Menu

L'incident de l'avion d'Atlas Blue à Deauville toujours pas élucidé

L'enquête sur les conditions qui ont obligé un appareil d'Atlas Blue à faire une sortie de piste en janvier dernier n'a pas encore abouti. En attendant, du côté des pilotes et de la RAM, les avis divergent.

Le 3 janvier dernier, un avion de la compagnie Atlas Blue, qui assurait la liaison Marrakech-Deauville, ratait son atterrissage et finissait sa course en bout de piste. Dans un communiqué de la compagnie, l'incident serait dû aux mauvaises conditions météorologiques et on peut y lire que «le Boeing 737/400 a glissé durant la manœuvre de freinage, en raison de présence de verglas au sol et est sorti en bout de piste avant de s'arrêter...». Une version à propos de laquelle l'Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL), émet quelques réserves. «A l'atterrissage, l'appareil était trop lent et se trouvait en milieu de piste, c'est pour cela qu'il est sorti». Des propos qui viennent corroborer en partie ceux de Marcel Leroux, ingénieur de permanence à la Direction de l'aviation civile de l'Ouest, en France, dans une déclaration à l'AFP : «La piste était verglacée, mais cela ne justifie pas cet incident».

Pour l'AMPL, plusieurs hypothèses sont émises : «Soit la réactualisation des distances d'atterrissage en fonction de l'état de la piste (météo, coefficient de freinage...) n'a pas été respectée par le pilote, soit il n'a pas effectué son dernier entraînement périodique sur simulateur (entraînement obligatoire tous les six mois), soit il était en dépassement des heures maximales de vol autorisées par la réglementation marocaine». Des hypothèses jugées sans fondement par la direction de la RAM, qui affirme que «Le pilote de l'avion a suivi de manière rigoureuse son programme d'entraînement réglementaire et aucun dépassement des heures de vol autorisées n'a été constaté». Toujours est-il que, suite à cet incident, une enquête a été ouverte. Quelques heures après la sortie de piste, Marcel Leroux déclarait que l'enquête allait être longue. «Elle doit mettre en évidence l'enchaînement des faits et événements qui ont amené à cette glissade, ça ne peut pas être ramené à la seule présence de verglas». En effet, l'enquête a eu lieu en France et elle s'est poursuivie la semaine dernière... au Maroc en présence de représentants du Bureau enquêtes et analyses (BEA) français. La venue des enquêteurs français trouble quelque peu l'AMPL qui y voit une ingérence dans la souveraineté de l'Etat marocain. «Lorsqu'il y a un accident d'un appareil marocain à l'étranger, c'est l'Etat marocain qui désigne un représentant accrédité pour participer à l'enquête conduite par le pays dans lequel s'est produit l'accident. Là, on se retrouve dans une situation inverse». Sans fondement, encore une fois pour la RAM qui rétorque : «Une enquête standard a été menée par la DGAC française via le BEA. A noter que l'aéroport de Deauville a fait l'objet d'une enquête similaire. L'intervention de cette autorité est normale du fait que l'incident a eu lieu dans un aéroport français». Les pilotes marocains n'en démordent pas et selon eux, si le BEA est venu enquêter au Maroc, c'est parce qu'en France, les éléments transmis par Atlas Blue à propos de cet incident, sont jugées non convaincants. Au-delà de ce va-et-vient entre l'AMPL et la direction de la RAM, les pilotes ne cessent de tirer la sonnette d'alarme. Comme le dépassement des heures maximales de vol pourrait, selon eux, être la cause, ou une des causes de l'incident de Deauville, ils en profitent, une fois encore pour monter au créneau. «Les heures maximales de vol autorisées (105 par mois) sont souvent dépassées. Nous avons dénoncé à maintes fois ces faits à la direction de l'aéronautique civile, ainsi qu 'au ministère de tutelle. Nous avons dénoncé les pilotes contrevenants, mais rien n'a été fait. Pourtant, c'est de la sécurité des passagers qu 'il est question».

Rappel des faits

Jeudi 3 janvier 2008, à 08h50, un avion d'Atlas Blue, avec à son bord 168 passagers effectue, sans faire de blessés, une sortie de piste lors de son atterrissage à l'aéroport de Deauville-Saint-Gatien dans le Calvados. L'appareil a glissé en bout de piste et fini sur le bas-côté droit, après une course d'une vingtaine de mètres dans l'herbe. «L'avion est embourbé et ses réacteurs sont pratiquement posés au sol», expliquera un peu pus tard, Marcel Leroux, l'ingénieur de permanence. L'incident n'a pas fait de blessés parmi les 168 passagers et les 6 membres d'équipage qui ont été évacués par toboggans.

Dans sa déclaration à l'AFP, l'ingénieur ne se prononce pas sur les causes exactes de cet incident et préfère attendre les résultats de l'enquête: «Il faut transcrire et étudier les communications passées entre le sol et le bord, mais aussi analyser les conditions de freinage et les équipements de la plateforme. Il faut voir également si les mesures adaptées pour que l'avion soit en mesure de se poser sans encombres ont été prises».

Yassine Zizi
Source: Le Soir Echos

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com