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Grand Angle  

Retards des trains : L'ONCF tente de se justifier

Les usagers de la ligne Casablanca-Kenitra s’indignent des retards de plusieurs heures fréquemment enregistrés ces dernières semaines. Une source autorisée au sein de l’ONCF a apporté quelques éléments de réponse à Yabiladi.

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Des retards fréquents sont à prévoir sur l’axe Casablanca-Kenitra jusqu'à 2018. / Ph. DR
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L’ONCF s’attire encore une fois la grogne de ses usagers. Hier soir, un train au départ de Casablanca en direction de Kenitra a de nouveau été perturbé par la «rupture de la ligne d’alimentation électrique», d'après l'Office.

Le train de 18h15 s’est retrouvé bloqué entre la gare de Casa Port et celle de Ain Sebâa suite à l’incident. Face à une «attente interminable», plusieurs passagers sont descendus du train dans l’espoir de trouver un autre moyen de transport. Ils ont marché jusqu’à trouver un bus en partance vers Mohammedia. «Je ne savais pas quoi faire, j’ai suivi les gens et j’ai fini par prendre un bus. Le trajet a duré une heure. Une fois à Mohammedia, j’ai pu prendre le train de 20h20 pour rentrer chez moi à Rabat. Je ne suis arrivée que vers 21 heures», raconte à Yabiladi Ibtissam, qui emprunte quotidiennement la navette.

A Casa Port, les voyageurs qui souhaitaient prendre le train de 18h40 sont restés bloqués jusqu’à la remise en service du trafic, soit aux alentours de 22 heures. Les guichets ont été fermés, ce qui a amplifié la colère des usagers, comme le montre une vidéo relayée par nos confrères de We love buzz. «Je suis arrivé à Salé à 00h30 alors que je devais prendre le train de 6 heures le lendemain», s’emporte Abdelali. Yassine, un autre passager, a quant à lui tout bonnement opté pour l’hôtel.

Des retards à prévoir dans les prochains mois

«Ces derniers temps, les clients sont malmenés par un ensemble de circonstances», reconnaît une source autorisée de l’ONCF. «Il faut dire qu’on est en plein chantier, on est en train de tout faire pour résoudre ces problèmes. Le réseau ferroviaire date pratiquement du protectorat», justifie-t-elle. L’Office a en effet entamé des travaux pour «renouveler et moderniser la signalisation et toute l’infrastructure des câbles». «Ce sont des investissements très lourds qui prennent beaucoup de temps», ajoute la même source.

«Désormais, on s’attaque à l’axe porteur reliant Kenitra à Casablanca par lequel transite pratiquement 90% de notre activité. En 2018, dès la mise en service de certaines installations, ces désagréments disparaîtront. En revanche, il faut prévoir d’autres retards dans les prochains mois.»

C’est sans compter que l’éventualité des bus pour pallier les interruptions fréquentes du trafic reste difficilement envisageable : «Le train est un transport de masse, minimum 400 à 600 personnes. Il peut transporter jusqu’à 1 000 personnes. Pour pouvoir les emmener, il faudrait mobiliser beaucoup d’autocars. Sur la ligne qui mène à l’aéroport, lorsque le nombre de clients est assez faible, on mobilise des taxis ou des bus.»

Une communication défaillante

Pour l’heure, l’ONCF cherche à savoir si l’incident survenu hier est dû à une avarie ou un acte de malveillance. «On est souvent victimes d’actes de malveillance sur la caténaire (ensemble de câbles porteurs en bronze ou en aluminium/acier et de fils conducteurs en cuivre, ndlr). Dès qu’il y a un pépin sur la caténaire, le train s’arrête et les annonces ne peuvent plus être diffusées parce qu’il n’y a pas d’alimentation», explique la source autorisée. «Honnêtement, je vous réponds dans l’absolu. Je ne connais pas les détails de la situation. Je sais qu’il y a eu une avarie caténaire (lorsque les câbles électriques qui relient le train subissent une panne).»

Reste que les usagers présents lors de l’incident sont nombreux à déplorer le manque de communication de la part des contrôleurs. «Quand une panne survient au niveau de la ligne électrique, il faut dans un premier temps établir le constat. Le contrôleur informe le poste de commandement et une équipe de la brigade la plus proche se déplace. Le temps d’arriver, d’estimer la durée de traitement du problème… Le contrôleur n’a pas l’information à l’instant T pour la transmettre aux voyageurs», informe la même source. Cette dernière rappelle que des travaux sont en cours pour mettre à jour le système de sonorisation afin de pouvoir donner les informations en temps réel. «On a mis en ligne l’application ONCF trafic pour que les clients puissent consulter les horaires de train en temps réel. Le centre de relation client (2255) est disponible pour avoir de plus amples informations», ajoute-t-elle.

Quant à la fermeture inopinée des guichets, notre interlocuteur se fend d’une autre justification : «Nous avons fermé les guichets pour pouvoir gérer au moins les clients qui avaient déjà pris leur ticket. Lorsqu’une situation se complique, on ferme les guichets pour ne pas aggraver les choses.»

Quelques passagers se sont opposés à la remise en marche du train. / Ph. DRQuelques passagers se sont opposés à la remise en marche du train. / Ph. DR

Dans un communiqué, l’ONCF a déploré l’opposition d’un groupe de voyageurs au départ d’un train. «Lors du départ d'un train de casaport, un groupe de voyageurs s'est opposé au départ dudit train provoquant ainsi l'arrêt du trafic en cette gare. L'ONCF déplore ce genre de comportement qui ne fait que compliquer et aggraver la situation. L’ONCF présente ses excuses à son aimable clientèle pour les désagréments subis.» Pas sûr que ce mea culpa suffise à étouffer la colère des usagers.


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