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Grand Angle

Crise sanitaire au Maroc : Rattraper les retards de vaccination pour protéger la vie des enfants

En temps de pandémie du nouveau coronavirus, les infrastructures sanitaires saturent et les professions médicales sont plus que jamais sollicitées. Mais cette urgence ne doit pas faire oublier la vaccination infantile, point essentiel des politiques d’anticipation en matière de santé publique.

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Photo d'illustration / Ph. Photo PQR - Ouest France - Maxppp
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En plus de la menace sur la santé, la pandémie du nouveau coronavirus met à mal les progrès de la lutte contre la mortalité infantile. Alors que les décès des moins de 5 ans ont atteint 5,2 millions en 2019, les perturbations dans les services de santé infantile et maternelle provoquées par la crise sanitaire menacent les progrès récents. En effet, l’année dernière constitue un record mondial de chute de la mortalité chez les moins de 5 ans, contre 12,5 millions de 1990.

L’UNICEF a alerté sur la tendance, cette semaine, en se basant sur une enquête menée cet été. Les premiers résultats montrent d’ailleurs que près de 68% des 77 pays concernés par l’étude ont signalé une perturbation des services de vaccination et des examens médicaux pour les enfants. «63% ont rapporté subir des perturbations dans les examens anténatals et 59%, dans les soins postnatals», indique l’institution onusienne.

Dans ses nouvelles estimations sur la mortalité, publiées avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Division de la population du département des affaires économiques et sociales des Nations unies et le Groupe de la Banque mondiale, l’UNICEF insiste ainsi sur l’urgence accélérer les efforts. Elle avertit que «les tendances actuelles prévoient que près de 23 millions d’enfants de 5 à 24 ans et 48 millions d’enfants de moins de 5 ans mourront entre 2020 et 2030». De plus, «près de la moitié des décès d’enfants de moins de 5 ans seront ceux de nouveau-nés».

Cette recrudescence illustre particulièrement l’influence du développement social et économique sur la santé des enfants, selon l’UNICEF. Elle estime que «les services de santé de base tels que la vaccination, les traitements médicaux, une alimentation adéquate, de l’eau potable et l’assainissement deviennent des questions de vie ou de mort lorsque les enfants et les jeunes adolescents n’y ont pas accès».

Malgré la pandémie, la vaccination reste une question de santé publique

Grâce à un Programme national d’immunisation au Maroc et des campagnes de vaccination accélérées depuis les années 1990, le taux de mortalité des nouveau-nés et des 28 mois ou moins est passé de 35,9 par 1 000 naissances (1990) à 13,6 (2019). Pour maintenir cette tendance, les médecins recommandent de continuer à vacciner les enfants, malgré les contraintes de la pandémie.

Ayant observé «une nette baisse» de vaccination par peur d’infection à la covid-19, le pédiatre, allergologue et membre de la Société marocaine de pédiatrie, Khalid Tazi, avertit du risque de réapparition de «certaines maladies que nous avons réussi à faire disparaître». Egalement membre de l’Association casablancaise des pédiatres privés, il insiste que «les rotavirus, les rougeoles et les poliomyélites, entre autres maladies infantiles, sont plus mortelles pour les petits que le nouveau coronavirus, d’où l’importance de continuer à se rendre chez les médecins, dans les dispensaires ou en cabinet, pour la vaccination».

Au Maroc, «la majorité des vaccins obligatoires et importants sont disponibles aussi dans les centres de santé, quelque soit la situation économique des parents, dont certains ont été impactés par la crise», indique le médecin. Il souligne la double importance de cette opération, surtout avec la rentrée scolaire, où les enfants se regroupent dans les crèches et les établissements primaires.

«Dans le cas échéant, nous risquons de devoir traiter des maladies qu’il est urgent de prendre en charge, alors que les hôpitaux n’ont pas la capacité d’accueillir ces cas, en même temps qu’ils s’occupent de patients covid+ et des malades chroniques.»

Dr. Khalid Tazi

Le médecin rassure qu’«après une rupture de stocks sur le marché de certains vaccins, avec la suspension des vols internationaux, les lots sont désormais disponibles», ce qui peut permettre de rattraper le retard de ces quelques mois. Il insiste que «l’OMS et les associations de pédiatres marocains recommandent que les programmes de vaccination ne soient pas interrompus, et d’y ajouter préférablement le vaccin antigrippe».

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