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Du fond de sa cellule marocaine, l'islamiste Richard Robert en appelle "à la justice de son pays"

Condamné en septembre 2003 au Maroc, l'islamiste français Richard Robert, 32 ans, lance "un appel solennel à la justice française" pour qu'elle se penche sur son cas.

"Mon client souhaite être transféré en France et jugé par la justice de son pays", a déclaré mardi à l'Associated Press son avocat français, Me Vincent Courcelle-Labrousse, venu lui rendre visite à la prison de Kénitra (40 km au nord de Rabat) pendant les fêtes de fin d'année.

"Il a été placé dans une cellule individuelle après avoir été menacé et agressé par des co-détenus", des islamistes présentés par la justice marocaine comme étant les chefs spirituels du courant salafiste impliqués dans les attentats-suicide de Casablanca (45 morts en mai 2003).

Selon l'avocat, l'ambassade de France suit "attentivement" ce dossier et la femme marocaine de Richard Robert, qui vient le visiter régulièrement, a bénéficié d'une bourse pour scolariser leurs deux enfants à l'école française de Tanger.

Robert, converti à l'islam en 1990 et surnommé "l'émir aux yeux bleus" par la presse marocaine, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'appel de Rabat pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" et "appartenance à une bande criminelle terroriste". Le procureur du roi avait requis la peine de mort à son encontre même si le Maroc observe un moratoire sur l'exécution de la peine capitale depuis 1993.

Seul ressortissant étranger à être condamné au Maroc pour des activités terroristes, Robert a notamment été reconnu coupable d'avoir participé à l'organisation de camps d'entraînement "djihadistes" (combattants de la guerre sainte) dans le Nord du Maroc pour lancer une campagne d'attentats visant à déstabiliser la monarchie et instaurer un Etat islamiste.

Ce projet aurait été inspiré par les prédicateurs salafistes Mohamed Fizazi et Abdelwaheb Rafiki, connus pour la virulence anti-occidentale de leurs prêches.

Lors de son procès, Richard Robert avait clamé son innocence et affirmé avoir fait l'objet "d'un complot des services secrets". Il avait également semé la confusion en affirmant avoir "collaboré avec les services secrets français pour infiltrer des filières islamistes", notamment en Belgique, où il prétend avoir obtenu des renseignements sur "une filière turque de faux-papiers".

Avant d'envisager son transfèrement en France pour purger sa peine, possibilité prévue par la convention franco-marocaine d'entraide judiciaire, les autorités marocaines veulent confronter Richard Robert avec d'autres militants islamistes, parmi lesquels Hicham Temsemani, extradé d'Espagne vers le Maroc au lendemain des attentats de Madrid.

"C'est une caricature, on ne voit pas l'intérêt d'une telle confrontation à ce stade de la procédure. L'effet recherché est de réagiter médiatiquement Richard Robert pour terminer la construction du personnage et de son dossier", a déploré Me Courcelle-Labrousse, qui dit craindre "un enlisement" de sa demande de transfèrement vers la France.

Installé à Tanger, Richard Robert multipliait les allers-retours vers l'Espagne avant son arrestation en juin 2003, au lendemain d'une visite de travail au Maroc de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur. Visite marquée par d'importants échanges de renseignements entre services de sécurité français et marocains, dont la coopération est jugée "excellente", tant à Rabat qu'à Paris.

Source : Associated Press

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