«Ça me choque un peu quand justement c'est à cause de caricatures soit disant blasphématoires que Charlie s'est fait assassiné... par définition ça voudrait dire qu'il cautionne ces actes ?», s’interroge MDA dans son commentaire à l’article d’iTélé – partagé sur la page Facebook du journal - sur le refus du Maroc de participer à la marche républicaine contre le terrorisme et pour la liberté organisée à Paris hier, dimanche, en hommage aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo.
«Les Marocains n’ont rien compris»
Rappelons qu’alors que Rabat avait annoncé sa participation à cette manifestation à laquelle une cinquantaine de chefs d’Etat s’est joint, le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, ne s’y est finalement pas rendu «en raison de la présence de caricatures blasphématoires du prophète», a-t-il justifié. Le chef de la diplomatie chérifienne s’est donc contenté du message de condoléances adressé à François Hollande à l’Elysée. Il est vrai que, samedi dernier, il a conditionné sa présence par l’absence de caricature du prophète durant la marche. Mais jusqu’à l’annonce officielle de son absence, l’on s’attendait à ce qu’il fasse comme les autorités étatiques des autres pays musulmans ayant fait le déplacement à Paris.
«Ça veut dire que le Maroc et tous ceux qui soutiennent cela n’ont rien, mais vraiment, rien compris à ce qui s'est passé !!! Rien compris non plus à cette marche... Rien compris à la liberté d'expression et aux caricatures !!! Allez chercher la signification de caricatures. Cela veut dire que […] vous soutenez tous ces actes terroristes !!! Les musulmans ne veulent pas qu'on fasse un amalgame entre islam et terroristes et vous êtes les premiers à le faire !!!», s’indigne FB.
Comme lui, ils sont nombreux à considérer que les Marocains ont prouvé – par leur décision – qu’ «ils n’ont rien compris à la liberté d’expression», qu’ils sont «pour le terrorisme» ou encore qu’ils ont un gouvernement «figé et obsolète».
«Chacun est libre»
Les réactions sont donc plutôt houleuses. Mais certains Français estiment qu’il n’y a pas lieu de polémiquer pour autant, vu que la majorité écrasante des nationaux n’ont pas participé à cette manifestation qui se veut historique dans l’Hexagone. «Les amalgames retombent allez-vous accuser le reste des Français qui n’ont pas manifesté, nous sommes 66 millions non....», demande O.A.
Une certaine catégorie estime en outre que rien qu’au nom de la liberté d’expression, la non-participation du Maroc à la marche nationale ne devrait choquer personne. «Le droit de ne pas y participer est aussi une liberté d'expression», souligne brièvement KKM. «C'est la liberté de choisir», précise CS. Et PDHV de rappeler que «les Américains n'ont plus n’étaient pas...» présents.
«Bravo au Maroc»
Quelques-uns vont même jusqu’à applaudir la décision des autorités marocaines. «Vive cette pensée! Ils sont contre le terrorisme ! Mais pas d'accord avec le blasphème religieux !», acclame CDG. «Je suis Français de souche, identitaire, je suis contre les caricatures. […] Donc j'ai dit bravo le Maroc !», écrit BM. SH poursuit : «je suis Sandrine... je ne suis pas musulmane et le blasphème me dérange».
D’autres apprécient la décision du Maroc qui, selon eux, reflèterait la réalité du royaume. C’est le cas d’ISJ qui se veut tout de même critique : «Tant mieux. Le Maroc n'avait pas sa place, car la liberté d'expression est bafouée dans ce pays. Mais eux au moins, ils n'ont pas été hypocrites ...». La jeune dame fait allusion aux chefs d’Etats, notamment Africains, qui ont manifesté à Paris, alors que dans leurs pays de nombreuses lois et pratiques portent encore atteinte à la liberté d’expression.
«Opération de com» ?
Dans le déluge de réactions suscitées par l’absence du royaume chérifien à la marche parisienne, une autre catégorie de Français voit en cette décision « de dernière minute» une opération de communication de la part des autorités. «N’importe quoi ! Ils ne sont pas venus [manifester, ndlr] pour d'autre raisons. Je ne crois pas à ce qu'ils racontent», avance AJ. Pour NL, ce n’est qu’une «opération de comm’». «D'un côté, il prévoit de soutenir le journal sachant que les caricatures ne sont pas nouvelles, puis hop un coup de Com, on présente nos condoléances et on se barre», analyse-t-il.
«Considérant qu'il [le ministre, ndlr] devait bien se douter qu'il y en aurait des caricatures, je trouve quelque peu hypocrite qu'il accepte de venir puis se défile ! N'a-t-il pas plutôt craint les conséquences de sa présence? Des représailles au Maroc? Je respecte sa décision cependant, mais doute de la raison avancée!», estime pour sa part KB. Pour MAA qui dit «bien» connaitre les responsables marocains, «il y a anguille sous roche, ce n'est pas à cause des caricatures». IS pense avoir la réponse. «Je suis l’actualité marocaine... la raison principale est la tenue d’élections au printemps prochain...», devine IS ajoutant que la démarche des autorités chérifiennes relève du «jeu politique».
Chacun dit donc ce qu’il pense de la décision du Maroc dont les explications fusent selon l’angle qu’on adopte. Dans le royaume, si la démarche des autorités n’est jusqu’à présent pas critiquée, du moins ouvertement, de nombreux Marocains approuvent la décision de Mezouar.