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Interview

Mounir Jazouli : L’African Digital Summit voit encore plus grand pour son futur [Interview]

Fondateur de l’African Digital Summit (ADS) sous son mandat de président du Groupement des annonceurs du Maroc (GAM) de 2012 à 2019, Mounir Jazouli revient auprès de Yabiladi sur la naissance et l’évolution de cet évènement à la fois continental et ouvert sur l’écosystème international. A l’occasion de la cinquième édition, les 2 et 3 mars 2023 à Casablanca, il se confie aussi sur l’avenir de ce rendez-vous devenu incontournable sur la scène mondiale.

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Mounir Jazouli, initiateur de l’African Digital Summit, ancien président du Groupement des annonceurs du Maroc (GAM) de 2014 à 2019 / Ph. GAM
Temps de lecture: 5'

Après trois ans d’arrêt à cause de la pandémie mondiale, les organisateurs et les participants semblent joyeusement surpris de l’engouement exponentiel autour de l’African Digital Summit. Comment tout cela a commencé ?

Cette cinquième édition de l’African Digital Summit (ADS) est celle de la consolidation des acquis. Je me rappelle qu’en 2014, l’idée avait à peine émergé, avec les prémices de la démocratisation du digital dans l’écosystème du marketing au Maroc. A l’époque, on se posait encore beaucoup de questions. Au niveau du GAM, dans le temps, nous avons pensé à lancer l’étude Digital Trends Morocco (les tendances du digital au Maroc), vu le manque cruel de data et de statistiques. Cette étude devait constituer le premier socle d’informations sur l’état du digital au niveau national, pour tout notre écosystème professionnel local.

En réfléchissant sur la restitution et le partage des résultats, l’idée initiale était de faire un point de presse, mais je m’étais demandé pourquoi se limiter à une rencontre… C’est là que la réflexion a commencé pour créer un événement qui permette de partager du contenu enrichi, tout en donnant la possibilité à tous les acteurs d’avoir des remontées sur la perception des professionnels du secteur sur leur propre écosystème, sur comment ils se préparent à son évolution. Le Moroccan Digital Summit est né ainsi en 2014, avec le soutien et l’engagement d’acteurs de l’écosystème du digital, que je remercie et qui ont tout de suite apporté leur aide et leur expertise. Cette première édition a déjà été un grand succès. Nous avons prévu de réunir 150 personnes, mais nous avons été finalement 400 et nous n’avons pas pu accueillir plus de participants, faute d’espace. Nous avons donc compris que le besoin, mais aussi l’intérêt et l’engouement étaient déjà là.

En travaillant sur la deuxième édition, nous avons pensé le Maroc actuel comme une passerelle, une porte d’entrée vers l’Afrique. Nous sommes en train de nous positionner sur notre continent naturel et nous sommes en train de pousser vers le développement d’un certain nombre de secteurs en Afrique, sous la conduite éclairée du roi Mohammed VI, qui a eu cette vision tournée vers l’Afrique et le retour à nos racines. J’ai donc pensé qu’il ne fallait pas attendre une troisième ou une quatrième édition pour dupliquer ce modèle. L’évènement a ainsi basculé vers l’African Digital Summit (ADS). En réponse aux besoins, il y avait une place à prendre, sachant qu’il n’existait pas d’évènement propres aux annonceurs et porteurs de marques, lié au digital en Afrique.

Dans le contexte postpandémie, comment voyez-vous l’évolution de l’ADS depuis son lancement à nos jours ?

Le Maroc est naturellement le pays qui doit accueillir ce rendez-vous et Casablanca est la ville naturelle pour être hôte d’une telle rencontre. Beaucoup d’acteurs et de partenaires nous ont aidés. Dans le temps, j’ai activé le réseau africain à travers ma présence au sein de la Fédération mondiale des annonceurs et nous avons été considérablement appuyés, pour accueillir 900 personnes cette fois-ci. La réussite de cet évènement est exponentielle, depuis qu’il a vu le jour.

Après trois ans d’arrêt à cause de la crise sanitaire, nous revenons avec force, avec la nouvelle équipe du GAM sous la présidence de Youssef Cheikhi, qui a repris le flambeau, qui a fait un travail extraordinaire et de qualité pour durabiliser l’évènement, pour renforcer davantage son positionnement, son contenu et sa qualité, tout en boostant son rayonnement. Je suis fier et content de voir que le nombre de participants a été multiplié par sept, en cinq éditions. Je connais des évènements du digital dans le monde entier et je peux dire que cette évolution en si peu de temps est un fait rare.

Aujourd’hui 38 pays sur les cinq continents sont représentés parmi les participants et les intervenant de l’ADS, dont 23 pays africains, incluant l’Afrique du Nord, de l’Ouest, de l’Est du Sud. C’est désormais l’évènement où il faut être pour tous les acteurs du digital en Afrique, avec un rayonnement international extraordinaire. En 2018, l’African Digital Summit a d’ailleurs remporté un prix international à Tokyo, en tant que meilleure initiative du marché pour un évènement digital.

Aujourd’hui, nous assistons à la consolidation de tout cela, avec un nouveau départ après la pandémie mondiale, avec le même optimisme, la même volonté, le même enthousiasme et la même générosité des organisateurs et de l’ensemble des partenaires qui contribuent à cette réussite. Nous avons des speakers d’une très grande qualité. Nous les voyons habituellement dans les plus grands évènements internationaux et il sont au Maroc pour le cinquième ADS. Ils sont eux-mêmes impressionnés par l’esprit de cette initiative, forte de son ADN qui la différencie, avec beaucoup d’humain, de mixité, de networking, des participants assoiffés d’y être et assoiffés d’apprendre.

Il n’existe pas de profil type des intervenants et des participants à cette cinquième édition. C’était une volonté, dès le début, de mettre en place une forme d’horizontalité ?

Notre idée est d’avoir un public hétérogène, avec un contenu et un programme qui y correspondent. Les multinationales, ainsi que nos entreprises africaines, marocaines comprises, sont à un niveau de maturité très élevé en termes de digital. Nous avons aussi les TPME, les TPE et les entreprises familiales, qui sont une particularité incontournable du tissu économique de notre continent.

Cela nous oblige à avoir justement un contenu aspirationnel qui fait rêver, qui montre le futur, avec aussi des intervenant qui partagent les usages facilement applicables à toute start-up. L’open innovation et les start-ups sont d’ailleurs présentes aussi à l’ADS, avec le Start-up Garden. Nous avons estimé nécessaire de créer un espace de rencontre entre ces différents acteurs du digital, avec la diversité de leur taille et de leur secteur d’activité, car c’est ce qui favorisera l’échange instructif et la construction de toute part.

Il me semble important de rappeler, à ce titre, un point relatif au choix de la langue de cet évènement. Nous avons délibérément opté pour l’anglais, depuis la première édition, car c’est ce qui nous permet une ouverture totale sur l’univers international du digital. Ce n’est pas fortuit, nous n’avons pas toujours l’occasion d’avoir des évènements totalement en anglais au Maroc et nous sommes confortés aujourd’hui dans notre choix. Je pense que nous n’aurions pas pu avoir les intervenants internationaux, si nous avions décidé autrement.

Tout est parti d’un Moroccan Digital Summit ; nous voilà à la cinquième édition de ce qui est devenu l’African Digital Summit. Peut-on imaginer un World Digital Summit qui soit développé en Afrique, par les acteurs du secteur en Afrique ?

Peut-être, pourquoi pas. A vrai dire, cela a toujours été mon souhait et je pense que nous pouvons y travailler. Auprès de l’équipe actuelle, je reste moi-même engagé, car ce qui compte pour moi est l’intérêt du pays et du continent. Nous sommes Marocains et Africains fiers de l’être. Chacun de nous contribue donc, à son échelle et dans son périmètre, avec les moyens dont il dispose, à faire rayonner notre Maroc et notre Afrique.

Notre continent est extraordinaire. Il a beaucoup de potentiel. C’est le continent de l’avenir, il a besoin de sa force et de ses compétences de l’intérieur, ainsi que de sa diaspora pour avoir une tribune et être en contact permanent avec la communauté locale et internationale à la fois, afin de le faire rayonner et de le valoriser. Personne ne le fera pour nous mieux que nous-mêmes. C’est cette ambition qui nous anime et je pense que nous sommes sur la bonne voie.

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