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Des fosses communes à El Jadida

Les nouvelles sur les découvertes de restes humains un peu partout au Maroc se suivent et, pour beaucoup, se ressemblent. Dernière découverte en date, celle faite mardi après-midi, à la sortie d'El Jadida.

Là encore, par pur hasard. Des ouvriers s'affairaient à terrasser un terrain devant abriter une résidence touristique lorsqu'ils sont «tombés» sur un crâne et des ossements humains. Ils ont prévenu la police qui, à son tour, a alerté le parquet. Et c'est sur instruction de ce dernier que des fouilles approfondies ont été effectuées. Un total de huit crânes, en plus de plusieurs autres ossements, ont ainsi été exhumés par des éléments de la protection civile et transférés au laboratoire médico-légal. Le Parquet a ordonné la poursuite de l'enquête pour déterminer l'origine de ces ossements. A l'heure où nous mettions sous presse, aucune délégation du CCDH, dont une commission est chargée de faire la lumière notamment sur le sort des victimes disparues lors des années de plomb, ne s'est rendue sur place.

C'est la société civile, notamment le Forum marocain vérité et justice (FMVJ) qui a entrepris les premières démarches tendant à établir, ou à rejeter, les liens pouvant exister entre les ossements trouvés et d'éventuelles victimes. La tâche s'annonce difficile, puisque la ville d'El Jadida n'a pas enregistré de cas de tirs. «La ville, ainsi que Safi, a cependant fait l'objet de larges mouvements d'arrestation, notamment en 1969, suite aux événements de Marrakech, mais aussi en 1973. Tout l'enjeu est maintenant de savoir qui sont les personnes dont les corps ont été retrouvés et comment elles sont décédées»•, dit Mohamed Sebbar, président du Forum et dont l'association est actuellement sur tous les fronts. Et pour cause, cette découverte a lieu alors que le débat sur celle de Nador est loin d'avoir livré tous ses secrets. «Le procureur général nous a informés que tant que l'enquête n'est pas achevée, les corps ne seront pas remis aux familles concernées», relève Sebbar. Le Forum entend par ailleurs mener une caravane à Nador pour que toute la vérité soit établie sur les fosses communes dans la région. Ce sera à la fin de ce mois de mai et trois jours durant. L'ONG soupçonne, notamment, la caserne de Tawima d'en abriter une. «Et tant que les familles ne sont pas encore fixées sur le sort des leurs, le deuil continuera, encore et encore», conclut le responsable associatif. Un point de vue que défendent plusieurs autres associations locales du Rif. Aucune action officielle n'a pour autant été menée.

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

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