1975, les autorités algériennes expulsent 45 000 familles marocaines vivant sur son sol. Au drame de la déportation, s’est ajouté en 2010, la décision injuste d’annexer les biens immobiliers de ces Marocains au domaine public de l’Etat algérien. Une mesure figurant, d'ailleurs, dans l’article 42 de la loi de finance de cette année. Et qui jette aux orties les conclusions des deux premières réunions de la commission consulaire et sociale maroco-algérienne tenues en 2003 et 2004. Une esquisse de solution restée sans lendemain.
Hier à la Chambre des représentants, ce dossier a fait l’objet d’une question de la part du groupe de l’USFP. Dans sa réponse, le ministre délégué aux Affaires étrangères, Youssef Amrani, a réitéré, selon une dépêche de la MAP, que cette affaire «est placée, par la diplomatie marocaine, parmi les priorités des questions sociales et consulaires en suspens avec ce pays», ajoutant son département «ne cesse de déployer des efforts pour leur trouver les solutions adéquates, à travers l'incitation de la partie algérienne à ouvrir un dialogue sérieux et responsable à ce sujet». Amrani a, également, souligné que «le Maroc ne ménagera aucun effort pour défendre ses ressortissants expulsés d'Algérie pour leur permettre de récupérer leurs biens et recouvrer leurs droits dont ils sont privés depuis plus de 35 ans».
Des déclarations qui ne sont pas sans rappeler celles, juin 2010, de Mohamed Ouzzine, alors secrétaire d’Etat au ministère des Affaires étrangères affirmant que «le gouvernement continuera à déployer tous les efforts nécessaires en vue de rendre justice, de soutenir et d’assister les Marocains qui ont été expulsés d’une manière injuste de l’Algérie et privés de leurs biens sans aucune considération humaine ou juridique»
Un dossier otage des relations maroco-algériennes
Depuis 1975, ce dossier subi pleinement les aléas des relations entre Rabat et Alger. Prioritaire lors des phases de tensions et mis en sourdine quand la perspective d’une éventuelle normalisation s’approche. En effet, ce drame humain n’a nullement été évoqué par le ministre des Affaires étrangères, Saâd Dine Otmani, au cours de son déplacement, fin janvier, au voisin de l’Est. L’occasion n’était pas propice et risquait de froisser ses hôtes. Cette fois, le contexte a changé, les rapports entre les deux pays sont tendus. Preuve en est les réactions de la presse algérienne au discours du roi Mohammed VI à l’occasion du 37ème anniversaire de la Marche verte. C’est ce contexte qui explique que le drame de plus de 45 000 familles marocains réapparait sur les radars de l’actualité.