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Viandes rouges : Inquiétant déficit d’hygiène

Ces dernières semaines, les chevillards ont fait les choux gras de la presse nationale.

Tous les moyens ont été bons pour revendiquer leurs droits, jusqu’à manifester en petite culotte après plusieurs jours de grève. Mais cela n’a pas pour autant perturbé l’activité et le commerce de la viande rouge. En effet, aucune pénurie n’a été ressentie par le consommateur dans la mesure où les circuits informels ont tourné à plein régime.

Pourtant, les professionnels de la viande rouge ont raison sur de nombreux points. Qu’il s’agisse des abattoirs, de l’équipement, de l’hygiène, et même de la législation, tout reste à faire. Mais le problème est tellement épineux que toutes les solutions proposées restent lettre morte. Car la filière est un secteur juteux qui rapporte beaucoup...

Pour la production par exemple, le cheptel doit bénéficier d’une meilleure gestion afin de garantir une traçabilité des produits. La qualité entre en jeu. En effet, il serait judicieux de mettre en place des programmes de prophylaxie en vue d’éradiquer les maladies contagieuses et d’améliorer l’état sanitaire du cheptel. Ensuite, il faudrait également revoir la productivité des élevages, et ceci à travers l’amélioration du traitement du cheptel (bâtiments, alimentation, reproduction, etc.).

L’importation n’est pas exclue pour mettre à niveau le secteur. Mais l’application des droits d’importation élevés sur les bovins maigres n’encourage pas cette démarche.
D’autre part, la formation est aussi un autre talon d’Achille dans la filière. La mise à niveau des éleveurs et des organisations professionnelles s’avère primordiale. Ainsi, avec des techniques et des connaissances plus pointues, le rendement ne pourrait qu’être amélioré. Reste enfin les consommateurs qui doivent être sensibilisés à la question. Et notamment ne pas encourager le commerce informel en s’y approvisionnant. La santé vaut bien plus que quelques dirhams économisés sur le kilo de viande...

Hors normes :

L'Etat des abattoirs nationaux, à part quelques unités, est lamentable. En plus d’être en mal d’équipements adéquats, ces endroits, sensés être constamment désinfectés, ne sont même pas suffisamment alimentés en eau potable. Par ailleurs, il serait très instructif de relever la charge bactérienne des abattoirs, surtout à la sortie.

Le traitement des abats se fait généralement dans des conditions d’hygiène hors norme. En clair, il n’y a pas de locaux dédiés à l’activité des tripiers. Quant à la question du conditionnement et du transport, on n’en parle même pas.
Par ailleurs, autre problème, la majorité des abattoirs sont inspectés, non pas par des vétérinaires, mais par des techniciens.

Réglementation :

Côté législation, il y a également beaucoup à faire. En effet, d’après le dahir du 25 août 1914, «les abattoirs sont des établissements dangereux de 1ère classe insalubres et incommodes, dont l’autorisation est accordée par arrêté du directeur général des Travaux Publics selon la procédure définie». Pourtant, ce texte, toujours en vigueur, n’est pas conforme aux dispositions prévues par la loi n°78-00 portant la charte communale (art.39). Celle-ci stipule que «le conseil communal décide de la création et de la gestion de services publics, notamment dans le secteur de l’abattage et du transport des viandes».

Rappelons que le réseau national compte 180 abattoirs municipaux et 730 ruraux dans lesquels transitent annuellement quelque 200.000 tonnes de viande. Les autorités publiques ont aussi leur rôle à jouer. Tant en matière de réglementation du secteur que de modernisation du processus d’abattage et de distribution de la viande rouge.

Sara BADI
Source : L'Economiste

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