Est-ce une coïncidence ? Quelques jours avant la sortie, en France, du livre de Moulay Hicham, «Le journal d’un prince banni», une vidéo postée sur Youtube par un certain Hicham Dlimi, qui serait le neveu du général, revient sur les circonstances du décès du général Ahmed Dlimi. Il s’agit d’une remise en cause de la thèse officielle de l’accident de circulation. Bien avant les versions du commandant Mahjoub Tobji ou du colonel Abdellah Kadiri, elle est exprimée aux moments des faits, par le journaliste Roland Delcour, dans un article paru au quotidien Le Monde.
La version Delcour
Bien entendu, à l'époque en France, cette nouvelle version n’est pas passée inaperçue. La chaine télévisée Antenne 2, s’est vite saisie du dossier et lui a consacré un reportage de trois minutes lors de son JT avec notamment un rappel du papier publié par Le Monde. Le tout est alimenté par les déclarations de Delcour.
Selon les dires du journaliste, sur la scène de l’accident des témoins auraient entendu une explosion, puis vu brûler la voiture du général Ahmed Dlimi. D’autres explosions auraient également retenti alors que le camion s’enfuyait.
Delcour qui, apparemment, privilégie la thèse de l’attentat commandité, avance dans son article qu’à la veille du décès de Dlimi, il y aurait eu des arrestations d’officiers supérieurs. Il cite le cas du colonel Bouarat, chef des commandos de la garde royale, interpellé le 24 janvier 1983. La même source parle également d’une dizaine d’autres interpellations, à Marrakech, de hauts gradés de l’armée.
Et ce n’est pas tout, en fin connaisseur des us makhzaniens, le correspondant affirme que d’une part l’armée royale n’a pas adressé le traditionnel message de condoléance au roi Hassan II à l’occasion du décès de Dlimi et que d’autre part l’armée a été placée le 25 et le 26 janvier 1983 en état d’alerte.
Reportage sur la mort d'Ahmed Dlimi à partir de la 21ème min (JT de Antenne 2)
Le pouvoir marocain réagi
Des révélations très mal accueillies par les autorités marocaines à l'époque. Preuve en est l’interpellation du journaliste et son interrogatoire par la police. L’accusation était tout préparée : «atteinte à la paix publique et au moral de l’armée». Ce qui, selon les propos de Delcour, devait se traduire par une condamnation à quatre ou cinq années de prison.
L’affaire a été close après l'intervention du président François Mitterrand auprès du roi Hassan II. Celui-ci a finalement consenti à tourner la page non sans ordonner l’expulsion du correspondant à Rabat du journal français. 31 années après ces événements, cette nouvelle vidéo ainsi que le livre du prince Hicham, relancent le débat sur le décès du général Ahmed Dlimi.