d’Amnesty International 2004.

[7] Sarmiento, Libardo (1996) Un modelo piloto de modernización autoritaria en Colombia, CREDHOS, Barrancabermeja. P.33

[8] Salgado Ruiz, Henry (2004) “Plan Colombia : ¿Guerra contra las drogas o contra las poblaciones amazónicas ?”, in Bajo el volcán, Université Autonome de Puebla, Puebla, No. 7.

[9] Loingsigh, Gearóid (2002) La estrategia integral del paramilitarismo en el Magdalena Medio de Colombia, sur www.prensarural.org. p. 104

[10] Ibidem. P.24

[11] Pécaut, Daniel (1987) Orden y violencia : Colombia 1930-1954, Siglo XXI, Bogotá. P.523

[12] www.prensarural.org

[13] Caldón, José Domingo “Pueblos indígenas y resistencia a la guerra”, in La resistencia civil.

[14] Acosta, Alfredo (2004) “Resistencia indígena ante una nueva invasión”, in La resistencia civil. Estrategias de acción y protección en los contextos de guerra y globalización, PIUCP, Bogotá.

[15] Unidad Indígena (2004) journal de la ONIC, No. 119, Bogotá, septembre.

Source : IRC Programa de las Américas (www.americaspolicy.org/), décembre 2004.

Traduction : Virginie de Romanet, pour RISAL (www.risal.collectifs.net/).

[risal.collectifs.net]
M
20 avril 2005 14:27
Objet : Conférence presse Felipe Perez Roque - 14 avril 2005 (français)



version PDF :
[vdedaj.club.fr]

CONFÉRENCE DE PRESSE CONCÉDÉ PAR FELIPE PÉREZ ROQUE, MINISTRE CUBAIN DES
RELATIONS EXTÉRIEURES, À LA PRESSE NATIONALE ET ÉTRANGÈRE AU SUJET DU VOTE À
LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME, AU SIÈGE DU MINISTÈRE, LE 14 AVRIL 2005


Modérateur. Bonjour à tous. Je vous souhaite la bienvenue à cette
conférence du ministre des Relations extérieures, Felipe Pérez Roque.

Monsieur le ministre, toute la presse nationale est là, ainsi que
soixante-quatorze journalistes étrangers, représentant cinquante-quatre
organes de vingt-et-un pays.

Je vous cède la parole.

Felipe Pérez. Je remercie tous les correspondants de la presse nationale et
étrangère.

Voilà quelques minutes, le gouvernement des Etats-Unis est parvenu à
imposer, par des pressions et des chantages brutaux, une résolution infâme
contre Cuba. Vous pouvez voir le résultat du vote sur l'écran : 21 voix
contre 17, et 15 abstentions.

Ce résultat obtenu par l'administration étasunienne s'explique par les
raisons suivantes :

Premièrement, elle a exercé des pressions réussies sur le gouvernement de
l'Arabie saoudite pour qu'il passe de son vote contre de l'an dernier à son
vote pour d'aujourd'hui. On sait que le prince héritier sera reçu par le
président Bush, le 24 avril, dans son ranch texan.

Deuxièmement, le nouveau gouvernement ukrainien du président Viktor
Iouchtchenko a voté pour, alors que l'Ukraine avait voté contre l'an
dernier. On sait que le nouveau président s'est rendu la semaine dernière à
Washington où il s'est engagé par écrit, dans une déclaration publique, à
soutenir le gouvernement Bush dans sa campagne contre Cuba et le Bélarus.
Juste au moment où l'on fête le quinzième anniversaire du programme grâce
auquel notre pays a soigné gratuitement à ce jour dix-huit mille petits
Ukrainiens victimes de l'accident nucléaire de Tchernobyl.

Nous savons que la presse, l'opinion publique ukrainiennes sont indignés
devant cette décision de nouveau gouvernement de faire chorus avec la
campagne étasunienne contre Cuba et de voter contre elle.

Bref, ces deux pays, qui avaient voté contre la résolution l'an dernier,
l'ont votée cette fois-ci à cause de situations spécifiques et des fortes
pressions étasuniennes.

Troisièmement, l'administration Bush, nous le savons pertinemment, a exercé
de très fortes pressions sur le continent africain et obtenu l'abstention de
certains pays qui avaient voté contre l'an dernier et s'opposaient
normalement à cette manipulation de la question des droits de l'homme. Oui,
d'énormes pressions : appels téléphoniques de très haut niveau, de la
secrétaire d'Etat, du président en personne ; envoi de fonctionnaires dans
les ambassades étasuniennes accréditées devant ces pays, pressions des
ambassadeurs eux-mêmes, ont fini par obtenir que le Burkina Faso, le Togo et
le Swaziland, qui avaient voté contre l'an dernier, s'abstiennent cette
année-ci

Ce qu'il y a d'impressionnant, c'est que, malgré ces pressions étasuniennes,
neuf pays africains sont restés fermes et ont voté pour Cuba : l'Afrique du
Sud, le Nigeria, l'Ethiopie, le Soudan, le Congo, la Guinée, le Kenya, le
Zimbabwe ; tandis que l'Erythrée, qui s'était abstenue l'an dernier, a voté
cette année en faveur de Cuba.

Mais trois pays africains, je le redis, n'ont pas pu supporter les pressions
et se sont abstenus.

Finalement, les USA ont obtenu que le Pakistan, plongé dans une situation
géostratégique particulièrement complexe, qui avait voté neuf fois de suite
contre cette résolution, s'abstienne cette année-ci.

Ainsi donc, les USA sont parvenus à ce que deux pays, l'Arabie saoudite et
l'Ukraine, qui avaient toujours voté pour Cuba, votent cette fois-ci contre
elle ; que trois pays africains, le Burkina Faso, le Togo et le Swaziland,
et un pays asiatique, le Pakistan, qui votaient contre la résolution,
s'abstiennent cette fois-ci, incapables de résister aux pressions.

Ce qui explique le résultat final.

Cuba tient toutefois à signaler l'échec de la prétendue
«latino-américanisation » de la Résolution à Genève.

Les USA avaient obtenu les années précédentes qu'un groupe de pays
latino-américains joue un rôle actif dans ce sens, vote pour eux et aille
jusqu'à parrainer leur résolution. Mais des changements sont intervenus dans
la région, surtout à partir de la victoire et de la consolidation de la
Révolution bolivarienne dirigée par le président Chávez au Venezuela, et des
victoires électorales de gouvernements progressistes. Bref, le panorama
latino-américain s'est modifié. Au point que cette année, aucun gouvernement
d'Amérique du Sud n'a voté la résolution étasunienne.

Exception faite de trois voix traditionnelles que les USA obtiennent en
Amérique centrale : le Costa Rica, le Honduras et le Guatemala, qui ne
méritent aucun commentaire parce que leur dépendance envers Washington saute
aux yeux, et du Mexique, l'Amérique latine a agi dignement et a refusé de se
plier à cette nouveau manipulation politique contre Cuba.

Aux abstentions de l'Argentine, du Brésil, de l'Equateur et du Paraguay, se
sont ajoutées cette fois-ci celles du Pérou et de la République dominicaine.
Nous voyons là un geste tout à fait positif de ces deux derniers pays qui
avaient voté aux côtés des USA l'an dernier. La République dominicaine a un
nouveau gouvernement, vous le savez.

Par ailleurs, pour la première fois depuis six ans, les USA ont été
contraints de présenter eux-mêmes leur résolution, faute de trouver un autre
gouvernement qui le fasse à leur place.

Je tiens aussi à souligner que la majorité des pays membres de la
Commission, autrement dit 32 sur 53, n'ont pas voté la résolution
étasunienne, malgré les fortes pressions de Washington, soit votant contre,
ce qui est héroïque, soit s'abstenant. Ça représente presque les deux tiers
de la Commission, bien que, je le répète, l'administration étasunienne
l'exige et exerce des pressions dans ce sens.

Pour obtenir cette compagnie de vingt pays, les USA ont dû, par ailleurs,
renoncer à condamner Cuba, ont dû affaiblir leur texte. Le langage de
condamnation péremptoire des années antérieures s'est peu à peu affaibli, au
point qu'on en arrive à la résolution actuelle exempte de tout jugement et
de toute critique de Cuba.

N'empêche que le gouvernement cubain la considère discriminatoire, marquée
au sceau de l'ingérence, parce qu'elle maintient un mécanisme injustifié de
suivi de Cuba et permet aux USA d'atteindre leur objectif essentiel :
maintenir le thème Cuba à l'ordre du jour de la Commission des droits de
l'homme pour l'année suivante, dans le cadre du point 9, consacré aux
violations les plus graves. Objectivement, cette inscription est impossible
à justifier eu égard à l'intitulé de ce point. Seul leur pouvoir permet aux
USA de perpétuer cette question et de justifier leur politique d'agression
et de blocus contre Cuba.

Mais, et je tiens absolument à le souligner, les USA ont dû renoncer à
condamner Cuba et se contenter d'un texte dénué de la moindre critique au
sujet de la réalité cubaine pour pouvoir obtenir ces vingt voix.

Ce qui constitue aussi, je crois, un indice que les temps changent, que la
communauté internationale finit par se lasser de cette manipulation de cette
question depuis maintenant plus de quinze ans !

Je tiens encore à souligner que la plupart des pays d'Afrique, d'Asie et du
Moyen-Orient ont voté contre.

Et je tiens à souligner le courage de ces gouvernements, je tiens à les
remercier d'avoir résisté aux pressions de toute sorte des USA et d'avoir
voté contre. Par exemple, la Chine, l'Inde et l'Indonésie. D'ailleurs, si le
soutien que nous recevons se mesurait en nombre d'habitants, la majorité des
habitants de la planète serait avec nous.

Nous remercions donc la Chine, l'Inde, l'Indonésie, la Malaisie, le Kenya,
la Russie, l'Egypte, l'Afrique du Sud, le Nigeria, le Soudan, l' Erythrée,
le Congo, le Qatar, la Guinée, l'Ethiopie et le Zimbabwe de s'être
résolument opposés à cette manipulation des droits de l'homme au sujet de
Cuba.

Je dois aussi dire clairement, en toute franchise, que Cuba ne reconnaît
aucune légitimité à cette résolution et qu'elle ne coopérera en aucun cas
avec le mandat frelaté qu'elle établit. Cuba ne reculera pas d'un iota de
ses positions et ne cédera en rien en matière de principes. Cuba n' accepte
pas cette résolution et ne coopérera pas, car cette résolution est
illégitime, tout comme est illégitime le mandat confié à la représentante
personnelle de la Haute-Commissaire aux droits de l'homme. Cuba ne permettra
donc pas son entrée dans le pays et ne coopérera pas à son rapport, parce
qu'il s'agit d'une manipulation scandaleuse, sélective et discriminatoire de
ce point de l'ordre du jour, autrement dit les plus graves violations des
droits de l'homme survenant sur la planète, que le pays qui la présente n'a
aucune autorité morale à ce titre et qu'il n'existe aucune raison qui la
justifie.

Cette année-ci, quand ils se sont rendus compte qu'ils ne pourraient pas
compter sur le soutien habituel de l'Amérique latine, que seuls quelques
pays les seconderaient, qu'ils ne parviendraient pas à
«latino-américaniser » la question, les USA se sont mis très tôt à retomber
de toutes leurs forces sur d'autres pays, surtout les pays africains, mais
aussi les pays arabes et les pays asiatiques.

Leurs pressions ont été pires que les années antérieures. L'acharnement, la
hargne de l'administration et de ses fonctionnaires n'ont pas de précédents.
Ils ont recouru aux menaces les plus éhontées, surtout contre les pays
africains, profitant d'une manière opportuniste de leur grave situation
économique et sociale pour mener leurs sales manouvres.

Je ne vais citer aucun pays nommément, bien entendu, parce que ce serait
humiliant pour lui, mais je dois faire connaître de toute façon à l'opinion
publique ces énormes pressions de l'administration étasunienne.

Ainsi, celle-ci a menacé directement à plusieurs reprises un pays africain
de lui interdire d'exporter son coton aux USA.

Elle n'a cessé de menacer tous les pays africains de leur retirer les
avantages de l'African Growth and Opportunity Act (Loi sur la croissance et
les possibilités économiques en Afrique, AGOA) qui facilite l' accès de
certaines exportations africaines au marché étasunien en réduisant les
tarifs douaniers, mais d'une manière sélective, ce qui constitue une arme
puissante aux mains des USA. Or, on sait que la vie de millions de personnes
dépendent de ces exportations de pays victimes d'un système économique
international injuste.

Les USA ont fait savoir à un autre pays africain - qui nous l'a dit - que si
le gouvernement votait pour Cuba, ils ne feraient rien pour empêcher une
révolte de l'opposition avant les prochaines élections dans un climat tendu.
Je répète : le représentant de l'administration Bush est arrivé dans la
capitale du pays en question pour dire au gouvernement, alors en position de
faiblesse, que les USA n'exerceraient aucune influence pour empêcher
l'opposition d'agir violemment durant les élections s'il votait en faveur de
Cuba !

Les USA ont aussi exercé des pressions sur un gouvernement africain au petit
matin - alors qu'il nous avait confirmé la veille au soir qu'il voterait
comme les années précédentes, autrement dit contre la résolution
étasunienne - en téléphonant au ministre des Finances. Ce genre de décision
se prend censément au ministère des Affaires étrangères. Eh bien, le coup de
fil a été adressé au ministre des Finances. On n'a pas de mal à imaginer le
genre d'arguments que les USA ont employé pour faire renoncer ce pays
africain au petit matin à une position qui était pourtant décidée la veille
au soir et à le faire s'abstenir.

Les USA ont menacé un petit pays asiatique, s'il votait pour Cuba, de
renvoyer les très nombreux réfugiés qui vivent chez eux, ce qui mettrait en
danger la stabilité nationale.

Il existe un pays centraméricain que les USA ne cessent de menacer de ne pas
proroger le permis de séjour accordé annuellement à ses immigrants illégaux.
C'est là un très fort instrument de pression, car cela impliquerait le
retour de centaines de milliers de personnes, même si ces personnes vivent
dans des conditions précaires aux USA.

Par ailleurs, les USA ne cessent de faire pendre au-dessus des pays
centraméricains une autre épée de Damoclès : l'autorisation finale du
Congrès à l'entrée en vigueur du Traité de libre-échange avec eux. Une autre
arme puissante pour les maintenir sur la bonne voie vis-à-vis d'eux.

Voilà juste quelques exemples qui vous donnent une idée de la façon dont les
USA parviennent à leurs fins et imposent leur résolution !

Quant à l'Union européenne, qui nous a offert cette année une première :
parrainer en bloc, comme un seul homme, la résolution étasunienne, et a voté
comme toujours contre Cuba, elle s'est de nouveau pliée à la politique
agressive des Etats-Unis.

Le rôle que joue l'Union européenne est vraiment pathétique ! Défaillante,
servile, hypocrite, alignée sur les USA contre les petits pays, son attitude
fait honte. Et prouve son incapacité à se doter envers notre pays d'une
politique à elle, d'une politique indépendante.

Nous avions cru que l'Union européenne pourrait mettre en place sa propre
politique, mais nous nous sommes trompés.

Je tiens à rappeler que le 31 janvier dernier, le Conseil des ministres de
l'Union européenne, au lieu de rectifier purement et simplement ses
coûteuses erreurs de politique envers notre pays, a adopté une position
mi-figue mi-raisin, autrement dit suspendre à titre provisoire les sanctions
diplomatiques adoptées le 5 juin 2003.

C'était un pas dans la bonne direction, pourrait-on dire, vers la
normalisation des relations. Oui, mais c'était un pas contradictoire,
insuffisant, timoré : « J'avance, d'accord, mais juste un tout petit peu. »
Et ceci se doit, nous le savons, aux très fortes pressions que l'
administration Bush a exercées par le biais de ses nouveaux satellites d'
Europe de l'Est, en particulier de la République tchèque qui a bloqué un
engagement plus sérieux de la part du Conseil des ministres de l'Union
européenne.

De son côté, d'une manière unilatérale, prudente et constructive, Cuba avait
au préalable « dégelé » - j'emploierai moi aussi ce terme lancé par la
presse - les ambassades européennes à La Havane ; elle avait ensuite
présenté des propositions sérieuses et audacieuses aux autorités
européennes, tant durant mon voyage en Europe que lors de la venue du
commissaire Louis Michel, entre autres celle d'un véritable accord en
matière de dialogue politique et de droits de l'homme qui permettrait des
échanges bilatéraux mutuellement respectueux et souverains, sur un pied
d'égalité, parce que Cuba n'accepte pas de leçons ni de contrôles, ni de
l'Union européenne ni d'aucun autre pays. Notre proposition comprenait aussi
des échanges, une collaboration dans des domaines où nous avons vraiment des
choses à montrer et où nous avons des résultats irréfutables ; et nous
étions prêts à discuter avec l'Union européenne, à converser, à collaborer
dans des domaines comme le système électoral, le système judiciaire, le
système pénitentiaire, la justice, à discuter de thèmes politiques,
économiques, sociaux, de n'importe quel thème, parce que Cuba n'a pas peur
de débattre de sa réalité, d'en parler. Notre seule condition était que l'
Union européenne se dote d'une politique à elle et cesse de soutenir la
manoeuvre des USA à Genève.

Nous leur avons dit : « Vous voulez une voie européenne vers Cuba ? Eh bien,
en route ! Pourquoi ne vous démarquez-vous pas de cette manigance stérile
et ne marchez-vous pas avec nous ? » L'Union européenne a dit oui au début,
mais elle s'est mise très tôt à vaciller, à chanceler.

En parrainant en bloc - ce qu'elle n'avait jamais fait à ce jour, les
vingt-cinq à la fois - la résolution des USA et en la votant, en faisant
d'autres choses qu'elle a faites ces jours-ci, l'Union européenne renonce
absolument, de notre point de vue, à ses propres intérêts ; c'est de nouveau
du pareil au même, elle se subordonne aux USA d'une manière honteuse et
s'engage de nouveau sur la voie de l'affrontement avec Cuba, au lieu de
choisir la voie du dialogue. Le pire, c'est qu'elle ne prend même pas cette
voie de son propre gré, mais comme allié au petit pied des USA, même pas en
protagoniste, mais en figurant, en complice.

Je tiens à dire clairement que l'attitude de l'Union européenne à cet égard
met en danger la normalisation en marche des relations et du dialogue avec
Cuba. Je tiens à dire que Cuba analysera très soigneusement dans l'immédiat
la façon dont les positions et les actions de l'Union européenne évolueront,
et que, compte tenu de la conduite et des décisions que le Conseil des
ministres adoptera en juin au sujet des prétendues sanctions : les éliminer
une bonne fois pour toutes, les réimposer ou les proroger, elle décidera à
son tour de maintenir ou de lever à titre provisoire ses mesures de « gel »
imposées aux ambassades de l'Union européenne à La Havane.

Si la décision de l'UE est temporaire, la nôtre aussi. Elle agira, nous
dit-on, en fonction de ce que nous ferons. Eh bien, nous agirons nous aussi
en fonction de ce qu'elle fera, elle !

Nous analysons l'attitude de l'Union européenne et nous agirons en
conséquence. Nous réviserons nos mesures en juin.

Nous n'avons pas reçu une seule preuve de la part de l'UE de sa volonté
d'avancer vraiment, réellement, à la rencontre de Cuba. Au contraire, elle a
fini par devenir la complice pathétique de l'administration Bush. Alors que
nous avancions de notre côté à la recherche de voies conduisant au dialogue
et à la coopération, l'Union européenne, du sien, durcissait ses positions à
des niveaux sans précédents au point de parrainer en bloc la résolution
étasunienne contre Cuba !

L'Union européenne a parrainé comme un seul homme cette résolution au moment
même où elle conversait avec Cuba, où quelque chose était en marche, où
certains gouvernements avançaient et reconnaissaient que la tentative de
renouer les relations avec Cuba tombait sous le sens. Et c' est justement à
ce moment-là qu'elle a fait ce qu'elle n'avait jamais fait avant : parrainer
en bloc, se convertir en auteurs, aux côtés des Etats-Unis, de la résolution
de ces derniers contre Cuba !

Bah, nous saurons à quoi nous en tenir dans les prochains mois.

Le Mexique. Je tiens à souligner que le gouvernement mexicain a de nouveau
fait le choix de la confrontation avec Cuba, qu'il a de nouveau trahi les
sentiments fraternels de son peuple généreux - des sentiments qui se sont
exprimés au Congrès, au Sénat quand ils ont demandé au moins l' abstention,
dans de nombreuses organisations non gouvernementales qui n'ont cessé de
demander au gouvernement de rectifier sa position de l'année dernière, et
dans l'opinion publique mexicaine.

Nous redisons au peuple mexicain notre affection, notre respect, notre
gratitude pour sa position résolue. N'empêche que ses sentiments ont été
trahis, que son affection et son amitié envers Cuba ne sont pas représentées
par son gouvernement auquel s'imposent d'autres intérêts.

Je dois dire en toute franchise que le gouvernement mexicain, sous les
pressions des USA, a rompu l'engagement qu'il avait pris à plusieurs reprise
envers nous à différentes rencontres de différents niveaux, et même aux
rencontres entre les deux ministres, de travailler à la normalisation des
relations bilatérales sur des bases de dialogue et de respect mutuel, et de
revenir à la position d'abstention qui avait été la sienne à la Commission
des droits de l'homme à sa première année au pouvoir.

Cuba a toujours agi d'une manière transparente, dans l'honneur, respectant
sa parole, faisant preuve d'énormément de patience, de modération et de
prudence.

Le gouvernement mexicain, je le répète, n'a pas la moindre raison de voter
contre Cuba, et surtout pas la moindre autorité morale pour critiquer Cuba.
Le gouvernement mexicain ferait mieux, vraiment, de régler les graves
violations des droits de l'homme dans son pays, notamment à la frontière
avec les Etats-Unis où des centaines de Mexicains sont assassinés chaque
année face à la tolérance et avec l'encouragement du gouvernement dont il
s'est fait le complice pour agir contre Cuba. Alors que notre gouvernement
se fait le défenseur de la vie des Mexicains assassinés à la frontière, le
gouvernement mexicain se tait et vote aux côtés des USA contre nous, et il
le fait, par-dessus le marché, dans notre dos et en violant des engagements
antérieurs.

Je dois le dire en toute franchise, le gouvernement mexicain a négocié sa
voix contre Cuba en échange du soutien des USA, dans la mesure où il aspire
à décrocher le poste de Secrétaire général de l'Organisation des Etats
américains (OEA). Il est évident que Cuba servait de monnaie d' échange.

Mais je dois dire que Cuba n'admet pas de pressions des USA ni de leurs
laquais, et ira de l'avant d'une manière résolue.

Le gouvernement mexicain s'isole encore plus de l'Amérique latine - et le
peuple mexicain doit en prendre note - et se situe parmi les rares
gouvernements complices des USA dans leur tentative de condamner Cuba.

Le gouvernement mexicain va à rebours des courants d'intégration qui
balaient aujourd'hui Notre Amérique.

Je dois par ailleurs annoncer quelque chose : des événements importants ont
eu lieu depuis la dernière session de la Commission des droits de l'homme.
Les preuves irréfutables des horribles tortures infligées aux prisonniers de
guerre dans la prison d'Abu Ghraib, dans le camp de concentration que le
gouvernement étasunien a installé sur la base navale de Guantánamo et dans
d'autres prisons ont bouleversé la conscience universelle.

Le plus grave, c'est que toute les preuves indiquent qu'il s'agit d'un
système autorisé, et non de manifestations violentes d'individus. Les
tortionnaires n'étaient pas des malades isolés. Non, il s'agit d'un système
autorisé au plus haut niveau - il existe des documents à cet égard - du
gouvernement étasunien à partir d'une interprétation légale, infâme et
fasciste, rédigée à la Maison-Blanche, qui signifiait une autorisation
légale pour torturer les prisonniers.

Par conséquent, Cuba a décidé, et je vous en informe, de présenter à la CDH
un projet de résolution sur la question des violations des droits de l'homme
commises sur la base navale de Guantánamo. Et ce projet a été enregistré à
18 h à Genève (midi ici) au secrétariat de la CDH. Le vote aura lieu la
semaine prochaine.

L'objectif de la résolution est que les mécanismes de la CDH enquêtent au
sujet de la situation des détenus sur le territoire que les USA usurpent
dans la baie de Guantánamo.

Nous distribuerons cette résolution aux correspondants. Je vais de toute
façon vous la lire :

Question des détenus dans la zone de la base navale des Etats-Unis à
Guantanamo

La Commission des droits de l'homme,

Considérant que la Charte des Nations Unies impose aux Etats l'obligation de
romouvoir par la coopération internationale le respect universel et effectif
des droits de l'homme et des libertés fondamentaples par

Consciente de ce que toutes les personnes ont le droit au respect des
droits de l'homme reconnus dans la Déclaration universelle des droits de
l'homme et ayant à l'esprit que plusieurs de ces droits ne prescrivent pas
et ne peuvent faire d'aucune dérogation en aucune circonstance,

Rappelant le devoir de tous les Etats de respecter et d'exécuter les
obligations qu'ils assument aux termes des instruments internationaux, y
compris ceux qui concernent les droits de l'homme, auxquels il seraient
partie,

Rappelant également l'observation générale nº 31 du Comité des droits de l'
homme, adoptée le 29 mars 2004 à sa 2187e réunion,

Rappelant la demande présentée au Gouvernement des Etats-Unis, le 25 juin
2004, par quatre Rapporteurs thématiques de la Commission afin de pouvoir
rendre visite aux personnes détenues au motif d'allégations de terrorisme, y
compris celles se trouvant à la base navale de Guantanamo,

Ayant présent à l'esprit la Déclaration du 4 février 2005 dans laquelle les
experts chargés de six mécanismes spéciaux de cette Commission ont exprimé
leurs graves préoccupations sur la situation des détenus à la base navale de
Guantanamo, malgré une évolution positive intervenue les derniers mois,

Ayant aussi présent à l'esprit le fait que de nombreux gouvernements et
parlements du monde entier ont exprimé leurs préoccupations à cet égard,
dont le Parlement européen qui, dans sa Résolution sur Guantanamo du 28
octobre 2004, a « invité les autorités des États-Unis à permettre une
enquête impartiale et indépendante sur les allégations de torture et de
mauvais traitements concernant toutes les personnes privées de leur liberté
et détenues par les Etats-Unis »,

1.. Demande au Gouvernement des Etats-Unis d'autoriser les mécanismes
pertinents de la Commission des droits de l´homme à mener une enquête
impartiale et indépendante sur la situation des personnes privées de liberté
dans sa base navale de Guantánamo.

2.. Demande également au Gouvernement des Etats-Unis d'autoriser à ce titre
la Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail sur la détention arbitraire,
le Rapporteur spécial sur la torture, le Rapporteur spécial sur le droit de
toute personne de jouir du plus haut niveau possible de santé physique et
mentale et le Rapporteur spécial sur l'indépendance des juges et des avocats
à visiter les centres de détention établis dans cette base.

3.. Demande à la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme
de préparer et de présenter, à la soixante-deuxième session de cette
Commission, un rapport sur la situation des personnes détenues dans la Base
navale des Etats-Unis à Guantanamo, à partir des résultats des enquêtes
menées par les représentants des mécanismes spéciaux susmentionnés.

4.. Décide de continuer d'examiner ce point à la prochaine session de cette
Commission.


La délégation cubaine à Genève a déjà présenté ce texte que nous vous
distribuerons à la fin de la conférence.

Comme vous le voyez, c'est un texte qui demande simplement une enquête des
faits sur place ; il ne préjuge pas, il ne condamne pas, il demande
simplement une enquête sur ce qui se passe là-bas de la part des mécanismes
thématiques de la Commission qui ont été créés justement pour ça : le
rapporteur sur la torture, le rapporteur sur la détention arbitraire, afin
qu'ils informent et que la Haute-Commissaire fasse ensuite rapport.

Dès demain, la délégation cubaine engagera des consultations à Genève avec
les délégations qui le souhaitent, disposée à accepter des vues, de
suggestions, à discuter. Nous estimons que le vote devra se dérouler au
milieu de la semaine prochaine.

Compte tenu de la gravité de la situation à Guantánamo, et du fait qu'il
existe maintenant bien plus de preuves que l'an dernier, nous pouvons vous
assurer que nous mettrons ce projet aux voix.

Que personne ne se fasse d'illusions et n'aille croire qu'il n'aura pas à
prendre parti. Aucun gouvernement ne pourra se camoufler derrière des
considérations politiques ou techniques pour éviter que la CDH se prononce.

Il existe une large information publique, parce que nous avions déjà
présenté ce texte l'an dernier. Et voilà pourquoi Cuba demande directement
et officiellement - et elle est en train de faire les démarches
pertinentes - à l'Union européenne, dont certains ressortissants ont été
incarcérés ou sont toujours incarcérés dans le camp de concentration de
Guantánamo, de parrainer ce texte, puisque c'est là une situation qui la
concerne et l'intéresse directement, et de voter pour. Huit pays de l'UE
sont membres de la Commission, et sans leur vote la résolution contre Cuba,
par exemple, ne pourrait jamais être adoptée.

C'est le vote de l'Union européenne qui permet aux USA d'obtenir la majorité
à la Commission. Je le répète, si les USA n'avaient pas ces huit voix, ils
ne pourraient jamais faire passer leur résolution contre nous. Nous
demandons donc à l'UE de parrainer notre résolution, comme elle l'a fait
pour celle des USA, et de voter en bloc pour elle, comme elle l'a aussi fait
dans l'autre cas. Ce serait d'ailleurs tout à fait cohérent avec la
préoccupation qu'elle dit sentir pour les droits de l'homme partout dans le
monde et surtout en accord avec les réclamations de l'opinion publique
européenne. Elle ferait preuve d'esprit de suite sur une question de portée
morale universelle.

Nous estimons offrir à l'Union européenne l'occasion rêvée de faire preuve
de cohérence éthique. D'autant que le Parlement européen a justement demandé
aux gouvernements de faire un geste dans ce sens dans le document intitulé
« Préparatifs en vue de la 60e session de la commission des Droits de
l'homme des Nations unies », dont le paragraphe 23 signale que le Parlement
européen :

demande à la Présidence de parrainer une résolution appelant les États-Unis
à clarifier sans délai la situation des détenus de Guantanamo au regard des
normes internationales relatives aux droits de l'homme et du droit
humanitaire international et à décider en conséquence soit de les traduire
en justice soit de les libérer;

Un geste dans ce sens serait aussi dans le droit fil du paragraphe 30 :

invite le Conseil et la Commission à lui rendre compte de manière complète
des résultats de la session dès la plénière de mai 2004, et souligne que ce
compte rendu devra indiquer en détail non seulement les questions sur
lesquelles l'Union européenne et ses États membres auront parrainé ou
coparrainé des résolutions et l'éventail des activités que l'Union
européenne aura déployées au cours de la session de la CDHNU, mais aussi
dans quels cas et pour quelles raisons ce parrainage n'aura pas eu lieu;

Ainsi donc, le Parlement européen va jusqu'à demander aux gouvernements
d'expliquer pourquoi ils n'ont pas parrainé telle ou telle résolution.

Bref, nous croyons qu'il est temps que l'Union européenne agisse en
fonctions des principes qu'elle proclame.

Je vous informe aussi que nous vous distribuerons la Cinquième Partie du
livre Cuba et les droits de l'homme, cette Partie s'intitulant. :
Guantánamo, un « trou noir » moral et juridique, qui contient une bonne
information complémentaire sur la situation de la base étasunienne qui
occupe illégalement le territoire de Guantánamo.

Je tiens enfin à souligner que l'administration étasunienne qui cherche
depuis des semaines à condamner Cuba offre aujourd'hui un refuge aux USA à
un terroriste internationale avéré, Luis Posada Carriles.

Celui-ci a toujours travaillé pour le gouvernement étasunien. Quand il
faisait partie de l'équipe du colonel Oliver North qui réalisait l'
opération illégale de livraison d'armes à la contra nicaraguayenne, il
touchait même deux salaires : de la Maison-Blanhe et du département d'Etat.
C'est là une information publique provenant du système judiciaire étasunien
lui-même.

À une époque plus récente, après avoir participé à des actions aussi
exécrables que le sabotage en plein vol de l'avion de passagers cubain à la
Barbade, il a organisé le réseau de mercenaires qui ont posé des bombes dans
des hôtels de La Havane et tué un jeune touriste italien Fabio di Celmo.

Les principaux fonctionnaires de l'administration Bush, les porte-parole de
la Maison-Blanche et du département d'Etat ne disent pas un mot après que
Fidel les a sommés, le 11 avril, de dire si c'est vrai ou non. Pendant ce
temps, Posada Carriles demande publiquement l'asile aux autorités
d'immigration, arguant de ses mérites comme officier de l'Agence centrale
des renseignements et comme membre de l'armée des Etats-Unis, et
reconnaissant être entré aux USA depuis un mois.

L'administration Bush continue de faire preuve, à un niveau scandaleux,
d'une morale à double vitesse ; ses croisades en faveur des droits de
l'homme sont bâties sur le mensonge et ne répondent qu'à ses visées de
domination mondiale.

Le silence de l'Union européenne est d'ailleurs tout aussi hypocrite. Bien
que Fidel lui ait demandé, toujours le 11 avril, de se prononcer sur un fait
si grave, le refuge offert à un terroriste qui est même responsable de la
mort d'un ressortissant italien, elle se tait et trahit à son tour ses
prétendus engagements terroristes.

La décision finale de l'administration Bush au sujet de l'asile de Posada
Carriles et la position sur ce point d'autres gouvernements auront des
implications énormes pour la lutte internationale contre le terrorisme.

L'opinion publique mondiale, après la sommation de Fidel, attend. Les
survivants et les familles des victimes des actes terroristes demandent que
justice soit faite et attendent que les gouvernements ainsi sommés se
prononcent.

C'est donc dans ce contexte que le gouvernement et le peuple cubains
affirment que ni les résolutions infâmes de Genève, ni les pressions, ni les
chantages, ni les menaces, ni les mensonges, ni les campagnes ne nous
dévieront de notre cap révolutionnaire, anti-impérialiste et solidaire avec
les causes justes dans le monde.

Mauricio Vicent (El País, Madrid). Deux questions, monsieur le ministre.
D'abord, suite à ce que vous avez dit, le dialogue qui vient de s' ouvrir
avec l'Union européenne est-il interrompu ? Ensuite, à quel moment se
trouve-t-il ?

Felipe Pérez Roque. Il est au bord du naufrage. Il a besoin que l'Union
européenne décide de quel bord elle veut être.

Mauricio Vicent. Que doit donc faire l'Union européenne pour le prouver et
pour que Cuba agisse différemment ?

Felipe Pérez Roque. L'Union européenne sait très bien ce qu' elle doit
faire, elle sait ce qu'elle a mal fait, elle sait ce qu'elle doit rectifier,
du moins je l'espère. Si elle ne le sait pas, alors, elle n'a pas les pieds
sur terre.

Mauricio Vicent. Etes-vous optimiste ou pessimiste ?

Felipe Pérez Roque. Je suis réaliste. Je suis sûr que Cuba ira de l'avant,
avec l'Europe ou sans elle, et qu'elle a le soutien et la sympathie
croissante des peuples du monde, même ceux de l'Union européenne.

Mauricio Vicent. Ma deuxième question. Dans cette réévaluation des rapports
avec l'Union européenne, Cuba va-t-elle distinguer au cas par cas, selon la
tendance de chaque pays au dialogue, ou alors va-t-elle tous les mettre dans
le même sac ?

Felipe Pérez Roque. Ça dépend. Nous ne nous fermons aucune possibilité. Nous
devons examiner les choses et nous déciderons, sans ignorer pour autant que,
même si tous les pays d'Europe ont parrainé en bloc la résolution, certains
sont plus enthousiastes que d'autres dans leur vocation de satellites de
Washington.

Nous apprécierons les choses et maintiendrons tous les choix ouverts. En
tout cas, les pays européens favorables au dialogue et à la coopération avec
Cuba devront finir par décider s'ils vont défendre leur ligne ou s'ils vont
continuer de vaciller, ce qui, bien entendu, a encouragé les ennemis de ce
choix à intensifier leurs actions pour le boycotter.

Mauricio Vicent. Le fait de soutenir ou de ne pas soutenir la résolution que
vient de présenter le gouvernement cubain et qui sera discutée la semaine
prochaine sera-t-il catégorique à vos yeux pour décider des événements
futurs ?

Felipe Pérez Roque. Ce sera assurément catégorique, surtout, en ce qui
concerne la morale des dirigeants de l'Union européenne ; ce sera
catégorique pour l'image de marque des gouvernements de l'Union européenne.
Ce sera assurément catégorique pour savoir si leur prétendue vocation à la
défense des droits de l'homme dans le monde est vraiment
universelle,impartiale, non complice des puissants.

Puisqu'ils ont parrainé et voté la résolution concernant la situation de
presque toute l'île, nous leur offrons l'occasion de s' inquiéter maintenant
des 117 km2 qui ont échappé à la résolution étasunienne, et nous serons dans
l'attente pour voir ce qu'ils feront. Nous verrons bien s'ils feront comme
l'an passé, où les représentants de l'Union européenne sont venus nous
supplier de retirer notre projet, de ne pas les placer dans une situation si
difficile et si embarrassante. Et quand nous leur avons dit : « Mais, alors,
que faites-vous de la morale ? », ils nous ont répondu : « Le hic, c'est que
le monde est comme ça et que nous ne pouvons pas le changer. Vous devez
comprendre notre relation transatlantique avec les Etats-Unis. » Et quand
nous avons constaté qu'ils ne nous soutiendraient pas et que les Etats-Unis
pouvaient dès lors manipuler les résultats de ce débat, nous avons retiré
notre résolution. Mais cette année-ci, pas question ! Il faudra bien qu'ils
se prononcent sur ce point. Et je n'exclus pas que d'autres pays souhaitent
même durcir cette résolution, la rendre plus pointue, plus exigeante, car
demain nous engagerons des consultations avec d'autres pays de la
Commission.

Nous verrons bien si l'Union européenne viendra de nouveau nous supplier de
la retirer pour ne pas se retrouver dans une position embarrassante, ou si
elle prendra la tête des efforts pour faire adopter une résolution sur une
situation dans laquelle leurs ressortissants sont impliqués, puisqu'ils sont
prisonniers et torturés et soumis à des sévices à
Guantánamo.

Lucía Newman (CNN). Monsieur le ministre, le président Fidel Castro a dit
voilà exactement une semaine qu'il se moquait comme de l'an quarante du vote
à la Commission des droits de l'homme à Genève. Si vous vous en moquez comme
de l'an quarante, alors, pourquoi y consacrez-vous tant de temps, tant de
ressources et tant d'efforts pour la dénoncer ?

Felipe Pérez Roque. Je tiens à dire que nous nous en fichons effectivement
comme de l'an quarante, dans le sens que l'a dit Fidel : nous nous fichons
des machinations, nous nous fichons de la manière infâme dont on oblige les
pays à voter à coups de force et de chantage ; nous nous fichons que le
principal accusé se transforme en accusateur ; nous nous
fichons de tout ça comme de l'an quarante parce que ni cette résolution, ni
aucune autre mesure arbitraire et agressive de l'administration étasunienne
contre Cuba n'aura le résultat qu'attendent ses auteurs, qu'elle se brisera
sur la résistance de notre peuple.

En revanche, ce dont nous ne nous fichons pas, et voilà pourquoi nous lui
consacrons des efforts, c'est de la noble cause des droits de l'homme, de la
coopération internationale véritable dans ce domaine ! Et cette cause, nous
devons la libérer des intérêts sordides d'un groupe de pays puissants, des
Etats-Unis et de leurs complices qui l'ont prise en otage. Nous aspirons à
une Commission qui stimule vraiment la coopération, dans le respect de
l'indépendance et de la souveraineté des Etats, qui cesse d'être ce champ de
bataille politisé, ce pilori où l'on cloue les pays qui, comme Cuba, ne
plient pas, ne se rendent pas, ne se vendent pas, ne trahissent pas, ne
négocient pas, ne pactisent pas, toutes raisons qui expliquent
pourquoi on l'accuse. Les puissants ne supportent pas cet exemple de
dignité, cet exemple d'un petit pays qu'ils ne parviennent pas pourtant à
faire plier.

Alors, oui, nous nous fichons comme de l'an quarante des machinations, mais
que des violations comme celles de Guantánamo soient analysées et dûment
examinées et que la communauté internationale coopère à leur élimination, ça
oui, en revanche, ça nous importe énormément.

Lucía Newman. Alors, pourquoi Cuba a-t-elle attendu la fin du vote pour
présenter sa résolution ? Pourquoi ne l'a-t-elle pas présentée avant ?

Felipe Pérez Roque. Parce que nous estimons que c'est au point de l'ordre du
jour actuellement en discussion que cette question peut être dûment traitée,
et aussi parce que nous évitions ainsi de vicier la discussion de la
résolution sur Cuba par cette autre question-ci. La question de Guantánamo
est si importante que la Commission doit maintenant y consacrer tous ses
efforts, ne s'occuper que de ça la semaine prochaine afin de clore en beauté
les travaux de la session annuelle.

Gerardo Arreola (La Jornada, Mexique). Monsieur le ministre, je souhaiterais
que vous m'apportiez une précision au sujet de ce que vous avez dit du
Mexique. J'ai cru comprendre que le gouvernement mexicain avait fait part à
son homologue cubain de son intention de recommencer à s'abstenir.

Felipe Pérez Roque. Plus d'une fois, en privé.

Gerardo Arreola. Alors, quelles conséquences cela aura-t-il sur les
relations bilatérales et sur d'autres questions collatérales comme la dette,
la question migratoire, etc. ?

Felipe Pérez Roque. La conséquence de rouvrir l'étape de la confrontation et
de convaincre le gouvernement cubain que les tentatives de dialogue et de
normalisation avec lui n'étaient pas honnêtes, n'étaient qu'une simple
tactique.

Irma Cáceres (TV cubaine). Monsieur le ministre, l'ambassadeur chinois a
présenté une explication de vote qui a eu beaucoup d'impact à la Commission,
surtout ce qu'il a dit à propos des Etats-Unis. Pourriez-vous nous donner
votre opinion ?

Felipe Pérez Roque. L'ambassadeur chinois, qui est un diplomate prestigieux,
combatif, très bien connu pour sa défense résolue des positions de son pays
et de celles du tiers monde, a fait une excellente intervention dont nous
lui savons gré, tout comme nous lui savons gré des quatre vérités qu'il a
dites et qu'il fallait dire à la Commission et de sa reconnaissance de
l'exemple de résistance que donne Cuba. Cela nous honore, assurément. Je
suis sûr que la population cubaine, en l'écoutant, pensera comme nous.

Irma Caceres. Pourriez-vous nous cite deux cas prouvant à quel point,
publiquement, l'Europe, autrefois région de grandes puissances coloniales,
est devenue aujourd'hui ce figurant, selon votre expression ?

Felipe Pérez Roque. Je crois que son incapacité à adopter une position
commune sur la guerre d'Irak et le fait que quelques gouvernements membres,
à commencer par le gouvernement espagnol conduit alors par José María Aznar,
soient même devenus les complices des USA dans cette aventure - la fameuse
photo des Açores fait vraiment honte - sont une preuve que l'Union
européenne perd de l'espace dans le monde. Elle est un géant économique,
certes, mais un nain en influence politique.

Mais je crois que sa position honteuse à la CDH où elle se ligue aux USA
pour condamner de petits pays du tiers monde, comme Cuba, tout en ne disant
pas un traître mot et en regardant ailleurs quand il s'agit de questions
comme la base navale de Guantánamo et Abu Ghraib, en fait, ce qui est pire,
un nain moral.

Je ne parle pas des peuples européens, je ne parle pas de la culture, de
l'histoire, de leur apport à la culture, à notre culture, je parle des
gouvernements, je parle des politiciens, de certains politiciens qui
devraient assurément réviser leur façon d'agir.

Nous voulons des relations avec l'Union européenne, nous souhaitons le
dialogue, la coopération sérieuse, respectueuse, mûre, mais ce ne sera
possible que si elle définit si elle agit comme un bloc de pays indépendants
ou si elle naufrage dans les eaux des intérêts étasuniens.

Serguei Novozhilov (ITAR-TASS). Monsieur le ministre, que pensez-vous des
déclarations faites récemment par le président ukrainien aux USA au sujet
des droits de l'homme à Cuba ?

Felipe Pérez Roque. Une honte et un coup de poignard dans le dos du pays qui
a fait le plus pour les victimes de Tchernobyl ! Un coup de poignard dans le
dos du peuple qui a accueilli généreusement et soigné gratuitement dix-huit
mille petits ukrainiens, ses compatriotes ! Mais cela ne diminuera pas pour
autant l'affection de Cuba pour le peuple ukrainien, ni notre fierté des
liens historiques qui ont existé entre les Ukrainiens et les Cubains, pas
plus qu'elle ne fera des enfants qui ont besoin du concours de nos
professionnels de la médecine et de nos ressources, des victimes de
représailles.

Cuba est une force morale, pas une grande puissance, comme l'a dit Fidel
voilà quelques jours. C'est pourquoi, même si les actes, les décisions que
des gouvernements du tiers monde prennent parfois envers nous nous font mal,
nous tenons compte toutefois, comme dans les cas des Africains, des énormes
pressions qui s'exercent sur eux. Nous ne manions pas, dans notre langage,
les représailles, les menaces, le chantage, typiques du gouvernement
impérial. Ceci dit, nous ne pouvons communier, bien entendu, avec la
décision du gouvernement ukrainien que nous jugeons honteuse.

Serguei Novozhilov. Ma deuxième question. Après ce vote à la Commission de
Genève, dans quel mesure le danger d'une intervention directe des USA contre
Cuba grandit-il ?

Felipe Pérez Roque. Les USA utilisent la Commission des droits de l'homme en
vue de fabriquer un prétexte leur permettant de justifier leur politique
d'agression contre Cuba.

En fait, leur discours officiel a changé. Avant, le prétexte était la lutte
contre le terrorisme ou contre la possession d'armes de destruction massive
; maintenant, la rhétorique est la nécessité de modifier les « régimes »
dans d'autres pays, la nécessité de « libérer » leur peuple. Mais autre
chose sont les votes à Genève, autre chose venir nous « libérer » ici sur
notre terre où il leur faudra attraper chaque Cubain à la pointe de leurs
baïonnettes ! Et on verra bien alors s'ils peuvent changer le « régime » à
Cuba ! Ce serait une équipée dont le coût est incalculable.

Modérateur. Une dernière question.

Andrea Rodríguez (AP). La résolution votée à Genève, vous l'avez dit, n'est
pas une résolution condamnatoire.

Felipe Pérez Roque. Non parce que les USA ne le voudraient pas, mais bel et
bien parce qu'ils ne le peuvent pas.

Andrea Rodríguez. Alors, pourquoi le gouvernement cubain ne permet-il pas
l'entrée de l'observatrice, s'il a déjà permis l'entrée de nombreuses autres
délégations venues s'intéresser à de nombreuses questions ayant à voir avec
les droits de l'homme à Cuba ?

Ma deuxième question concerne le Mexique. Le vote semble démontrer que le
Mexique tourne le dos au MERCOSUR et se tourne, d'une certaine manière, vers
les USA. Croyez-vous que le Mexique a voté de la sorte afin de recevoir le
soutien des USA à son candidat à l'OEA, ou croyez-vous que d'autres facteur
ont joué ?

Felipe Pérez Roque. Sur la première question, pourquoi Cuba ne permet-elle
pas l'entrée de la représentante - parce qu'il s'agit d'une juriste
française, Christine Chanet - de la Haute-Commissaire des Nations Unies aux
droits de l'homme ? Eh bien, tout simplement, parce que Cuba refuse de se
plier aux pressions et à la manipulation, parce que Cuba ne pactise pas, ne
négocie pas ses principes, ne recule pas d'un pouce quand il s'agit de ses
prérogatives souveraines. Elle refuse d'être jugée par le gouvernement le
plus puissant de la planète, qui devrait être en fait l'accusé, et elle ne
reconnaît donc pas la moindre légitimité à cette résolution. Et comme le
mandat de cette représentante découle de cette résolution qui est pour nous
nulle et non avenue, cette juriste se convertit du même coup en sa victime.
Nous ne pouvons coopérer avec la résolution étasunienne. Mais nous ne
refusons pas, en revanche, de coopérer - et de fait nous le faisons
habituellement - avec tous les mécanismes universels, non sélectifs et non
discriminatoires, de la Commission.

Je dois rappeler que Cuba a été le premier pays d'Amérique à inviter le
Haut-Commissaire des droits de l'homme. Pas un représentant, non, le
Haut-Commissaire en personne qui n'a jamais été invité officiellement à
visiter les USA et qui n'a jamais visité la moitié des pays
latino-américains.

Le Haut-Commissaire est maintenant une femme, une Canadienne. À l'époque, il
s'agissait d'un prestigieux juriste équatorien, José Ayala Lasso, qui a été
ensuite ministre des affaires étrangères et qui a démissionné justement
quand son gouvernement a voté contre Cuba en 1999 à Genève. Quand il était
Haut-Commissaire, donc, il est venu ici et il a publié ensuite un rapport
dans lequel il reconnaissait qu'il n'existait à Cuba aucune situation de
violations massives, flagrantes et systématiques des droits de l'homme. Cuba
l'avait invité, et il est venu.

Cuba a invité des rapporteurs de la CDH, certes, mais parce que leur mandat
est universel, parce qu'ils existent pour tous les pays. Si elle refuse la
représentante, c'est que son mandat concerne uniquement Cuba.

Pourquoi Cuba ? Pourquoi n'y a-t-il pas de résolution sur les Etats-Unis ou
sur le Mexique ou sur d'autres pays latino-américains ? Pourquoi, alors que
ce continent-ci compte trente-quatre pays, on ne présente une résolution que
contre Cuba ? Il n'y aurait donc pas de violations des droits de l'homme
dans les autres pays latino-américains ? Pas de violations aux Etats-Unis ?
Pas de violations en Amérique centrale ? Pourquoi, alors que les USA
informent dans leur rapport annuel - où ils jugent tout le monde, sauf
eux-mêmes - de choses pires au Mexique ou en Amérique centrale, par exemple,
ne présentent-ils pas une résolution contre eux et ne le font-ils que contre
Cuba ?

Voilà pourquoi nous ne coopérons pas avec cette résolution. Mais nous avons
invité le Haut-Commissaire, nous avons invité des rapporteurs, entre autres
le Rapporteur sur la discrimination de la femme, le Rapporteur sur le
recours à des mercenaires pour violer les droits de l'homme. Tenez, celui-ci
a ensuite fait rapport et affirmé avoir collecté des preuves que le
terroriste d'origine cubaine Posada Carriles recourait à des mercenaires ;
quand il a voulu entrer aux USA pour poursuivre son enquête, les autorités
lui ont refusé l'entrée ! Ce Rapporteur, un avocat péruvien, Bernales
Ballesteros, a recueilli des preuves de complicité et de tolérance envers
Luis Posada Carriles en Amérique centrale.

Cuba informe régulièrement le Haut-Commissariat, et les mécanismes de suivi
des Conventions relatives aux droits de l'homme auxquelles elle est Partie.
Nous ne refusons pas, tant s'en faut, la coopération internationale dans ce
domaine, mais celle-ci doit être non discriminatoire et universelle.

Pourquoi devrions-nous donc coopérer avec un mandat frelaté, avec une
résolution imposée de force ?

Quant à la deuxième question, je crois que le gouvernement mexicain, par sa
décision, ne fait pas seulement que tourner le dos au MERCOSUR : il tourne
pratiquement le dos au reste de l'Amérique latine, il franchit la frontière
du Río Grande en direction du nord. Les raisons qu'il a de le faire, c'est à
lui qu'il faut poser la question. Je me bornerais à dire que nous n'accusons
pas le peuple mexicain envers lequel nous n' éprouvons que des sentiments de
sympathie, d'affection, de gratitude. C'est le peuple qui a accueilli José
Martí, le peuple qui a accueilli Fidel et les attaquants de la Moncada avant
leur retour sur le Granma, le peuple qui s' est opposé à l'invasion de Playa
Girón, le peuple dont l'ancien président Lázaro Cárdenas voulait venir comme
volontaire pour combattre à Playa Girón, pour défendre les Cubains. Un
peuple généreux, lié à nous par la culture et par l'histoire.

Nous n'accusons pas le peuple mexicain, nous n'avons pas un mot
irrespectueux envers lui. Nous respectons infiniment le peuple mexicain. N'
empêche que ses sentiments envers Cuba ont de nouveau été trahis.

Modérateur. Je vous remercie, monsieur le ministre.

Felipe Pérez Roque. Merci à vous.
M
20 avril 2005 14:32
Objet : RSF et la NED


Tout est dit :

[www.nouvelobs.com]

Question :

Dans un article daté du 11 mars 2005, Diana Barahona dans Northern
California Media prétend que RSF perçoit des fonds
gouvernementaux américains via la NED, pouvez vous nous confirmer ses propos?

Robert Ménard :

Absolument, nous recevons de l'argent de la NED. Et cela ne nous pose aucun
problème

BONUS :

Question :
Que pensez-vous de la situation des cinq cubains retenus prisonniers dans
les prisons étasuniennes pour avoir mis à jour des projets
de sabotage anticubains?

Robert Ménard :

Je ne connais pas suffisament ce dossier pour me prononcer. Je vous rappelle
que RSF se consacre uniquement à la liberté de la
presse.
M
23 avril 2005 01:21
Le Venezuela réclame le terroriste Posada Carriles



La Havane, 20.04.05 (AIN) Le vice-président du Venezuela, José Vicente Rangel, a confirmé à Caracas que les autorités de son pays ont entamé des démarches pour obtenir que le terroriste Luis Posada Carriles soit remis à la justice vénézuélienne.



Interrogé par la presse lors des cérémonies liées au 195ème anniversaire des guerres indépendantistes du Venezuela, le vice-président de ce pays a déclaré que les autorités vénézuéliennes ayant contacté Interpol ont pu constater que Posada Carriles « est enregistré comme un criminel, comme un assassin, comme ce qu’il est », a-t-il précisé, rapporte le journal cubain Granma.



Posada Carriles s’est évadé, au début des années 1980, d’une prison vénézuélienne où il purgeait une peine de prison en tant que responsable de l’attentat à la bombe contre un avion cubain de passagers qui avait coûté la vie à 73 personnes en 1976.



Le gouverneur de l’Etat vénézuélien d’Anzoategui, Tarek William Saab, a demandé lui aussi l’extradition de Posada Carriles en rappelant le lourd passé de cet individu comme terroriste international et responsable de graves violations des droits de l’homme.



A propos de la présence de Posada Carriles aux Etats-Unis, maintes fois dénoncée ces derniers jours par le président cubain Fidel Castro, le gouverneur de l’Etat vénézuélien d’Anzoategui a estimé que les autorités nord-américaines doivent savoir qu’il est impossible de tenir un double langage en matière de lutte antiterroriste.



[www.ain.cubaweb.cu]



--------------



Un dissident cubain demande l'asile aux Etats-Unis

AP | 13.04.05 | 23:02


NDLR: AP Photo
TRUE
MIAMI (AP) -- Le dissident cubain Luis Posada Carriles, impliqué dans des tentatives d'assassinat contre Fidel Castro et recherché au Venezuela pour un attentat contre un avion de ligne en 1976, a déposé une demande d'asile politique aux Etats-Unis mercredi, selon son avocat. Cuba et le Venezuela protestent contre une éventuelle réponse positive.
Agé de 77 ans, l'opposant à la double de nationalité cubaine et vénézuélienne a travaillé pendant des années pour la CIA et risque d'être exécuté s'il était renvoyé à Cuba, affirme Me Eduardo Soto, qui ajoute que son client a été acquitté deux fois dans l'attentat contre l'avion cubain au Venezuela.
Luis Posada serait entré aux Etats-Unis il y a environ un mois. Il devrait se montrer au grand jour dans les prochains jours afin d'être entendu par les autorités américaines, d'après Me Soto.
Cuba et le Venezuela, qui ont resserré leurs liens sous la présidence d'Hugo Chavez, ont par avance critiqué l'éventualité de l'accueil de Luis Posada aux Etats-Unis. Fidel Castro a estimé lundi que cela reviendrait à soutenir le terrorisme international. De son côté, le vice-président vénézuélien Jose Vicente Rangel accusait le dissident d'être recherché au Venezuela pour une évasion de prison en 1985 et appelait le président américain George Bush à «être cohérent avec sa politique antiterroriste» et à livrer l'homme à Caracas.
Un responsable américain ayant requis l'anonymat a estimé que, bien qu'aucune accusation criminelle ne pèse sur Luis Posada, il serait extradable vers un pays acceptant de l'accueillir, pour sa participation présumée à des actes terroristes, et notamment à l'attentat contre le vol des Cubana Airlines. AP

[permanent.nouvelobs.com]



------------



Luis Posada Carriles applied for political asylum Tuesday after spending the last 40 years trying to violently overthrow the Castro government. He has been tied to bombings that have killed at least 74 people and has been imprisoned in Venezuela and Panama. We talk to Cuban expert Peter Kornbluh about Posada's request and what it means for President Bush's "war on terrorism." [includes rush transcript]



One of the most notorious militant Cuban exiles applied Tuesday for political asylum in the United States. Luis Posada Carriles is a 77-year-old former CIA operative who was trained by the U.S. Army at Fort Benning in Georgia. He has been trying to violently overthrow Fidel Castro's government for four decades. Three weeks ago he entered the United States after years of hiding in Central America and the Caribbean.
Posada has been connected to the 1976 downing of a civilian airliner that killed 73 passengers; a series of 1997 bombings of hotels, restaurants, and discotheques in Havana that killed an Italian tourist; and a plot to assassinate Castro five years ago.

In 1998 Posada told the New York Times "The C.I.A. taught us everything... They taught us explosives, how to kill, bomb, trained us in acts of sabotage."

On Tuesday Democratic Congressman William Delahunt of Massachusetts called for a federal investigation into how Posada entered the country. He also called for Posada to be arrested and deported. Delahunt said that if the U.S. facilitated Posada's entry into the country it would "obliterate America's credibility in the war on terrorism." Delahunt said that if the U.S. grants Posada asylum it would suggest "that we share the views of those who support al Qaeda and Iraqi insurgents that 'one man's terrorist is another man's freedom fighter.' "


Peter Kornbluh, director of the National Security Archive's Cuba Documentation Project.
AMY GOODMAN: I want to go back in this last minute of the program to Peter Kornbluh, on a different issue, but one that's in the headlines today. One of the most notorious militant Cuban exiles applied yesterday for political asylum in the United States, Luis Posada Carriles is the former CIA operative who was trained at U.S. Army at Fort Benning, Georgia, has been trying to violently overthrow Fidel Castro’s government for four decades. Three weeks ago he entered the U.S., after years of hiding in Central America and the Caribbean. Peter Kornbluh, it's on another subject, but can you comment on this latest news?

PETER KORNBLUH: This is going to be the major test of George Bush's war against terrorism. He has a renowned and legendary anti-Castro terrorist who served many years and was a fugitive from justice for having broken out of jail, bribed his way out of jail in Venezuela for blowing up a Cubana Airlines jet in 1976 and killing 73 people aboard that plane, including the entire Cuban Olympic fencing team. He has been involved in the hotel bombings in late 1990s in Havana, which killed an Italian tourist. He was arrested and imprisoned in four years in Panama for an attempt to assassinate Fidel Castro five years ago, in which he was going to use 20 pounds of C-4 explosives that could have killed many, many people. He is a renowned terrorist, but he got most of his training for these activities from the CIA, and we have documents on that in the mid-1960s, and in fact, he now he is going to ask for asylum here in the United States claiming that he was -- worked for the CIA and advanced U.S. interests in the 60s and 70s. So if George Bush is going to be true to his principles on fighting the war on terror, he will deport this renowned terrorist back to Venezuela, where he will be re-imprisoned. He broke out of prison in 1985, and ironically went to Central America to work for Oliver North secretly in the Contra War effort, but if, however, Bush does not deport him and gives him asylum, that will be an incredible indication of double standard, if you will, at minimum, on the issue of international terror.

AMY GOODMAN: Peter Kornbluh, how do you think he got into the United States?

PETER KORNBLUH: I think there's many ways for him to slip into the United States. It's hard to know whether somebody looked the other way, whether he came across the border at some point or whether there was a quiet deal reached on this. I guarantee you that the National Security Archive will be seeking to get all of the documents about his arrival here and this whole process declassified so that we know, because this is truly a test of U.S. policy on the issue of international terrorism. You can’t say that one man is allowed to blow up an airplane and kill 73 innocent people because he ideologically is in keeping with the President's position on undermining and overthrowing the Castro government in Cuba. A terrorist is a terrorist, and Luis Posada, frankly, has one of the longest careers in terrorism of any individual alive today.

AMY GOODMAN: I want to thank you, Peter Kornbluh for joining us, editor of Bay of Pigs Declassified: The Secret Report on the Invasion of Cuba, also author of, The Pinochet File: A Declassified Dossier on Atrocity and Accountability, senior analyst at the National Security Archive public interest documentation center in Washington. We'll link to it on our Web site at democracynow.org. Also, Tom Barry, policy director of the International Relations Center and founder of Foreign Policy in Focus.

[www.democracynow.org]


-----------



Que le gouvernement des Etats-Unis nous dise s'il protège ou non Posada Carriles
• Le 11 avril le président Fidel Castro a prié les gouvernements européens de se prononcer sur les faits • Les Cubains demandent justice pour les crimes commis durant plus de 45 ans par les terroristes encouragés depuis le Nord

LE président Fidel Castro a exigé du président des Etats-Unis, W. Bush, qu'il dise à la face du monde s'il est vrai ou non que le gouvernement de ce pays protège, sur son propre territoire, le terroriste international notoire Luis Posada Carriles.

Posada Carriles se trouve déjà depuis 19 jours aux Etats-Unis et les plus hautes autorités de cette nation n'ont pas encore dit un seul mot; la nouvelle n'a été connue qu'à travers la presse, notamment dans l'article publié par le quotidien The Miami Herald, où un fonctionnaire fédéral confirme la présence du terroriste.

Tout indique que l'entrée silencieuse et conspiratrice de l'assassin aux Etats-Unis répond aux intérêts de ceux-ci de gagner du temps, puisque ces jours-ci ils essaient justement de faire condamner Cuba à la Commission des Droits de l'homme de l’ONU et qu’il ne serait pas opportun que le monde connaisse l'attitude hypocrite de l'empire, a estimé le leader de la Révolution.

Nous leur enjoignons de dire quelque chose, d'exprimer une opinion sur quelque chose qui fatalement va éclater. La vérité c'est que l'honorable président des Etats-Unis est actuellement comme une femme enceinte qui porte un monstre dans le ventre et qui doit accoucher, et vite, car il lui sera très difficile de faire marche arrière; ils doivent le présenter, a déclaré Fidel, lors d'une intervention spéciale au Palais des Congrès.

Le président des Conseils d'Etat et des ministres a rappelé au dirigeant nord-américain les paroles qu’il a prononcées le 26 août 2003, dans lesquelles il disait adresser un message qui pouvait être compris par tout le monde: si quelqu'un protège un terroriste, si quelqu'un soutient un terroriste, si quelqu'un nourrit un terroriste, il est aussi coupable que ce terroriste.

Alors, comment comprendre la protection de Posada Carriles? Selon Fidel, agir de la sorte est un outrage aux citoyens nord-américains qui sont morts dans les Tours jumelles de New-York, oublier que là-bas, comme ici, vivent des milliers de parents de ceux qui ont été sacrifiés dans des actes terroristes atroces.

L'intervention de Fidel s'est déroulée devant des combattants, des familles des Cubains morts dans le sabotage du bateau La Coubre et dans la lutte contre les bandits, qui a débuté à la fin de 1960; de survivants et de parents des victimes du sabotage du magasin El Encanto en avril 1961; de combattants et de parents de ceux qui tombèrent dans les combats contre les mercenaires à Playa Giron; et de membres de la brigade de santé qui prêta ses services à ce moment-là.

Des parents et des survivants de l'attentat à la bombe réalisé en février 1974 à l'ambassade cubaine au Pérou étaient aussi présents, ainsi que des parents des victimes de l'explosion en plein vol d'un avion de Cubana de Aviacion en 1976 (le crime le plus monstrueux commis dans cet hémisphère); des parents des morts dans les faits survenus à Tarara en janvier 1992.

Se trouvaient aussi au palais des Congrès des victimes de l'épidémie de dengue hémorragique provoquée par la CIA à Cuba, des parents des personnes mortes dans le sabotage de la rafinerie Ñico Lopez et d'Adriana Corcho, assassinée à l'ambassade cubaine au Portugal en 1976, le père du jeune Italien Fabio Di Celmo, victime des actes terroristes commis contre des hôtels et d'autres installations touristiques à La Havane il y a quelques années, et des parents des cinq héros prisonniers de l'empire.

Etaient aussi présents des avocats qui ont participé à l’élaboration des deux requêtes présentées par le peuple de Cuba au gouvernement des Etats-Unis pour dommages humains et économiques.

A leur sujet Fidel a déclaré: Ecoutez bien, monsieur Bush, voici les victimes des crimes et des actes terroristes commis contre notre peuple durant des dizaines d'années. C'est en leur nom que je prononce ces paroles.

Il a ensuite demandé aux gouvernements d'Europe d'exprimer leur avis sur le fait que de monstrueux assassins (et leurs complices) soient reçus aux Etats-Unis avec égard et reconnaissance.

Fidel a mis au défi le dirigeant des Etats-Unis de dire s'il est vrai ou non que certaines personnes de son entourage le plus proche lui ont conseillé, à lui, Bush, d'accorder l'hospitalité à Posada Carriles. Et s'il ne le savait pas, depuis quand est-il au courant. Il lui a demandé de dire publiquement s'il savait que ses plus proches amis à la Maison-Blanche se consacraient à cette besogne de protéger le terroriste pendant que Jean-Paul II agonisait, et s'il était au courant de ces faits quand il est parti pour Rome et s'est incliné devant la dépouille du pape.

Fidel a aussi demandé à Bush de dire si, en ces moments de consternation qu’a représenté pour l'humanité la mort du Souverain Pontife, il avait conscience que quelque chose d'aussi honteux et répugnant comme la protection de Posada Carriles se déroulait aux Etats-Unis. Le Pape approuverait-il une pareille conduite, l'opinion publique mondiale approuverait-elle ce comportement, de même que les peuples, dont le nôtre, ou les parents des victimes des actes terroristes? Tous veulent savoir si vous le saviez ou non, si vous aviez conscience ou non de ce qui se passait, car ce serait comme si Ben Laden se trouvait sur le territoire des Etats-Unis et que le président de ce pays ne le sache pas ou ne fasse rien, a-t-il dit.

COMMENT LE PEUPLE NORD-AMERICAIN PEUT-IL SE SENTIR EN SECURITE?

Quel genre de président ont les Etats-Unis, qui permet qu'un monstrueux terroriste qui a fait exploser en plein vol un avion avec 73 personnes à bord et qui possédait des explosifs pour faire sauter l'amphithéâtre de l'Université de Panama, un acte qui aurait pu causer la mort de centaines de personnes, se trouve à l’abri dans son propre pays. Comment le peuple nord-américain peut-il se sentir en sécurité avec un président pareil? A quoi servent tous les corps de sécurité, tous les organes de renseignement, un appareil qui coûte des milliards de dollars, s'ils ne savaient pas que Posada Carriles était là-bas? s'est demandé Fidel.

Et s'ils le savaient et vous en ont informé, a t-il poursuivi, pourquoi n'avez-vous rien dit? Pourquoi n'en avez-vous pas informé l'opinion publique mondiale? a t-il ajouté.

Vous, a t-il déclaré en s’adressant à Bush, vous avez une grande responsabilité devant cette opinion mondiale, devant le peuple des Etats-Unis, devant les victimes des actes terroristes contre contre des nord-américains qui ont eu lieu partout dans le monde, devant les peuples d'Amérique Latine, devant le peuple de Cuba et devant les familles rassemblées ici, qui n'ont jamais reçu le réconfort de ne serait-ce qu'une parole de repentir de la part d'aucun gouvernement des Etats-Unis, a indiqué le leader de la Révolution.

Il a qualifié les agissements de Washington dans l'affaire Posada Carriles de fait important et grave: un Posada Carriles dont le parcours terroriste et celui de ses plus proches complices est bien connu.

Fidel a aussi rappelé que la direction cubaine a toujours été disposée à coopérer avec les autorités des Etats-Unis et à leur fournir les informations nécessaires sur la trajectoire de ces terroristes, même si la Maison-Blanche et ses agences, y compris la CIA, les connaît bien car durant des dizaines d'années ces assassins ont travaillé sous les ordres de l'empire.

De manière détaillée, le président des Conseils d'Etat et des ministres a relaté les faits qui ont conduit à la libération de Posada Carriles et de ses complices après avoir été condamnés au Panama et libérés par la grâce accordée par l'ancienne présidente Mireya Moscoso.

Après avoir rappelé que Cuba avait fourni toutes les données pour la détention des terroristes par la police panaméenne, il a signalé que notre pays aurait pu les capturer; «mais nous ne l'avons jamais fait et nous ne le ferons pas, parce que nous avons une éthique, parce que nous respectons la souveraineté des autres pays et que nous ne somme pas habitués à des actions de ce type, auxquelles l’empire a toujours recours», a-t-il dit.

Selon des commentaires qui circulent dans l'extrême-droite des Etats-Unis, il existe aujourd'hui une grande expectative pour le coût politique que pourrait représenter pour l'Administration Bush à la Commission des Droits de l'homme de Genève le silence absolu du gouvernement et des chefs de file contre-révolutionnaires autour de l’affaire Posada Carriles.


[www.granma.cu]
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook