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Un MRE conseiller municipal à Dreux.

Ahmed Qerrouani, né au Maroc dans la commune de Tinghir (région de Ouarzazate), est élu conseiller municipal de la ville de Dreux depuis 2001. Diplômé de l’Ecole supérieure de commerce de Blois, il se spécialise dans l’international avant de créer son entreprise de transport express grâce à une subvention étatique de 6.000 euros (60.000 dirhams). Très actif dans le milieu associatif, il préside une régie inter-quartier pour l’aide à l’insertion sociale de 1999 à 2003 qui a compté jusqu’à 50 salariés. Querrouani, s’exprime sur son apprentissage de l’exercice politique, son statut d’élu local dans un pays de résidence, sur le sigle MRE…

· L’Economiste: Se lancer dans la grande politique nécessite conviction et courage. Est-ce votre cas ?
- Ahmed Qerrouani: A la suite à d’années d’engagement dans le milieu associatif, j’ai souhaité investir le champ politique pour poursuivre mon engagement au service des autres en me familiarisant avec l’environnement des décideurs. Si l’expérience est riche d’enseignement, il n’en reste pas moins que j’ai découvert des faces cachées de la politique, comme l’existence de réseaux à l’intérieur de réseaux au sein même d’une équipe municipale ou du parti. C’est donc un éternel rapport de force. Il faut se battre et toujours se battre pour défendre ses projets.

· En clair, c’est le beur qui défend les intérêts de sa communauté?
- Pas du tout! Je ne suis pas le représentant ni le porte-parole de la communauté marocaine ou africaine de Dreux. Je suis un élu local au service de l’intérêt général. Par ailleurs, des membres de la communauté MRE ne m’ont pas épargné lors de ma prise de fonction en me taxant de «pourri, vendu». Au début, j’ai eu mal. Aujourd’hui, la situation s’est plus ou moins stabilisée. Il est vrai que le contexte économique régional ne favorise pas la cohésion sociale. Dans le domaine social, des zones abritent jusqu’à 90% de personnes d’origine africaine (marocaine, algérienne, malienne, pakistanaise…) souvent en situation de précarité sociale. Néanmoins, j’ai le devoir d’assumer pleinement mon choix, celui d’être un élu UMP.

· Trouvez-vous le temps de vous intéresser au Maroc?
- La campagne pour les élections du 1/3 de la Chambre des conseillers m’a déçu profondément, car je pensais que certaines pratiques frauduleuses comme l’achat de voix avaient disparu. Au Maroc, le champ politique est très élastique et très culturel. Il existe un décalage trop important entre les intérêts des formations politiques et ceux de la population. Le plus dramatique, c’est que du nord au sud du pays, le désintérêt vis-à-vis de la politique est largement majoritaire.

· En qualité de membre de la diaspora, qu’attendez-vous pour apporter votre contribution?
- Ma contribution serait de travailler auprès de la société civile pour améliorer les conditions de vie de chacun. Quant à la diaspora, je considère que tout a été dit, le «n’importe quoi» aussi. Il n’y a pas de vision claire. On ne cesse de nous rappeler que nous sommes marocains alors que nous le savons, c’est usant. Au lieu de faire des opérations marketing à l’approche de l’été, il serait plus utile de renforcer le lien culturel entre les pays d’accueil et le royaume. Pour ce qui est de la création du Conseil royal dédié aux MRE, c’est plus adapté que la présence de députés au sein du Parlement, car cela éviterait des déchirements supplémentaires.

Les stat’s des «beurs»
Dans le cadre des élections législatives 2007, le nombre de circonscriptions disponibles sont d’environ 200 pour les candidats à la candidature UMP en raison du nombre de sortants actuels. Quant aux prétendants des partis PS-MRG (Mouvements des radicaux de gauche), les «circo» sont de 400 (sur 577). Alors que le parti de la rose a décidé de réserver 23 circoncriptions aux candidats issus de l’immigration y compris les citoyens des départements et territoires français outre-mer (Dom-Tom), une première simulation sur les chances des «beurs» de siéger à l’Assemblée nationale vient d’être réalisée par des cadres du parti.

Si le PS remporte largement la présidentielle, il y aurait entre 8 et 10 élus issus de l’immigration, contre 4 à 7 si la victoire est acquise dans la douleur. En cas de défaite, 4 élus dont 3 basés aux Dom-Tom (mais vivant en métropole), siègeraient au Parlement. Quant au parti dirigé par Nicolas Sarkozy, peu de chiffres fiables ont filtré. Une certitude: il y aura beaucoup moins de «beurs» en lice (et d’autant moins d’élus issus de l’immigration), car le nombre de députés UMP sortants est très important.

Rachid Hallaouy
Source: L'Economiste

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