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Azouz Begag : «Il connaît nos difficultés de l'intérieur»

Les jeunes issus de l'immigration espèrent que le sociologue saura être à l'écoute

L'attribution du ministère de la Promotion de l'égalité des chances au sociologue Azouz Begag fait débat au pied du bâtiment 3 de la cité des Courtilières, à Pantin (Seine-st-Denis). «Azouz comment ? C'est un footballeur ?», demande Mounir, 20 ans, «chômeur en CDI», comme il aime se qualifier, à son compère Aziz légèrement plus au fait de l'actualité : «C'est un mec qui bosse avec Chirac !» Pas faux... Mais le nouveau ministre, maillon essentiel de la campagne des 100 jours décrétée par Dominique de Villepin, devra rapidement appliquer l'adage cher à beaucoup d'hommes politiques – «Faire ce qu'on dit et – surtout – dire ce qu'on fait»– s'il souhaite se faire connaître de «son public».

Attiré par l'attroupement, Kader, «un ancien de la cité», se fraie un passage et livre sèchement son impression sur la présence d'un ministre d'origine maghrébine dans le gouvernement Villepin : «Un Arabe qui a du pouvoir c'est jamais bon. Prenez les policiers issus de l'immigration ce sont les plus durs de tous.» Le groupe attentif approuve l'analyse, et Kader de continuer sa harangue pour dénoncer les maroquins «exotiques» attribués «aux Blacks et aux Beurs», tels «les Anciens Combattants, le Développement durable ou aujourd'hui la Promotion de l'égalité des chances». Le jeune homme réclame une nomination «sérieuse» à un ministère régalien.

Dans le salon de thé de la Grande Mosquée de Paris, la «promotion» d'Azouz Begag rencontre un écho plus positif : «Je le crois sincère lorsqu'il s'exprime sur les difficultés rencontrées par les jeunes des banlieues et sur les solutions à apporter. Il connaît la chose de l'intérieur», explique Sabrina, 25 ans, étudiante en lettres modernes. Verre de thé à la main, Abdel, son fiancé, acquiesce et voit dans cette nomination un message d'espoir adressé à ces Français «handicapés par leur couleur». Non loin de là, Sami et Lies, tous deux originaires d'Algérie, préfèrent attendre avant de «juger» et espèrent «que lui, au moins, ne nous traitera pas de barbares des cités et qu'il proposera autre chose qu'un plan Marshall des banlieues». Référence à une déclaration de Malek Boutih, alors président de SOS-Racisme.

Aïssatou, 24 ans, d'origine sénégalaise et titulaire d'un BTS force de vente, dit trouver Begag «plutôt sympathique» et approuve le choix du premier ministre : «C'est bien pour la France. Je suis sans emploi et je sens que les magasins hésitent à m'embaucher à cause de ma couleur de peau. Le ministre devra briser ce plafond de verre», explique-t-elle. Et malgré son refus des quotas au travail, elle aimerait les voir appliquer en politique au même titre que la parité.

Pour Olivier Justin, président de la maison des jeunes et de la culture (MJC) du quartier de la Duchère, à Lyon, «Begag est un exemple pour l'ensemble des jeunes de la cité, lui qui a grandi dans ces mêmes barres d'immeubles». Ce qu'Aïssatou résume avec humour : «On peut avoir été élevé dans un bidonville et être élevé au rang de ministre de la République»...

Source: Le Figaro

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