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5 ans après les attentats du 16 mai, les victimes sont oubliées !

«Il aurait peut-être mieux valu que je périsse ce 16 mai 2003, car je n’arrive plus à supporter ma situation!». Qui peut regretter un jour avoir survécu aux attentats terroristes qui ont frappé Casablanca, il y a 5 ans. Ces mots sont de Mohamed Zerrouki, président de l’association des victimes et familles des victimes du 16 mai.

La frustration est grande au sein de cette association. «Le gouvernement nous appelle une fois par an, à l’approche de ce triste anniversaire, pour nous demander de patienter. Cela fait cinq années que nous attendons cette aide qui ne vient pas», confie Zerrouki à L’Economiste. Selon lui, l’association qu’il préside a frappé à toutes les portes, en vain. «Nous avons écrit à la Primature, au ministère des Finances et même au Cabinet royal pour que notre indemnisation soit activée, mais nos correspondances sont restées sans réponse», ajoute Zerrouki.

L’association est composée de 45 membres. «Tous les blessés du 16 mai ont une Incapacité permanente partielle de travail (IPP). Celle-ci varie entre 20 et 80%», explique Zerrouki qui souffre d’une IPP de 40%. Actuellement, il vit dans la maison de l’un des ses proches. Preuve à l’appui, il explique que la situation financière de la plupart des blessés du 16 mai est insoutenable. «Avant le drame, mon salaire était de plus de 30.000 DH net par mois. Mais mon IPP a poussé mon employeur à me proposer la retraite anticipée. Aujourd’hui, j’ai 58 ans et je touche une pension de 1.436 DH. Ne pouvant plus payer mon loyer, ma famille a été contrainte de quitter le domicile familial. Depuis, nous vivons chez mon frère», raconte-t-il les larmes aux yeux.
Et il n’est pas le seul à souffrir financièrement. Mesbah Fiach, qui se trouvait aussi à la Casa España le soir des attentats a perdu l’œil gauche et ne voit pratiquement plus du droit. Fiach a une IPP de 60%. Avant le drame, ce père de deux enfants travaillait en tant que représentant au Maroc de deux sociétés françaises spécialisées dans le textile. «Mon salaire mensuel descendait rarement en dessous de 45.000 DH. Mais à cause de mon invalidité, je ne peux plus travailler», ajoute-t-il.

20 à 80% d’IPP pour les blessés
Si les gens victimes de blessures attendent toujours une indemnisation, les familles et ayants droit des personnes décédées lors de ces attentats ont par contre eu droit à une gratification royale. Selon Souad El Khamal, présidente de l’association des victimes du 16 mai (il existe deux associations pour les victimes du 16 mai), «le Souverain a versé 500.000 DH par famille aux ayants droit des personnes décédées lors de ces attentats. Nous avons reçu un chèque de la Trésorerie générale du Royaume 18 mois après les attentats. Chaque famille a reçu 500.000 DH à partager entre les ayants droit». La dame a perdu son mari et un fils lors du drame de la Casa España. 19 autres familles ont bénéficié du geste royal dont le total a atteint un montant global de 10 millions de DH.
Pour les personnes qui travaillaient au moment des attentats, c’est l’administration du fonds des accidents du travail qui s’est chargée de les indemniser. Ainsi, 13 victimes, dont trois ayants droit d’une personne décédée, ont été indemnisées suivant les procédures du fonds des accidents du travail. Il s’agit des personnes employées dans les sites visés, en l’occurrence l’hôtel Farah et la Casa España.
Chaouqui Benarafa, responsable des affaires juridiques du fonds du travail indiquait l’an dernier à L’Economiste que «ce fonds n’est pas très connu. Nous sommes allés vers les victimes et leurs familles pour leur expliquer les procédures à suivre pour toucher leur dû». Les indemnisations varient selon le salaire perçu au moment du sinistre et du taux d’IPP. Ce qui explique les petits montants reçus par les victimes.

Naoufal Belghazi
Source: L'Economiste

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