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Fès: Résistance à l’opération relogement? Interview avec Taoufiq Hejira

Le programme national «Villes sans bidonvilles» a pris sa vitesse de croisière. Mais à Fès, ce dernier connaît un problème de taille. Le recasement des habitants de douar El Askar n’est pas facile. Certains bidonvillois réclament la gratuité des lots. Pour le ministre chargé du Logement, il n’en est pas question.

L’Economiste: A Fès, malgré la réalisation des sites d’accueil, certains bidonvillois ne veulent pas entendre parler de recasement. Comment vous l’expliquez?
Taoufiq Hejira:
Le programme «Villes sans bidonvilles» connaît un problème exceptionnel à Fès. En plus de la construction de 700 logements prévus pour le relogement des habitants de douar El Askar, nous avons aménagé plus de 2.000 lots au quartier d’Aïn Smen. Seulement, l’opération connaît des obstacles malgré tous les efforts consentis par les autorités de tutelle. Il est vrai qu’aujourd’hui, nous sommes devant un phénomène paradoxal: nous disposons de sites d’accueil mais la population refuse de se déplacer.

Comment expliquez-vous cela?
La population réclame une diminution des prix. A noter qu’un appartement de douar El Askar vaut près de 250.000 DH et il est vendu à 60.000 DH et ce, avec des conditions préférentielles de paiement. Pour ce qui est des lots du quartier Aïn Smen, ils coûtent 150.000 DH sur le marché, mais ils ne sont proposés qu’à 12.000 DH. Certains bidonvillois disent qu’ils n’ont pas les moyens. Certes, il ne faut pas oublier que ces gens sont pauvres. Mais d’après notre expérience, la population qui habite les bidonvilles et qui n’a pas les moyens ne dépasse jamais les 10%.

Quelle est donc la solution?
Nous allons étudier les dossiers au cas par cas. La gratuité, il n’en est pas question. La population doit absolument participer. Si cela ne marche pas, ces lots seront proposés sur le marché au prix de vente réel. Mais on n’est pas dans une logique commerciale. Notre devoir est d’améliorer les conditions de vie des pauvres et des habitants des bidonvilles. C’est une population névralgique et à problèmes. Ma conviction, partagée d’ailleurs avec Mohamed Gherrabi, wali de la région, et Hamid Chabat, maire de la ville, est de convaincre subtilement la population.

Et pour les lots de Douar Aïn Smen ?
Une majorité des gens concernés par ces lots a déjà contribué, mais c’était des participations symboliques de 1.000 et 1.500 DH. Avec les autorités locales et les corps élus, nous allons travailler ensemble, à partir des jours qui viennent, et imaginer des solutions afin de faciliter la participation des bidonvillois et qu’ils puissent enfin bénéficier de leur logement.

Youness SAAD ALAMI
Source : L'Economiste

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