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Maroc: Diplomatie new-look à Paris

Peu connu, le nouvel ambassadeur en France est exceptionnel à plus d'un titre.

« C'est la Dream Team ! » Mehdi Qotbi, le roi du lobbying entre le Maroc et la France, contient mal son enthousiasme. Il va enfin réaliser son rêve de travailler en pleine harmonie avec un ambassadeur qui ne sera pas gêné par ses incessants - et bien intentionnés - débordements. En poste à Paris depuis 1999, Hassan Abouyoub n'a pas démérité, mais son successeur annoncé, s'il n'est pas très connu, est exceptionnel à plus d'un titre. D'abord, par son âge : Fathallah Sijelmassi n'a que 38 ans, alors que l'ambassade chérifienne est généralement confiée à des hommes d'expérience, souvent d'anciens ministres. Sijelmassi n'a à son actif qu'une seule ambassade, il est vrai stratégique : il représentait le Maroc auprès de l'Union européenne, à Bruxelles, depuis 2003.

Autre trait distinctif : son passage du privé au public. Après Sciences-Po, à Grenoble, et un doctorat sur la coopération Maghreb-Europe, il rejoint la Banque commerciale du Maroc (BCM). Abdelaziz Alami, son patron à l'époque, ne tarit pas d'éloges à son sujet : « Un garçon honnête, compétent et bûcheur. » Il est choisi pour diriger la représentation de la banque à Milan. Sa réussite à la BCM ne le dissuade pas d'aller voir du côté de ministères aux charmes plus austères : le Commerce extérieur, puis les Affaires étrangères, où il s'occupe de l'Europe. Cette évolution de carrière inhabituelle a peut-être une explication familiale : fils d'ambassadeur, Fathallah a grandi dans l'ambiance feutrée des chancelleries... Son arrivée à Paris change en tout cas le visage de la diplomatie marocaine. Commentaire d'un observateur : « Dix ambassadeurs de ce profil, et le royaume entretiendrait des relations différentes avec le reste du monde et s'épargnerait des déconvenues comme l'initiative de Pretoria sur le Sahara. » (voir J.A.I. n° 2280)

Que va devenir Abouyoub ? La presse marocaine en a fait plus d'une fois un futur Premier ministre... Tel de ses amis suggère que, berbérité oblige, il serait appelé à renforcer le Mouvement populaire afin de contenir, en vue des élections de 2007, la progression du PJD (islamiste). Une chose est sûre : compétent, dynamique et efficace, même si son irrésistible propension à tout savoir peut agacer, il ne devrait pas rester longtemps inactif.

Hamid Barrada
Source : Jeune Afrique

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