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Grand Angle  

Quand l'electro-punk français rencontre la musique sahraouie

De la rencontre entre le groupe électro-punk français Cheveu et les Sahraouis Group Doueh est né un album aux sonorités intenses. Un cocktail explosif de musique traditionnelle sahraouie et de rock bordelais. Détails.

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Selmou Baamar à côté de sa femme Halima, entourés des trois membres du groupe Cheveu. / Ph. Arnaud Contreras
Temps de lecture: 2'

Sacré tandem musical que celui de l’électro-punk français et de la musique sahraouie. Fruit de la collaboration entre Group Doueh et les Français de Cheveu, le disque «Moto 2 places», entièrement enregistré à Dakhla, est sorti le 4 février. Le morceau donne un aperçu de l’album «Dakhla Sahara Session», né de la fusion entre les deux groupes. «C’est l’ovni de ce début d’année», clame le magazine culturel belge Focus Vif.

Une collaboration qui «[prouve] aussi qu’on peut collaborer avec un groupe du bout du monde sans se soucier d’identité culturelle», abonde le quotidien français Libération. Le début de l’aventure entre les deux groupes a commencé dans le Sahara marocain. L’enregistrement s’est étalé sur les deux premières semaines de janvier 2016 dans la presqu’île du sud du royaume. «Le genre de disque, rare, qui bouscule les repères et redéfinit les frontières. Une rencontre improbable qui met les oreilles à l'envers et qui, dans l'inquiétant contexte géopolitique actuel, incarne le type de miracles sur lesquels peut déboucher dans toute sa singularité le dialogue des cultures», analyse avec enthousiasme la publication belge.

«Une expérience puissante»

Force est de constater que l’opus n’est pas passé inaperçu dans les médias. Ainsi, Libération s’est fendu de deux articles à «Dakhla Sahara Session» : «Les univers respectifs des deux tribus - punk électronique poppy arty pour les Français, musique de transe mystico-électrique pour les Sahraouis - étaient peut-être trop composites pour se mélanger sans se disloquer», relève le journal.

A France Culture de lui emboîter le pas : la prestigieuse radio culturelle décrit l’album comme une «expérience puissante. […] Leur musique s’arrime à quelque chose qui vient de loin, finalement peu hybride, peu contaminé par des apports occidentaux s’agissant des structures et des formats. Ils (Doueh, ndlr) font beaucoup d’improvisation, de variations, à chaque fois que tu penses avoir compris, ils partent ailleurs…»

Faut-il toutefois rappeler que le processus de création ne fut pas simple entre Cheveu et Group Doueh. «Rythmiquement, mélodiquement, on a éprouvé d’immenses difficultés à jouer avec [eux] et à les comprendre», raconte à Libé David Lemoine, chanteur du groupe bordelais. «Ça a été très dur de se dire qu’on allait construire quelque chose ensemble.»

Le groupe français avait repéré Group Doueh sur une scène à l’Institut du monde arabe (IMA). Ils ont été «saisis par la violence et par le côté punk du concert», se remémore David Lemoine. «Ça s’accorde, ça erre, ça se règle non-stop pendant toute la performance. C’est à la fois relax et intense.»

Le groupe sahraoui, formé par Selmou Baamar, sa femme Halima et leur fils El Waer (aux synthés), est né en 1984 à Dakhla, lorsque la ville était encore un village. Le groupe travaille avec le label américain Sublime Frequencies. «Baamar modernise la tradition musicale des descendants des Banu Hassan, bédouins arabisés qui peuplent le Sahara occidental et la Mauritanie, en creusant un sillon dont il est lui-même l’inventeur», ponctue encore Libération.

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