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Grand Angle  

Jazzablanca 2024 : Makaya McCraven et Zucchero racontent leur inspiration du Maroc

A guichet fermé comme les deux premiers jours, la clôture du festival Jazzablanca (du 6 au 8 juin 2024) aura été un moment de communion festive avec les quatre têtes d’affiche de la dernière journée. Parmi eux, le batteur américain Makaya McCraven et le chanteur italien Zucchero ont proposé un répertoire à la croisée des styles musicaux, au grand bonheur des festivaliers venus en nombre.

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Zucchero lors de son concert au festival Jazzablanca 2024
Temps de lecture: 4'

En clôture du 17e festival Jazzablanca (du 6 au 8 juin 2024) sur la scène Casa Anfa, le chanteur italien Zucchero a donné un concert mêlant titres intemporels et hommages aux plus grands de la musique, Luciano Pavarotti et Tina Turner. Légende vivante du blues rock, l’artiste a fait de sa prestation un véritable temps fort de cette édition, célébrant le rock et le blues, la soul et le gospel. De ce concentré des influences musicales qui ont façonné son style unique, les nombreux fans ont repris avec Zucchero certains de ses titres les plus connus à travers les décennies, dont «Senza Una Donna» ou encore «Così Celeste».

Précédemment venu au Maroc pour ses voyages personnels ou pour se produire sur scène, notamment à Chefchaouen, Zucchero a ainsi reconstitué les meilleurs moments musicaux de ses 40 ans de scène, dans le cadre de sa tournée mondiale «Overdose d’Amore». C’est en effet le secret du succès planétaire de l’artiste aux 60 millions de disques vendus. Ses œuvres universelles parlent en émotions et en sentiments, transcendant les langues et les cultures, qu’il a lui-même harmonieusement mêlées dans son répertoire. «C’est la musique qui nous parle. Même lorsque vous ne comprenez pas les paroles, vous ressentez l’émotion qu’elle vous procure et le sens des paroles finit par venir vers vous», a déclaré le chanteur à Yabiladi.

Zucchero au festival Jazzablanca 2024 / Ph. Gwendydd Vaillié - YabiladiZucchero au festival Jazzablanca 2024 / Ph. Gwendydd Vaillié - Yabiladi

«Je chante en italien car c’est ce que je suis réellement, c’est une partie de mes racines et c’est mon origine. Lors de mes concerts, je vois toujours les gens interagir avec l’essence de ce que je souhaite leur transmettre à travers l’âme. A partir de ce moment, la barrière linguistique n’existe plus», nous a encore dit l’artiste. De ses souvenir d’enfance toscane, il se rappelle d’ailleurs avoir été un mélomane des Beatles et des Rolling Stones. «Je ne comprenais pas ce qu’ils disaient, mais je saisissais ces bonnes ondes et ces belles émotions que leur musique me procurait. Pour moi, c’est tout ce qui compte», a affirmé Zucchero.

Se laisser guider par l’expérience musicale

C’est pour cette raison-là que Zucchero se sent également très proche du Maroc, où il renoue avec des aspects communs et partagés de la culture méditerranéenne. «J’aime tout au Maroc : les gens, la culture, la cuisine… J’y retrouve aussi des souvenir de mes amis marocains que j’ai côtoyés, lorsque je vivais en Toscane. J’ai toujours été ravi de venir ici, que ce soit pour un concert ou pour le voyage. Nous avons beaucoup de choses en commun dans le pourtour méditerranéen et je les retrouve très bien ici», nous a-t-il dit, tout en nous confiant par ailleurs avoir été «un fervent supporter du Maroc au dernier Mondial !».

Plus tôt dans la journée, c’est également avec un artiste inspiré par le Maroc que les festivaliers ont eu rendez-vous. Sur la Scène 21 d’Anfa Park, le batteur Makaya McCraven a partagé avec le public une sélection de son répertoire, issue de ses albums «In These Times» (2022), «Where We Come From» (2018) et «Universal Beings» avec Brandee Younger (2018). Naviguant entre jazz, groove et rythmes de diverses régions du monde, l’artiste s’identifie intimement au style afro-américain. «Pour moi, c’est résolument ancré dans la diaspora issue d’Afrique et dans les musiques africaines», a-t-il déclaré à Yabiladi.

«Je sens que ces couleurs musicales représentent des passerelles artistiques et culturelles. En tant que batteur à la recherche de rythmes, ce sont des styles qui m’intéressent beaucoup. Dans ma musique, je suis d’ailleurs très intéressé par apprendre de toutes les régions dans lesquelles je voyage à travers le monde. Dans tout cela, je sens surtout que le battement de cœur est ici, en Afrique. C’est donc pour moi une mission d’être ici plus souvent afin d’y ramener ce que je fais, mais aussi de m’inspirer de ce qui me captive le plus et apprendre des choses sur moi-même.»

Makaya McCraven

Selon Makaya McCraven, «les questions majeures concernant l’avenir de la musique se joueront ici, en Afrique». «Je suis content de prendre part à cela, ayant déjà joué au Maroc avec mon père [Stephen McCraven, ndlr]. C’est d’ailleurs avec lui que j’ai été initié à la musique gnaoua depuis mon enfance, puisqu’il enregistrait avec des mâallem et des troupes, durant les années 1980», nous dit l’artiste originaire de Chicago. «Mon demi-frère est marocain également, donc beaucoup de chose m’amènent au Maroc, pour apprendre plus sur les musiques, les rythmes et ce que cet art peut, car nous savon que gnaoua est une musique très puissante et à ce titre, elle m’a beaucoup influencé», ajoute le batteur auprès de notre rédaction.

«Je peux dire que ce qui a façonné mon bagage musical est réellement mon environnement familial à la maison d’abord, où j’ai vu mon père travailler avec des gnaoua. Cela me rend encore plus curieux d’en savoir plus et de comprendre comment les choses sont liées les unes aux autres, artistiquement. En tant que musicien, je ne fais simplement que suivre ce qui vient vers moi, musicalement, et gnaoua est venu vers moi.»

Makaya McCraven

Naviguant dans ce processus artistique, Makaya McCraven ne travaille jamais dans l’impératif de démarrer un projet et de chercher des artistes avec qui collaborer. «Je le fais au fur et à mesure de mes rencontres, des connections que je peux avoir avec des musiques, des musiciens ou d’autres personnes, puis je laisse cette interaction me mener là où elle pourrait», nous dit-il. S’agissant de ses influences gnaoua ou bien d’autres, il est pour lui question de «ce voyage que permet le fait de vivre les choses de l’intérieur, leur donner du respect et prendre le temps de grandir dedans», tout en s’y laissant inspirer.

Article modifié le 10/06/2024 à 22h16

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