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Emeutes de Sidi Ifni. Ce qui s'est vraiment passé

Les émeutes de Sidi Ifni n'ont pas fait de victimes selon le gouvernement. La ville reste assiégée par des milliers d'éléments des forces de l'ordre. Le film des événements.

Vingt-sept personnes ont été arrêtées et seulement huit sont toujours sous les verrous après avoir été présentées devant la justice. C'est une source autorisée au ministère de l'Intérieur qui résume ainsi l'état des lieux après les émeutes qui ont secoué Sidi Ifni samedi dernier. Selon la même source, la situation est sous contrôle et il n'y aurait eu aucune victime. « Vous n'avez qu'à aller demander dans les hôpitaux», conclut notre interlocuteur.

Selon des sources sur place, la réalité serait tout autre. Les milieux associatifs parlent d'une ville en état de siège que personne ne peut quitter. «Au moment où je vous parle, nous sommes toujours en pleine montagne et un hélicoptère procède à d'incessants vols au-dessus de la région», déclare au «Soir échos» Mohamed Issam, responsable de l'UNTM et membre du célèbre secrétariat local de Sidi-Ifni-Aït Baâmrane. Ce dernier affirme n' avoir eu d'autre solution que de prendre la fuite, à l'instar de centaines d'habitants de cette ville.

Samedi vers six heures, rapportent plusieurs sources, les forces de l'ordre, en grands renforts, investissent la ville dès leur arrivée de Tiznit et commencent par le quartier «Lalla Meryem» pour assaillir toutes les maisons. «Ils ont commencé par rafler les membres du secrétariat, et le docteur Mohamed El Ouahdani, responsable local du Centre marocain des droits de l'homme, a été emmené avec ses trois frères et son père», affirme une source locale qui confirme l'existence de vols commis par les éléments des forces de l'ordre et l'usage excessif de la matraque. Au même moment, une première dans l'histoire des émeutes urbaines au Maroc, un bateau débarque au port et ce sont des centaines d'éléments du CMI qui mettent pied à terre pour déloger les diplômés au chômage qui bloquaient l'activité au port depuis une semaine. Près de 160 personnes auraient été arrêtées et auraient été conduites, les yeux bandés, «vers une destination inconnue», selon une source locale. Le gouvernement nie et s'en tient à ses chiffres . Comme il nie le fait que la ville soit en état de siège.

Après le port, c'est toute la ville qui s'embrase. Le lendemain à neuf heures, une marche pacifique, à laquelle prennent part des femmes essentiellement, est prise d'assaut au niveau de l'Avenue Mohammed V. Les choses dégénèrent et les forces de l'ordre, face aux jets de pierres, recourent aux balles caoutchoutées, au gaz lacrymogène et, comme toujours, aux matraques. Une source locale confirme aussi des actes de vandalisme commis par les manifestants. Une voiture, une 4L appartenant à un caïd, aurait été brûlée. En plus du commissariat de police qui a été saccagé.

Finalement, à en croire des sources sur place, la ville a été scindée en deux par les forces d'intervention pour mieux gérer une situation explosive. La source du problème ? Les diplômés au chômage, se disant lésés quant à la répartition des postes au port, ont fini par bloquer ce dernier quitte à laisser pourrir le poisson chargé à bord de plus de 80 camions. Malgré plusieurs interventions, dont celles des députés de la région, la situation n'a fait qu'empirer. Les diplômés au chômage de la ville accusent également le gouverneur de Tiznit, Souilem Bouchaâb, d'avoir fermé la porte du dialogue. Et même d'avoir donné des instructions pour leur interdire l'accès au siège de la province.

Plusieurs associations de défense des droits humains ont demandé l'ouverture d'enquêtes sur ce qui s'est passé à Sidi Ifni.

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Mohammed Boudarham
Source: Le Soir Echos

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