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Najat Azmy rend hommage aux migrantes marocaines

Najat Azmy, membre du Conseil de la communauté marocaine résident à l’étranger (CCME) et co-organisatrice de l’évènement qui va réunir près de 400 femmes issues de la migration à Marrakech, nous présente la manifestation et elle s’exprime sur la place de la femme.

- Yabiladi : Quelle place occupe le CCME au sein du paysage institutionnel ?
- Najat Azmy : Le CCME n’est pas une nouvelle administration marocaine de plus. Ses membres ne sont pas des représentants d’un nouveau ministère, c’est ce qu’il faut sans cesse rappeler dans les communications et notre relation avec les communautés marocaines. Le conseil est une institution consultative qui n’a pas pour vocation de remplacer ou de se substituer aux divers acteurs publics chargés de concevoir et de mettre en oeuvre les politiques du gouvernement en direction des communautés marocaines à l’étranger.

- Quelles sont les actions concrètes menées par l’organisation depuis sa création ?
- Dès son installation, le CCME a signé une série de conventions de partenariat avec plusieurs universités, associations et centres de Recherche, ainsi qu’avec des organisations en charge d’actions culturelles comme la tenue de festivals. Au rayon des partenariats, on peut citer l'Université Hassan II, l'Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces du Sud du Royaume, l'Association pour le 1200e anniversaire de la fondation de la ville de Fès, le Centre Jacques Berque ou encore le Centre d'études sociales économiques et managériales. Elles visent notamment à consolider les capacités nationales en matière d'enseignement et de recherche scientifique.

- Ce week-end, à Marrakech, le CCME organise un évènement avec la présence de 400 femmes issues de la diaspora marocaine. Qu’en est-il ?
- Cet évènement, c’est la suite logique des travaux menés depuis la création du conseil. Le groupe de travail «femme genre» étant transversal, c’est aussi le 1er anniversaire de la création du CCME et nous nous devions de mettre à l’honneur la place centrale qu’occupe la femme au Maroc, la femme en émigration, celle que l’on a oubliée dans les statistiques et qui n’avait pas la parole. Je parle, ici, de nos mères en particulier d’ici et d’ailleurs qui ont été silencieuses. Cet événement a pour objectif de faire le point sur les avancées, les freins et les obstacles rencontrés par les marocaines d’ici et d’ailleurs. Il proposera aussi plusieurs tables rondes portant sur des sujets tels que les femmes et les politiques, les femmes dans les médias, des témoignages, et également des hommages. Marrakech ville aux multiples couleurs, aux multiples contrastes, carrefour des identités, des cultures, ville qui a inspiré des couturiers, des artistes peintres, est un choix judicieux dans le sens où nous recevrons aussi des femmes de toutes origines, de tous horizons sociaux, culturels, professionnels, des femmes du monde entier.

- Vous avez fait référence «à nos mères». Vous estimez que le rôle de la 1ère génération de la femme immigrée a été sous estimée?
- Nos mères ont accompagné nos pères dans leur immigration. Elles ont malgré tous élevé leurs nombreux enfants, tout en ayant beaucoup soufferts de leur exil. Elles ont apprivoisé la solitude au sens large du terme. C’est à ce prix là qu’elles ont vécu pour la plupart d’entre elles. C’est un combat silencieux qu’elles ont mené. Certaines d’entre elles ont réussi à trouver leur place au sein de la famille. Celles que j’ai vu s’épanouir sont celles qui ont pu avoir une activité professionnelle, peu importe laquelle, comme travailler dans un centre social, être nounou, faire du ménage. Ce qui leur a permis d’obtenir une autonomie financière et cela a participé fortement à leur émancipation, primordiale pour une femme. Je voudrais rendre hommage à ces mères, parce qu’elles ont été mères dans leur dévouement à la famille et elles ont mis de côté leurs vies de femme. Pour moi c’est grâce à elles et à la vision de leurs conditions qu’aujourd’hui nous les femmes nous pouvons à notre tour être femmes actives, autonomes. Alors je leur dis merci de nous avoir éclairé et ouvert le chemin de la liberté, de l’émancipation. Et nous le devons à nos mères, ces pionnières et ces femmes courageuses et débordantes d’amour. C’est grâce à leur combat silencieux que nous sommes aujourd’hui des femmes chefs d’entreprise, auteurs, journalistes, politiques, responsables associatifs…. Tout devient possible quand on part de loin, dès lors qu’il y a une lumière intérieure qui vous dit que votre choix n’est autre que de « réussir ». Alors c’est la force de ces racines dont on puise l’énergie et qui peut faire pousser les fruits de nos identités. C’est aussi grâce à la détermination et à la prise en charge de soi même, que l’on arrive à l’autonomie et l’émancipation.

- Comment expliquez-vous que les Chercheurs et autres sociologues ne se soient pas suffisamment intéressés à la femme dans leurs études ?
- L’immigration féminine a fait l’objet d’études plus tardivement que l’immigration, en général, le phénomène de l’immigration était plutôt regardé globalement. Beaucoup d’études depuis ont été réalisées. C’est d’ailleurs aussi à partir de ces constats et des préconisations que cet évènement est mis en place car la place des femmes marocaines est centrale depuis plusieurs années car il s’agit d’une nouvelle émigration. L’émigration féminine est plus récente et les articles ne manquent pas sur ce sujet. Elle est plutôt saisonnière, précarisée et fragilisée. Néanmoins le mouvement associatif féminin veille et suit cette thématique pour permettre un plus grand suivi. Notamment pour veiller à l’accès de ces femmes immigrées aux droits fondamentaux.

Propos recueillis par Rachid Hallaouy
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