Silvia Cattori : Votre récit au titre osé « Il n’y aura pas d’État palestinien » écarte d’entrée toute illusion de « paix » fondée sur « deux États ». Il jette un regard sans concession sur ces protagonistes palestiniens pris dans une logique de « pourparlers » contraires aux intérêts de leur peuple [1]. Durant deux décennies ils ont contribué de fait à légitimer la poursuite du projet israélien de colonisation, d’épuration ethnique et de répression. C’est tout cela que vous mettez à jour ! Une question taraude le lecteur. Quand vous avez été recruté par l’Adam Smith International (ASI) [2] pour travailler dans « l’Unité de soutien aux négociations » ("Negotiations Support Unit" [3] comme conseiller juridique de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), étiez-vous bien au fait du mandat qui vous était confié ?
Ziyad Clot : Quand l’Unité de Soutien aux Négociations m’a proposé de travailler à Ramallah comme conseiller de l’OLP, j’ai longuement hésité. À cette époque, Israël était bien sûr toujours lancé dans cette spirale infernale de la poursuite de la colonisation du territoire palestinien -destructions de maisons, confiscations de terre, expulsions, etc,- mais, pour la première fois depuis la seconde Intifada, un cycle de négociation se mettait en place. Certes, l’Administration Bush était derrière cette initiative, ce qui n’était guère rassurant. Plus grave, la direction politique palestinienne était divisée entre Ramallah et Gaza. Mais l’Initiative de Paix Arabe était sur la table et, à mes yeux, ce nouveau cycle de discussions était sans doute la dernière chance d’une paix sur la base des deux États (qui reste la solution privilégiée par les peuples palestinien et israélien qui, dans leur grande majorité, ne souhaitent pas cohabiter).
J’ai fini par accepter ce poste en pensant que j’avais là une opportunité très intéressante de travailler sur le dossier des réfugiés palestiniens. J’ai pensé -et je le pense encore aujourd’hui– que, si la solution « deux États » n’était vraisemblablement pas viable à moyen et long terme, il y avait peut-être aussi là une dernière chance de conclure un accord sur cette base et de trouver une solution qui puisse éviter de nouvelles effusions de sang.
Dans le sillage de la conférence d’Annapolis –et au vu des réserves évoquées- j’avais le sentiment que ce cycle de pourparlers ne durerait sans doute pas. J’ai fait une erreur d’analyse. Les négociations d’Annapolis ont duré bien au-delà de mes attentes.
Au fil de l’année passée là-bas, j’ai rapidement compris qu’en fait ces négociations n’avaient pour les Israéliens rien à voir avec la recherche d’une solution de paix réelle, juste et durable. Au contraire, l’objectif était de garder sous contrôle l’Autorité de Ramallah, Hamas et la population palestinienne dans son ensemble et, en ce sens, de faire en sorte que perdure la division inter-palestinienne (Fatah-Hamas).
Silvia Cattori : Quand vous écrivez « le processus de paix est un spectacle, une farce, qui se joue au détriment de la réconciliation palestinienne, au prix du sang versé à Gaza », on comprend que c’est également une dénonciation à l’adresse de ces notables palestiniens qui se sont prêtés à cette « farce ». À quel moment est-il devenu clair pour vous que tout cela n’avait rien à voir avec la recherche d’une solution de paix ?
Ziyad Clot : Mon livre est un témoignage. Mon objectif est avant tout de « montrer ». S’il doit y avoir dénonciation, je crois que les principaux fautifs sont à rechercher du côté de ceux qui imposent les paramètres iniques du « processus de paix » sur ceux que vous appelez « les notables palestiniens ». Autrement dit, d’abord le Gouvernement israélien et ses alliés américain et européen.
Venant de France, je n’y voyais pas forcement très clair au début. J’avais évidemment une connaissance livresque de ce conflit, des intuitions, des doutes sur le bien-fondé de ces négociations. C’est devenu plus clair pour moi, en mars ou avril 2008, quand j’ai pris connaissance de l’article du journaliste David Rose publié par Vanity Fair [4] qui démontrait que l’Autorité palestinienne s’était engagée aux côtés des États-Unis dans un plan secret qui a finalement provoqué une guerre civile entre partisans du Hamas et du Fatah. David Rose se référait à des documents confidentiels établis par l’Administration Bush : essentiellement un « plan d’action pour la Présidence palestinienne » ayant pour objectif de se débarrasser du Hamas. Il nous apprenait qu’en échange de la participation de la direction de l’Autorité Palestinienne à ce plan secret, l’administration Bush avait laissé miroiter à ces dirigeants du Fatah, qu’elle leur faciliterait leur retour à la table des négociations.
L’article de David Rose venait confirmer que les négociations d’Annapolis devaient prolonger ce « processus de paix » trompeur qui, depuis Oslo, divise la population palestinienne et la maintient sous contrôle policier pour garantir la sécurité d’Israël par toute une série de mécanismes répressifs.
Les révélations de David Rose m’ont permis de reconstituer les pièces du puzzle. Elles sont venues compléter ce que j’ai appris au fil des semaines passées à Ramallah, et de mieux percevoir ce que ce pseudo « processus de paix » signifiait réellement. J’ai tout de suite pensé à démissionner. Car il ne m’était plus possible de penser que notre collaboration aux négociations de paix au sein de la NSU était totalement neutre et qu’elle ne participait pas elle aussi d’une certaine manière de ce plan secret qui conduisait à entretenir la division du peuple palestinien. Ceci pour dire qu’il m’a fallu quelques mois pour comprendre, avec certitude, que continuer à négocier dans ces conditions c’était œuvrer contre la réconciliation palestinienne.
Silvia Cattori : En avez-vous parlé à vos supérieurs ?
Ziyad Clot : Oui, mais la critique était d’autant plus délicate que j’entrais à peine en fonction… Surtout, comme tous mes collègues de la NSU, j’étais contractuellement mis à la disposition de l’OLP dans le cadre des négociations avec Israël, et dans ce cadre exclusivement. Comme tous les conseillers, j’avais pour consigne de ne pas interférer dans la politique palestinienne. Pour faire bref, nous n’étions pas embauchés pour critiquer ou remettre en cause « la ligne du Parti » mais pour la mettre en œuvre.
Le problème est que ladite « communauté internationale » met, elle, depuis longtemps son nez dans les affaires internes palestiniennes. Depuis 2006, elle s’est encore davantage impliquée en décidant que le Hamas, qui venait de gagner les élections, n’était pas un partenaire fréquentable et qu’il n’avait pas sa place dans un gouvernement d’union national palestinien. Le rôle de la NSU s’inscrivait donc dans le cadre de directives imposées.
De toute façon, malgré mes très sérieuses réserves, j’ai dû rapidement me résoudre à poursuivre mes fonctions compte tenu des enjeux liés à l’entame des négociations sur le dossier des refugiés avec les Israéliens, et dont personne au sein de l’OLP ne souhaitait prendre la responsabilité. J’ai pensé qu’en quittant le NSU, plus personne ne serait qualifié et réellement disposé à défendre autant que faire se peut le dossier des réfugiés palestiniens dans les pourparlers. J’aurais alors laissé la direction politique de Ramallah sans expert sur la question. À la lumière des enjeux en présence, qui étaient considérables, j’ai donc estimé qu’il était de ma responsabilité de rester tant que les pourparlers se poursuivaient,
Silvia Cattori : À votre avis, les partisans du Fatah, tout comme l’entourage d’Abbas, savaient-ils que, sous couvert de paix, la direction de l’OLP s’engageait à mettre en œuvre une politique qui tout en garantissant à l’occupant et à ses alliés des avancées, leur apporterait en contrepartie les financements nécessaires au maintien au pouvoir de l’Autorité de Ramallah ?
La suite ici [www.silviacattori.net]
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recherche_verite a écrit:
merci encore, moi je pense que meme si il y aura pas cet etat pour demain
tot ou tard les musulmans finiront par avoir cette terre et israel la mechante chassee loin de la
cette video de imran hosein je l ai pas encore vu, je vais voir de quoi ca parle, merci pour le partage mon frere
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Casasurseine a écrit:
Salmones,
Les "négociations" ne sont plus la solution mais une partie du problème!
C'est la stratégie perverse des sionistes piur continuer leurs basses oeuvres.
Et dire qu'il y a des idiots,ici même,pour les croire...
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OscarJackson a écrit:
Salam aleykoum
Pour le 29 novembre voici la carte, datant de plus d’un an, des pays en vert pour la Palestine et en gris contre :
[www.avaaz.org]
Tous les pays d’Amérique latine (sauf la Colombie), d’Afrique (sauf le Sud Soudan et le Cameroun), d’Asie (sauf le Japon, la Coréee du sud, la Thaïlande et la Birmanie) et d’Europe de l’est, …. plus …la Norvege sont en vert soit pas loin de 90% de la population mondiale. En gris 10% de la planète mais 60% du PIB et des armes de destruction massive.
La situation a peut-être évolué depuis, vu les pressions et menaces du serpent à sonnettes et sa sorcière d’un côté et les hésitations jusque là de certains pays Européens de l’ouest.