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Des intellectuels marocains lancent "un appel citoyen" pour soutenir l'institution monarchique

Témoin de la récente fébrilité du débat politique au Maroc, désormais sans tabous, un collectif d'intellectuels et de militants des droits de l'Homme a lancé "un appel citoyen" pour défendre "le contrat liant la monarchie aux forces vices de la nation".

Publié lundi à la une de plusieurs quotidiens, cet appel s'adresse notamment aux islamistes et aux partisans de l'indépendance du Sahara-Occidental, un territoire annexé par le Maroc en 1975. "Nous considérons que ces derniers jours, les limites du patriotisme le plus élémentaire, du civisme le plus 'basique', de la déontologie la plus intuitive et de la décence la plus simple viennent d'être franchies par certains", écrivent les soixante signataires dont certains sont d'anciens détenus politiques du régime de Hassan II.

Sans les citer nommément, le texte vise les islamistes de la très influente association "Al Adl Wal Ihsane" (justice et spiritualité) dont l'une des porte-parole, Nadia Yassine a dénoncé publiquement la nature monarchique du régime. "La monarchie n'est pas faite pour le Maroc", a déclaré Nadia Yassine dans les colonnes du journal "Al Ousbouyia al Jadida". "Les indicateurs montrent que le régime s'écroulera bientôt", a pronostiqué la fille du cheikh Abdesslam Yassine, un des plus farouches adversaires politiques du roi Hassan II et de son fils, Mohammed VI.

Nadia Yassine comparaîtra le 28 juin devant le tribunal de Rabat pour "atteinte à la monarchie". Selon la Constitution marocaine, la personne du roi, commandeur des croyants, est "inviolable et sacrée". Nadia Yassine, qui avait pour la première fois publiquement dénoncé le régime monarchique fin mai à l'université de Berkeley (Californie) "peut apparemment compter sur l'appui de l'administration américaine", commente l'hebdomadaire indépendant "Le Journal".

De fait, le consensus politique et médiatique sur la "sacralité" du monarque semble se lézarder comme en témoigne plusieurs couvertures récentes de la presse indépendante. "La monarchie? Oui, mais...", titre ainsi "Le Journal" dans sa dernière édition. Cet appel dénonce par ailleurs les arguments avancés par les rebelles indépendantistes du Front Polisario devenu "un simple levier de la politique hégémonique algérienne".

Le Maroc accuse régulièrement l'Algérie "d'instrumentaliser" le conflit du Sahara-Occidental que Rabat veut régler en accordant une large autonomie à ce territoire contesté. Une source autorisée marocaine a par ailleurs accusé l'Algérie, qui héberge, arme et soutient le Front Polisario, d'avoir "tenté de déstabiliser le Maroc" après les émeutes indépendantistes qui ont agité fin mai la ville de Layoune, chef-lieu du Sahara-Occidental. "Marocains, réveillez-vous !", titrait lundi le quotidien indépendant "Aujourd'hui le Maroc" dont l'éditorial stigmatise "les ennemis du royaume", "les intégristes illuminés" et "les nihilistes irresponsables".

La sclérose qui frappe les deux grandes formations politiques historiques (le parti nationaliste conservateur de l'Istiqlal et l'Union socialiste des forces de progrès) contribue à la crispation du débat politique au Maroc. Un débat qui se limite désormais à un bras de fer entre la mouvance islamiste, représentée au Parlement depuis 2002, et les "modernistes" qui estiment que l'institution monarchique est la seule capable d'accompagner le processus de démocratisation engagé par le roi Mohammed VI depuis 1999.

Source: Matinternet (Canada)

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