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Un obervatoire marocain contre la violence envers les femmes

L’observatoire national de lutte contre la violence à l’égard des femmes est désormais une réalité. Cette institution, inaugurée la semaine dernière à Rabat par Yasmina Baddou, est un axe important de la stratégie nationale adoptée en la matière. Cet observatoire aura d’ailleurs à assurer l’orientation et l’évolution de cette même stratégie. L’objectif final est de renforcer l’efficacité des actions menées contre ce fléau et plaider les dossiers en la matière aux niveaux national, régional et international. Sans donner plus de précisions, Baddou rassure: l’observatoire bénéficiera en cela de tout l’appui financier nécessaire.

Cette instance regroupe les représentants de plusieurs départements, à commencer par la Justice, la Gendarmerie et la DGSN, en plus d’associations féminines, de centres d’écoute, d’assistance juridique et psychologique. Sa mise en place s’inscrit dans le cadre de tout un arsenal d’initiatives, dont le lancement récemment du numéro vert (0 8000 8888) pour porter secours et assistance aux femmes victimes de violence. L’un des principaux objectifs de l’observatoire sera également de combler le grand déficit existant en matière d’information et de statistiques sur l’étendue d’un phénomène pourtant répandu. Le secrétariat d’Etat chargé de la famille reconnaît cette lacune. Au Maroc, les seuls chiffres fiables sont les statistiques des associations féminines et des centres d’écoute travaillant dans le domaine. Et elles sont plutôt révélatrices. En témoignent les résultats de l’enquête menée par l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM). Il en ressort que la violence à l’égard des femmes est une pratique courante. 55,3% des personnes interrogées disent avoir dans leur entourage une femme battue.

Le travail de l’Association marocaine de lutte contre la violence à l’égard des femmes, montre une autre spécificité: les femmes mariées sont les plus exposées à la violence. Elles représentent plus des deux tiers des femmes battues. L’agresseur est l’époux, ou l’ex-mari en cas de divorce. Les formes de violence sont variées. La plus répandue reste l’agression d’ordre psychologique. Du dénigrement systématique aux insultes, en passant par les menaces, celle-ci représente près de la moitié des cas de violence rapportés. Autre forme largement adoptée contre les femmes, la privation économique. Ainsi, la femme ne dispose d’aucune espèce d’autonomie financière et soit entièrement dépendante de son époux. Cette situation est partagée par plus d’un tiers des femmes victimes de violence. Bien que limités par rapport aux autres formes, les sévices corporels (17%) sont également, et largement, de mise. Idem pour les violences d’ordre sexuel (abus, viols). C’est dire que l’observatoire aura du pain sur la planche. Son travail consistera non seulement à sonder ces différents cas, mais participer à les limiter dans un environnement où les femmes sont peu disposées à dénoncer les violences dont elles sont victimes.

Limites
Le code pénal est clair: quiconque a volontairement porté des coups à son conjoint, à son père, à sa mère, ou à tout autre ascendant est puni par la loi. La peine est proportionnelle à la gravité de la violence. En dépit de ce texte juridique, les femmes agressées ont tendance à ne pas porter plainte contre leurs bourreaux. Poids de la société et lourdeur des démarches administratives obligent, la règle est se taire et souffrir en silence. Au poste de police, leur cas est traité avec légèreté. Au tribunal, il faut douze témoins pour prouver des violences perpétrées très souvent en intimité.

Source: L'Economiste

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