Aux premières heures du mercredi 20 septembre à Casablanca, le journaliste Quentin Müller et la photographe freelance Thérèse Di Campo ont été expulsés par les autorités marocaines, après un travail journalistique sur le roi Mohammed VI et le système sécuritaire. Au cours de leur mission, les deux reporters ont notamment «rencontré des personnalités marocaines surveillées», a déclaré Müller à l’AFP.
Rédacteur en chef adjoint du service monde de l’hebdomadaire français Marianne (connu pour ces Unes sensationnalistes sur le Maroc), Müller a confirmé sur ses réseaux sociaux qu’il travaillait sur le sujet avec la photographe. Les deux journalistes ont été interpellés à l’hôtel où ils étaient hébergés, à trois heures du matin par des policiers en civil, selon le récit de Müller sur ses réseaux sociaux. Selon lui, le binôme a ensuite été «emmené et expulsé de force du pays sans aucune explication». Les agents leur auraient indiqué qu’ils étaient «indésirables» au Maroc.
Sur ses réseaux sociaux, Quentin Müller a considéré que cette opération était «purement politique». «L’objet de nos recherches sur place portait sur la violence économique, sociale et libertaire de ce régime marocain, animée par la toute puissance du roi, de sa cour et de ses services de sécurité ultra répressifs», a-t-il fustigé. En juin dernier, le journaliste a été expulsé du Yémen pour «immixtion» dans les affaires intérieures du pays.
A la suite de cette nouvelle expulsion, le rédacteur en chef adjoint du service monde à Marianne a confirmé «la sortie prochaine d’une longue enquête sur le roi Mohammed VI, sa cour et ses services de sécurité». «Sur place, j’ai pu amasser des informations exclusives qui dépeignent un régime toujours plus dur, effrayé par tout élan de contestation locale», a-t-il poursuivi. Pour sa part, Reporters sans frontières (RSF) a fustigé une «atteinte brutale et inadmissible à la liberté de la presse».
Le gouvernement marocain donne sa version
Ce jeudi, lors du point de presse hebdomadaire à l’issue du Conseil du gouvernement, le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement, porte-parole de l’exécutif, Mustapha Baitas, a déclaré que la mesure administrative visant les deux ressortissants français était «une conséquence légale de la violation de la loi». Il précise que les deux journalistes expulsés n’ont «demandé aucune autorisation pour la couverture du séisme d’Al Haouz» et qu’ils sont «entrés au Maroc pour faire du tourisme».
Dans ce sens, Baitas a qualifié de «normal» le fait que les deux concernés fassent l’objet d’un refoulement administratif, «sur décision des autorités compétentes qui ont, à ce propos, appliqué les dispositions de la loi en la matière». Par ailleurs, le ministre a déclaré qu’un total de 312 journalistes étrangers avaient couvert le séisme, représentant 90 supports médiatiques. «Sur ce total, 78 journalistes, soit le quart, étaient de nationalité française et représentaient 16 supports médiatiques, dont 13 ont été accrédités pour la couverture du séisme et trois disposaient d’accréditations permanentes», a-t-il ajouté.
Mustapha Baitas a conclu son propos en soulignant que dans le contexte de la couverture du séisme, le Maroc avait «montré qu’il est un pays de la transparence et des libertés, qui a veillé à ce que tous les journalistes mènent leur mission dans une liberté totale».