Menu

Point de vue: La république de Mme Yassine

Après un périple aux Etats-Unis d’Amérique, Mme Nadia Yassine est revenue avec une thèse faisant l’éloge de la république avec une soif de leadership, peut-être pour que les disciples en tirent bénédiction, comme ils le font avec la serviette dont son honorable père s’essuie le visage après les ablutions.

De quelle république parle au fait Mme Nadia Yassine ?

De la république nassérienne qui a tué Sayed Qotb, que Dieu ait son âme, ou de celle de Staline dont les assassinats ne se comptent pas, ou bien encore de celle du Chili, avec son président qui a gouverné pendant de longues années et dont le règne fut qualifié de « caravane de la mort » tant l’équipe militaire avait donné libre cours aux assassinats pour faire des milliers de victimes parmi les citoyens chiliens dont le plus célèbre est sans doute le président élu Allende.

Peut-être que Mme Nadia fait plutôt allusion à la république de l’Argentine et au dictateur sanguinaire Rafael Videla, ou bien encore à la dictature de la république de Haïti ou de la Bolivie ou du Guatemala. Que veut donc signifier Mme Nadia Yassine ? Suppose-t-elle par exemple le pouvoir d’Oufkir sur notre pays auquel Dieu a épargné les crimes sanguinaires.

S’il s’était accaparé le pouvoir et établi une république, notre Cheïkh Abdesslam Yassine et ses adeptes auraient probablement été les premières victimes de l’élimination physique sanguinaire oufkirienne. Heureusement, Dieu a épargné le pays et le peuple marocain avec en tête l’honorable Abdesslam Yassine.

Mme Nadia Yassine est partie en Amérique et nous pensions, alors qu’elle s’y trouvait encore, ou après son retour, qu’on entendrait parler de ce qu’elle a entrepris au sujet du lieu de détention de Guantanamo et de ses initiatives dénonçant l’atteinte portée au Saint Coran. Mais, il n’en fut rien et jusqu’à présent, nous n’avons rien entendu de tel.

Bien au contraire, pour inaugurer son retour, elle n’a trouvé que la Monarchie marocaine qui est pourtant un choix du peuple. Si elle avait lu l’ouvrage de Nassiri (Al Istiqsaâ, NDLT) elle aurait découvert la position des Marocains, toutes tribus confondues, à l’égard du Sultan. Malgré en effet l’époque de la Siba (anarchie), les anarchistes, une fois leur siba armée terminée, pénétraient sous la tente du Sultan pour lui déclarer leur allégeance en sa qualité de symbole de l’unité du Maroc, patrie et peuple. Ils lui faisaient savoir, alors qu’ils occupaient la position du vainqueur, que leur seule motivation est que le Sultan œuvre pour faire cesser la dépravation et l’injustice commises par ses collaborateurs, ses caïds, ses gouverneurs et ses walis.

J’ai connu maître Abdesslam Yassine lors de sa première sortie à la Mosquée de Salé. J’étais parti à sa rencontre avec un groupe d’amis. Après la prière, nous ne voulions pas quitter la Mosquée avant d’entendre le mot du professeur Abdesslam Yassine alors que l’Imam nous poussait vers l’extérieur. J’ai lu, lorsqu’il était à Marrakech, ce qu’avait écrit à son sujet le professeur Abdelghani Abou Al Azm. J’avais reçu de sa part, par la poste, son célèbre ouvrage « L’Islam ou le déluge » à cause duquel j’eus droit à la violation par la police de mon domicile et de mon bureau au journal. La police était en effet à la recherche de ce livre parce qu’elle avait trouvé mon nom sur la liste des destinataires dressée par le professeur Abdesslam Yassine.

J’achetais clandestinement ses ouvrages, soit de son gendre, M. Abdellah, le mari de Mme Yassine, soit de mon ami Karim Serghini qui fut l’un des disciples de Cheïkh Yassine.

Dans tout ce que j’ai lu, l’honorable Yassine exprimait ses points de vue et appelait au redressement.

Mais jamais il ne confondait ses positions et ses opinions de la manière dont sa fille vient de le faire.

Mme Nadia Yassine croit peut-être que la conjoncture est propice à ce genre de propos ou cherche-t-elle une position de leadership, se figurant qu’elle pourrait s’appuyer sur un soutien étranger pour pousser au chaos dont la première victime, après les citoyens, ne pourront être que nos Mosquées, nos prêcheurs et nos Chioukh. Car pour l’autre, l’étranger, seuls ses intérêts comptent, lui qui n’est pas loin des campagnes d’évangélisation ni de cette force utilisée par Israël pour sévir contre le peuple palestinien et dont les rabbins menacent la Mosquée Al Aqsa.

Mme Nadia : Je ne cherche pas l’héroïsme ni à devenir ministre ou ambassadeur ou haut fonctionnaire. Mais je ne me sentirai jamais en sécurité avec ta république ou avec celle des dictateurs ou de ceux qui prennent appui sur des milieux étrangers. Je souhaite pour toi que tu trouveras du temps pour lire l’Histoire du Maroc et l’Histoire de la France, pays de Descartes, de l’école duquel tu es lauréate.

Par Abdeljabbar Shimi
Directeur du quotidien « Al Alam »

Source: L'Opinion

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com