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Policier blessé à Casablanca. Que risque Hassan Yacoubi ?

Après le choc, le temps est à l'analyse dans l'affaire de Hassan Yacoubi. Ce mari de la tante de Mohammed VI ayant tiré sur un policier de la circulation à Casablanca, le blessant à la cuisse gauche. L'agent de police (Tarik Mouhib) est toujours alité dans une clinique casablancaise, alors qu'aucune nouvelle ne filtre sur l'état de Hassan Yacoubi, interné, selon des sources officielles, dans un établissement psychiatrique dans la nuit du 9 septembre 2008.

Selon la dépêche (très) officielle qui a suivi l'incident, H. Yacoubi souffrirait de la maladie de Korsakoff, ce qui l'aurait conduit à commettre un acte aussi dangereux. Selon ce psychiatre casablancais : «Cette maladie a été découverte vers la fin du 19e siècle par un psychiatre russe. Elle est causée par un alcoolisme grave qui attaque des tubercules qui se trouvent à la base du cerveau et qui rentrent dans le circuit de la mémoire».

Cette maladie provoque-t-elle des «crises de démence grave», comme celle ayant donné lieu à l'incident (toujours selon la dépêche officielle) ? Non, répond le spécialiste. «La maladie de Korsakoff ne provoque aucune crise de démence, Elle provoque une perte de la mémoire à court terme». Cela veut dire, «qu'on ne se souvient pas des gens qu'on a rencontrés il y a une heure mais on se souvient très bien de son enfance, de sa vie de famille et de son adresse par exemple», conclut le psychiatre.

En plus, la maladie de Korsakoff ne dispose, selon différents praticiens, d'aucun traitement connu. Pourquoi a-t-on décidé du placement de M. Yacoubi en hôpital psychiatrique dans ce cas ? «Le procureur a ce droit lorsqu'il constate un trouble mental chez la personne qui est présentée devant lui Il peut alors ordonner le placement en hôpital psychiatrique en attendant de recevoir une expertise officielle», indique cet avocat casablancais. C'est d'ailleurs cette expertise qui décidera de la suite des événements. Si M. Yacoubi est déclaré irresponsable, il sera placé dans un établissement pour recevoir les soins nécessaires. «Mais attention, nuance cet avocat, l'avis du psychiatre n 'est pas déterminant. Il aide simplement la cour pour constituer une conviction». Selon notre psychiatre, en tous cas, «la maladie de Korsakoff ne fait pas tomber la responsabilité pénale pour ce genre de crime». Mais vu la personnalité du criminel, s'aventure à penser cet autre praticien r'bati, «on peut déceler d'autres troubles liés à l'alcoolisme aigu et chronique comme les troubles bipolaires ou des cas de dépression graves qui, eux, rendent la personne irresponsable de ses actes et qui peuvent véritablement résulter d'une consommation excessive d'alcool sur une longue durée». Soit, mais que se passera-t-il si M. Yacoubi est déclaré responsable de ses actes ? «Il n'y a pas à tergiverser, affirme cet avocat. C'est un acte criminel grave. C'est une tentative de meurtre qui ne peut pas être maquillée». Mais là aussi les astuces juridiques ne manquent pas, pour ce genre de «hautes» personnalités. «Tout dépendra de la qualification des actes. Inculpe : M. Yacoubi de tentative de meurtre ou de simples coups et blessures ?», se demande sur un ton ironique notre avocat. «Une chose est sûre, conclut-il, un citoyen normal ne s'en sortirait pas avec moins de dix ans de prison ferme». Reste une question : dans quelles conditions M. Hassan Yacoubi a-t-il été autorisé à porter une arme sur lui ? Selon notre psychiatre : «La maladie de Korsakoff devrait, à elle seule, rendre impossible tout port d'arme par la personne concernée. Si cette personne est véritablement atteinte par cette maladie, cela voudra dire une chose : les autorités compétentes pour délivrer ce genre d'autorisation n'ont pas fait leur travail et n'ont pas jugé utile de mener une enquête sur une personnalité théoriquement au-dessus de tout soupçon».

Driss Bennani
Source: Le Soir Echos

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