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Compiègne : Zakaria Lamaizi la réussite par le football

C'est la jolie surprise du début de saison au club compiégnois. A 18 ans, Zakaria Lamaizi s'est, en quelques matchs, imposé comme un exemple à suivre. Au point, comme ce fut le cas encore dimanche à Oissel, de se faire une place en milieu de terrain dans le onze majeur de la deuxième meilleure équipe du département.

Une belle récompense pour ce jeune joueur d'origine marocaine bercé et élevé à la Victoire, l'un des quartiers populaires de la Cité impériale. « C'est vrai que le football a changé ma vie et ma vision des choses, assure ce fils d'une mère femme de ménage et d'un père ouvrier. Si aujourd'hui je réussis c'est grâce à mon travail et à celui de mes éducateurs. »

« Les grands du quartier m'ont appris les premières techniques, la passion a fait le reste » Fier « de montrer que l'on peut sortir d'un quartier difficile autrement que par la violence et les passages au commissariat », Zakaria se rappelle avec le sourire ses débuts, ballon au pied en bas des immeubles. « Les grands du quartier m'ont appris les premières techniques. Après, la passion a fait le reste. » L'amour du ballon rond mais aussi une prise de conscience salvatrice pour celui qui se considérait à juste titre comme « un petit diable » encore il y a peu. « Il a beaucoup progressé dans son comportement, témoigne Pascal Poulain, son entraîneur. Difficilement gérable auparavant, son investissement lui a permis d'oublier ses travers pour montrer à tous de belles qualités techniques, un sens du jeu et un esprit exemplaire. »

Repéré lorsqu'il était poussin par le club de Nantes - ses parents lui cacheront ce contact, préférant le garder auprès d'eux dans la chaleur d'un foyer - le petit dernier de la famille sera choyé par son frère aîné et ses deux soeurs. « L'une d'elles vit aujourd'hui en Angleterre, déclare fièrement ce garçon avenant très attaché à ses racines. Elle aussi a fait du foot. » Son rêve le plus fou ? La rejoindre outre-Manche pour jouer sous le maillot d'Arsenal. Son club fétiche lui qui est aussi fan de l'équipe nationale du Maroc. « Si un France - Maroc se présentait ? Je supporterais le Maroc sans hésiter. La question ne se pose même pas dans mon esprit... ». Le Maroc, il y retourne une fois l'an. Sauf quand, comme ce fut le cas ces deux dernières saisons, sa passion et la préparation de la saison à venir prennent le dessus. « C'est un énorme sacrifice de ne pas voir la famille durant autant de temps, concède-t-il. Mais, je suis prêt à tout pour progresser. »

A la recherche d'une formation en maintenance - « l'école n'a pas vraiment marché » -, il sait qu'il a déjà fait un bon bout de chemin. « Mes parents sont fiers de voir ma photo et mon nom dans le journal certains week-ends. Et beaucoup d'amis essaient aujourd'hui de faire comme moi. J'en vois beaucoup partir le matin pour courir et s'entraîner... » « Cheval », un surnom qu'il doit à sa vitesse et son endurance dans le rectangle vert, a aussi sa philosophie de vie : « Grandir dans les quartiers, c'est faire mûrir un fruit pas forcément pourri, contrairement à ce que beaucoup de gens croient. » Lui a conquis son monde bien au-delà des barres d'immeubles de la cité compiégnoise. L'autre dimanche au stade Paul-Cosyns, comme c'est désormais le cas à chaque match à domicile, les grands du quartier, ceux qui l'ont vu s'investir d'un air amusé, étaient dans les tribunes. Premiers à acclamer le rebelle, devenu modèle...

Jean-Philippe Gaillard
Source : Le Parisien

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