«Le jour où le Maroc acceptera de monnayer ses actions pour la migration, il acceptera de recevoir des ordres.» C’est ce qu’a déclaré jeudi à Rabat, le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita. S’exprimant sur le débat sur la migration, le ministre a affirmé que «le Maroc ne dit pas à l’Europe qu’il a besoin d’argent». «Il expose sa stratégie et l’invite à l’accompagner en laissant la porte ouverte», a-t-il nuancé.
«Le Maroc n’est pas un gendarme pour prendre de l’argent et exécuter des ordres. Le royaume dispose d’une politique migratoire depuis 2013. Le Maroc est donc libre de prendre des décisions pour la sécurité de ses citoyens et celle des migrants.»
Le chef de la diplomatie marocaine a rappelé que «la voie italienne est fermée et les réseaux de trafic se déplacent vers celle de l’ouest», ajoutant que «le royaume ne considère pas les migrants comme des criminels mais des victimes d’un réseau». «Le Maroc prend donc ses responsabilités et n’a pas de leçons à recevoir», a-t-il insisté.
Une «question de perception»
Nasser Bourita a rappelé les trois piliers du Maroc dans le cadre de ce dossier, évoquant la «solidarité», «la responsabilité» et les «actions à l’international». «Aucun Etat ne peut se targuer d’avoir régularisé 50 000 migrants en deux ou trois ans. Cette opération a permis d’accepter 90% des demandes des migrants. Le Maroc est le seul [pays] à avoir pris la décision que les femmes, les enfants et les personnes handicapées soient régularisés contre l’avis de l’administration».
«Il ne faut pas que toute la pression soit sur les pays de transit, que les pays européens reprochent au Maroc de maltraiter les Subsahariens ou d’être laxiste. C’est un problème. Chacun doit assumer ses responsabilités.»
Le chef de la diplomatie a également déclaré que «le Maroc n’accepte pas de permettre aux réseaux de trafic et de traites des êtres humains de s’activer» sur son territoire.
Evoquant le prochain sommet de Marrakech sur la migration, Nasser Bourita a rappelé qu’«il s’agit du premier document consensuel, qui définit le phénomène migratoire et comment le gérer ainsi que le nouveau concept des migrations sûres, ordonnées et régulières». «La question de la migration est une question de perception. Ce qui est publié sur la question devient également important, mais l’image sur la migration nous parvient de l’Europe mais nous ne la produisons pas», a-t-il conclu.