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France: Un livre sur les mineurs marocains du Nord

« Du bled aux corons: un rêve trahi », c'est le titre de l'ouvrage présenté samedi dernier à Lens. Il retrace le parcours des anciens mineurs d'origine marocaine dans le Nord-Pas-de-Calais, d'après « La Voix du Nord ».

Le livre a été écrit par deux sociologues, Saïd Bouamama et Jessy Cormont qui ont travaillé pour l'Association des mineurs marocains du Nord-Pas-de-Calais (AMMN). Ils ont été aidés dans leur tache par des enfants d'anciens mineurs marocains selon le quotidien régional du Nord. Publié en septembre 2008, « Du bled aux corons: un rêve trahi » est basé sur des témoignages recueillis difficilement, de « nombreuses familles, d'anciens mineurs et leurs épouses ». « Beaucoup avaient peur de parler, même à nous, fils et filles de mineurs! Les femmes se sont laissées aller plus facilement, parlant de ce qu'elles vivent encore aujourd'hui. Chez les hommes, on sentait beaucoup de difficulté à raconter leur histoire », a souligné une fille de mineurs. En ce sens, l'un des co-auteurs, Saïd Bouamama n'a pas manqué de saluer l'engagement des enfants de mineurs qui les ont aidés. « Il ne faut pas sous-estimer la difficulté de ce devoir de mémoire de toutes ces populations en difficulté, humiliées, desquelles on ne parle jamais. Bravo aux collecteurs! », avait-il dit.

Le livre parle du recrutement au Maroc, de leurs conditions de vie en tant que « gueule noire » en France, et de leurs droits bafoués. Les mineurs étaient recrutés en campagne. Ceux qui ne parlaient pas le Français étaient privilégiés afin qu'ils ne puissent pas faire de réclamations. « Ils recrutaient des bras et non des hommes, assure Saïd Bouamama, ils ne pensaient pas que c'est toute une famille qui allait vivre en France et s'y installer. Leurs contrats n'étaient pas les mêmes que ceux des autres mineurs. ». Un enfant de mineur marocain a déclaré en 2005, année du début des entretiens collectifs et individuels: « Mon père, peut-être le vôtre aussi, ont travaillé à la mine des années durant et subissent des injustices constantes. Surtout côté logement. Ils ont des logements insalubres, plein d'humidité, sans eau chaude... ». L'AMMN lutte contre les discrimination depuis sa création en 1989. L'Association œuvre pour la valorisation de l'Histoire et l'apport économique de cette immigration. Le président de l'AMMN, Abdellah Samate rappela que le combat de la reconnaissance des droits n'est pas encore terminé. « La grève de 1987 a été dure et longue. Vingt ans après, il y a encore des injustices. Il faut se mobiliser », a lancé Samate.

Réunis dans la salle Richard de la mairie de Lens, à l'occasion de cette présentation, plusieurs anciens mineurs se sont exprimés racontant les problèmes actuels. Le maire de la ville, Guy Delcourt, a affirmé qu'il saisirait « dès la semaine suivante » – cette semaine – le médiateur de la République. Mieux vaut tard que jamais.

Ibrahima Koné
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