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Affaire Belliraj. Première confrontation générale

Abdelkader Belliraj s'est lancé dans un élan lyrique jihadiste, ses acolytes ont accablé les dirigeants politiques. Chez ces derniers, le silence a encore une fois été de mise.

Mardi 1er juillet, le dispositif de sécurité est impressionnant devant la Cour d'appel de Salé, véritable plaque tournante de tous les procès de terrorisme au Maroc. Tous les corps de police sont représentés et la surveillance est à son plus haut niveau aux alentours du Tribunal. L'événement est de taille puisqu'il s'agit de la toute première confrontation entre tous les membres présumés du réseau Belliraj, démantelé en février dernier et dont l'instruction du dossier touche à sa fin. Là encore, c'est devant le juge d'instruction chargé des affaires de terrorisme de la même Cour, Abdelkader Chentouf, que la confrontation générale entre les 38 personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire a eu lieu en présence des avocats des prévenus, en détention depuis février dernier à la prison de Salé. La confrontation, qui a démarré en début d'après-midi, ne s'est terminée que vers 21 heures. Et les spectacles et autres rebondissements étaient bel et bien au rendez-vous. En gros, on retiendra deux attitudes distinctes.

La première est celle des prévenus autres que les dirigeants politiques. Ceux-ci étaient particulièrement prolixes. Stratégie de défense ou courage dicté par le désespoir, une source ayant assisté aux «débats» affirme que certains parmi eux ont tout fait pour mouiller les dirigeants politiques. «Certains sont même allés jusqu 'à déclarer avoir reçu des instructions de certains dirigeants, notamment pour des histoires de vol et braquages, mais sans apporter de preuves», affirme notre source. Principal accusé, le toujours mystérieux Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj est resté fidèle à son calme de plomb. Ceci, pendant les premières heures et juste avant de se lancer dans un véritable élan lyrique, faisant l'apologie d'idées extrémistes «révolutionnaires». S'il a continué à tout nier en bloc, parlant du complot terroriste qu'il préparait et sur la base duquel lui et ses acolytes ont été arrêtés, il a été moins tendre, même vis-à-vis de lui-même, en revenant sur son «engagement» dans le passé. Il a clairement affirmé avoir eu en tête des projets «révolutionnaires» et avoué avoir introduit des armes au Maroc pendant les années 1970.

Allant plus loin, il est même entré en confrontation doctrinale avec l'un des avocats présents sur le lien entre islam et violence, tenant un discours jihadiste pour le moins accablant. «Je ne comprends pas le bien-fondé de sa démarche, mais il s'est délibérément mouillé», dit notre source.

Deuxième attitude, celle de la «résistance» adoptée par Mustapha Moâtassim et les cinq autres dirigeants politiques (Mohamed Merouani, Maa El Aïnine Labadla, Abdelhafid Sriti, Hamid Najibi et Mohamed Aminé Regala). Malgré les accusations dont ils ont fait l'objet lors de cette confrontation, les six dirigeants politiques ont gardé un silence religieux que rien ni personne n'a su trahir. «Nos clients sont prêts à coopérer, mais à la seule condition de savoir pourquoi ils sont poursuivis et d'avoir une copie de leurs dossiers. Ce n'est pas une condition, c'est un droit des plus élémentaires », martèle Khalid Soufiani, un des avocats du comité de défense des six politiques. Et d'annoncer que ledit comité vient de faire appel pour que le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, et le porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, ainsi qu'Ahmed Herzenni, président du CCDH, soient cités à comparaître.

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

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