Le chef de la diplomatie algérienne n’a pas tardé à commenter la main tendue du roi à tourner la page. Ramtane Lamamra a réaffirmé, dans des déclarations rapportées par la presse locale, l’engagement de son pays de «renforcer la coopération» avec le royaume.
Le ministre des Affaires étrangères a rappelé que le message du président Abdelaziz Bouteflika adressé à Mohammed VI à l’occasion du 63e anniversaire de la fête de la révolution du roi du peuple «montre clairement» la volonté de l’Algérie de coopérer avec le Maroc «dans tous les domaines».
Samedi soir, le souverain a invité le voisin de l’Est à une «solidarité sincère» pour «continuer à œuvrer ensemble avec sincérité et de bonne foi, à servir les causes maghrébines et arabes et à relever les défis qui se posent au continent africain».
Le ton de Mohammed VI détermine la nature de la réaction
Traditionnellement, c’est Lamamra qui est mandaté pour réagir aux interventions publiques de Mohammed VI réservées à l’Algérie. Au lendemain du discours du roi à l’occasion de la fête du Trône de 2014, consacré en partie à la question de la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays, le ministre était apparu sur la chaîne Ennahar TV pour réitérer la position de son pays sur le dossier du Sahara occidental. «La position de l'Algérie vis-à-vis de la question sahraouie est saine et juste» ajoutant qu’ «il s'agit d'une position partagée avec d'autres peuples à travers le monde».
Un rôle qu’il avait, également, endossé deux jours après le discours du monarque de Laâyoune du 6 novembre 2015 au ton très critique à l’égard de l’Algérie. Le ministre des Affaires étrangères avait estimé, dans des déclarations à la presse, que les propos du roi «résonnent comme un pari sur le pire. Si nous avons bien compris, il y aura davantage de désunion, de déchirements fratricides et de combats d'arrière-garde comme nous l'avons vu durant les quarante années qui viennent de s'écouler».
C’est dans ce contexte qu’il faut situer les nouveaux propos de Lamamra. La perspective du réchauffement des relations tant attendue entre les deux Etats parait encore lointaine. Les mois qui nous séparent de la tenue du prochain sommet de l’Union africaine, prévu les 30 et 31 janvier 2017 en Ethiopie, devraient connaître de nouvelles tensions.
La semaine dernière le pouvoir algérien, et ses relais au sein du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, ont réussi à poser des conditions à l’adhésion du Maroc. Et dans les prochains jours, le même Lamamra pourrait annoncer officiellement sa candidature à la présidence de la commission de l’UA pour contrer un retour en force du royaume à l’organisation panafricaine.